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CIM

avoir un

dmetiere,

afin que la deftruétion des

mort~

ne nuife pas aux vivans.

n

efl im¡;>offible de calculer l'aél:ion des couches

terreufes fur les écoulemens cadavéreux,

&

la ré–

fraétion des rayons que formeront ces écoulemens

en fortant de terre. Heureufement que l'exaél:itude

mathématique n'efi point néceífaire en cette occa–

:fion,

&

qu'on peut fe permettre des fuppofitions,

pourvu que

les obf

ervations les autorifent.

Or,

il

efl:

con.fi:

ant que les couches terreufes fub–

tilifent les émanations,

&

que celles-ci font d"autant

rnoins denfes, que les au tres font plus épaiífes

&

plus

compa6tes. L'expérience a démontré qu'une couche

<le terrein d'un pied

&

meme de deux pieds d'épaif-

\ feur, laiífoit aux émanations aífez de deníité pour fe

' rendre feníibles par leur fétidité.

11

efr également confrant qu'en traverfant un mi–

lieu denfe, le rayons de mariere, quelle qu'elle foit,

s'approchent de la perpendículaire;

&

qu'en paífant

d'un milieu denfe dans un qui l'efr moíns, ils s'en

éloignent d'aurant plus que la diffi 'rence des deníités

efi plus coníidérable.

Il

fuit de-la: premiérement, qu'il faut au moins

recouvrir les cadavres de trois ou quatre pieds de

terre'

&

meme de beaucoup plus, fila nature du

folle permet, pour diminuer autant qu'il eft poffi–

hle la deníité des écoulemens cadavéreux.

Secondement, que fi en traverfant la cóuche te,r–

reufe, les rayons d'écoulemens, partis des difFérens

p oints du cadavre, fe rapprochent de la perpendi–

cnlaire' de maniere

a

devenir prefque

~aralleles

en–

tr"eux au fortir de la terre , lorfque cette couche a

quatre pieds d'épaiífeur, ils s'en éloignent dans l'air ·

~-raifon

du peu de deníité relative de ce milieu,

&

divergent de

fa~on

que l'on peut, fans crainte

d~exa­

g

"ration, fuppofe.r que la

lign~,

tirée du f?mmet du

ráyon fur le terrem' tomberOit alors

a

trots ou qua–

tre pieds; qu'ainfi les éeoulemens de$ cadavres, qui

ne {eroient difrans que de deux, trois, quatre' meme

de fix

&

fept pieds, fe confondroient les uns avec les

antres. Que pour prévenir les inconv-éniens qui ré–

fulteroient de ce melange' il faudroit rnettre entre

chaque cadavre un intervale de fept

a

huit pieds'

&

confacrer a la fépulrure dé chacun d'eux un efpace

<le

terrein proportionné. Mais les émanatiohs qui fe

feront des pieds

&

de la tete étant beauconp moins

confidérables que les autres, il ne fera pas néceifaire

que l'intervale foit par-tout égal,

&

1•on pourra le

réduire

a

la moitié pour les cotés

de

la tete

&

des

pieds.

Des lors en donnant

a

chaque cadavre fix pieds

'de longueur

&

deux pieds

&

demi de largeúr)

&

y

ajoutant deux pieds du coté de la tete

&

autant du

coté des pieds, en ajoutant .pareillemem

a

leur lar–

geur q.J.tatre pieds de chaque coté' on aura un efpace

q uarré de dix pieds d'une face,

&

de dix pieds

&

d emi de l'autre, dont la furface fera de cent cinq

p ieds qnarrés. Réduire cette furface

a

la moitié, ce

feroit probablernent faire une réduélion trop forte ;

rnais ·, en s'y aftreignant pour réparer aunant qu'il

fera poffible l'erreur

Otl

pourroit expofer une éva–

luation trop forre de la divergence éles rayons d'écou–

lemens, il refiera pour certain que l'on doit évaluer

ait

moms a une furface de cinquant_e-de1,1,X pieds

&

demi quarrés, le terrein néceífaire pour la fépulture

de chaque cadavre.

Cela

po~é,

q,uellc:_ _d<?it.

~~re

l'é!endue du

cimetiere?

La réponfe

a

cette

qu~fl:10n

forttra d€s remarques a

fa;re fur le nombre des morts , qu'aonée commune

on

fera dans le cas

d'y

dépofer'

&

fur le tems que

dtn·e la defrruáion .eompfette des cadavres.

Si les émanations cadavél'eufes font capables de

pr

duire les plus funeítes effets, en ·

per~ant

en dé–

~jiil

un..,e

c~u~he. d~ t~.~re~ d~

trois

~

quatre

pieds

CIM

d'épaiífeur, elles le feroie nt beaucoup

plus

encore,

ft, en ouvrant la terre avant qu'elles n'euírent été

épuifées , on les expofoit

a

fonir en maífe. Le mal·

heur arrivé a Montpellier

en

1744

a

l'ouverture d'un

cavean fépulcral de

l'ég~ife

N

otre-D ame ,

&

raconté

par

M.

Haguenot, proteíTeur en rnédecine de l'uni–

verfité de cette ville

e

a)

;

la mort r écente du fof-–

foyeur, quí dans le

cimeúere

de Montmorenci, a

u

rap

por

t de

M.

Cotte, pretre de l'Oratoire, a été

cau

t.ee

le mois de janvier dernier par la vapeur qui

fonn d'un cadavre inhumé depuis treize mois,

&

pres duque l

il

ouvroit une nouvelle foífe

(h),

font

des faits qui rendent le danger trop fenfible pour ne

pas

~ngager

a

prendre

a

ce úijetles plus grandes pré·

cauttons.

. M.

Petit., doB:eur-régent de la f'aculté de méde ...

eme de Pans,

&

anatomifi~,

m'a aífuré qu'ayant été

fou~ent

dans le cas d'enf?utr daos fGn ja·rdin des dé...

pomlles des cadavres qm avoient fervi

a

fes diífec:.¡

tions,

il

avoit reconnu que ces parties ·animales n'é–

toient détruite?,

9u'~u ~o,u t

de trois

a

quatre ans ...

M.

C_?tte, qne

J

a1

d~Ja

Cite plus,haut, m'écrivoit que

depUIS fept ans qu

Il

efr charge

a

Montmorenci des

fonélions pafror

ales

' il a fait conítamment la meme

remarque..ce n'

e.fr

d~~c qu'apn~s quatr~

ans qu'on

peut rouvnr fans mqmetude de nouvelles foífes,

&

pour qu'un

cimetiere

foit le moins dangereux qu'il eft

poffible ,

il

faut done qu'il ait quatre fois autant d'é–

tendue qu'en exigeroit le nombre des morts année

commune;

&

eomme il efr néceífaire de confacrer

a

1

'inhumation de chaeun d'eux un efpace de cinquante–

deux pieds

&

demi quarrés, il faudroit pour qua–

rante cadavres un terrein qui e{h deux mille cent

pieds quarrés de furface:

mais,

eu

éaard

a

la nécef–

fité de refier quatre ans fans ouvrir

les

memes fof–

fe~ ~

un

cimetiere

defri~é

pour la de.íferte d'une pa–

roiífe fur laquelle annee commune

I1

mourroit qua–

rante perfonnes' doit avoir huit

a

dix mille pieds

quarrés de furface

~

mais jamais moins de huit mille

quatre cens.

Des qu'il efr done évident que les

cimetieres

pour.a

roie'ntdevenirdes foyers d'une putridité danaereufe,

fi

l<l!ur étendue n'étoit pas proporrionnée an

~nombre

des cadavres qu'on y enterreroit'

&

a

la durée de

leur deítruél:ion, files morts n'y étoient pas enfouis

de quatre pieds a

u

moins, ft l'humidité s'y oppofoit

a

la diffolution des écoulemens cadavereux'

fi

l'ait

ne

s'y

r_enol)velloit pas avec facilité ,

&

fi

les va-–

peurs' formées par le melange de ces

écoutem~ns

dans l'air' pouvoient etre portées en maífe fur des

li~\lX

habités

,

il

faut qu'on regarde comme un de–

voir indifpenfable d'obllger les foífoyeurs

a

donner

. aux foífes au rnoins quatre pieds de profondeur '

a

fou·ler la terre avec les pieds pour la rendre com..

paél:e'

&

a

ne jamais rouvrir des foífes anciennes

ayant quatre ans.

Il

fam que le tenein defiiné pour

les fépultures, ait beaucoup de profondeur, qu'il ne

foit point humide, que fon étendue foit proportion–

né~

a

u

nombre des morts,

&

quatre fois plus grande

qúe ne)'exige l'efpace ordinaire pour l'ínhumation

de cbaque cadavre; que tous les vents, mais fur–

tout ceux du nord

&

de l'efr y abordent avec facili..

tés, qu'aucun arbre ne s'y oppofe au jeu de l'air

~

que les murs, dont on l'entoure , n'aient que tres–

peu d; ' lévation,

&

que les

cimetieres

(oient tou...

jours hors des lieux habités ,

&

fttués au nord

&

a

l'eíl , paree que ces vents, ordinairement fecs

&

froids,

&

paroiífant fouffier de bas en haut, élevent

(a)

Le

mé~o!re

dans lequel

H aguenot a cooúgné

. ~ef

événement, a ete lu daos une feance publique de la foci etcz

linéraire de Montpellier, le

2.3

Décembre 1746,

&

imprun~

en

¡

747 ehez Marrel.

b)

Voyez les

Obfervations phyflr¡ues

d.e

l'a)5bé

Ro:z.i~r~

aQ.nee

1773,

vol. I

,p.

IfiJl•