THÉORIE
GÉNÉRALE
DES
tT~:rs:
que ·
nous port~ns prefque fans cdfe
fuJ·
les ·diíl:erentes mo;–
difications qui affeérent notre
ame,
&
qui
efl:
f~)l1de
fur
le
íentiment intime; nous portons une
infinité de ¡ugemens
fur
des chofes étrangeres
a
notre ame : jugemens
fonci 6s,fur l~
témoignage, ou des idées, ou des fens , ou des hqmmes.
Nos Jugemens , fur les différemes chofes érrangere~
a
HOtre ame ·
&
foumifes
a
nos connoiífances,
ont
pour
ob¡et
dans les d10fes, ou les propriétés
nécejfaires
&
effe,uietles,
qu'elles ont t011jours
&
qui
en
fonr
inféparables ; ou les
propriétés
accidentelles
&
variables
qu'elles peuvent avoir ou
ne pas avoir, qu'elles ont en
un
lieu
&
en pn tems ,
&
<]U'elles n'ont pasen un autre ; ou les propriérés
conflantes
&
invari,zbles,
qu'elles ont
1
roujours
&
par-rout , fans qu'el..
les pa1·oiffem erre de leur eífence.
I
º.
Un
Jugement général fur les
propriétés n éc~ffeires
<Y
~fentietfes
des chofes, ne dépend que de l'idée meme
d·e
l'efpece. Je juge que tous les rriangles orrt trois angtes
&
nois
cotés : parce que l'idée généralifée du triangle , em–
porte
ou
renforme 'eífontiellement trois angles
&
trois corés.
Je
juge
que tour
homme eíl: compofé de corps
&
d'ame:.
parce que l'i:<lée généralifée ele l'h0mme, inclut
&
renferme
effen-tiellemenr une ame
&
un
corps unis. Ce
j
ugement
a
pour motif, le témoignage des idées. (,
07).
IIº. Un
Jugement général fur les
prap:·ii tés accidentelles
f,,
variables
eles chofes , dépend de l'obfervation de tous
· les inclividus, fans en excepter aucun. Je
ae
¡mis juger de
la fi gu·re, des talens , <les vertus, des vices , des qualités–
·bonncs
ou
mauvaifes
9
qui caraB:érifont les citoyens d'une
Tille:
qu'apres les avoir tous obfervés
&
connus en détail,
ou pr rnoi-meme , ou par des obfervateurs fur lefquels
je
p uitfe comprer. Ce Jugement
a
pour motif, ou le témoi–
g nage des fens, ou le témoignage des hommes.
11.[º. Un
J
ugement général
fur
les
propriéti s con(ltzntes
&
invariabLe.r
des chofcs , a pour motif, des expé riences
&
· tles oble_rvations réitérées, faites fur quelques portions d'une
efpece de chofes. Je juge que, dans le globe que j'habite,
tous les cailloux, par exemple, gravitent vers le centre·
de la terre , .clans une direB:ion perpendiculaire
a
l'horizon:
prce
qu'une foule d'expériences
&
d'obfervations., faites·
:i vcc la plus fcrupuleufe actention, ont déco.u.ver.t cette
maniere de gravicer dans les cailloux. Je juge que tome la
maffo de l'air eíl: pefante
&
élafüque : parce oiue romes les
ponions de cette maífe d'a-ir , qui ont
été
fonmifes aux
expériences
&
aux obfervations., en France , en Italie·, en–
J\ngleterre, en Afie, en Afriquc , en Amériqne , ont éré
uouvées élafrtt!ne~
&
pefant~s. Je juge que toute la maú~