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VOYAGE
« Tandis qu'il grommelait
a
.quelques pas de m01 et
que, sans paraitre l'entendre, je fumais ma pipe de fort
mauvaise humeur sur le gaillard d'arriere, je vois
a
peu
de distance, par notre travers sous le vent, une colonne
d'eau qui s'éleve et brille au soleil. Un second jet d"eau
parait au meme instant, tout pres du premier, puis un
troisieme, puis un quatrieme
!
C'était une bande de cé–
tacés qui venaient nous faire visite. .
ce
A
l'
eau les embarcations
~
et au plus tot paré
! !
»
. «
Mon gaillard ne se le
fit
pas dire deux fois : il était
ardent
a
l'ouvrage et la vue de l'ennemi
l'
exaltait.
'' Il s'élance avec ses camarades dans la premiere em–
barcation, pique droit aux baleines, et bientot son har–
pon va se plan ter dans le dos de
cell~
qu 'on voyait le
plus pres de nous. Le monstre plonge et peu apres repa–
rait sur l'eau; mais, dans le meme moment, une autre
était aussi harponnée : leurs évolutions furieuses com–
mencerent
a
décrire sur la mer des lignes blanchatres
qui se croisaient en tous sens. Tout
a
coup l'embarca–
tion, montée par mon raisonneur, se trouve prise entre
les deux baleines, qui la choquent
a
la fois d'un bord et
de l'autre, la brisent en mille pieces et envoient au fond
de la mer ceux qui la montaient.
«Un seul parvinl
a
se sauver: c'était mon coquin. Le
diable
a
qui il appartenait l'avait sans doute protégé
!
« Pour comble de malheur, les deux baleines s'échap–
perent et je fus obligé de relacher sans avoir rien pris;
mais la premiere chose que je
fis
en arrivant au port