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exploitant lebesoin que le monarque a de ses services et s'enhardissant
ainsi jusqu'a faire appel a la bienveillance royale en faveur de son union
avec STELLA, ce qui semble bien plus vraisemblable.
En troisiemelieu, d'apréslasusditeTradition, on voit qu'<EIL-DE-PlERRE,
afin de se rendre erimiíli'el et de s'attirer volontairement le cMtiment de
sa faute, ce qui est néebssair e
a
la réalisation de ses desseins secrets,
escalada le palais des Vierges du Soleil, et, de la sorte, devient coupable
de sacrilége. Bien qu'il n'y ai
t
en cela ríen d'impossible, on dirait
plutót une circonstance créée
ad hoc
par l'auteur de la tradition, en vue
d'expliquer d'une
fa~on
originale les incidents de la trahison d'<EIL–
DE-Pierre. Si l'on s'en tient au drame, quoiqu'il ne contienne ríen qui
fasse connaitre de quelle maniere ce chef astucieux s'y prit pour se
présenter le corps tout couvert de contusions devant Ollantai, on
trouve cependant un passage qui jette de la lumiere sur cet incident,
et qui rend plus conforme aux pratiques pénales des Incas le moyen
employé dans le but indiqué.
A
u vers
ll4l,
OLLANTA'i, a la vue de l'état
déplorable d'<EIL-DE-PIERRE, s'écrie: "D'ou est-ce que tu es tombé?" Je
suis porté a croire que par cette question ÜLLANTAi fait allusion au terrible
supplice qui, a l'époque de l'empire, consistait
a
précipiterles criminels du
hautd'unemontagne, et l'on comprend son étonnement, qu'<EIL-DE-PIERRE
ait pu s'en tirer lavie sauve. Quoi qu'il en soit de cette supposition,
il
n'y a
ríen qui autorise la conclusion que plusieurs commentateurs ont cru
pouvoir tirer de certaines analogies entre les circonstances qui a·ccom–
pagnerent la trahison ou ruse de Zopire lors du siége de Babylone par
Darius, et les incidents du stratageme auquel <EIL-DE-PIERRE a recours.
Certes, les deux faits s'accordent sur un point,
a
savoir qu'un guerrier
passe dans les rangs de l'ennemi en feignant, pour luí inspirar plus de
sécurité, d'avoir été maltraité par son souverain. Mais cela n'autorise
nullement
a
conclure de cette analogie que notre drame est moderne,
paree qu'il renferme un épisode ou l'on en aurait imité un autre, tiré
d'une histoire étrangere aux Incas. Cette coincidence ou ressemblance
entre les
événement~
de la vie de peuples completement étrangers les
uns aux autres et qui ont :tleuri
a
des époques différentes, est si
fréquente dans les fastes historiques, qu'elle ne vaut pas la peine que
nous nous arretions davantage sur ce point. Par les memes raisons, on
pourrait tout aussi bien traiter depure invention de l'auteur du drame
l'existence de vierges consacrées au culte divin, la loi qui interdisait
aux descendants du monarque les mariages avec des personnes de sang