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MOEURS ET RELIGION.
nationales. 11 faut laisser faire les auteurs qui aiment
l
condamner les peuples en masse et
a
prendre parfois
a
leur éffard le ton le plus acerbe. Des peuples occidentaux
. peuvent se malmener les uns les autres, mais heureuse–
ment ils ne peuvent pas se juger. Une grande nation
dont la vie se trouve mélée
a
ceHe de tout le monde
moderne par suite de sa culture et de son hisl oire, ne
préte pas l'oreille aux aceusations ni méme aux critiques
bienveillantes; elle poursuit sa earriere avec ou sans
l'approbation des théoriciens.
Aussi ce qui suit n'est-il pas un jugement, mais
simplement une série d'observalions qui sont le résllltat
naturel de plusieurs années d'éludes sur la Renaissance
italienne. La valeur de ces notes est d'autaat plus
' modeste que la plupa rt du temps elles se rapportent
a
la v¡e des elasses élevées de la société italienne , que nous
connaissons infiniment mieux, en bien comme en mal,
que l'histoire intime d'autres peuples européens.
~ais
parce que la ffloÍl'e et la hante sont plus éclatantes ici
qu'ailleurs, naus n'en sommes pas plus avancés pour
dresser le bilan ffénéral de la moralité.
Quel reil pourrait sander les profondeurs oil se forment
les caractel'es et les des'tinées des peuples, oil les qua–
lilés naturelles et les qualités acquises composent un
tout
nouveau, oille caractere primordial se refond deux
ou troie; fois, oil méme des dons inlelleetuels qu'
a
pre–
miere vue on serait tenté de regarder eomme primilifs
ne sonl qu'une acqui ilion relativement tardive et nou–
vellc? Par exemple, I'Italien d'avant le treizieme siecle
avait-il déja celle vivacité, celte aisance, eeHe su reté
de l'homme accompli, celte fa culté d'animer en se jouant
tous les objets, soit par la parole, soit par la forme, qui
l'a dislingué depuis? - Et si
DaOS
ignorons ces choses,