Table of Contents Table of Contents
Previous Page  750 / 760 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 750 / 760 Next Page
Page Background

MYT

t~s.

de fujets intéreClans, d'allégories,

d'embl~inés,

dont

l'ufage plus ou moins heureux dépend du goOt

&

du

g~ nie.

T out ag it, tout refpire dans ce monde enehanté

oii les étres intel lettuels ont des corps, o tl les étres ma·

térieiS' font animés, oii les campagnes ,

le;

fo rets, les

tleu v~s ,

les él émens, ont leurs diviaités particul ieres ;

pelfonn>ges chimériq ues, je le fais, mais le róle qu'ils

j ouent daos les écrits des anciens poetes,

&

les fréquen–

tes allulions des poetes modernes , les ont pr<(que rélli–

íés pour nous. N os yeux y font fami liarifés , au point

c:¡u~

oous avons peine

a

les regarder comme des

~tres

imaginaíres . On fe perfuade que leu r hifl oire en le ta–

j:>leau

d~ fi guré

des é vénemens du premier

~ge :

o n veut

y

trou v~r

one faite, une lhifon, une vraiCfemblance qu'ils

p'ont

pas .

La critique croit faire aiTez de dépouiller les faits de

la fable d'u n merveilleux fou ,·ent abfurde,

&

d':n facri –

tier les détails pour en conferver le fonds .

11

luí fuffit

d'avo¡r réduit les dieur au limpie rang de héros,

&

les

~éros

arr rang des hom:nes, pour fe croire en droit de

défendre leur exiftence, quoique

peut-~tre

de toas les

dieux cju paganifme, Hercule, Callar, Pollux,

&

quei–

.<Jnes aurres, foient les feuls qui aieut é té vérirablement

d es hommes. Evhemere, auteur de cette hyporhefc qoi

f-appoit les fondemens de la reli¡:¡ion populair<, en paroif–

fant l'expliquer. eut d>ns J'anttqulté

m

eme un ,;rand

pombre de

panifan~;

&

la

foule des modernes s'dl ran·

gée d$! fon avis .

Prefque tous nos Mythologilles, peu d'accord entr'eux

i

l'égnrd des explicáriods de dét3ils , fe réuniCfent en fa–

veur d'un príncipe que la p!O part fu ppofent comme in–

conteflo ble . C'ell le poi

m

commnn d'ou il s parrent,

&

leur; fylle mes , malgré les contrariérél qui les diil ioguent

font tnus des éd ifi ces conllruirs fur la

m

eme bafc . avec

les memes m1tériaux, combinés diñéremment . Par-to

1

n

on voit doner l'evhémérifme, con1menté d'une manjere

plus ou moins plau lible .

11

f~ut

a>·ouer que cette rédu.:l ion du merveiJJeux

au

oaturd, efl une des clés de la

Mytholo~ie

grecquc; mais

ceue cié n'efl ni la feule, ni la plus importo ore . Le< Grecs

élit Srrabon, étoient dans l' ufage de prr>pofer , fous l'c:n –

veloppe des fabk s, les idées qn'ils ovoient non·fet, ement

fur lo Phyfi que,

&

fur les autres objets relat ifs

a

la na–

tu re

&

a

la

Philofophi~,

mais encnrc fur les faits de Jeur

aocienne hilloire.

C e

pa(fa~e

indique une différence eCfenti.elle entre les

diverfes

ef~eces

de tittinns qni for-moien t le corps de la

fallle .

11

en réfulte que les unes avoient rapport

a

Jo Phy –

tique générale

¡

que les autres cxprimoient des idées me–

taphyliques par des images fen fibles ; que plufieurs enfin,

confervoieut quelques traces des premieres rrad;tions. Cel·

les de ceue tfoifi eme claCle eroieut les feules hiflo riques .

(x

ce font les feules qu'il fo ir permis

a

la íainc

critÍQ\1~

éle

lier avec les fa its connns des tems poflérieu rs . Elle

doir y rbablir J'c>rdre , s'il efl po ffible ,

y

chercher un

enchai nem<nt conforme

a

ce que nous favons de vraif–

{emb!able fur !'origine

-!<

le mélange des peuples, en dé–

¡¡ager

le

fouds des circont1anccs

érran~eres

qui l'ont dé–

noturé

d'~ge

en

~ge,

J'env ir.1ger eu un

mot,

conune une

introduélion

a

l'hilloire de l'antiquité.

!-es ti<?.iom de cette claCfe ont un caraétere propre,

~"'

les dt f!lngnc de celles dont le foo ds efl myflagogi–

i¡ue o

u

philolophiq9e . Ces d• rnieres, aCfemblage confus

de merveilles

&

d'abfurd irés, doivenr ét re reléguéos dans

le cahos d'oii l'efprit de fyflcme a prétendtl vainement

les rircr . Elles petl vent de-la fournir aux poetes

de~

i•na–

ges

& ,

des

all~gor!es ;

d'ajlleurs , le

fpett~cle

qu'elles of–

frcn.t a nos

re~ex tons,

tout érrange qu'¡l e(!, nous in–

!lruJt par fa btfarrerie méme. Ün y fuit la marche de

Jlefprit humain; on y découvre la trempe du génie na–

tio.nal des Grecs. lls ·enrtnr l'art d'imaginer, le talent de

P'JOdre,

&

le bonheor de fentir; mais par

un

amour dé–

réglé d'eux-mémes

&

du merveilleux, ils abuferent de

ces heureux d_ons de

1•

oature; vains , légers, vo lnptuenx

&

crédules, tls adoptereut, aux dépens de la raifon

&

des mcea rs, tllUt ce qui pouyoit amorifer la Jicence Rae–

ter l'orgueil,

&

donner carriere aqx fpeculations

~éta­

phy liques.

La n"rúre du polythéifme, tolérant par eCfence, per–

metíoit l'iotroduétion des c ul tes é trangers;

&

bien· tÓt

Ees

culte~,

naturalifés

daos la

ürece, s'in:orporoient aux

ntes ancJeos . Les do;:mes

&

les ufages co nfondus eo–

fcmble,, formoient .un tour

,d,on.t

les pardes

ori~?inairernent

peu d accord entr elles ,

u

etotent parveoues a fe conci–

lier qo'a force d'explications

&

de changemens faits de

part

&

d:autre . L es combinaifons par-tout arbirraires

&

fu fcepti~les

de variétes fans nombre , fe diver fifiaitnt fe

rnultipl ioient

a

1

1

intipi fuivant les lieux, les

circonllan~e~

&

J~s

inrer!u

1

·

MYT

Les révol otíons fueceffivement arr!vées daos

1~

difl'é–

rentes contrées de la G rece, le mélange de fes hsbitans

la diverfité de leur o rigine, Jeur commerce avec les

na~

tions érrangeres, l'ignorance dn pcuple, le

f~natifme

&

la t'ourberie des prétres, la fubtilité des métaphyllciens

le caprice des poeies , les méprifes des étymologifles '

l'hy perbole fi fam iliere aus elllhQufiafles de toute efpece'

la lingularité des cérémonies, le recre! des myfleres, ••,.:

lufion des prefliges; tout infl uoit

a

l'envi fur le fonds

fur la forme, fur toutes les branches de la

MytJ..iogi/

C'étoit un c hamp vague, mais immenfe

&

ferrile, ou–

vert

indifféremment

a

tons' que chacun s'approprioit

oii chacun prenoit

a

fon gré l'eCfor' fans fubordination.

fans concert, fans cette Jntelligence mutuelle qui p

10

!

duit l'uniformité. Chaque pays, chaque territoire avoit

fe's dieux, fes erreurs, fes pratiques rel igieuf<S ,

comm~

fes lois

&

fes coutumes. La

m~

me divinité changeoit de

nom, d'attributs, de fon-'lions en changeant de temple •

Elle perdoit dans une v ille ce qu'elle avoit ufurpé daos

une autre. Tam d'opinions en circulant de Jieux en lieur,

en fe perpétuant de tiecle en liecle, s'eutrechoquoiem,

fe meloiem, fe féparoieot enCuite pour .fe rejoind•e plus

·ioin ;

&

rontl'>t alliées, tantót contraires, elles s'arran·

geoient réciproquement de mille

&

mille

fa~ons

difl'é·

rentes' co mme la multitude des atomes épars daos '• vui–

de, fe diilribue , fuivant Epicore, en corps de toute efpepo

ce, compofés , organifés, détruits par le hafard .

Ce tablean fuffit pour mootrer qu'on ne doit pas

il

beaucoup pres traiter la

Mythologi~

comme l'hifloire; que

1

prttendre y trouver par tout des faits,

&

des faits líes

enfemble

&

rev~tus

de circonl1ances vraiffemblables, ce

feroit fubflituer un nouveau fyfleme hiflorique

2

celui que

nous ont tranfmis, fnr le premier l ge de la Grece , des

écrivains tels qn'Hérodote

&

Thucydide, remoins plus

croyables lorfqu'ils dépofent des amiq uités de leur

na–

tion , que des mythologues modernes

ii

leur égard, com·

pilateurs fans · critique

&

fans go út, o u me! me que des

pactes dont le

privileg~

en de feindre fans avoir l'inten–

tion de eromper ,

La

Mythologi•

n'efl dnnc point un tout campo(¿ de

parries correfpnndantes! c'efl un cnrps informe , irrégu–

Jier, maiS' a¡¡réable daos les détatls; c'efl le mélange coo–

fus des fonges de l'imaginarion, des réves de la Philo–

fuphie,

&

des débrls de J'aooienne hlfloire. L'analyfe en

efl impnffible . D u-moins ne parviendra-t-on jamais

á

une

déco mpolition aCfez favame pour étre en étot de Mmé–

ler !'origine de chaque ñttion, moios eneore celle des

détails dont chaque tiétion efl l'arremblage . La tlléogo–

nie d'Héfiode

&

d' H omere efl le funds fur lequel ont

travaillé taos les théolbgiens du paganifme, c'eíl-a-dire,

les prérres, les pactes

&

les philo(o¡,hes . Mais

~

force

de fur charger ce fonds,

&

de le dé tigurer méme en l'em–

belliCfant' ils J'ont rendu méconnoiiToble;

& '

faure

de

monumens, nous ne pouvons déterminc:r avec

Jlreciiion

ce que la fable doit

3

tel ou te! poete en paniculier, ce

qui en apputient

¡¡

tel

0 0

te! peuple,

a

!elle ou telle épo–

que. C'en efl affet pour juger dans combien d'erreun

foil! tombés nos meilleu rs auteurs, en voulant perpétuel–

lement expliq uer les fables,

&

les concilier avec l'hifloi–

re

ancienn~

de di vers peuples du monde.

L'un, entété de íes Phéniciens, les trou ve par-tont,

&

cherche dans les éq uivQques fré qnemes de lenr languc

le dénouement de toutes les

fabl~~;

l'autre , charrpé

de

l'aociquiré de fes E;gyptiens , les regarde aontme les feui'S

peres de la Théologie

&

de la religioo de. Grecs,

&

croit décou nir

J'esplic~tion

de leurs fables daos les in–

terprétations capricieufes de quelques htértlglyphes ob·

fcurs; d'autrrs, appercevant dans la bible qudques ve–

fliges de l'ancien héroi'íme , puifenr !'origine des fables

dans l'abus préreodu que les poetes firef'!t des Jihes

de

M o'ife qu'ils ne connoi(foient pas ;

& ,

fur les moindres

reifembl~nces,

fonr

de<

paralleles forcés des heros de

la

fable

&

de ceox de

I'EcritU!e-faint~.

Tel de nos favans reconnnit toutes le' divioités

d•

paganifme pormi les Syriens; rel aurre par mi les Ce! tes;

quelques-uos jufque che1. les Germains

&

les

Su~

deis;

chacun fe ¡:onduit de la méme maniere

qu~

li les fables

fo rmoient che1. 1.-s poeres un corps fuivi fait par

1~ m~me perfonne , daos un mérne t<rru, un méme ptys,

&

fur les mémes príncipes .

·

11

y

a

<n viron vingt ans que parut un n'>uveao fyflc ·

me myrhologiqoe, celui do l'autenr de l'hifloir< du ciel.

M .

Pluche s'efl perfuadé que J'Ecrirure fymbolique pri·

fe groffierement .daos le feos qu'elle

pr~fen.roit

a

.l'reil ,

au lieu d'ctre pnfe

da:~s

le (ens qu'elle éla"

derlmé~

i

préfenrer a l'efprit, a ére non feu lernent le premier f<>nds

de l'exillence pré teudue d'lris , d'Otiris ,

&

de leur lils

Ho~us

1

mais encore

9<;

toutc ,.,

Mytbolo:i•

payen.o~ .

OQ

vwt,