DE LA BONITE.
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morn dans le cours de ses voyages. Le bonhomme ne
demandait pas mieux q,ue de raconter ses prouesses: il
avait des histoires a défrayer plus d'une soirée, et ses
auditeurs n'eurent qu'a choisir dans les récits plus ou
moins véridiques dont if voulut bien payer leur curio–
sité.
<;ln n 'altend pas de moi que je reproduise tout au long
l'épopée du pechem de baleines. Je ne puis toutefois
résister au plaisir de faire connaitre deux traits qui en
donneront une idée.
ce
Nous naviguions depuis plus de six mois, <lit le véri–
dique marin, dans les mers glaciales, au sud de la Nou–
velle-Zélande, et nous avions a peine quelques barils
d'huile. Les baleines nous fuyaient, ou le diable les avait
emportées.
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faisait froid, et chacun a bord, maudissant
le métier, parlait déja d'aller chercher une relache pour
se refaire un peu de toutes nos fatigues.
ce
J'avais surtout parmi mes harponneurs un grand co–
quin de matelot que l'espoir du gain avait déterminé a
'embarquer et qui déja, avant de partir, calculait les
piastres qu 'il aurait a dépenser au cabaret a la fin de la
campagne . Furieux de voir les parts de peche se réduire
a zéro, ou a peu pres, il s'en prenait a moi, m'accusant
d 'avoir mal choisi le lieu de nos opérations.
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ameutait
l'équipage. Déja il avait débauché
trois ou quatre
hommes et c'étaient des meilleurs, non pas pour la
di cipline, mais pour donner au besoin un bon coup de
marn.