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LA PRUDE.

DORFISE,

Qui l'aurait cru? la Grece est en Turquie?

Que votre accent, que ce ton grec est doux !

Que je voudrais parler grec avec vous!

Que vous avez la mine aimable et vive

D'un vrai Frarn;ais, et sa grace na1ve !

Que la nature entre nous se méprit

Quand par malheur un Grec elle vous fit

!

Que je bénis, monsieur, la Providence

Qui vous a fait aborder en Provence !

ADINE.

Hélas

!

j'y

sui.s, et c'est p0ur mon malheur. ·

DORFISE.

Vous, malheureux !

AnINE.

Je le suis par mon creur.

DO RFISE.

Ah! c'est le creur qui fait tont dans le, monde ;

Le bien, le mal, sur le creur tout se fonde ;

Et c'esÍ aussi ce qui fait mon tourment.

Vous avez done pris quelque engagement?

ADINE:

Eh, oui, madame. Une femme intrigante

A

désolé ma jeuncsse imprudente;

Comme son teint, sori. creur est plein de fard;

~lle est hardie, et pourtant pfoine d'art;

Et j'ái senti d.'autant plus ses malices,

Que la vertu sert de masque

a

ses vices:

Ah ! que je souffre ! et qu'il me semble dur

Qu'un creur si faux gouverne un coour trpp pur

!