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MOR
c•en ce que ne eomprirent point ceux qui : dego1ltés
de la philofophie feéhire
& ·
du pirrhonifme, chercherent
a
s'inflruire des fciepces naturelles daos les fources ou
la fcience du falut éroit
&
avoit été jufqu'alors la feule
-~
puifer .
Leo
uns s'en tinrent fcrupuleufement
a
la let–
tre des écritu res ; les autres comparant le récit de
Moi"f~
avec les phénomenes ,
&
n'y remarquanr pas toute la
c onfor mité qu'ils deuroient, s'embarralf<rent dans des
explicalions all égoriqoes : d'ou ll arriva qu'il n'y a point
d'abfurdités que les premiers ne fourinrent; point de dé–
couvertes .que les autres
n'apper~ulfem
dans le
m~me
ou-
vra~e.
-
Cette éfpece de philofophie n'éroit pas oouvelle:
voy<.t:
ce que nous avons dit de celle des Juifs
&
des "premiers
~)uetlens,
de la cabale, du Platonifme des
~ems
m0yehs
de l'école d'llleundrie, du Pilhagorico•platonico-caba·
Jifme,
&s.
·
Une obfervation alfe1. générale, c'ell que les rr.nemes
philofophiques ont eu
d~
rout íei'ns une infloence
1fll–
cheu(e fur la Médecine
&
fur la Théolo¡!ie .
La
h\ethodc
des Theologiens
e!l
d 'abord d'anathémarirer•li,¡ opinjons
nouvelles, enfuire de les concilier avec 'leurs dogmes;
celle des M édccins, de le1 appliquer tout ·de fuite
i
la
théorie
&
me
me
a
,1•
pmlque de leur arr. Les Théo–
logiens retiennent long-tems
l_~!s
opinions philofophiques
qu'ils ont une fois adoptées. l,es Médecjns moins opi–
ni~tres,
les aban'donnent •fans · peine ; ceoX'·ci circulen!
pu riblement ·au gré des fynemiriques, dont les idees
palfent
&
fe renouvellem; ceux·la font grand bruit, con–
damnant comme hé'rétique dam un moment ce qu'ils
ont approuvé comme
catholiqu~
dans un
~utrc
&
mon–
trant
~oujaurs
plus d';indulgence ou d'averfion' pour un
f~ntim®_t, J"el~~
qu'il
~n
plus a(birraire o
a
1
p11Js obfcnr,
e
efl·i·~Ire
qu
il
fourn¡~un
plus grand nnmbre -de poiñu
de canta&, par leCquels
·""1
peut s'attacher au:r dogines
doot ti ne leur e(L pas.-Permis ·de s'écarter.
-~
•
Par.mi,
ce~x .
<¡ui _embralferent l'efpece de philofophie
doot JI
s.ag¡t !Cf,
_"11
y
en eu.t.qui ne confondant pas
tout·~·fa¡r
les . l¡rmres de la ra1fon
&
de la foi fe con·
tent~rent
d'éclairer qnelques points de "l'Earitn;e, en
y
apphqu":ut les dé'Couvertes des Philofaphes. lis ne s'ap·
percev?¡~ot
pas que
le
pen
de
fervice qu'ils reAdoieot :\
la
Rehgwn, ¡neme dans les cas ou leur travail étoit
he~reux,
ne ppuyojt jamais compenfer le danger du mau–
vazs exemple qu'¡ls donnoient4 Si l'on en étoit .plus
di–
fpofé
~
croire le perit nombre de vérités fur leCquelles
l'hilloire
faint~ [~
concilioit avea les phénomenes natu.
rels, ne prenoJt-on pas une peme toute contraire dans
le
gran~
nombre de .cas ou l'expérience
&
la re vélation
fembl01ent parler d¡verCement
>
C'eCI·I a en effet t0ot le
fruit qui réfulre des ouvrages ·de Severlin, d' A lfledius,
de Glaffius, de ZuCold, de Valois, de Bochart , de
Maius, d'Urlin,de
Scheuch1.erde Grabovius
&
d'une
infinitc! d'autres qui re font etro'rcés de trouve; daos les
fainres Ecritures tour ce que les Philofophes ont écrit
de la l:ogique, de la Morale , de la M étaphyfique, de
la Phy_h_que, de la Chimie, de I'Hinoire N aturelle, de
la _Pollllque .
ll
me femble qu'ils auroienr dd imiter les
Phtl~fopnes d.~ns
lenr précaution. <.:eux-ci n'onr point
p_ubiie
d~ fyfi~mes ,
fans proover d'abord qu'ils n'avoient
ne~
de coatraire
a
la Refigion : ceux-13 n'auroient ja–
ma¡s d_t1 rapporter les fyflemes des P.hilofophes
a
l'Ecri–
ture-fa¡~te,
fans s'etre bien afJurés auparavant qu'íls ne
co~reoo¡eot
ríen de conrraire
a
la vériré.
Né~ liger
ce
preala~le,
n'éroit-ce pas s'expoCer
a
faire dire beaucoup
d:
fomfes
a
!lefprit fainr
~Les
réveries de Robert Fulde
ll hon.oro!enr-elles pas beaucoup Mo"ife? Et quelle fa tyre
plus tndecente
&
plus , cruel!e pourroit-on faire de cet
aute~r
.fubltme, que d'erablir une concorde exaae enrre
fes.
Jd~~s
&
cell~s
de plu6eurs phyuciens que je pour–
roJs cner?
Lai(fons done
13
les ouvrages
d~ ·Bigot,
de Fromond,
d~ Cafma~n ,
de Pfeffer, de Bayer, d' Aslach, de Da–
llee, de D1ckenfon,
&
hfons M oi"fe fans chercher dans
fa
Gene~e
des découverres qu¡
n'étoi~nt
pas de fon tems
&
dont
•.1
ne fe propofa jamajs de nous innruire.
'
,'\lned¡us, Glaffius
&
Zuwld ont cherché
a
concilier
b
L ogique des PhiloCophes avec celle des Théoloaiens ·
bell•
~ritreprife!
·
"
'
Valois, J3ochard, Mailts, Urun, Scheuchzer ont vu
daos Mo)"fe tout ce que nos philofaphes nos naturali·
fies, nos
math~marjciens
méme ont
déc~~vert .
Buddé~
vous
do~nera
_le catalogue .de ceux ·qui ont
.démonrr~
que la d¡aletl¡que
&
la mer•phyrique d' Ari-
fiore en la méme que celle de Jefus-Chrifl
·
Parcoure1. R udiger , W ucherer
&
W olf ,'
&
vous les
"erren fe toormentanr pour amibuer aux auteurs n!vélés
tour ce que nos philc(ophcs ont écrit de la nature,
&
tour -~
qu'ils ont révé
de
fes caufes
&
de fa fin .
MO "R
Je ne fais ee que Bigot
.¡,
pr¿rendu, mais Fromond
veut abfolument que la retre foit_ immobile. On a de
cet aureur deux traités fur 1'3rhe
&
fur les météores
1
moitié philofophiq ue<, me>itié- chrériens.
Cafmann
.a
publié ur\e biographie naturelle, morale
&
économique, d'ou il déduit une morale
&
une po·
litique théofophique : celui·ci pourtant n'afJtrvilfoit
P.U
tellemeor la Philofophje
a
la révélarion, ni la revela·
tion
a
la Philofophie, qu'il ne
prooon~h
tres-nettement
qu'il ne valO't mieux s'en teujr aux faintes E critures fur
les préceptes de la
vi~.
qq'a Ariflote
&
aux philofophes
anciens;
&
a
AriClore
&
aux philofaphes auciens fur les
chafes naturelles, qu'a la Brble
&
.a
l'ancien Tetlameot.
Cepeodant il défend l'ame du· monde d' Ariiloie contre
Piaran;
&
il promet une ·grammaire, une
rhétoriq.ue, une
lag.jque, une arirhmétique, une géométríe, une.optique
&
une mu!ique chrétienne. Vojl a les extravaganccs oll
!'oo
~Cl
cooduit par un 7.ele ltveugle de tout chriflianifer.
AICledius,
malgr~
fon favoir
1
prétendjt auffi qu'i'l
-falloit conforrner la Philo[ophie aux Cai ntes Ecritures,
&
'il en 6t un elTai fur • la Jurifprudence
&
la Mede·
cjne, 01l l'on a bieq de
.1~
'l'eine • retrauver le.
jugc•
ment de cet auteur ,
.
.,
.Bayer encouragé par les tentatives du chancelie.
Ba·
con, .publ-ia l'oovrage
int~tulé,
lt
jil
¡1,.
/abyrilt<h•.;
oc
ne fonr pl',s des fpéculations frivoles; plulieurs aureors
ont fuivi le
61
de .Bayer,
"&
font arrivés
i
des décon•
vertes
importante~
fur la
natur~,
'lll&Í$
Qet hommc
11'ctl
p~s
excmpt de.
1•
folie de {po•tems .
-
A¡lach aiJroit- un
riom
bien
m~r..irc!
parmi les 'l'hilo•
fophes,
(¡
le méine défaur o'etlt
d¿figu~¿
fes
~rito;
tt
avoit étudié, il avoii
~a,
ji avoit voyagé; ijl !'avoit,
mais il éroit philofophe
'&:
théo!ogieo ·
'6'
il n't
j~Diais
pu re refoudre
a
féparer ces deu.x caralieres .
S
a
lrellgion
en philofophique
l
&
fl phy!iqu'e en ehrc!riéhné...
.
l1
faut porter le mc!me 'jugemeot lde l.smben
Jl)~ ,
Dicken[on o'a pa's été plus fage . Si
"(IQUS
en orayet.
celui:ci, Mo"ife a donn'é en th pages tOílt
e~
q'll'on •
dit
&
tout ce qu'on dira de tb'oone
cafmalo~ie.
11
y
a
deux :mondes, le ('opé"rieur 4mmát"étiel, l'il1fé·
rieur ou le inatériei ,·Djeu, lesr101ges
~
le5 e!Pf.its bien•
heureux , habitent le pmñier;
1~
feéond eit le o6tte
1
done
il
e~plique
la forrnauon
p~r
le concours
~es
atome5
gu'l!
le
To~r-puilfarlt
a
mús ll¡
dir·l~<ls_.
i\dqm_a ' tout f"q.
LCIÍ
cono01ífances du
prem~er
"ho¡qme 0nt
p-(f~
il
A'tlraba~
&
d'Abraham
a
Mo"t"fe,
.{,es
théogdnjes des
anejen~
'ne
font que la vraie coCn¡ogonie déqgurée par dest;f.ymbo- /
les. Dieu crea des partictrle"s dettaúte efpece. li:iaós le
commencement elks erojenr
~inth'!lbilés
;.qe petits vuides
le¡ féparoieot. Dieu leur·ce rtuininiqua
deu~ molfv~meRs
l'un doux
&
oblique, l'llutre-c irculaire : celui·cÍ fui t ont•
mun
a
la maffe enriere, <;duj-la propre
~
ahaquo blalcb–
cule. De-13 des collifions, des
f~paration1, de~
uoions ,
des combinajfons; le
f~ú ,
l'air,
re~u,
lá terre, le ciel,
la luue, le foleil, les
~ilres,
ll¡
tour cela cómme MoH'e
l'a enrendu
&
l"a
écrit. ll y a des eaux -fupérreutes , de$
eaux inféri<ures, un jour
fah~
foleil , de la lumíere fans
corps lumineux; des germes , des, p1anres , des ames , le·S
unes matérielles
&
qui tentent; des ames fpiritti<;llis
6U
ilnmarérid les; des forces p1afliques, des f*xes, des gé·
nérations ; que fais-je eucore ?
Di~~iníbo
appelle
a
fon
fecours toutes les vérirés
&
touces les folies
a,nci~dnes
&
moderñes;
&
quan·d ji en
á
fsjt une
fabl~
qui "fatis-..
fait aux premiers chapitres de la G enefe ,
il
croll avoic
ex pliq ué la nature
&
CQncilic! M o"i(1:
~·e~
1\.riflo¡e
1
E;
pi•
cure, Démocrite,
&
les PhjlofgP.hes ,
Thomas Burnet parur fur la Ccene apres D ickjnf0IJ ,
JI naquir de boone maifon en
tli3~
1
dans le. vjlla
e
de
R ichema nd .
11
continua daos l'univeruté
a~ Calnbddg~
les érudes qu'il avoic
commenc~es
áu fi:in de
f~
famille.
11
eut pour ma!tres C11dworth, W iddringhtoo, Sharp
&
d'aurres qui profe(foienr le platonifrne qq'ils avoieht rer–
fufciu! .
11
s'iónruifir' profonde!nent de la philofoph'e des
anciens. Ses défaurs
&
[es qualités
n'éch~pperenl
point
a
un homme qui ne s'en laitfoir pas impofef,
~
qui
a~
voir un JUgernent
a
lui . Piaron lui plur comme mora<
lifle,
&
lui depl ut comme cofinologue . Perfonne
o·~~~f"
~a
mieu
t
la liberté eccléfiaClique; il ne s'en départit'
p'!s
meme dans !'examen de la religla 11 chrérienhe , Ap(es
avais épuifé la letlure des auteurs de reputation, il voya–
gea.
11
vit la France, l'ltalie
&
l'Ailemagne . Ghemin
faifat:Jt ,
il
recueilloit fu r la rerre nouvelle ront ce qui
pouvoirle eonduire
a
la c'ounoilf•nce de l'aoeierlne. De
retour, il publ ia la premiere
part.iede la Théorie facrée de
la terre , ouvrage ou il fe prop0re de concilier M o"ife avec
les phénomenes. Jamais raót de recherches , tant d'éru·
dition , rant de connoilfances, d'efprit
&
de talens ne férent
plus mar employés.
ll
obtint
fa
faveiU de C harles
Il,
Gui!·