LETTRES
avec ordre au capitaine de ne les débarquer qu'en
France; mais la Providence, qui détruit les projets
des hommes quand ils sont contraires
a
ses desseins'
en ordonna auLrement. Une rude tempete qui s'éleva
tout
a
conp' oh1igea le capitaine
a
s'aller sauver'
lui et son vaisseau, dans le port de Malte.
Le pere
~anílier
y tomba si dangereus.:>ment ma–
lade, que le capitaine, touché de compassion de son
état' ·le init
a
bord; la maladie paroissant devoir etre
longue' le capitaine ne jugea pasa propos d'attendre
la guérison du pere. 11 le laissa entre les mains du
pere Stella pour en prendre soin, et il
fit
voile en
m~me
temps pour continuer sa roüte. Dieu rendit la
santé au malade.
A peine sentit-iL ses forces revenues, qu'il prit la
résolution, avec le pere son compagnon, d'aller en
droiture
a
Constantinople. Ils trouverent en cette
capitale la puissante .protection de notre amhassa–
deur; il leur obtint un commandement favorable du
Grand-Seigneur, pour s'établir
a
Alep.
Ils écrivirent en meme temps en France, pour
supplier tres-humblement le Roi d'ordonner
a
son
consul de s'einployer
a
leur établissement' et
<l'y
in-
terposer son auguste nom.
·
Louis XIII, si recommandable par la sainteté de
sa vie' et particulierement par son grand zele pour
la
religion, accorda tres-volontiers ce qu'on lui de–
marida pour
les
deux peres: Ces deux missionnaires
étant munis d'un commandement du Grand-Seigneur
et de la
puiss~nte
recommandation du Roi, partirent
de Constantinople pour se rendre
a
Alep. L'ennemi
qui les en avoit fait chasser, irrité de leur retour,
excita secretement les hérétiques
a
aller accuser au–
pres du hacha les deux peres cl'etre des pe.rturbateurs
du repos public, et d'avoir voulu forcer les sujets du
Grand-Seigneur a se faire Francs, e'est-a-dire catho–
liques romains. Mais Dieu voulut confondre ces