DIVlRSES DÉFINITIONS,
Exiflence:
·~¡
,, l'exifl:ence, ou il s'agit d'une chofe qui exiíl:e réellement,
,, ou
il
s'agit
d'une chofe
qui ~1'efl:
que poffible.
n
S'il
s'agit d'une chofe
qui n'eíl:
que po1lible,
il
efi évi–
" deat
que l'~xiftence
d'.une
telle chofe, n'efi ríen
1
de ré~l
" ni de pofüif: c'éíl: _un
pur
erre de raifon, une fimple
" poffibilité d'etre quelque
part.
\
" .S'il s'agit de l'exiftence d'une chofe qµi exiíl:e en effet
,–
,, cette exifümce peut etre confülérée , ou comme difiin8:e
»
&
féparée de la ·chofe qui ex-ifie;
&
alors ce n'eA: qu'une
»
idéc abftraite , une chirnere , qui rie ínbiifie nulle part :
~'- ou comme n'étant pas difiinéte de la chofe qui exifte;
" & dans cecas,
l'exiflence
e/l
la chofe m-érne exiflante
, avec
,, tous fes attributs , toutes fes qualités,
&
toutes :es
pro..
,, priétés.
~
,, Ainfi , de· quelque 1;r,ianiere que
1'011
confidere l'exif-
1
,, tence ,, elle n'efi point une perfeél:ion ou une réalité;
" &
elie. ne fauroit etre ·mife au -nombre des perfeB:ions,
»
c'efi-a-dire, des quali~és , propriétés ,
&
attributs qui
,, c~nfütuent l'eífonce d'une chofe,
&
qui la rendent par-
" faite dans fon genre "·
· 72. R~MARQUE
II.
Qu'a done
fait
l'A~aeur de la Namre,
en
tirant le monde de l'état de_pure poffibilité? A-t-il mis
dans un fujer qui
fút
deja quelque chofe en lui-mem~ , une
· perfeB:ion , une réalité ,
qui
d-éterminar ce fujet
a
devenir
exifiant? No_n ·; mais il a _ordonné
1
qu'un fujet qui n'étoit
rien de réel ,- clevir1t quelque chofe de réel ; 'qu'un fojet qui
11'étoit ~ien d'exifümt, devint quelque chofe ~d'exi.Hanr.
Avam la création des chofes, les chofes n'étoient pas
eom.meun _ fujet réel qui auendit l'exifience
:
elles n'~ient
·qne l'objet intelligible des idées divines. Cet objet intelligible
cles id.ées divines eft deve-nu exiíl:ant, quand la voix féconde
d~d'Etré
i:ncréé
&
créa,teur
lui
a ordon,né d'exifier:
i1
n'étoit
pas,
&
il
a commencé d'etre; ínais fans rien acquérir qui
fut diílingué de lui, en
acquéra.ntl'exifienc~.
·
73·
REMARQUE
III. Nous démon~rerons ailleurs que
la
M.uiere n'efl p@int
éternelle;
que la matiere a paffé du néant,
ou cle r~tat de pure poffibilité'
a
l'état d'exiíl:ence, par
une vraie création. Done l'axiome d'Epicure & de Lucrece,
que
ríen ne fe
fait
de ríen
, efi un principe' faux, dans le fens
que
1ui
donnd'ayeugle
Athéi(me:
Rem !fUtlam
e.
níhilo g'igni
di11inir.z'u
zmq-uam.
, ,
-
Que
figrüfie done cet axiome, qui a un fens vrai
&
incon•
tefiable
?
Il fignifie que le Ríen ne peut ~tre, ni
un
p,incipe-
·,,
de produélion .,
ni un
príncipe de·
compofition,
pour un etre. '
· Mais
il
ne íignifi~ pas qt.1'un etre poffible, encore privé
,..