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LETTRES
cilice, denx ais composoient son lit, et deux gros
livres lui servoient d'oreiller. 11 ne donnoit que
peu de temps au repos dé la nuit, et se levoit chaque
jour
de grand matin , pour employer plusieurs
heures
.a
l'oraison.
11
étoit d'ailleurs
toujours
g·ai et d'une humeur tres-commode, se faisant tout
a
tous. Son confesseur a assuré que Dieu l'avoit
,ho–
noré de plusieurs insignes faveurs, et entr'autres
de frég_uentes visites de son ange gardien, dont
il
rer.evolt de salutaires avis : mais l'humhle serviteur
de Dieu cachoit aux hommes les graces qu'il recevoit
du Ciel. Son zele ne se borna pas dans la ville d'Alep ;
il
l'étendit dans les villages voisins. Le mauvais air
meme d'Alexandrette n'e fut pas capable de le re–
buter.
11
y
alla souvent avec le pere Gilbert Rigauld.
Des confessions de plusieurs années, des réconci–
liations , les assistances des malades, et l'instruc–
tion des peuples furent les fruits de leurs travaux.
Le pere Rigauld son compagnon fut si touché des
biens qu'un missionnaire peut faire dans cette ville,
que, malgré l'air pestilentiel qu'on y respire, et
qui surtout est mortel aux étrangers , il
fit
vreu d'y
revenir aussi souvent que ses supérieurs le luí per–
mettroient.
La conversion des
J
asidies fut un nouvel objet de
zele pour le pere Besson. Les Jasidies sont des peuples
qui adorent le soleil , et qui rendent un culte au dé–
mon, comme
a
l'auteur du mal.
Le pere Besson prit la r.ésolution de leur aller
porter la connoissance du vrai Dieu; mais ayant été
chargé du gouvernement de nos missions, et ne pou–
vant plus exécuter par lui-meme ce dessein , il leur
envoya des missionuaires. L'heure de la conversion
de ce malheureux peuple n'étoit pas encore venue.
Les missionnaires que le pere Besson leur envoya,
ne
furent pas long-temps sans s'en apercevoir.
Ils
.s'en
revinrcnt
apre~
avoir secoué la
poussiere de
leurs