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MEXIQUE.

33

que. A peine avait-il rendu le dernier

soupir, qu'un oeuil général était or–

donné; des colirriers partaient pour

tous les points de l'emp1re, avec ordre

d'inviter les feudataires et la princi–

pale noblesse aux fun érailles. En pré–

sence de ces

~rands

personnages, le

corps était la ve et parfumé de maniere

a

le garantir de toute corruption, et

pbcé sur une natte; on le veillait pen·

dant plusieurs nuits, et, durant cette

longue veille, les marques d' une dou–

leur profonde, les pleurs, les san–

glots, les gémissements étaient de ri–

gou.reuse étiquette. On coupait une

poignée de ses cheveux pour etre soi–

gneusement conservée ; on mettait

dans sa bouche une grnsse émerau–

de ; on

pla~ait

sur ses genoux dix–

sept couvertures fort riche

, dont

chacune avait sa ns doute une desti–

nation symbolique, et par - dessus

tout cela on attachait l'i1rnige de l'idole

objet de la vénération particuliere du

monarque pendant sa vie; puis on lui

COlll'rait le visage d'un masque en–

richi de perles et de pierre

pré–

cieuses; puis, le corps placé au mi–

lieu d'un immense cortége de nobles ,

de pretres, ele peuple, était porté da ns

la cour intérieure du granel temple et

posé avec ses ornement sur un im–

mense bucher.Chaqueas istanty jetait,

comme offrande, ses arme

et des

objets de prix. Un grand nombre d'es-

-

claves et de femmes étaient immolés

pour le servir dans l'autre monde,

ainsi que plusieurs officiers de sa do–

mesticité, parmi lesquels ügurait celui

qui avait soin d'entreteni r les lampes

du palais, afin que le mona1·que

v1t

clair dans sa route. Son chapelain par–

ticulier n'était pas épargné. et meme

le petit chien, dont nous avons déja

parlé, figure aussi dans ce hideux ho–

locauste. Les cendres du btlcher, ren–

ferm ces dans une ume, étaient dépo–

sées dans une des tours du temple, et

non portées

a

Chapoltépec, comme l'a

cru Solis. C'était au si dans ces tours,

et non dans des cimetieres, que les

principaux personnage ' avaient leur

sépulture; et d'

A

costa se trompe lors–

qu'il suppose qu'on sacrifiait a leurs

3•

Livraison.

(l\l:EXIQUE.)

'

funérailles quelques-uns de leurs pa-

rents.

Dans l'ordre social tel que celui dti

Mexique, tout ce qui n'était pas noble

restait parqué dans les limites de son

obscure condition

1

sans pouvoir en

sortir

II

y avait meme une portion

considérable de peuple dont le sort

était

a

peu pres celui des paysans serfs

des temps féodaux. lis ne pouvaient

changer de résidence sans la permis-·

sion de leurs maitres; c'étaient des

instruments de culture attachés au sol,

passant avec lui d'un possesseur

a

un

autre. On pou1

1

ait meme les échanger

contre des bestiaux, et les donner en

p<iyement, soit d'une terre, soit d'es–

claves destinés au service particulier

du seigneur

(*).

Les hommes libres,

cultivant pour eux - memes, étnient

traités par ce dernier comme des étres

d'une espece inférieure.

La nol.Jlesse était nombreuse. Elle

occupait tous les emplois pul.Jlics et

les grades de l'armée; elle possédait

de vastes

territoires

t!t des

titres

trausmi sibles du pere au

fil

;

d'au–

tres titres lui éta1ent conférés

a

vie

coirime distirictions personuelles; d'au–

tres encore étaient attachés en sa

fa–

veur

a

certaines fonctions du palais

Les nobles portaient des veteme1tts

i11terdits au peuple. Leurs maisons se

di tinguaient par une construction par–

ticuliere. Le peuple les approchait avec

re pect, les yeux baissés, sans oset·

les

regarder en face; eux'

a

leur

(•) Herrera peint sous des couleurs faus–

ses la coudition de ces derniers esclaves,

qu'il regarde comme lellemenl avilis, et

dont la vie était si peu eslimée, qu'on pou–

' 'ail les tuor sans encourir aucune espece

de peine. Cla,•igero, au conlraire, beau–

coup mienx insln1il, assnre que l'esclavage

étai t généralement doux, el

les

travaux

modérés el réglés. On comptait, suivant lui,

trois a1tlres sorlPs d'esclaves:

les

prisouuiers

de guerre,

les

hommes vendus, el les mal–

foill'Ul'S. Ou sail que les premiers étaicnl

toujour

r éservés pour les sacrifices. Les

seconds apparlenaient généralemenl

a

la

classe des enfauts nmdns par leurs peres.

Herrera,

Decad. Ill,

lib. 7 et

17.

Clavi–

¡;ero, I

360:

1

562693

J.,.

J