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DEL
DEHLI ,
grande , belle, riche
&
floriírante ville
de
l'Indoufran
batie au commencem nr du feizieme
íiecle fur les ruines de l'anci nne
D lhi,
par
ha–
Gean , pere d
'Aurengz.eb, pour en faire la capi–
tale de fon e
m ire. n yen
a
qui croient que
l'ancienne
Delhi
éroit le :íiege du roi Porus. Le
Mogol
y
fait fouvent fa réíidence.
on
~ ~ rail
&
fon palais fonr magnifiques,
~ renferm~nt
des ri
cheífes immenfes. Thamas Kouhkan la pnt en
173
8,
&
y
fit un butin prefque incroyable. Elle efi fur
le Gemma ,
a
85
lieues fud-efi de Lahor ,
40
nord
d'Agra;
long.
97·
lat.
:2.8.
20 .
(
+)
DÉLICATESSE,
f.
f. (
Morale, Belles-Lettres.)
Comme
il
y a deux forres de p erception , il
y
a
deux forces de fagacité , celle de l'efprit
&
celle
de l'ame.
A
la fagacité de l'efprit appartient la
fineffe :
a
la fagaciré de l'ame appartient la
déli–
cauj{e
du fentiment
&
de l'expreffion. Ni
les
nuances les plus légeres, ni les trairs les plus fu–
girifs , ni les rapporrs les plus imp rceptibles , rien
n'échappe
a
une fenfibiliré délicate ; tour l'intéreífe
dans fon objer,
&
tout l'affeél:e vivement.
Ainfi, la
délicatejfe
de l'expreilion coníifie
a
imiter
celle du fentiment ,
OU
a
la ménager ; ce
~Ont
la
fes
deux caraél:eres.
Pour imiter la
déLicatej{e
du fentiment , il fuffit
que l'expreffion foit na!ve
&
fimple : les ten'dres
alarmes de l'amour, les doux reproches de l'amirié,
les inquiétudes timides de l'innocence
&
de la pu–
deur' donnent lieu narUiellement
a
une expreffion
délicate: c'ell l'image du fentiment dans fon ingé–
nuité pure :
il
n'y a ni voile, ni détour. Les Fables
de La Fontaine font remplies de traits pareils.
Celle des deux pigeons, celle des detJX amis font
des mo eles précieux de cette
délicatejfe
de percep–
tíon dont
un
creur fenfible eft l'organe.
Un
fonge
,
un rien
,
tout Lui fait peur
,
Qu
{z.ndil s'agit de ce qu'il aime.
Majs, fila
délicatej{e
de l'expreffion a pour objet
de ménager
la
délicatejfe
du fentiment, foit en nous–
memes, foit dans les autres' c'eft alors que l'ex–
preffion doit erre ou dérournée ou demi-obfcure:
l'on defire d'etre entendu,
&
l'on craint de fe
fair~
entendre : ainfi, l'expreffion efi pour la penfée , ou
plutot pour le fentiment, un voile léger
&
trompem·,
qui raífure l'ame
&
qui la trahit. Un
~o
dele rare de
cette forte de
dlticateJ!e,eft
la réponfe de cette fe conde
femme
a
fon mari' qui ne ceífoit de lui faire l'éloge
de la premiere :
H
élas, Monjieur, qui la regreue plus
que moi!
Di don a tour fait pour Enée, elle voudroit
qu'il s'en fouvint, mais elle craint de l'offenfer en
{ui rappellant fes bienfairs. Voici tout ce qu'elle en
ofe dire:
Si
bene quid de te merui, fuit aut tibi quidqttam
Dulce meum.
Racine eft plein de traits du meme caraél:ere.
(
A
R 1
e
1 E '
a
Ifmene.
)
Et tu crois que pou:r moi plus humain que fon
per~
,
H ippolyte rendra ma chaíne plus légere
t
Qu'il plaindra
me-s
maLheurs?
-
(LA MEME'
a
Hippolyte.)
N''étoit-ce point aj[e{ de ne me point ha't"r?
(
Et
PHEDRE,
au méme.
)
Quand vous me hairie{ , je ne
m'
en plaindrois pas.
(
Et
ATALIDE'
a
Zai're.)
·
'.Ainji de toutes parts les plaijlrs
&
La joie
M'abandollnent, Za'ire ,
f?
marchentJur leurs pas.
]'ai fait ce que j'ai du;, je ne m'en repens pas.
Dans
a.J,lcun
de
ce~ e~emples
le yeis ne dit
ce
DEL
qu~
le creur fen , mais l'expreíiion le laiífe ent
e~
vo1r ;
&
en e la la fineífe
la
déltc.u1fo
fe
ref~
femblent. Mai
la fineífe n'a
d
autre int
' r • que
elui
de la malice ou d
la vanit'; fon morit
íl:
le oin
de briller
&
de plaire : au li
u
qu
la
d ·lic
uffi
a
l'int
' r " t
de la modefiie, de la pude ur , de la fiert ' ,
de la grandeur d' me; car
l
g
1
n
1
rofit
1
,
l
h ' ro!fm
ont leur
délicauf!e
comme la pud ur. Le mot
de
Didon que j'ai cité :
Si
bem quid de
te
mert
i, .
...
efi le reproche d'une ame g'n 'reufe.
P;us
bes
roi,
vous m'aime{,
&
je pars,
eít le reproche d'une ame
fenfible
&
fiere. Le mor de Louis
XI
a
illeroy,
apr ' s la baraille de Ramillie :
Jl.1onjieur
fe
maré ha!,
on n':fl plus heureux
a
notre age'
eíl: un modele
de
ddlicatejfe
&
de magnanimité.
Comme la
dllicatef!e
ménage la pudeur dans les
aveux qui lui échappent ,
&
la fenfibilité dans les
reproches qn'elle fait, elle m
1
nage auffi la modefiie
dans les éloges qu'elle donne.
De nos jours , une grande reine demandoit
a
un
homme qu'elle
voyoit
pour la premiere foi , s'il
croyoit, comme on le difoit, que la princeífe de ...•
fut la plus belle perfonne du monde. Illui répondit:
Madame,
)e
le croyois hier.
Henri IV, en frappant fur l'épaule de Crillon,
difoit
a
fes courtifans :
Voila
le
plus braYe
homm~
de mon royaume. Vous en ave{ menú,
Sire,
)e
ne
jiJis
que le Jecond.
Jamais on n'a plus delicatement aífai–
fonné une louange que par ce brufque démenti.
Un grenadier faluoit en efpagnol le maréchal de
Berwick : Grenadier, lui dit le général, o1t avez.
vous appris I'efpagnol?-
A
.Almanza.
Voila tme
louange délicatemenr
&
noblement donnée.
Monfeigneur, vous ave{ travailLé dix ans a vous
rendre inutile
, difoit Fontenelle au cardinal Dubois.
Ce trair de louange
íi
délicat
&
fi déplacé, avoir ,
auffi tant de fineífe, que les Iibraires de Hollande
le prirent pour une bévue de l'imprimeur de Paris,
&
mirent ,
a
VOUS
rendre utÍle.
La
délicatejje
efi quelqnefois
un
trair de fevtiment
échappé fans réflexion;
&
l'on en voic qn e](emple
dans ces mqts d'un brave officier qui trembloit en
parlant
a
Louis
XIV,
&
qui s'en étant appen;u
~
lui
d1t
avec
chaleur:
.A
u
moins,
S ire ,
m
~rayez.
pas
que )e tremble de méme devant vos ennemis.
Mais la
dJlicateJfe
de l'expreffion dans le rapport
de 1' ' crivain avee le leél:eur, efi un artífice comme
la fineífe. Celle-ci confifre
a
exercer la fagacire de
l'efprit, celle-la coníiíle
a
exercer la agacité du
fentiment ;
&
il en réfulte deux fortes de plaifirs,
l'un d'appercevoir dans 1' ' crivain ce feotiment ex–
quis' l'amre de fe dire
a
foi meme qu'on en eft
doué comme lui, puifq 'on faifit ce qu'il exprime,
&
qu'on le fent comme
it
l'a fenti.
. .
La
délicatejfe
efi toujours bien
re~ue
a
la place
de la fi neífe ; mais la fineífe
a
la place de la
dJti–
cateffi,
manqu e, de naturel,
&
refroidit le ftyle:
c'efi le défaut dominant d'Ovide. Ce
qn!
intérefi'e
l'ame, nous efr plus cher que ce qui exerce
l'~fprit;
auffi permettons-nous volontiers que l'on fente au
lieu de penfer , mais nous ne permettons pas de
m
eme de penfer au
lieu de fentir. (
M.
MAR.–
MONTEL.)
DELlTSCH, (
Géogr.)
ville d' Allemagne, dans
lé cercle de haute-Saxe, dans l'éleél:orat de Saxe,
&
dans le canton de Leipíick_. Elle eft une de celles
qui fiegent aux états du pa ys ,
&
eJle
efi
chef-li~u
d'une préfeél:ure qui comprend au-dela de
t
2.0 Vll–
lages. Son enceinre
a
e1le-m~me
n,eft pas médiocrc:
on
y
trouve u?
ch~reau
&
~rois égli~es,
&
fon fur–
intendant ecclefiaft¡que prefide
a
vmgt aurres pa–
roiífes. Son commerce principal eft en denr ·es,
&