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260

CA S

leurs fortereífes. Uladiílas avoit fait jurer eh mouraht

a

fon fils

7

de faire une gnerre cruelle

a

cet ordre

ufurpateur , qui vouloit tour envahir ou tout dé–

truire. Illui laiifoit un trone chancelant, des rerres

'en friche , des troupes délabrées, des finance s

p1:e~

que épuifées , des villes ruinées, des campagnes rn–

feftées de brigands. Pour effacer. les t.races de la

guerre'

&

rendre

a

l'état fa

premle~e Vlgne~r ~

Ca-

fimir

fit la paix avec l'ordre Teutomque, l':11

~ban­

donna la Poméranie ,

&

r entra dans la Cu.Javte

&

rlans le diíhiél: de Dobrzim.

Mais tous les ordres du royauthe fé récrierent

contre cette paix honteufe, prétendirent qu'on*avi–

liifoit la nation ,

&

que céder une province , c'éroit

s'avouer vaincu. Les moyens dont ils fe fervirent

pour réprimer l'ordre Teutonique, démentit la fiené

qu'ils avoient montrée. Ils armerent en leur faveur

la cour de Rome de fes foudres ordinaires. L'ordre

fut excommunié ; les nence luí ordonnerent de ref–

tituer le butin qu'il avoit enlevé ,

&

de payer

a

Caji–

mir

une femme confidérable. On fent quel effet dut

faire cette fentence fur des hommes qui avoient en–

cere les armes

a

la main. L'empereur, d'un autre

coté ' leur défendit de céder les terres dont .ils

s'éteient emparés.

U

demeurerent dans leurs conque–

tes.

Cajimir,

qui remettoit fa vengeance

a

des rems

plus heureux,

&

vouloit rendre l'état inébranlable

dans l'intérieur avant de le rendre formidable au-de–

hers, fe contenta de garder fes frontieres, donna teus

fes foins au gouvernement,

&

défigna pour fon fuc–

ceífeur, Louis, fils ainé de

Charobert~

roide Hongrie.

·

La nation applaudit a fon choix; mais cene fut qu'en

Ij

39 qn'elle le ratifia d'une maniere authentique.

La tige mafculine des fouverains de Ruffie venoit

de s'éteindre. Les rois de Pologne avoient autrefois

renfermé cette contrée dans l'enceinte de le1:1r em–

pire.

Cajimir

crut que les Ruifes courberoient fans

r éfifiance {ous un joug que lenrs a!eux avoient porté.

Il

entra dans leur pays, s'empara de Léopold, entra

triomphant dans plufieurs fortereifes, leur donna des

gouverneurs Polonois,

&

revint daos fes états. La

reine venoit de defcendre au tombeau. Le volage

Cajimir

mít peu de difiance entre le deuil & un non–

veau mariage. I1 époufa Hedrige, fille du landgrave

de Heife, qu'il relégua biemor dans un monafiere,

pour ne plus donner de frein

a

fes defirs. Chaque

jeur veyoit une maitreife difgraciée, fa rivale pré–

férée, & le lendemain celle-ci étoit fupplantée par

:une autre. Soit que les chevaliers de l'ordre Teu–

tonique euífent des .intelligences avec ces courtifan–

Des , foit que la fortune et1t amolli le courage de

Cafimir,

il abando nna en r 34 3 ,

a

cet ordre , la Po–

inéranie, Culme

&

Michalovie. Cependant fon ca–

raétere reprit fa premiere énergie, & l'irruption

des Tartares dans la Ruffie lui rendir fes forces & fa

gloire. Il marcha contre eux , les rencentra fur les

bords de la \Vifiule , & "les défit. Ils fignalerent leur

retraite par des défafires. Teut ce qui fe trouva fur

leur paffage fut pillé, maífacré, bríHé, .2refané.

Caflmir

rentra dans fes états; mais il n'y goftta pas

long-tems ce repos favorable aux plaifirs apres lef–

quels il foupiroit. Jean, roi de Boherne, vint fondre

tout-a-teut fur la Pologne.

Cajimir

s'avan~a

centre

lu i ,

&

le repouifa au-dela des frontieres.

Caflmir

toujours vainqueur,

&

prefque fans combattre , par–

tage défoi"rnais.fes momens entre les foins de l'état &

ceux de l'amour. Le peuple fe plaignoit de ce que

les palatins s'écarteient daos leurs jugernens du texte

des loix, ne confultoient que leur propre intéret ,

&

difpofoient des fortu nes au gré de laur caprice.

Cajimir

les fors:a de juger d'apres les loix,

&

de pro–

noncer contre eux-memes quand les loix cqndam–

neroient leurs prétentions. Ce prince établit les ré–

glemens les ·plus fages, favorifa le commerce, en-

CA S

ceuragea

l'agricu}t~re, cul~iva

les fciences, protégea

les fa vans, fit banr des vtlles. Celle de

Cajimir

eft

un monument de fa

mt~gnificence.

I1 vouloit en élé–

ver lme autre pres de Scarbimirie; mais l'éveque de

Cracovie, Jean Greth, ofa le lui défendre,

&

Caji–

mir

le grand n'ofa pas dé(obéir

a

fon fujet.

Mais apres avoir obéi au clergé , lorfqll'il vou–

loit l'empecher de faire le bien, illui féfifta lorfqu'il

voulut l'empecher de faire le mal; les prélats

&

les

pretres lui confeilleient de renvoyer ce ramas de

femmes perdues , le (candale de)'éta"t dont elles fai–

foient la ruine , qn'il entretenoit dans une fplendeur

ridicule

&

funefte,

a

Opocin

&

a

Creífevie. Apres

avoir prié vainement, ils

cemmander~nt:

le rei en–

tra dans une telle colere , qu'il fit noyer un de ces

cenfeurs audacieux. Mais bientót il pleura la viaime

de fes fureurs,

&

demanda l'abfolutien au pape.

Clément

VI

fe fervit d'une autorité ufurpée, pour

rendre

a

l'humanité le fervice le plusimportant peut–

étre qu'elle eút re<;u d'aucun pontife; les habitans

de la campagne autour de Cracovie étoient ferfs,

il condamna

Caflmir

a

leur xendre la liberté,

&

a

batir cinq églifes.

Malgré la révelution qui s'étoit faite dans le creur

de ce prince, les pretres ne manquerent pas de pu–

blier que Ia pefte qui défola la Pologne, l'invafion

des Lithuaniens, les courfes fréquentes des Tarta•

res, étoient autant de chatimens du ciel qui puniífoit

la natien des crimes de íon roi. Ce prince leur par–

donna ces difcours. Bientot fon empire s'agrandit

encore par la réunion du duché de Mafevie, dont le

duc vint lui faire hemmage

a

Caliife.

Tant de guerres foutenues contre l'erdre Teutoni–

que, tant de difcordes civiles eccaíionnées par les

éleél:ions , enfin la pefie , pour comble de maux ,

avoient dépeuplé la Pologne

a

un point qu'elle man–

quoit de c.ultivateurs ; d'ailleurs, cette nation fiere

&

pareifeufe ne favoit que porter l'épée

&

dédai–

gnoit la beche.

Cajimir

appella dans fes états une mul..

titude d'habitans de la Pruife, et1 la population s'é–

toit tellement accrue ' que la terre ne fuffifoit pas

a

les ·neurrir. Il donna

a

ces hommes laborieux des

terres

a

défricher, leur accorda des privileges hono–

rables, établit un confeil qui devoit juger leurs dif–

férends fuivantles loix de leur pays.

La gleire de tant de belles aaions fut encere ter..

nie par de neuvelles amours.

Cajimirépoufa

Hedvige~

filie du duc de Glogovie. Une autre tache

a

fa

gloire~

fut fon entreprife fur la \Valachie; deux treres

~

Etienne

&

Pierre, fils du vaivede Etienne, fe dif–

putoient leur patrimoine ; l'un d'eux fuccomba

&

alla implorer le fecours de

Caflmir

qui, pour termi–

ner ce différend, voulut s'emparer du duché. Mais

les W alaches ñrent périr l'armée Pelonoife dans les

.bois.

Cajimir

crut réparer fa réputation, en établif–

fant

a

Léopold le íiege métrepolitain de la Ruffie;

mais illa répara beaucoup mieux, en verfant fes ri–

cheifes dans le fein de fon peuple qui fut affiigé

d'une fa mine cruelle l'an - 13 6

2.

On reconnut alors

que les foibleifes humaines peuvent s'allier avec

des vertus. Le plus infidele des époux fut le meil–

leur des rois.

Le mariage de fa niece Elifabeth avec l'empereur

Charles

IV,

donna lieu

a

des fetes dont le peuple

jouit fans les payer ,

&

qui lui firent eublier fes mal–

heurs.

Cajimir

ne fongeeit plus

ctu'a

affermir fon au–

torité ' la fplendeur de rétat

&

le bonheur des peu–

ples, lorfqu'il mourut d'une chttte de cheval, l'an

1

370 ' agé de foixante ans ' apres en a voir r égné

trente-fept. C'éteit un prince ami de la paix

&

de

l'humanité; il fir peu la guerre, fi l'en compare fon

r egne

a

ceux de fes prédéceífeurs: il avoit plus de

talens pour les marches que pour .les batailles; c'eft

a,infi

qu\1

fut repouífer les ennem1s

~ans

les

vaincr~.