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452

CLA

nous dérnelons clairement ce qui coníl:itue leur

gen~e

on leur efpece : un

b~!timent

efi pour nous un objet

<difl:inét, lorfque nous y appercevons clairement les

caraéteres particuliers d'un temple, ou d'une maifon ,

ou d'une grange : íi le tenne {ub.fiantif

diflinaio:z

étoit plus généralement re<;u dans le {ens qu'tl aurott

ict'

nous l'employerions préférablement

a

celui de

ckrté

qui

hli

efr réellement fubordonné, puifqu'a

parler avec préciíion, la difrinétion du, tour réfulte

de la

clané

des parties; po-ur éviter l'ambignité ,nous

nommerons

clarté

cJijlin8e

celle dont nous parlons

clans cet article '

&

qui eft {)ppofée

a

la confufion'

laiífant le terme íimple de

clarté

pour exprimer fop–

pofé de

1'

obfcurité.

C'eft done par la

clard

diftinéte d\m objet qu'on

reconnoit ce qu'il e:fr ou ce qu'il repréfente

:

il y entre

toujours queique chofe de !elatif; íi, par exemple,

je vois dans un tableau un objet que je reconnois

etre

Ull

batÍment, fans pOUVOÍr dire néanmoins quelle

~fpeée

de batiment c'eft, un tel objet fera difiinB: ou

confus, felon la nature du tableau qui doit ou me

préfenter íimplement un bihiment quelconque, ou

un

b~himent

d'une efpece déterminée.

Remarquons done en général que dans les ouvra–

ges de l'art, chaqne objet doit avoir le dégré de

clarté

que fa connexion avec le- tout exige, afin qu 'il

foit reconnu avec précifton pour ce qu'il doit repré–

fenter : les tableaux font de tous les ouvrages de

l'art les plus propres

a

expliquer notre penfée; dans

un tableau hiílorique, les principaux perfonnages

doivent etre íi diftinétement peints' qu'on pniífe

ap~

percevoir clairement rout ce qui contribne

a

les faire

reconnoitre pour ceux qu'ils repréfentent,

&

cela

dans la fituation d'efprit

&

dans r'attitude que l'aétion

fuppofe: les perfonnages fubalternes, au contraire,

feront encore aífez clairement repréfentés, quand

meme on ne püt\rra pas connoirre précifément ni qui

ils font , ni ce qu'ils fentent dans le rnoment de

l'aétion; il

peutm~me

fuffire au but du peintre qu'on

puiífe reconnoitre clairement de certains perfonna–

ges ' qu'ils furviennent a l'aétion' ou. qu'ils fe reti–

rent, quoique d'ailleurs on ne difiingue clairement

ni ce qu'ils font , ni ce qu'ils font.

Quand Homere décrit un combat, il choifit un

petit nombre de perfonnages,

&

ce font toujours de

fes principaux héros qu'il nous fait voir de fi pres,

que nous difl:inguons clairement toutes leurs attitn–

des & tous leurs mouvemens: il ne nous monrre d'au–

tres perfonnages que daos le lointain; il fe contente

ce

nous laiffer voir qu'ils {econdent vaillamment les

premiers combattans ; enfin, il en place des troiíie–

mes

ú

loíri de notre vue, que tout ce que nous pou–

vons en difi:inguer, c'efl: qu'ils affifl:ent au combat,

fans voir précifément ce qu'ils

y

font : chague per–

fonnag.e fe trouve ainíi dans le jour oü il doit erre '

pour que la fcene entiere faífe un tableau diftinét

&

bien terminé.

L'Órateur en ufe de meme: il ne développe dif–

tinétement que les principaux chefs, en forte que

toutes les notions qui doivent y entrer, foient clai–

rement expofées : les idées acceífoires ne re<;oivént

que le dégré de développement

&

de

clarté

que leur

importance exige: c'efl: auffi la l'unique moxen de

rendre difl:inét un tout qui efi

compoú~

de pluíieurs

parties différentes ;

&

l~on

peut hardiment avancer le

paradoxe, que c'efi la confuíion des parries ifolées

qui produit la

clarté

difiintte de l'en [emble . Un p<ty–

fage ne fauroit repréfenter une véri(able contrée '

a

moins que chaque objet du tableau ne diminue en

clarté'

a proportion de fon éloionement ; car e 'efi

cette diminution de

clarté

diftinét~

qui produit le fen–

timent des lointains ,

&

i.t

feroít abfurde de regarder

comme un defaut la confufion d'un objet trop éloi-

CLA

gné pour etre repréfenté difl:inél:ement ; il efl: a:lfez

diftinét dans un tel éloignement, s'il e

fr

vifilile.

Ainfi la

clar-té

de l'enfemble exige néceíTairement

que

l.es

parties principales foient difiinguées des ac–

ceífoires ,

&

que chaque objet particulier foit mis

dans.un

jour proportionné

~

fon importance: de cette

mar:Ient ,

le

tout acquerra la

clarté

diftinéte qn'il doit

avo1r.

Dans les arts de la pa.role, les ouvrages de quel·

que étendue , les narrat!9ns', les defcriptions, les

diífertations acquierent cette

clareé

difiinéte, par une

divifton exaB:e des divers objets, par l'ordre dans

lequel ils fe fuccedent,

&

par la traét:ation détaillée

des objets principaux. En particulier, l'art des tran–

Gtions

y

peut contribuer., en marquant clairement

la fin d'un article capital , le commencement dn fui–

vant,

&

l'ídée moyenne qui les líe : les auteurs Fran–

<_;:ois excellent en général dans la

clarti

de la diétion •

&

peuvent etre propof€s ici comme les meilleurs

modeles ; mais il n'efr pas aifé de donner des regles

fixes fur la maniere de divifer un fujet

&

d'en arran–

ger les parties, pour que l"enfemble

devienn~

clair

&

difiinél : les rnaitres de l'art oratoire ne nous dou–

nent aucune lumiere la· deífus ; leurs obfervations fe

bornent a l'art d'exprimer clairement chaque penfée

ifolée,

&

roulent principalement fur l'e{pece de

clarté

qui réíi..Ilte du choix des expreffions, ce qui

n'eft pas l'article le plus difficile. Les recherches gé–

nérales fur la difl:ribution des penfées

&

fur la ma–

niere de les difpofer, manquent encore totalem12nt a

la théorie des arts de la paro le ;

&

cependant ces

deux poinrs font pent-etre ce qu'il importe le plus a

l'orateur,au poete épique

&

au dramatique de favoir

bien faifir.

La regle la plus générale & auffi .la plus impor–

tante qu'on puiífe propofer au p0ete

&

á.

l'orateur

~

fur ce fujet, c'efl: de n'e.ntreprendre aucun plan avant

de bien connoitre tous

les

matériaux qn'ils

v~ulent

employer dans Ieur ouvrage ; qu'a force de méditer

leur fujet, il leur foit fi familier, qu'ils puiífent en

faiftr l'enfemble d'un coup-d'ceil. Celui qui aura vu

ú

fouvent,

&

en tant d'occaftons différentes, une per–

fonne, qu'il pourra fans peine s'en rappeller tocrs les.

traits, les gefies, les monvemens, eff infiniment

plus en étar de bien décrire cette perfonne, qu'il ne

l'étoit a la premiere vue: il en efl: de meme de tout

autre objet de nos perceptions: le témoin cl'un évé–

nement, qui fe l'efi fouvent rappeHé depuis, quien

a chaque circonH:ance sien préfente a l'efprit' eft

plus capable qu'aucun autre d'en faire un récit aífez

clair, pour que ceux qui l'entendent aient une idée

difl:inB:e de cet événemenr; quand une fois on poífede

bien fon fujet, que tous les matériaux néceífaires

font raffemblés ' il ne faut plus

a

l,.artifie qu'un bon

difcernement, ponr faire la difrribution

&

l'ordon–

nance; ce fecond point éranr réglé', il ne lui refi:e qn'a

bien méditer chaque chef principal féparément,

&

cette opération le conduira au troifteme point requis

pour la

clarté,

favoir, l'expoíition difiinél:'e des no·

rions capitales.

En général, l'ordonnance que les plus grands

peintres ont fuivie dans leurs meilleurs ouvrages,

leur art de difiribuer les figures & .de les groapper,

la fcience ·d'éclaircir

&

de faire fortir les principaux:

grouppes : voila les

modele~

du poete

&

de l'ora–

teur, pour ce qui concerne la

clarté

qni doit régner

dans leurs écrit!. (

Cet

article efl tiré

de

La

Théorie

gi–

néralcdesBeaux-Arts de

M.SVLZER.)

CLAR

TÉ DU DISCOURS, (

Littér.)

c'efi, comme

on vient de le voir , la qualité par laguelle un dif–

cours eft propre a donner

a

CeUX qui le lifent Oll

l'entendent, la vraie connoiífance de ce que l'aureur

vouloit leur faire penfer. Tout

'e

done qui emp.&che