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cou
Les anciens Romains notoient au ca
pi
tole les jouts
heureux avec de la craie blanche,
&
les jours mal–
heureux avec de la craie noire. Les perfonnes qtti
briguoient les dignités s'habilloient de blanc,
candi–
dati.
L'on portoit l'habit blanc aux funétailles des Cé–
fars. L'habit blanc étoit confacré pour la paix. On déíi–
gnoit les calomniateurs, les hommes infames, par la
couleur
noire ;
hic n iger
ejl
,
hunc tu Romane caYeto.
Les premiers chrétiens nommoient
dies au·os,
les
jours
d'abfrinence, de jeune
&
de macération. Pluíieurs
auteurs nomment les Pharifiens,
corbeaux,
&
j'épul–
cres reblan;/iis.
Plutarque obferve que les Vénitiens
&
les habitans de la rive du Po éroient toujours ha–
billés de noir, pour déíigner qu'ils portoient le deuil
de Phaeton.
Pans Mantinée il
y
avoit un temple dédié a Vé–
nus noire, c'efr-a-clire,
a
la pudeur. Les pretres Egyp–
tiens ne s'habilloient de
couleur
noire que lorfqu'ils
vouloient ·demander des graces particulieres. La
couleur
jaune dans les
habits
a toujours été dans la
Chine un attribut difiinB:if pour les princes. Le rou–
ge_
&
fur-tout le _pourpre a toujours,
di~iqgué
les
pnnces
&
les mag1firats en Europe. L hab1t rouge ,
par_mi les anciens Egyptiens
&
parmi les Romains,
déíignoit les préparatifs pour la guerre. Parmi les
Perfes cette
couleur
défignoit le feu
&
la divinité.
Les anciens ne permettoient qu'aux enfans de por–
ter des habits tiífus de laines de différenres
couüurs,
pour le . r indiquer qu'ils devoient travailler a cor–
riger leur carad::ere dominant. Dans les livres faints
il
étoit défendu de s"'habiller de blanc tiífu de noir,
ou de deux
couleurs,
pour défigner que le chrétien
ne doit point fervir Dieu
&
le démon. C'efi la meme
raifon qui faifoit défendre d'unir
des
animaux de
couleur
différente.
Dans les fept volumes
in-folio
que le roi de Na–
pies vient de faire imprimer fous le titre de
Pitture
a.ntiche
d'
Hercolano
,
on jlpprend que les anciens
peignoient en
couleur
noire les cheveux de leurs
:fiatues d'albatre; ils
y
fertiífoient des yeux en ar–
gent, en or, ou en efpece d'émail de
couleur
natu–
relle, tels font les yeux de la belle íl:atue de Cicé–
ron en bronze , que l'on vient de découvrir dans
Herculane. Pluíieurs tableaux
d~
la meme colleél:ion
démontrent que les anciens étoient en ufage de
peindre en rouge les fratues de Priape
&
de Bac–
chus. L'on peignoit en rouge pur la face des fratues
meme de Jupiter dans certains jours de fete. Camille
&
les triomphateurs qui entroient folemnelle!llent
aRome fe peignirent la face en rouge. Pline aJOllte
que de 'ron tems les feigneurs d'Ethiopie fe pei–
gnoient le corps en rouge.
Les fauvages du Canada fe colorient leur vifage
de ,quatre
couleurs
différentes ,
&
fe poudrent avec
du
vermillon lorfqu'ils vont a la guerre. Quantité
d'autres nations fe fardent ou fe peignent le corps ,
les cheveux, les dents
&
les ongles de diverfes
couleurs.
On peut trouver
a
ce fu jet des détails cu–
rieux daris
1'
Hifloire généraLe des voyages.
Nous ajou–
terons uniguement fur les ufages modernes, que fur
les cotes de Malabar, on dií!ingue facilement les
hommes de chaque cafie ou tribu
a
la
ouleur
de leur
carnation; de meme que l'on difiingue facilement
dans les· atltres parties du monde, par la
couleur,
les
N
egres , les Abyffins, les Caffres, les Cara!bes,
les Anglois., les Efpagnols, les Frans:ois, les Da–
nois ,
&c.
(
V. A. L.
)
Col!LEUR '
e
P einture.
)
Si les anciens n'avoient
peint que fur la toile
&
fur le bois, nous n'aurions
aujourd'hui aucun moyen pour mertre en parallele
leurs progres dans cet art ave e les talens des peintres
modernes: mais heur-eufement ils ne tapiífoient pas
fouvent leurs apparremens ,
&
ils les faifoi'ent déco·
cou
rer de mofai:ques
~u
de peintures
a
frefque; le roí_
de
Naples a renferme dans fon
Mu:fceum
plus de
cu1q
cens tableaux de cette efpece que l'on a extraits des
ruines d'Herculane. Ces tableaux nous ont fait dé–
couvrir des milliers de faits
&
d'ufages dans
1
archi–
teél:ure, dans
la
décoration intérieure des apparte•
mens, dans celle des jardins , des villes, des ports,
&c.
en u
n mot, il efi peu d'artifies qui ne puiífent
tirer des
in.fl:ruétions
de
cette magnifique colleélion.
On
y voit avec étonnement que les anciens fui ...
voienr
a
peu pres les memes ufages que nous'
&
ils
les pratiquoient depuis long-tems. Voila en gros les
obligations que nous avons aux
couleurs
&
aux
peintures anciennes .
L'on a découvert clans Herculane un vafe de cryf–
ta~l
qui contenoit du fard,
&
pluíieurs pots rempli$
de
couleurs
brutes pour fervir a peindre en frefque
on
a
la détrempe. On
y
voit des laques, des ochres;
6,c.
des encres noires épaiífes, d'autres qui font jau–
nes, rouges ou bleues.
Il
efr dommage que l'on n'ait
-pas fait examiner
&
analyfer par un habile chymifie
chaque efpece de
couleur.
Les ancie ns émployoient le jus d'ail pour rendre
leurs
couüurs
fixes. Pline dit que le fameux Apelles
avoit inventé un vernis tranfparent qui garantiífoit:
les
couleurs
de íes tableaux des injures de l'air, de la
pouffiere
&
de l'humidité: il ajoLtte que malheureu–
fement ce fecret étoit perdu. L'on a cependant trou ...
vé dans Herculane un tablean peint
a
frefque,
il
eíl:
imbibé de cette efpece de vernis précieux
&
unique ..
Ce tablean repréfente une mufe qui porte fur l'é–
paule un infirument de mufique.
M.
Nicolo Vagnuc–
ci poífede ce monument.
N
ous obferverons en paífant, qu'a Malte on pré–
tend que le gres du pays frotté ou imbibé du fue de
l'oignon de fquille, devient inaltérable par l'air, par
la pluie ,
&c.
·
Les anciens efiimoient beaucoup lés cama!e-ux,
qu'il
s nommoi ent
monochromes
ou
peintures d'une.
feule
coule.ur.La plupart des tableaux d'Hercula11e
font de vrais camaieux : dans quelques-uns les figu·
res font peintes ou en rouge, ou en
couleur
natn–
relle, fur un fond noir, brun, rouge
~
jaune ou
blanc.
Pérrone parle avec admiration des monochromes
fairs par Apelles
&
par Prorogene. Pline ajoute
a
ce
fujer que ces fameux pejntres n'employoient tour a
u
plus que quatre
couleurs
pour faire des chefs-d'ceuvre
qui
valoient les richeífes d'une bonne ville,
&
qu'il
eft éronnant que les peintres de fon tems emploient
une plus grande quanrité de
couleurs.
N
ous obferve–
rons en paífant, que les camaieux font utiles pour
occuper un jeune peintre qui veut fe perfeél:ionner
dans l'art de dégrader les
couleurs
par le clair obfcur:
mais les monochromes font pour le refre des hom–
mes des peintures contre nature;
il
n'y a que des
yeux malades qui voient tout verd ou tout rouge,
&c.
Pline dit que le blanc des anciens peintres étoit
fait ave e le tri poli blanc, c'efr-a-dire l'argille blanche;
Ieur rouge
étoit
fait avec le bol d'Arménie, le fang
de dragon, o u le carmin, qu'ils
appelloient
minium;
leur jaune étoit le fril attique, c'e.íl:- a-dire une efpe–
ce d'ochre; l'on en tiroit auffi d'Egypte, de Syrie
& d'Efpagne: leur noir étoit fait avec
1~
vitriol:
ils riroient leur
couleur
de pourpre cl'une v1lle de la
Crece
0u
de la Gétulie, ou de la Laconie.
Les tableaux d'Herculane démontrent que les an·
ciens peignoient en détrempe
&
en frefque avec une
belle
couüur
bleue foncée ' femblable
a
notre bleu
de Pruífe; ils avoient un beau verd, un violet : ils
favoient parfaitement imitel* les
couleurs
cbangeantes
de la gorge des pigeons
&
de la queue des p aons..