CHAPITRE PREMIER. -
LA IIJORALITÉ .
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ennemi. Au quatorzieme el au quinzieme
sit'~cle,le
charme
fune te et mortel a une tout autre importance dans les
eours de France et d'Angleterre que parmi les hautes
classes ilaliennes.
Eafio I'Italie, ce pays OU l'individualisme arrive sous
tous les rapports a son extreme limite, a produit quel–
ques hommes d'une scéléralesse absolue, qui commeltent
le crime pour le crime méme, qui le l'egardent comme
un moyen d'arriver, uon plus a un but dé terminé, mais
a
de fins qui échappent a toute regle psychologique.
A cette classe de monstres semblent appartenir d'a–
lJord quelques condoLtieri
1,
un Braccio de l\fantoue,
un Tiberto Brandolmo, un Werner d'Ul' Iiogeo , dont
l'écu son d'argent portait celte inscri{)tion :
u
Enoemi
de Dieu, de la pitié et de la charité. " Il est cerlain que
eeHe espece d'hommes comprend, en somme, les crimi–
neIs qui les premiers se sont cOlnplétement. émancipés.
Toutefois on sera plus circonspect daos son jugement
si 1'0n songe que le plus grand crime qu'ils pussent com–
meltre - d'apres les chroniqueurs - consiste dan le
mépris des foudres de l'Église, et que c'est la le secret
de cette couleur sinistre sous laquelle ils nous appa–
raissent. Chez Bl'accio, la haine de tout ce qui teoait
a
la
religion étail poussée si loio qu'un jour, par exemple,
i1
entra en fureur parce qu'il entendit des moines qui
chantaiént des psaumes, et qu'il les fit précipiter du
han! d'une tour
1; "
d'autre part, ses soldats trouvaient
I
On
pourrait nommer en téte Ezzelino da Romano, si celui-cI
n'avait été dominé par I'ambition eL n'avait eu une foi aveugle
dans \'asLrolo¡;ie.
I
Gjorllali lIapoletalli,
dans Mun.ToRI,
XXI,
coi.
1092,
ad.
a.
1425.
D'apres le récit du chroniqueur, cet acte de violence semble
avoir été commis par pure cl'uau té. Sans dOULe
BI'.
ne croyait
ni
~
Dieu ni aux saints, méprisait les prescl'iptioDS eL les usa6e5
de l'Église,
el
n'assistait jamais
a
la messe.
,