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(
430
C I
M
les vapeurs
&
les
difperfent, tandis)qtte ceux du
fui
&
de l'ouefi, prefque toujours humides
&
chauds,
ies rabaiífent ' s'oppofent a leur d.iífolution
&
a
leur
difperfton,
&
peuvent les porter en maífe fur les
lieux voifins.
La íituation des
ci.metieres
hors des villes a été de
tout tems , chez les peuples policés, un
~ffet
de leur
attention a écarter tollt ce qui pouvOit alté;er la
fanté des hommes. Les Grecs
&
les Romams en
avoient fait une loi expreífe;
&
cette loi, fouvent
tenouvellée par les emperenrs' meme du bas em–
pire, fut long-tems fuivie par
l~s. chré~iens.
Ils por–
toient le refpea pour cetre
101
jufqu
a
ne pas per–
rnettre qu'on confiruisit des églifes dans les endroits
ou
des morts avoient été enterrés; on peut voir
a
ce fu jet les
Lettres
de faint Grégoire
&
la
Colleaion
des conciles par les peres Labbe
&
Hardouin.
Ce
ne fut que dans le commencement du Ive. fiecle
que l'ufage d'enterrer dans les villes commens:a
a .
s'int
roduire ,
&
íi
cet abus s'efr tellement multiplié,
qu'il
e.íl: devenu prefqu'univerfel' qn'on s'efr meme
oubl
ié jufqu'a profaner les temples, jufqu'a fouiller
le fanél:uaire par des fépultures, il faut efpérer que
les cris de l'humanité, qui de toutes parts s'élevent
contre cet abus, le feront ceífer ,
&
que devenus
plus fenúbles au bonheur de la fociété qu'a de vains·
honneurs que la raifon réprouve , nous verrons
ceffer l'ufage d'ent,errer dans les églifes
&
daos les
viUes ,
&
former des
cimetieres
d'apres les vues que
l'on vient d'expofer.
(M. M.)
.
... CIMMÉRIENS, (
GérYgr. anc.
)
Homere dit
qu'Ulyífe alla au pays des
Cimmériens.
Quel efr
ce pays? Un favant Anglois , George Carleton,
prétend qué par les pays des
Cimmériens,
il
faut en–
tenclre
1'
Angleterre: pour le prouver, il établit ces
trois principes ;
1°.
que les Scythes venant d'Afie ,
chafferent les
Cimmériens
ou Cimbres de Ieurs pays ,
&
qu'ily en eut qui paíferent en Angleterre ;-
1.
0 •
que
ces peuples étoient fort adonnés
a
la magie ; ]
0 •
que
Pline
&
Céfar ont dit que les anciens Bretons avoient
les memes inclinations. Cela étant , Homere qui
avoit deífein de conduire fon héros dans les enfers
t
ne pouvoit rien inventer de plus
a
propos que de le
faire aller chez ces peuples qui, par leur art magi–
que, pouvoient luí fournir les moyens de faire ce
voyage: les avis que Circé donne a Ulyífe, font
tres-propres a confirmer cette conjeaure; elle lui dit
qu'il faut qu'il voyage fur I'Océan ,
&
qu'il fe ferve
du vent nommé
Boeias,
c'efr-a-dire, a-peu-pres de
celui que nous nommons
nord-1!,
&
qui eft tout pro–
pre pour voguer de l'Italie vers le détroit de Gilbral–
tar. Homere dit enfuite qu'Ulyífe ayant navigué fur
l'Océan occidental, il arriva
a
une ville des Cimbres,
habitée par des anciens peuples ,
&
couverte de
perpétuels nuages, fans que les rayons du foleil
y
pénetrent jamais: il
s'agit de favoir quiil faut enten–
dre parees peuples.
Ue.íl: vrai que les Cimbres fe font
établís en plufieurs
endroits de l'Europe ; mais on ne
peut entendre ni ceux
d'Efpag~e,
ni ceux des Gaules,
paree que pour.aller d'Italie en Efpagne on dans les
Gaules, il n'eft pas néceífaire d'entrer dans l'Océan:
on dira peut-etre qu'on peut entendre par ces Cim–
bres, ceux qui fe font établis dans quelques endroits
d'Allemagne: rnais quelle apparence qu'Ulyífe ve–
nant d'Italie, ait paífé devant
les
iles Britanniques ,
pou.r alter en Allemagne, fans s'y arreter, puifqu
7
il
pouvoit y trouyer ce qu,.J cherchoit ; d'ailleurs il
y
a dans Homere deux circonfiances qui femblent prou–
ver que par les Cimbres dont il parle,il faut entendre
ceux qui s'établirent en Angleterre.
1°.
ll
eft dit que
ces peuples habitoient a (
*)
l'extrémité de l'Océan,
'e que ce poete dit par rapport au lieu
d'ou
¿toit
CIN
partí Ulyffe ,
&
qui convient fort bien
a
la fituation
de 1'Angleterre;
2
°.
en fecond lieu Homere dit que
ces peuples font couverts de perpétuels nuages , ce
qui convient encore parfaitement a
1'
Angleterre qui
ne jouit que de tres-peu de jours clairs & fereins:c eft
de la que le favant dont nous parlons, croit qu'efi
venu le proverbe ,
tenebrte Cimmerite
,
ponr dire des
ténébres épaiífes: Euftathe qui accufe Homere de
s'etre trompé en plas:ant les
Cimmériens
a
l'Occident,
a
u
lieu de les placer vers le
N
ord, fe trompe lui–
meme,
&
juge des chofes du tems d'Homere , par
ce
qui éroit de fon tems.
Il
y a encore une diflkulté fur ce fujer dans le me–
me po(Üe: il dit daos le
livre XI
de
l'Odyffée,
qu'U–
lyífe s'en retourna fur le fleuve Océan. Hérodote n'a
pu comprendre ce que c'étoit que ce fleuve,
&
il
avoue qu'il n'en connoit aucun de ce nom.
Voici la conjeélure de notre auteur fur ce fujet:
il
fuppofe d'abord que
l'
Angleterre & les pays voifins
n'étoient connus des anciens que par les relations des
marchands Grecs qui , pour faire leur négoce , pé–
nétroient dans l'Océan , le plus avant qu'ils pou–
voient,
&
qui ont
établi des colonies en Efpagne
&
dans les Ganles : c
'e.íl:de ces marchands 'Ju'Homere
&
Hérodote ont a
ppris tout ce qu'ils ont ecrit de ces
peuples : on fait qu'ils avoient paífé les colonnes
d'Hercule,
&
qu'ils avoient pénétré jufqu'en An–
gleterre; mais en cótoyant toujours le rivage, felon
l'ancienne maniere de naviguer; or ces
marchan&~
pouvoient avoir rapporté qu'entre le pays des
Cimml–
riens
Anglois
&
celui des Celtes, l'Océan fe rétré–
ciífoit
íi
fort, qu'a peine avoit-illa largeur d'un grand
fleuve :cela étoit vraí, fur- tout dans ce tems -la;
puifqu'on efi tres-perfuadé que la mer a depuis ga–
gné beaucoup fur la terre ,
&
que }e canal d'Angle–
terre eft beaucoup plus large aujourd'hui qu'il
ne
l'é–
toit autrefois: c
1
efr ce canal' a-peu·pres de la largeur
d'un fleuve, qu'Homere appelle le
jleuve Océan:
un
endroit desCommentaires de Cifar
peut appuyer cette
conjeélu.re;apres avoir parlé d'Angleterre, il ajoute:
Ner¡ue enimtemereprauermercatores illb adit quifquam:
neque iis ipjis quidr¡uam ,prteter oram maritimam atque
eas regiones qute junt contra Galliam,notum
eji.
Il
n'y a
guere que des marchands qui ne connoiífent que la
cote,
&
ces pays qui font yis a-vis de la Gauie.
On remarque, en paftant, que les peuples qu'Hé–
rodote nomme
KJvfTct.~
,
peuvent bien etre les
m~mes que ceux de la province de Kent , e'eft-a-dire
'Y
ceux qui habitent fur la Manche, vis-a-vis des cotes
de France,
&
que Céfar nomme
Can.tios.
CINAMOME, f. m. (
Comm.)
ce font les
jeune~
pouífes de l'arbre cannellier, qui donnent le vrai
cinamome
,
tel que nous le recevons de nos jours ,
&
les vieilles branches font celles qui donnent la cafie ,
·qui eft plus dure
&
ligneufe , dont les anciens fai–
foient ufage '
&
que nous rejettons a préfent. Il efi:
vrai qu'il y a au.ffi d'autres fortes de·cannelliers ,
&
une efpece entr'autres, qui donne la caffe , que les
anciens, fans doute , recevoient des Arabes,
&
dont
ils
faifoient ufage ; mais ils font tous du meme
genre.
Le
cinamotne
,
qui eíl: done la cannelle d'atrjour–
d'hui, qui ne vient, comme il a toujours fait, que
d'un fetu endroit des Indes,
&
feulement des jeunes
branches. de. l'arbre q\li le porte, étoit beaucoup
plus rare
&
plus précieux dans les anciens tems; les
grands feigneurs d'alors , qui le recherchoient
&
le
retenoient en le confervant daos des tonneaux, pour.
leurs ufages les plus fomptueux, le rendoíent encore
plus cher ,
&
d'un prix au-deífus de la portée du
commun. C'eíl ee qui do'nnoit lieu de'fe fervir fouvenr
des différentes efpeces de caífe ligneufe, qui étoient
les moindres caonelfes, paree qu'elle étoit plus