Table of Contents Table of Contents
Previous Page  888 / 1328 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 888 / 1328 Next Page
Page Background

874

P.

NATAlIS ALEXANDR I

ÉPISTOLll

peche

e11

cela meme que

~d ans

l'

affa ire de fon falut ,

il

prefere

l'incereain

au

cerrain.

Mais quand les raifons

&

les autoritez, qui montrent qu'une aaion efl: dé ..

fendue

p~r

la Loi de Dieu, n?us paroiífent. pl us. probables

&

plus , fortes que

celles

qui

femblent prouver

~u

e!Je eíl: perm1fe, 11 efr encore plus evident que

nous devons abfolument fuivre l'opinio11

la

plus feure qui fe trouve en

m~

...

me :rems la plus probable.

L'amour de la verité ne

nol1S

permet pas d'abandonner ce qui

11ous

paroic

vrai , pour fuivre ce que nous avons jugé plus probablement faux . La fide..

lité

pour

la

Loi de Dieu nous determine abfolumenc

a

embraffer ce qui

y

par.oit plus conforme;

&

n&tre confcience formée fur

la

plus grande lumiere

de l'efprit nous diék

íi

dairement que

nous devons fuivre

le

plus

probable

&

le plus feur, .qu.e nous ne pouvons prendre le parci oppofé fans

la

trahlr.

Ce qui de I'aveu de tous les Theologiens ne peut s' excufer de peché , lors

meme que la coofcie.nce eft erronée , comme

S~

Paul le décide au fujet de

ceux quí croyoient que l' ufage .de certaine.s viandes étoit défendu •

(a)

Car

felon l'Ap8tre ils ne pouvoient en manger fans

p~ché,

quoique le fenttment

contraire

füc

cerrainement pr.o.bable .•

ll o'

y

a done que la cupidité feule qui puiífe nous faire preferer l' opi.

niop_Ja moins probable

.&

Ja moins feure

a

celle

qui

eíl: en merne temps pluS"

probable

&

plus feure:

&

la

ma~ime

qui l'autoriíe renverfe les deux regles

les plus conilantes

de

nos

.aétions,

qui

font

la

Loi de Dieu

&

n8cre propre

confcience

~

Vous trouverez ces deux ·regles parfaítement expliquées dans un celebre

paífage de S . Thomas ( b), qtti rarnaífe en peu de mots les príncipes de l'

Ecrimre & des Peres fur cette matiere ,

&

qui

fuffic

poNr détruire toute

la

fauíle dofüine de la Probabilité. ;, Un homme fe rend

coup~ble

de peché en

,,

deu~

manieres, dit ce Saint Doéteur; .ou agiffant contre la Loi de Dieu ,

,, comme fait un fornicateur; on agiffant con.tre fa .confcience fans violer

fa

,, Loi de Dieu, comme

s'il

faifoit une aétion indifferenre croyant que e' eíl:.

,, un grand peché ;

foit

qu'il

~onnoiffe

certainement qu'il

fait

mal; foit -qu"il

,, en

.ait

une opinion melée de doute. Ce qui fe fait contte la Loi de Dieu

,, dt

toAjours :mauvais,

&

n'eíl point excufé ,

encare

qu'il foit felon la· con–

'' fcience; comme ce

qui eíl:

contre

la

confcience e-íl:

.mauvais,

encore

qu' il

,, ne foic pas

contre

la Loi

de

Dieu

~

A ces dem' regles immuables de nos aétions, .de

nouveaux

The.ofogiens ont

fubíl:itué la Probabilité fondée fur des raifons apparentes-, ou fur rautorité de

quelques Doéteurs:

&

l·une ou l'autre de ces conditions fuffir

toC1jours ,

felon

eme, pour rendre .une opinion feure dans la pratique. 11 efr vrai qu'ils

ajou–

tenc .quelques-fois, qu'afin qu'un fentimeHt foit probab'le, il faut qu'il ne

foit

point

~onrraire

.a

l'Ecriture ni

a

la Tradfoion,

&

qu'il

foit

appuyé fur des

raifons importantes,

'ontre

leíquelles íl n'y ait ríen de convaincant

~

Mais ce ne font que des termes fpecieux inventez pour cacher le venin de

leur

d~fü~ne.

Car

par ces raifons importantes ils n' entendent pas des rai–

fons

~aJ.Rom,

14.

:.:..

t3.

(b) S. Thornas

~lo(llib.

8. arr. 13.

DicemÍIJf!> .quod duobus modis

tiltquzs .ad pecct1tum obligatur uno modo f :1.ciendo contra legem, ut .cum alrqurs f ornicatur

;

nlio

modo contra .con[cientiaw

~

etiamfi non ./it contra legem,

ut

ji

confcientia diélat alicui quod

le~

v.;re feflucq,m de terra

.lit

peccatum mo1·

trli

:

ex confcientia aMem 11-liquis obligmur ad pecca–

tu'!' , ./ive habe11t certain /idem de contra,·io ejies q14od agit

,

five etiam h11beat opinionem cum

alrqua dubit4tione. /llud autem .quod agitur contra legem, femper eft .

ma~um

,

nec e>.:cufatur pe1

h~c

quod eft fecundum confd entilfm;

&

fimiliter quod efl contra cm[crentMm efl malum

,

qeutm.•

'lJ1s

nen

/it

contra legem,