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S

E N

!ganl devi

nent philofophes: de forre que dans le!

premiers príncipes de b narure

&

du

fins tommJJn,

un philofophe oppofé au relle da genre hamain, ell:

un philofophe oppofé

a

cent mille autres philofuphes;

paree qu' ils fon: auiTi !>ien que lui inll ruirs des pre–

miers pnncipes de nos lenrimens communs. Je dis plus;

l'ordinaire de> hommes ell: plus eroyabl e en cerroines

chofes que plufieurs philolophes; paree que ceox-la

PI'Onr point cherché

~

forcer OU

a

iJéfigurer les fenti–

mens

&

les jugemcns, que la narure inlpire univer–

fellemeur

a

roa. les hommes.

Le

fentimcnr commun des hommes en général ,

dit-on, ell que le {o leil n'a pas plus de deux pit!s de

diamerre. On répond qu'il n'ell pas vrai que le fen–

timent commun de ceux qui fonr

a

porrée de juger

de la grandeur du folei l , foit qu'il n'a que deux ou

trois p1és de diametrl!.

L~

peuple le plus

~roffier s'~n

rapporre fur ce poim au commun, ou a la totahtt!

des philofophe ou des allronomcs , plutllt

qu·~u

té–

moignage de fes propres jeme. Auni n'a-t·on Jamais

vu de gen , méme parnú le peuple, foutenir férieu–

fement qu'on avoit torr de croire le foleil plus grand

qu'un globe de quatre piés . En effet, s'il s'étoit ja–

mais rro uvé quelqu'un alfez peu éclairé pour con–

teller la-delfus ,

l3 contellarion auroit pu ceffer au

moment

m~me,

avec le feeours de l'expérience,

f~í­

fanr regarder au comredifant un ohjer ordinaire, qui,

a

proportion ele

fon éloignement ' pdrolt aux yeux

incomparablement moins grand, que quand on s'en

approche . Ainli

les hommes les plus ll:upides font

perfuadés que leurs propres yeux les trompent fur la

vraie étendue des objets . Ce jugement n'ell done

pas un lentiment de la narure, puifqu'au eontraire il

ell univerfellement démenti par le fenriment le plus

J?Ur de la narure ra1fonnable, qui ell celui de la ré–

flexion

SENS

MORAL ,

(Moral. )

nom donné par le favant

H urchelo n

a

cerre faculté de norrc ame, qui cHfcerne

promprement en cercains cas le bien

&

le mal moral

par une forre de fenfation

&

par

~o(lr,

indépenrlam–

mem du raifonnemenr

&

de la réAexion.

C'etl:-la ce que les nutres moralilles appellent

inflin(l

m~ra/ ,

fen 6ment, efpece de penchant ou d'inclina–

tion naturel le qu i ouus porte

a

appmuvo!r certaines

chofes comme bonnes ou louables,

&

a

en condam–

ner d'aurrco

comme

mauvaifes

&

bUmables, indépen–

damment de route réAexion .

C'ell ai nli , qu'a la vue d'un homme qui fontrre,

nous avons d'aborJ un fcnrimem de compaffion, qui

nous fa ir rrouver beau

&

agréable ele le fecourir.

Le premier mouvement, en recevant un bieAfait,

ell d'en favoir gré,

&

d'en remercier notre bienfai–

teur . Le premier

&

le plus pur mouvemenr d'un

homme envers un aurre , en failant abllraélion de

toure raifon parriculiere de haine ou de crainte qu'il

pourroit avoir, ell un

fentimenr de bie11veillance,

comme envers Ion femblahle, avec qui la eonformi–

té de nature

&

de befoins lienr. On

voit

de

m~

me

que , fans aucun raifonnement, un homme grodicr

fe récrie fur une perfidie comme fur une aél ion noire

&

injulle qui le blellc . Au comraire, tenir fa parole,

reconnoltre un bienfait , rendre

a

chacun ce qui luí

ell dO, foulager ceux qui fo uffrent, ce fonr-la auranr

d'aélions qu'on ne peut s'empecher d'ap¡>rouver

&

d'ellimer, comme éranr juQes, bonnes, honneres

&

urile~

au ganre humain . 0 "- la vient que l'efprit fe

plalt a voir

&

a

~ntendre

de plreils traits d'équiré'

de bonne-foi , d•humanité

&

de bénéfict>nce; le creur•

en ell touché , arrendri. En les lifant dans l'hill:oire

on les admire ,

&

on loue le bonheur d'un

liecle,

d' une narion , d' une famille ou de fi beaux exemples

fe renconrrcnt . Mais pour les exemples da crime,

on ne peur ni les voir, ni en encendre parler fans

mépris-& f-1ns indignarían.

Si l'on demande d'ou vient ce mouvement du cceur,

qui le porte a aimer certaines aél:ions'

&

a

en detell:er

d'aurres fa ns railonnement

&

fa ns examen, ¡e ne pujs

dire aurre chole, Jinon que ce mouvement viene de

l'aureúr de norre

~tre,

qui nous a fJ its de cene ma–

niere ,

&

qui a voulu que notre nature filt telle, que

la

différen~e

du bien ou du mal moral nous affeél:3t

en cerrains cas , ainfi que le fa it celle du mal phyli–

que. C'ell done la une forre d'inllinél, comme la

narure nous en a donné plufieur aurres , afin de nous

détermi:¡er plus vire

&

plus forrement la ou la ré–

fl exion feroit trop lente. C'ell ainli que nous fnm–

mrs averris par une fen fa non inrérieure de nos be–

foips

corporcls, pour nous porrer

a

faire prompte-

..

S E N

11\ent

&

m~chinalemcnr

rout ce que demande

no~e

coniervarion. T el eíl auni cet inlltntl qui nous

aru–

che

a

la Yle,

&

Ce defir

d'~trC

heurew:, qui eíl le

grand mobile de n s

1

·ons . T elle ell: encare la ren–

orelfe preli¡u'aveugle, mais trb -nécelfair.e ' des pe

res

&

eles meres pour leurs enFlns.

Le

betom prelfans

&

indifpeniables denundoient que l'homme filt con–

duit par la voie du fentiment, roujours plus vif

6c

plus prompt que n'ell le raifonnement.

Dieu done a

J.

ugé

i

propo d'employer Runi cerre

voie

~

l'égard

e

13 conduire morale de l'homme

&

cela en imprimJnt en nous un fentimem l>u

u~

go(lr de verru

&

de juílice, qui dt!cide de nos pre–

miers mouvemens ,

&

qui

fupplée heureufcment

c:hez la plilpart des hommes au défaut de réRex1on;

car eombien de gens inc:apables de rétléchir,

&

qut

font remplis de ce fenrimenr de jullice!

11

éro1r bien

urile que le Créateur nous donnat un d1fcernement

du bien

&

du msl, avec l'amour d

e l'un &

l'nverlion

de _l'autre par une_ forre de fJculré promP.re

&

vive,

qu¡ n'e(lr pas belom

d'~ttendre

l

es

fpécuhrions de

l'efprit;

&

c'ell-la ce que le doél:cur Hutchefon a

nommé judicieufemeut

jmr

moral.

Printip. ,/u

tlr~it

Haturtl . ( D.

J. )

5611

DE

L'Í~Cil!TURE,

(

Thfolog.)

ell la fignificn–

tion

~ue

préfentent ou que reníermenr les paroles

de I'É -:rirure fainte.

On peut dillinguer cinq

.ftnr

dans I'Ecriture ;

¡9.

l'fenr

.~trammatlca_l;

2°.

lejinr

lirréral ou hilloriquc;

3 . le

(enr

allégonque ou figuré;

4".

le

finr

anJ"O-

gique

¡

s"·

le

]hu

tropologiquc ou moral.

"

l.

Le

~~u

grammarical ell celui que les termes dtt

texre prélenrent

it

l'efprit , fuivant la propre Jia mfica–

rion des termes. Ainli quand on dit que 0 1e; fe re–

pent, qu'il fe met en colere, qu'il monte, qu'il def–

eend, qu'il a les yeux ouvcrts

&

les oreillcs erren–

tives,

&c.

_Le

fi11r

g rammatical conduirott

a

croire

que Dieu leroit corporel

&

fu

jet aux

m~mes

infirmi–

tés que nous, mais comme

la

foi nous apprend qu'il

n'a aueune de nos foiblelfes

&

de no

imperfc :l10ns,

&

que la raifon meme le diéle, on n'en demcurc ja–

mais

au

(tfii

grammatical,

&

l'on penfe avec fonde–

ment que les auteu_rs facrés n'onr employé ces ex–

prdlloris que pour le proporrionner

a

la toiblelle de

norre intelligence.

II. Le

(t11I

lirtéral

&

hillorique ell celui qui s'arta–

ahe

1i

I'hittoire, au fait, au

Jhu

que le récit

&

les

termes de I'Ecrirure préfentent d'abord

il

l'efprit .

Ainli, quand on dit qu'Abraham époufa Agar, qu'il

la renvoya enfuite, qu'lfaac naquit de Sara, qu'il re–

<¡ut

la circoncillon ,

&c.

tous ces fairs pris dans le

fin•

hillorique

&

lirtéral ne difent aurre chofe finon

ce qui ell exprimé daos l'hilloire, le mariage d' Abra.

ham avec_ Agar, la répudiarion de celle-ci, la naif–

Canee d'flaa c

&

fa circoncillon.

IIL Le

fin•

allégorique

&

figuré ell celui qui re–

eherche

e~

qui ell caché fous les termes ou. fous l'évé–

nemenr dont il ell: parlé dans l'hilloire. Ainfi le ma–

riage d'Abraham avea Agar,.. qui fut enfuite répudiée

&

chalfée

a

caufe de fon inlolencc

&

de cclle

a.-

fon

fils

1

ell une figure de la fynagog ue qui n'a éré 9u'une

efclave,

&

qui a éré reprouvée

it

caufe de fon in–

gramude

&

de fon

infidéliré. Sara ell la figure de

I'Errlife ,

&

lfaac la

fi~ure

du peuple choili .

1'\r.

Le

ftni

aoagog1que ou de convenance, ell ce–

lui qui rapporte quelques exprenions de I'Ecrirure

a

la

vie éternelle'

it

la béaritude'

a

caufe de la confor–

mité ou proporrion entre les termes dont on le fert

pour exprimer ce qui fe paíle en ce monde,

&

ce

qui arrivera daos le eiel . Par exemple,

~

l'occalion

du fabbat ou du repos qui éroit recommandé au peu–

ple de Uieu, on parle du repos donr les fainrs iouif-·

fent daos le ciel . A l'occaúun de l'entrée des !frac–

lites dans la rerre promife, on traite de l'entrée des

élus dans la terre des vivans,

&c.

V . Le

finr

moral ou trooolo;ique ell celui qui

tire des

rh

ralités ou des réAexions pour la conduire

de la vie

&

pour la réforme des mamrs, de ce qut

ell dit

&

rac•mté hilloriquemenr ou

littéral~menr

daos

I' Ecriture . Par cxemple,

i\

l'occafion de

ces

paroles

do Oeutéronome ch.

~xv.

verí.

-4·

V91u

11~ li~rn

poiflt

/a

bo11ch~

d11

ba"'fqui

fou/~ 1~

grah¡,

::.. P·w.l

d1t t1ans

fa pren¡1ere

é

itre aux Cormrb1ens,

ch. ix.

'V~rf

Jo.

qu'il faur

~

urnir aux préelicateurs.

&

a

ceux qu1 nous

inllruifent de quoi fe nournr

&

s'enrretenir .

Le

fim

littéral a pour objet les f31ts de l'hilloire ;

l'allégoríque, ce que nous croyons, ou les myllerew

de norre foi; l'anagogique, la béatitude

&

ce qui

y

arar-