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ÓJ4

cou

color s n'ameneroient point: par exemple, de

I~

tranf–

parence des

couleurs,

des teintes vierges au míheu

de~

plus forres ombres , d'une touche habile,

&c..

<;e qm

produit le pius beau coloris, ce n'ef,i pas préc1fement

la

couleur

natnrelle de l'obj et , c'efifouvent tout

au~re

chofe. En

fin

certainescouleurs

exigent pour prodmre

un coloris parfait, des qualités qui

f~m~lent

n'av?ir

- rien de commun avec la fimple Gombma1fon des cmq

couleurs

prirnitives , en

y

comprenant le blanc

&

le

no

ir.

E

u

t-on 6xé toutes les

couleurs

poffibles ,

&

dans tous les dégrés du

dair

&

de l'obfcur , cela ne

feroit encore d'aucun fecours au peintre

a-

l'égard

du ton O'énéral du coloris,

&

d'autres qualités eífen–

tielles que le beau coloris fuppofe.

Il

faud roit done combiner peul-etre

J?OS

91 tria n·

gles , fur autant de différens tons ; mais puifqu'on

fuppofe que les premieres combinaifons épuifent

déja toutes les nuances perceptibles,

il

efi évident

qu'il y a dans le coloris des propriét

1

s

qui ne rien–

~·ent'

ni au melange des

couleurs

'

ni an dégré de

lumiere. Elles dépendent fans doute uniquement de

la maniere de ies appliquer,

&

c'efi dans cette ma–

niere que

git

le plus granel my!l:ere de l'art de oo–

lorier:

Pour porter cet art a des regles fixes, il faudrolt

done,

1°.

exécuter les

triangles colorés de

M.

Mayer avec la plus

arande

exaél:itude,

&

les di–

vedinel

encore fe lo; les principaux tof'1s

des

cc:t–

leurs:

~

0 •

recueillir avec foin tout ce qu'une étude

foutenue des ouvrages des grands maitres dans le

coloris ,

&

l'expérience des plus habiles peinn-es

d'aujourd'hui, peut enfeigner fur la maniere d'appli–

quer

&

de coucher

les

couleurs.

Ce feroit-la une en–

treprife digne d'une académie de peinture,

&

fur-

. tout de eelle de París, qui a pour membres les mal–

tres de l'art les plus difiingués.

U

!1

peintre du premier ordre ,

M.

Mengs,

da.ns

fes

RéjlexionsJur la beauté

&

le goú.t dans la Peinture,

a

fait une obfervation fur la beauté des

couleurs

qui

mérite d'etre rapportée ici , paree qu'elle pent don–

ner lieu

a

un habile arti!l:e d'en tirer des conféquen–

ces tres-étendues dans la pratique.

Les parties, dit ce granel maitre, qui ont la beauté

la plus complette, font d'une utilité bien plus bor–

née dans la peinture, que ceBes dont la beauté efi

beaucoup inférieure. Cela efi également vrai a l'é–

gard des

couleurs

&

a l'égard des figures. Les trois

couleurs

parfaites ne peuvent etre que du jaune' du

rouge

&

du bleu;

&

leur perfeétion ne confifie qu'a

s'éloigner également · de toute autre

couleur :

les

couleurs

rompues au contraire, quoique moins bel–

les, admettent divers dégrés, felon qu'elles fe rap–

prochent plus ou moins de l'une des

cordeurs

primi–

tives ;

les

moindres de toutes les

couleurs

font cel–

les qui font compofées des trois primitíves,

&

ce

f<jnt auffi celles- qui font les plus utiles par l'immenfe

variété dont elles font fufceptibles. Moins done une

coulettr

e!l: parfaite, plus elle fe diverfifie; jufqu'a ce

qu'enfin ne confervant plus ríen de la beauté d

es

primitives , elle ne foit bonne

a

rien. (

Cet article

e.ft

tirJ

d~

La Tlzéori.e générale. des Beaux-Arts

d~

M. Su

L–

ZER.)

CoULEURS LOCALES , (

P eintrtre.)

Ce font les

couleurs

naturelles des objets que le peintre v-cut re–

préfenter. Ainfi le rouge, par exemple, e!l: la

co¡t–

leu." locale

de l'endroit ou le tablean

r~préfent

une

draperie d'écarlate. Pour bien comprendre la théo–

rie des

couleurs locales,

il faut fe rappeller d'abord

q~Le

la

couleur

d'un corps quelconque, n'eft autre

chofe que la lumi re gui

1

tant tombée fur ce corps,

en e!l: r

1

fléchie dans

1

reil du fpeél:ateur. Cetre lu–

miere peut varier

a

l'infini' tant par rapport aux dé–

grés de forc.e , qu'

l'égard de fes autres qualirés.

Quand le foleil dans fa plus grande force darde fes

cou

rayon fur un corps, illui donne une

coulur

que e

corps n'a pas lorfque la tumiere

du

fol

il

fi

plus

foi ble · chaque d

1

gr ,

d

intenfit

1

dan la lumiere foiai –

re

~

produit une

couleur

differente dans l'obj

t

la

i–

ré, mais toutes ces

coul urs

font d une m"me

fpe

La m"me draperie d'écarlate paroitra fou autant

de

~ouleu.rs

différentes, qu'il

y

aura de vari

dans le

J

OUr qui

l claire. Ce qui peu.t s'étendre depuis la

lumiere direae

du

foleit le plus vif, jnfqn'aux fim–

ples reflers de la foible lufniere d un jour fombre

&

couvert. Ce fera cependant toujours une

couÜtlr

qn'on nommera

d'

écarlate,

paree qu'il ne feroit pas

poffible de trou er des noms diffilr ns pour des nuan–

ces qui fe diverfi6ent

a

l'infini.

La díyeríité des

couleurs locales,

relativement

a

l'efpece de lumiere f9it direéte ou réflechie qui

éclaire l'objet, n'eft pas moins grande. Autre e!l: la

lumi re folaire, autre celle d'une bougie , autre

celle d'une lampe, autre celle du ciel azuré. La

lu~

miere elle-meme a fa

couleu.r

propre, ou dominanM

te; elle efi en foi, blanche, ou jaune , ou rouge ,

ou bleue,

&c.

Ainfi le corps qui la res:oit en pr nél

une teinte analogue .

une troiiieme caufe qui concourt

a

déterminer

les

couleurs locales'

c'efi: le melange de lumieres de

différentes efpeces. un objet peut etre éclairé

a

la

fois par un lumiere rouge ,

&

par une lumiere bleua–

tre ; ce concours produit néceífairement une

cou–

Leur

rompue qui differe de toute autre.

Enfin

la

coul~ur

locdle

varíe felon la nature de l'ef–

pace qui efi: entre le corps coloré

&

l'reil. La lumiere

d'un foleillevant ou couchant efi différente de eelle

du foleil daos fon midi, paree que la premiere tra–

verfe une athmofphere plus chargée de vapems;

un

objet

Vll

a

trave.rs

un ven·e coloré., fe préfente fous

une autre

couleur

que celle qu'il auroit étant vu fim–

plement au travers de l'air;

&

par

la

meme raifon

fa couleur variera auffi dans t'air feul, felon que cet

air fera plus ou moins pur,

&

que l'éloignement de

l'reil fera plus ou moins confid

1

rable , c'efi-a-dire,

que la lumiere aura

a

traverfer une maífe d'air plus

ou moins grande,

&

plus ou rrioins denfe.

Ainfi, en terme de peinture, la

couleur loca/e

e!l:

la

couleur

propre de l'objet peint, modi6ée

&

déter–

minée par toates les circonfiances que nous

venons

de rapp.orter;

&

l'harmonie des

.couleurs

réfulte de

l'art de réunir en une feule maífe de lumiere les

cou–

leurs locales

de tous les objets particuliers

qni

ert–

trent dans la compofition d'un

tabl~au.

De -la il ell:

aifé de voir que fans la fcience des

couleurs locales

on ne fauroit parvenir ' ni

a

l'harmonie

ties

cou–

leurs'

ni

a

l'unité du ton' ni par conféquent

a

don–

ner aux objets le relief

&

la rondeu.r qui produifent

l'effet de l'enfemble.

Cette fcience fe réduit

a

deux points princ:ipaux;

l'un que la

couleur

locale

de chaque objet

foit

vraie' c'efi. a-dire' qu'elle foit conforme

a

la

cou–

leur

naturelle du corps repréfenté. L'autre qu'elle

prodnife un bon effet

a

l'égard du tout- enfem–

ble.

Le premier point roule Úir la fcience de dé–

tetminer les nuances de

la

couleur

qu'on aura

choifie , par la nature des jouts ,

&

par l'ioteniiré

de la lumiere. Suppofons que le peintre ait trouvé

convenable de revetir un de fes perfonoages d'une

draperie de

couleur

pourpre_ ' il luí refie encore

a

tronver le ju!l:e dégré de

couleur

pourpre qu'il doit

donner aux eodroits éclairés'

&

a

ceux qui tombent

daos l'ombre. Cette queílion embraífe, comme on

le voit, toute la fcience des reflets, des ombres ,

&

dn melange des

couleurs.

Mais, comme on confi–

dere principalement les

c'ouleurs locales

par rapport

a

l'effet de l'enfemble, nous ne nous occuperons

ici que du fecood point.