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L'UNIVERS.
aussi leurs magistrats et leur languc.
On remarque plus de sévérité dans
le code de Texcuco. Tous les voleurs
étaient pendus, les assassios décapi–
tés; 111a1s, ce qui est plus extraordi·
naire, pareil ch:ltiment était infligé
aux malbeureux historiens qui se per–
mettaient quelques inlidélités dans la
peinture
d.esfaits. A Tlascala, la
peine de mort était prononcée contre
Jes,enfants qui manquaient de respect
a
leur pére. II ne taut pas oublier,
comme trait caractéristique de mreurs,
que tous les peuples de l'Anahuac mon–
traient une grande tendance
a
punir
les crimes et les délits, meme les plus
légers, mais peu d'empressemeot aré–
corn penser les vertus civiles et les
talents.
11
ne. faut pas oublier que l'oflice
d'exécuteur des jugements criminels
n'était pas méprisé chez les Azté'ques;
cela ne surprend pas lorsq11'on voit les
honneurs qu'ils rendaient au chef su–
preme de
1
religion chargé d'égorger
les prisonniers de guerre. Le bour–
reau était quelquefois pris parmi les
magistrats. Quelquefois un juge du
tribunal remplissait cette fonction. Le
·crieur public avait aussi a part de res–
pect; on regardait ces deux person–
nages comme les repl'ése11tants particu–
liers du monarque.
On coonaissait au l\Iex ique deux
sortes de prisons : l'une ou J'on ren–
fermait les débiteurs insolvables et les
condamnés pour délits de peu d'im–
portance; IY.lutre, construite
a
peu
pres comme une
ca~e,
servait de lo–
gement aux prisonmers de guerre, en
attendant l'heure du sacrifice. La
meme prison renfermait aussi les dé–
tenus pour crimes emportant peine
de mort; ceux-ci étaient tres-sévére–
ment traités; les prisonniers de guerre
an contraire l'étaient parfaitement.
O.n les nourrissait fort bi en ; enfin on
cherchait, par tous les moyens possi–
bles,
a
éloigner de leur pensée le triste
sort qui les attendait, et
a
leur pro–
curer un emboopoint qu'on
jug~ait
d'un favorable au"ure.
Nous avons vu res ambassadeurs et
les courriers, mis sur la méme ligne
dans la loi péhale, recevoi r d'elle une
protection parfaitement égale. Cette
bizarre réunion de fonctions si di ffé–
rentes a droit de nous surprendre. Cela
nous prouve, ou,que les ambassadeurs
au Mexique ne jouissaieot pas de cette
considération c¡ue nous leur accordoos
en Europe, ou que les courriers étaient
de fort respectables personnages. Il
est vrai de dire que le role d'ambassa–
deur était borné a .des missions toutes
spéciales et de trés-courte clurée, telles
que la notification des ordres du roi
aux chefs tributaires, et la discussion
de quelques points lit,i'gieux avec les
princés voisins de l'empire. Tontefois
J'ambassadeur était une personne sa–
crée. Les hooneurs qu'on lui rendait
. se mesuraient sur la peur qu'on avait
de celui qu'il représentait. Si cette
peur était grande, on traitait l'ambas–
sadeur comme une divinité; on bnllait
de l'encens devant lui , on le défrayait
de tout, et on l'accal.Jlait de présents.
Quant aux courriers, c'étaient des
fonctionnaires fort util es' meme in–
dispensables dans un pavs ou les com–
munications étaient si difficiles, dans
un pays si étendu' si montagneux ' ou
les chevaux n'existaient pas. Le service
des courriers se faisait avec une in–
croyable rapidité. De six lie11 es en six
lieues une petite four était établie sur
une hauteur ; elle servait de résidence
a
un ou
a
plusieurs courriers qui por–
taient successivement les dépeches
d' une ur
~
une autre. Elles passaient
ainsi e main en main sans interrup–
tion, et parvenai ent, disent les histo–
riens, en vingt-quatre ou trente heu–
res, a trois cents milles de Tenocht itlan.
C'est peut-étre un peu fo rt, bien que
ces me·sagers fusseot exercés de bonne
heure
a
la course sous l'inspection des
pretres. On lrs cbargeáit aussi de mis–
sions de confiance, comme de
trans-~
mettre·d·e vive voix, aux magistrats-ou
aux généraux, les ordres du roi, et de
rendre compte de leur exécutiou. Ceci
les rapprochait des ambassadeurll.
Un empire qui a les armes
a
la·main,
depuis son origine jusqu'a sa chute,
doit mcttre
1
l'état militaire au [Jre–
mier rang.
JI
~n
était ainsi chez
-