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GRE
qui pone une fteur double s' appelle en Provence
bt~·
laujlie~· ,
&
P'lr
les B·Jtanilles
malta
pwzi<a ,
flor.
pie·
no ma;ore
,
oo
maitu
p~tni<a
jylvcflru major.
11
pro·
duit d"amples fleurs, compofées d'uo tres·grnnd nom–
bre de pétales fort lcrrés . Les fleurs font
renfen~ées
dans un calice qui n'cfl pas oblong , comme cel01 du
grcnadier
domeflique , mais large
&
applati , de cou–
Jeur ¡aune purpurin, eorinee, ligneul
&
divifé en plu·
ficors lanieres . Ses pétales
fonc
qudquefois
fi
nom·
breux , que les lleurs psroiifenc de grande$" rafes d'unc
coulecr foocée : on les nomme
baiRrtjles
q~and
elles
font contenues dans kur enlice.
Voy.
B ALA U S TE .
L e fruit du
grenad~<r
fao"'•ge ou domefiique égalc
en grorleur nos plus bellcs pommes . Son écorce ell
médiocrement épaitfe
&
comme du cuir , un peu dure
C,t·peudant
&
caifantc, vcne
&
liifc avant la maturité ,
cnfuite de couleur rouge
&
ridé< , qui approche cntin
de
la
couleu r de
la cha taigne, ¡aune incérieurement ,
d'unc raveur afiringeote .
Ce fruit renfcrme plufieurs graios di fpofés en difle·
rentes loges, d' un rouge foncé daos les uns, de cou–
leur d'améthyfie dans les aoves , rempl is de beaucoup
de [uc vineux , quelq uefois doux , que lquefois acide ou
tonant lo milicu entre !'un
&
l'a01re. Ces grains font
difpofés eu maniere de rayon de miel, íéparés par des
cloi fons charnues
&
membraneufes , qui fonr comme
des parois rnitoyennes, ameres, rant6t
bl~nchatres,
tan–
t6r purpurines ,
&
ayant un placenta licué daos le m1·
lieu . Chaque grain efi fcmblablc
a
uo grain de railin,
&
renfermc une íeule fe menee, oblongue ,
compoíé~
d'une ecorce ligneufe ,
&
d'une amando amere un pe11
aflriogenre. On crouve
u~e
efpece tingulierc de
grc·
nade
done les grains ne contienntnr poinr de íemence,
mais .c'efi par accidenr
&
par un ¡eu de la narure .
Le
grenadier
viene naturellemenr daos le Langue·
doc , la Provence, I'Efpagnc
&
l' lralie. On le cultive
avec foin daos les pays tempérés ; les llcurs, les pépins
de fes fruits, le fue, l'amande
&
l'écorce de grenade,
foo r d'ufage .
f/oyn;
G
R
e
N A DE ,
(
Matiere mld.
)
C
D .
J)
G
R E N A D 1E R , (
llgriwlt.)
Enrre les efpeces de
grmadiers
cultivés par les curieux, on nomme princi–
palement le
grmadier
li
fteu r double,
le
grenadier
pa·
naché , le
grenadier
nain d'Amérique,
&
le
grenadier
a
fruit . Les trois premiQrs font préférables au dernier
par leurs ft urs : oo les encaiife d' otdinaire ;
&
e' ell
ainli qu'il> forvenr d'oroemenr aux jardins.
On choitlr pour cet tf!e r une rerre
a
potager de la
meilleure Corte , on la paífe
a
la claie tioe ; on a du
terrcau ; on fai t du
tour un mélangc , moitié
1'
un ,
mo.t é l'autre; on en emplit les caiifes qui doivenr
e–
rre propon ionnées a la grandeur d<S
grenqdurs
qu' oQ
leur dcll ine . L a eerre étant ain fi préparée , on plante
le
grenadrer
apti:' en avoir accommoclé
les racincs ;
quand
~et
arbre efi planté, on a du cerreau
&
de bon
fumier de vache, done on épanche uo doigt d'épaWeur
fur la lopcrticie de la caitfe,
&
on donne ent"uite au
grenadier
un ampl e arrofement .
L es
grnzadiers
3 fru ir ne demnndeor pas
tanr de
précau tion: ils réuffiifcnt meme mleux en pleine terre
qu'en caille; mais il faut que ce foir en efpalier prin·
eipalemcnr'
&
a
une bonne expolition' paree que les
grenades en deviennenr plu1 ¡(roO"es
&
plus colorées.
Les
grent~diers
en caiffe le labourent avec une houlet·
te ou une pinche,
&
ceux qut loor en pleine rctre a·
vec la beche . On doit daos
les granJes chaleurs les
arroíer fréqoemment, autrernenr
1•
fteur coule.
11
efi efientiel de railler
les
grenadi<rJ
.
Le fecret
confifie
a
rogncr les branches qui oaiifent mal placées;
on les retranche ; on conferve celles qui íonr courtes
&
bien nourries ,
&
on racourcir les branches dégar·
nies, afin de rendre le
grmadier
plus touffu : c'ell ce
qui en fait la beauté . On a foin de
les pincer apres
leur premiere pouffe de l'année, quand oo voit qu'il
y
a quelques branches qui s'échappen t . Miller donne fur
ce la d'cxcelleos préceptes; conful tez-le.
Tour
grenadier
a
fteur double,
&
autres qu'on éle·
ve en catlfe, ne doivem avoir le pi¿ garni d' aucune
branche, paree que ce défaut les défigurc,
&
empt'che
que la
t ~te
de ccr arbriifeau ne fe forme agréablemenr.
Si les
grcnadiers
en caifle coulent ,
&
que
les
trap
grandes chaleurs de l'été en fo ent
la
caufe, il faur les
rnouiller beaucoup ;
&
lorfque , malgré ceue précau·
tino, la coulure ne ceife poim ,
il n' y a pas d' autre
parri
a
prendre' que de les changer de cailfes' ri elles
font p<tites, ou bieu de les rencaitlcr daos les me?mes,
en rernplillant les caiifes d'uoe nouvelle rerre préparée.
GRE
L es
grenadiers
s'élevcnr de femencc ;
ils
fe multi·
plicnr aulli de marcares de la maniere qui
fuir . Sup·
puti:z un
grenadia
de beilc efpece, ao pié duque!
il
di veou quelques branches aife1. loogues pour erre cou–
chée en terre , on en prcnd une, on
1
'émonde autant
qu'on ie ¡uge il·propos,
&
de maniere que cellc qui
doir €rre couchée en rerre foir tout·á·fait oeue; enfui·
te on couche ceue branche daos un raynn, on l'arrc?te
avec un perir crochet qu'oo fiche en terre, on la cou·
vre de ter:e, on l'arrofe ,
&
au bout de fi>< mois elle
prend racine.
S'il ne eroir poinr de branches au pié de l'arbre,
&
qu'on foit obligé pour le marcouer d'avoir recours
a
la
t~te,
on choifit la branche qui
y
parolt le plu propre;
on l'émonde, comme on l'a dit,
&
on la couche dans
un poc plcin de terre ,
&
fendu par un c6té, ati n d'y
paifer la branche
&
de 1'
auacher au gros de
1'
arbre ,
ou
ii
quelqu'autre appui que ce foit . Le tems favora–
ble
a
marcouer les
grenadiers
ell
le prio tems ' pour
qu'on puiífe voir en automne ti
les marcoues ont pris
raein
e,
afin de
les
íevrer de leur mere branche,
&
de
les plan ter ailleurs.
Les
grenadiers
f~
perpétuen t aulli de boutnre,
&
c'ect
une bonoe méthode. Pour eel eflet, on choifi t le¡ bran–
ches les plus droites
&
les plus pnies' qu'on coupe
a
un pié de longueur; avant que de les 111<l!re en terre,
on en ratirle un peu l'écorce par le bas l'efpace de doux
uavers de doig t; on rognc le haut, puis on les fiche
daos quolque caiife ou pot rempli de terre convenable,
&
enfuite on les arrofe. L 'ex périence a fait connoitre
qu'une branche de
grenadier
,
accommodée de cene
fa~no,
prenoit ai!i!menc ractne.
Le froid efi l'onnemi morrel des
grenadi.rs.Poor
les
en garamir, on met oeux qui
Ínnt
en caiife daos
~ne
ferro
3
l'épreuve de la geléc. fl.
l'égard des
gre·
naditrs
en pleine rerre, on les
conferv~
comre les ri–
gueurs do froid ' li on tnel
a
lcur pié beaucoup de fu.
rnier,
&
fi
l'on couvre de paillallons
rootc la pali!:
fadc.
Les
grenadiers
a
fteur double,
&
qui ne donnenr poinr
de fruit, commencent
a
fl eurir au mois de Moi,
&
dureor eo lleurs jufqo'en fl. oüt, pourvfi qu'ils loiant bien
gouvcrnés. Les Anglois oor éprouvé que le
grmadia
a
fru ir'
a
licor fimple'
&
~
fteur double, fupponoien t
tres-bien les hyvers de leur climat; les uns les
~aillent
en pomme, d'autres les meuem eo efpalier uu en treil–
le,
&
d'autres préfercnt de
les
planter eu haie, ou dans
des bofC>Uets pour les moins expofer á fentir la fcrpet·
te
&
le cifeau .
Le
grenadier
nain d' Amérique que les habitans col·
tiveor daos leurs ¡ardins, paree qu'il porte des
flcuri
&
des fru its la plus grande partie de l'ann.:e , s'élcve
raremenr au-deifus de crois piés
1
produit un
fruir qui
o'excede pas la groO"eur d'uoe noix,
&
qui n'efi pas
rrop bon
a
manger. Cer nrbrlifeau efi
ta re
délicat ; ce–
pendanr il profpere
ii
rnerveill c, li on le tiem confiam–
rncnc daos
la ferre avec les autres plantes du meme
pays,
&
a
un degré de chaleur modéré. ( D .
J. )
G
RE N A D 1 E R,
f.
m. (
/lrt mi/it
)
foldat d'élite,
l'exemple
&
l'honneur de l'infancerie.
L a création des
grenadiers
daos l'infanterie
fran~oife
efi de l'année 1667. L 'ob¡et de leur infiiturion étoit de
fe porter eo-avanr pour efcarmuucher
&
¡euer de> gre·
nades parmi les troupes ennemies, afin d'
y
met!re
lé
defordre au momem d'une aélion. C'efi de ce fervice
primirif qu'efl dérivé loor nom. Les armés
a
la legere
daos la légion romaine,
&
les ribauds daos les troupes
de nos anciens rois, fa•foicnt 3-peu-pri:s le meme fcr–
vice que les
grenadiers
daos nos armées.
Toures les puiifances de 1'Europe onr des
grm,,diers;
quelq ues princes en onr me! me d<s corps entiers . Noui
n'euminerons ici ni leur forme,
111
leur établilfemenr;
notre ob¡et efi de faire coonoitre leur fervice dans les
rroupes de Fraoce .
L oüis X I
V.
en établit d'abord quarre par compagnie
d'infno rerie; ils fcreor enfuire réunis,
&
formerem des
compagnies particulieres'
a
l'exception de quclque; régi–
meus étrangers au fervice du R oi , qui le; onc confer·
vés jufq u'ici fur le pié de
leur premiere dillribution .
Sa Ma¡cfié établir auffi
en 1744 des compagnies de
grcnadurs
daos chacun des bataillons de mil ice; nous
en parleroos
a
l'articlc
G
Re N A D 1
e
R S
Ro
y A
u
X'
Le corpi des
grcnadiers
ell le modele de la bra vou·
re
&
de
l'in tr~pidrté.
C'efi daos ce corps
rcdoutable
que l'impécuofité goerriere, cara
él
ere difiinél'f du fold3t
frao~ois,
brille avcc le pim d'éclat . Nc>tre hifioire mi·
licaire moderoe fourmille de prodiges dOs
a
fa valeur .
Les