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LETTRES
parmi les Turcs. Ils l'appellent
Zemzem.
Leurs liis–
toriens disent que l'eau de ce puits sort d'une source
que Dieu découvrit autrefois
a
Agar et
a
Ismael ,
lorsque chassés par Abraham de
s~
maison, ils fureut
contraints de se retirer en Arabie.
Mahomet profita de ce puits pour rendre
~ette
ville , lieu de sa naissance , recommandahle
a
toute
sa secte. Il publia que l'eau de ce puits avoit la vertu.
de guérir uon-seulement toutes sortes de maladics
corporelles' rnais meme de purifier les ames souil-
lées des plus ·grands crimes.
·
Cette opinion chiméúque est tellement éwblie
parmi les musulmalils, qu'on voit presque continuel–
lement arriver des troupes de pélerins , qui courent
d'ahord
a
ce puits pour
y
boire de l'eau et s'en laver.
Des marchands de toutes sortes de pierreries et
de toutes couleurs , étalent pres Je ce puits leurs
brillantes marchandises, et qnantité de poudres aro–
matiques. Usen foat un grand débit. Ils en ont l'obli–
gation
a
cette chimérique vertu de l'eau du puits'
laquelle attire ici c 1ntinuellement autant d'hommes
coupables de divers crimes que de malades de toutes
sortes de maladies.
. Le terrain qui environne la Mecqne , quoique
tres-mauvais , ne laisse pas que de produire d'ex–
cellens fruits et en quautité. Les Turcs auribuent
cette fertilité
a
la promesse que Dieu
fit
autrefois
a
.Agar et
a
son fils, de letu·donner dans cette cam–
pagne, oú l'Ange les conduisü, tout ce qui leur
seroit nécessaire pour leur suhsistance.
La ville de Medine n'est pas ;rnoins
rec~mman
dahle
a
tou.s les musulmans, que cdle de la Mecque.
Les historiens arabes nous en rapporteut la raison.
Ils disent (Iue les habitaus de la lVIecque, jaloux de
ce que Mahomet s'érigeoit parmi enx en 10gi•>lateur,
et se faisoit suivre d'une troure de gens
q11i
l'
~cou
toient comme un oracle, firent un complot de le