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LETTRES
Ces caravanes sont composées d'un grtlnd nombre
de voyageurs de toutes nations et presqu.e tous né–
gocians. Ils conduisent eux-memes leurs
cham~ux,
chargés de marchandises.
On croit voir un corps d'armée rangée en bataille
lorsqu'on
aper~oit
de loin t::es caravanes.
Chacune a un chef qui la conduit et qui la gou·
v:erne.
11
regle les heures des marches ' des repas
et du repos.
11
est
:pi~me
juge de tqutes les contes–
t.ations qui naissent entre
l.~s
voyageurs.
Ces caravanes ont leur commodité et leur
incoÍn~
modité. C'est d'ahord une grande commodité pour
les voyageurs de trouver sans sortir de la caravane
et
sans emharras, tout ce qui peut leur
~tre
nécC's–
saire pour leur subsistance ét pour les autres besoins
j]_UÍ
surviennent pendant un long voyage. Chaqne
caravane a ses vivandieres qui portent toutes sortPs
de provisións ' et qui sont toujours pretes
a
vous
les vendre.
~Iais
la plus importante commodité pour des né–
gocians qui ont avec eux leurs richesses , e'es.t de
marcher en sureté contre les Arahes , voleurs de
profession , qui ne vivent que de tout ce qu'ils
peuvent enlever aux voyageurs. C'est pour n'en étre
pas surpris que le chef de la caravane fait faire jour
et nuit la garde par ses gens ; mais nonobstant lcur
v:igilanee, il n'arrive que trop souvent que ces en–
nemis des voyageurs iiastruits de la marche et des
forces d'une earavane , se tiennent en cmbuscade ,
'tt
'
a
la faveur de la nuit ' ils trouvent le moyen de
íaire leur
butin~
Leur coup fait; ils íluiMlt
a
travers
les boís dont eux seuls savent les routes.
Pour ce qui
.~t
de l'incommodité des caravanes ,
hi
ph1s grande de toutes et la moins évitable , e'est
que dans ce grand nombre d'hommes, de femmes-
>
"1'
enfans , de valets et
el'
a11imaux, qui sont pele-niele,
il n'est pas possible de pouvoir prendre un instant