cou
apres avoir eonfidéré l<f figure blanche, nous jettons
l'reil, non fur une furface noire, mais fur un fond
blanc ; la lumiere plus forte de ce fond frappera
d'autant plus vivement les fi bres qui font encere
fralches,
&
la fenfation de celles qui font fatiguées
en deviendra d'autam moins fenfible.
On remarquera au contraire Íur un fond blane,
ou meme noir' une tache bien plus claire
&
plus
luifante ,
apres
avoir con!idéré fixement une
iigure noire fur une furface blanche: car, daos ce
Crl.S,
la forte réflexion de cette fnrface affeél:e l'reil
vivement ;
&
il n'y en a que la partie ·qui a res:u
l'image de la figure noire, qui ne s'aftoiblit pas :
cette panie eft done la feule qui foir en état de
reffentir enfuire vivement la blancheur clu papier
~
tandís qne l'impreffion que les autres parties re–
~oivent
efi infenfible. Que fi l'on jette
l're~l
fur un
fond noir' il arrivera de meme que les parties qui
ne font point
affoibli~s
feront affeél:ées davantage ;
&
l'effet de cette lumiere , quelque foible qu'elle
foit, ne Jaiífera pas d'etre une fenfation plus forre
que celle qu'éprouve
la
partie affoiblie.
Le doéteur Jurin, qui le premier a parlé (
a
la
fin du traité de
la Vijion
diJ!.inae
&
indijlinéle,
joint
a
l'Optiqu.e
de Smith) d
S
Illufions que caufent des
taches blanches ou noires qu'on regarde attentive–
ment pendant quelque remps, n'avoit plus qu'un pas
a
faire pour en donner la meme explication: il ne
falloit que r édio-er fes idées
&
fes raifonnemens fur
les différent es clifpofirions de l'reil quand il éprouve
les memes f enfations dans des circon:íl:ances diffé–
rentes ;
&
c'eH: ce que le Pere Scherffer a fait.
On peut aíligner encere une autre raifon de
conclu re que le phénomene de la
figure imaginaire
dépend d'une certaine durée de l
'impre.ffi.onque la
figure vraie fait fur l'reil'
&
qu
i le difpofea
une
plus grande ot moindre faculté de reífentir L'aétiCDn
d'un nouvel objet :
eette
raifon eft, que
fi
}a furface
blanche fur laquelle nous jettons l'reil, en eft plus
éloignée que la figure véritable , nous trouvons
l'aecidentelle d'autanr plus grande que celle-la: car
fi
deux objets peignent fur la ré ril!e des images
égales en grandeur, c'efi: celui de ces doux objers
qui
eft le plu
s éloigné, qui nous paroit le plus grand:
or, comme l
'impreili.onde la figure véritable occupe
dans l'reil I
e meme efpace fur lequel cette figure
avoit agi d'abord ,
&
qne nous croyons voir fon
imag_e fur la {urface meme
Oll
les axes vifuels fe
croifent, il s'enfuit que cette figure nous pat"Oitra
néceífairement plus grande, fi fa furface fur laquelle
nous la voyons efi plus éloignée.
Mais pafions aux
couleurs accidentelles
que pro–
duifent les corps colorés.-Pour les expliquer, il faut
J>rincipalement fe rappeller, en
quatriem~
lieu, ce
q~1e
contient la
VIe
propofition de la
He
partie du
premier livre de
l'Optique
de Newton,
at~
fujet des
regles pour connoitre dans un melange de
couleurs
primitives la
couleur
du compofé, lorfque la quan–
tité
&
la qualiré de chaque
couleztr
font donaées ;
mais en faifant attention e pendant de ne pas donner
exaél:ement aux ares du cercle que décrit Newton,
les proportions des fept tons de mufique , ou des
intervalles des huit ton5 contenus daos une oétave;
il vaut mieux, d'apres uné remarque du P. Benve–
nu6, dans fa
Dijfertation fur la lumiere,
donner au
rayon rouge
i
ou un are de
45
dégrés' a l'orangé
4
3
0
o a
2
7 dégrés, au jaune
f5
o u 48 dégrés, au
verd
i
ou 6o dégrés ' au bleu
i
ou 6o dégrés '
a
l'indigo
t
ou 40 dégrés,
&
au violet
t
ou 8o dégrés.
Cela-pefé, qu'on commence, par exemple, par
chercher le melange de routes les
coulettrs
prifma–
tiques , excepté la verte : il s'agit done de déter–
miner le centre de gravité commun des ares de
cerde qui repréfentent les
couleur.s
qui entrent dans
cou
le.
m~lange,
&
il n'efi pas néceffaire pour cela de
fm~re
tout le
~roc~ dé
prefct it en mécanique; il eft
clall·, en prem1er heu, que ce centre tombera fort
pres du centre du cercle ,
&
que par conféquent la
coul¿ur
réfultante approch ra du blanc,
&
fera tres–
pale : de plus , ce centre de gravité fe tro uvera fttr
la
lig?~
qui
p~ífe
par .le centre du cercle en partant
du m1heu de l are om1s;
&
comme cette ligne va
tomber fnr l'arc violet'
&
feulement
a
1
o dégrés
de diftance du rouge, il s'enfuit que la
couleur
com–
pofée ou réfultante fera un violet tres pale,
&
tirant beau€oup fur le rouge. Or, n'e:íl:-ce pas
la
pré–
cifément ce pourpre foible' femblable a la
couleur
d'un améthifie
p~le
que M. de Buffon a vu {uccéder
a la contemplation d' une tache verte fur un fond
blan_c? En effet, l'reil fatigué par une longue at–
t.entiOn
a
la
couleur
verte '
&
jetté enfuite fur la
íurface blanche , n'efi pas en état de reífentir vi–
v.ement u_ne impreffion moins forte de rayons verts:
amfi qu01que toutes les modifications de la lamiere
foient réfléchies par une furface blanche , comme
cepen_d~nt
les vertes. font en beaucoup moindre
_ 9ua.nute en compara1fon de celles .qui frappoient
1
re1l en
ve~a~t
de la tache .verte,
1l
arrivera que
fi
on fixe
re1l
~ur
le pap1er blanc, les parties
·qui auparavant avoient fenri une plus forte im–
preíiion de la lumiere verte que les autres , ne
pourront pas éprouver
a
préfent tout l'effet de cette
lumiere, mais qu'elles auront la · fenfarion d'une
couleur
m·elée des atltres rayons, laquelle reffem–
blera, comme on vient de le conclure,
a
une
couleur
purpurine pale.
M. de. Buffon a trouvé que la
couleur accidentelle.
d'une figure bleue confidérée fur un fond blanc ,
étoit rougeatre
&
pale; ce phénomene s'explique
de la meme maniere, mais il faudra donner encore
plus d'étendue
a
1
hypothefe que l'reil' apres une
forte fenfation de quelque
cordeur,
efi hors d état de
re_!fentir_une impreffion moins
for~e
de rayons de la
meme efpece. On accordera fans peme que l'reil alors
ne fera pas en état de difiinguer avec précifion les
rayons qui ont une affinité ·avec ceux-la,
&
qui déja
naturellement font encore plus foibles; on remar–
quera que l'indigo n'étant
qu~un
bleu fo ncé, l'im–
preffion de cette
couleur
n'eíl: pas fuffi fante pour faire
fenfation fur un ceil qui s'efi déja fatigué en regar–
dal!t un bleu claír ; enfin on en conclura que pour
détermmet· d'avance la
couleur accidentelle
en quef
..
tion., il fuffira de chercher la
couleur
qui réfulte du
melange du rouge' de l'oranger' du jaune' du verd
&
du violet, en faifant abfiraél:ion du bleu
&
de
l'indigo.
Ce qu'on vient d'obferver fur l'affinité qui a lieu
entre l'indigo
&
le bleu clair, s'entend auffi du
rouge
&
du violet clair, principalement quand on
defiine a l'expérience un rot
cre
un peu foncé
&
approehant du pourpre : en partant de-la ,
&
en
cherchant le centre de gravité commun des ares des
atttres
cou.leurs,
on trouve que la
couleur accidentelle
du rouge doit etre un verd tirant un peu fur le bleu;
e qui efi affez conforme
a
l'expérience de M. de
Buffon. 11 efi
a
remarquer que la
couleur
réfultante
approche encere davantage du bleu ,
1i
on tient
compte d'une partie de l'arc violet ;
&
au reíle , il
ne faut en général pas s'arreter
a
de légeres diffé–
rences, paree que M. de Buffon, dans fon mémoire,
n'indique jamais les
couleurs
que par les noms géné–
raux de
bleu,
de
rouge,
&c.
&
qu'il ne déíigne pas
les nuances.
La méthode du P. Scherffer fait voir qu'en omet•
tant le jaune, la
couleur
melée tombe dans t•indigo,
&
fort pres du violet, duquel elle fera cependant plus
éloignée
fi
on omet auffi l'orangé; ce qui explique
pourquoi une tache jaune, fixée pendant quelqu-e