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P.
NATAlIS ALEXANDR I
ÉPISTOLll
peche
e11
cela meme que
~d ans
l'
affa ire de fon falut ,
il
prefere
l'incereain
au
cerrain.
Mais quand les raifons
&
les autoritez, qui montrent qu'une aaion efl: dé ..
fendue
p~r
la Loi de Dieu, n?us paroiífent. pl us. probables
&
plus , fortes que
celles
qui
femblent prouver
~u
e!Je eíl: perm1fe, 11 efr encore plus evident que
nous devons abfolument fuivre l'opinio11
la
plus feure qui fe trouve en
m~
...
me :rems la plus probable.
L'amour de la verité ne
nol1S
permet pas d'abandonner ce qui
11ous
paroic
vrai , pour fuivre ce que nous avons jugé plus probablement faux . La fide..
lité
pour
la
Loi de Dieu nous determine abfolumenc
a
embraffer ce qui
y
par.oit plus conforme;
&
n&tre confcience formée fur
la
plus grande lumiere
de l'efprit nous diék
íi
dairement que
nous devons fuivre
le
plus
probable
&
le plus feur, .qu.e nous ne pouvons prendre le parci oppofé fans
la
trahlr.
Ce qui de I'aveu de tous les Theologiens ne peut s' excufer de peché , lors
meme que la coofcie.nce eft erronée , comme
S~
Paul le décide au fujet de
ceux quí croyoient que l' ufage .de certaine.s viandes étoit défendu •
(a)
Car
felon l'Ap8tre ils ne pouvoient en manger fans
p~ché,
quoique le fenttment
contraire
füc
cerrainement pr.o.bable .•
ll o'
y
a done que la cupidité feule qui puiífe nous faire preferer l' opi.
niop_Ja moins probable
.&
Ja moins feure
a
celle
qui
eíl: en merne temps pluS"
probable
&
plus feure:
&
la
ma~ime
qui l'autoriíe renverfe les deux regles
les plus conilantes
de
nos
.aétions,
qui
font
la
Loi de Dieu
&
n8cre propre
confcience
~
Vous trouverez ces deux ·regles parfaítement expliquées dans un celebre
paífage de S . Thomas ( b), qtti rarnaífe en peu de mots les príncipes de l'
Ecrimre & des Peres fur cette matiere ,
&
qui
fuffic
poNr détruire toute
la
fauíle dofüine de la Probabilité. ;, Un homme fe rend
coup~ble
de peché en
,,
deu~
manieres, dit ce Saint Doéteur; .ou agiffant contre la Loi de Dieu ,
,, comme fait un fornicateur; on agiffant con.tre fa .confcience fans violer
fa
,, Loi de Dieu, comme
s'il
faifoit une aétion indifferenre croyant que e' eíl:.
,, un grand peché ;
foit
qu'il
~onnoiffe
certainement qu'il
fait
mal; foit -qu"il
,, en
.ait
une opinion melée de doute. Ce qui fe fait contte la Loi de Dieu
,, dt
toAjours :mauvais,
&
n'eíl point excufé ,
encare
qu'il foit felon la· con–
'' fcience; comme ce
qui eíl:
contre
la
confcience e-íl:
.mauvais,
encore
qu' il
,, ne foic pas
contre
la Loi
de
Dieu
~
A ces dem' regles immuables de nos aétions, .de
nouveaux
The.ofogiens ont
fubíl:itué la Probabilité fondée fur des raifons apparentes-, ou fur rautorité de
quelques Doéteurs:
&
l·une ou l'autre de ces conditions fuffir
toC1jours ,
felon
eme, pour rendre .une opinion feure dans la pratique. 11 efr vrai qu'ils
ajou–
tenc .quelques-fois, qu'afin qu'un fentimeHt foit probab'le, il faut qu'il ne
foit
point
~onrraire
.a
l'Ecriture ni
a
la Tradfoion,
&
qu'il
foit
appuyé fur des
raifons importantes,
'ontre
leíquelles íl n'y ait ríen de convaincant
~
Mais ce ne font que des termes fpecieux inventez pour cacher le venin de
leur
d~fü~ne.
Car
par ces raifons importantes ils n' entendent pas des rai–
fons
~aJ.Rom,
14.
:.:..
t3.
(b) S. Thornas
~lo(llib.
8. arr. 13.
DicemÍIJf!> .quod duobus modis
tiltquzs .ad pecct1tum obligatur uno modo f :1.ciendo contra legem, ut .cum alrqurs f ornicatur
;
nlio
modo contra .con[cientiaw
~
etiamfi non ./it contra legem,
ut
ji
confcientia diélat alicui quod
le~
v.;re feflucq,m de terra
.lit
peccatum mo1·
trli
:
ex confcientia aMem 11-liquis obligmur ad pecca–
tu'!' , ./ive habe11t certain /idem de contra,·io ejies q14od agit
,
five etiam h11beat opinionem cum
alrqua dubit4tione. /llud autem .quod agitur contra legem, femper eft .
ma~um
,
nec e>.:cufatur pe1
h~c
quod eft fecundum confd entilfm;
&
fimiliter quod efl contra cm[crentMm efl malum
,
qeutm.•
'lJ1s
nen
/it
contra legem,