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)

SYL

Jyllabe,

font

réell~m~nt

de,deux fons , paree que"les

[oos

o

&

u

une fOlS echapes, ne peuvent plus erre

modifiés par l'articulatíon

r,

&

qu'íl faut fuppofer

enfuite le' moins fenfible des fons , qu-e nous appel-

10ns

e

muet, comme s'il

y

avoit

o-re, du-re.

2°.

Que fi 1'0n trouve de-fuite deux ou trois ar–

ticulations dans un meme mot, il n'y a que la der–

niere quí puiífe

tomb~r

fur

l~ voy~lle f~lÍ,:,ante

, patee

qu'elle,efi la feule qUIla precede lmmedlatement;

&

les autres ne peuvent

etr~ regard~es

en

ri~ueu~ qu~

comme des exploúon,s d autant de muets mutIles ,a

écríre parce qu'il,eft lmpoíl'íble de ne pas les,

e~pn­

roer, mais auffi reels qtte toutes les voyelles ecntes:

ainfi, le mot franc;ois

firibe,

qui pa/fe dans l'ufage

ordinaire pCDur un mot de deux

JYLlabes,

a réeUement

quatre fons , par,ce que les deux

premiere~ articnl~t.Íons

f

&

k

fuppofent chacune un

e

muet a lenr fm–

te , comme s'il y avoit

fe-ke-

ri~be

;

il Y a pareillement

quatre fons phyúques dans le mot

fphims

,

'lui pa/fe

pour n'etre que d'une

JYllabe

,

parce que la lettre 6-

nale

x

eft double, qu'elle équivalit

él

J,

k

,

&

que

chacune de ces articulations compofantes fuppofe

apres elle l'

e

muet , comme s'il yavoit

fe -J?hin–

,ke-fe·

Que ces

e

muets ne foien'! -{upprimés dans l'ortho–

graphe , que p'arce qu'il eft impoffible de ne pas les

faire fentir quoique non,écrits ,j'en trollve la preuve

non-{eulement dans la rapidité excefllve avec la–

queUe on les prononce ,mais encore dans des faits

orthographiques , ú je puis parler ainú.

ID.

Nous

avons pluúeurs mots terminés en

ment

,

dont la ter–

minaifon

ét~it

autrefois précédée .d'un

e

muet pur ,

lequel n'étoit fenúble que par l'alongement de la

voyelle dont il étoit lui-meme précédé, comme –

r(/.lIiem~nt

,

éternuement

,

enrouement,

&c. aujour–

d'hui on fllpprime ces

e

muets dans l'orthographe,

quoiqll'ils produifent toujours l'alongement de la

voyelle précédente,

&

l'on fe contente, afin d'évi–

ter l'équiyoque , de marq':ler la

v~yellAe

longue d'u,?

accent clrconflexe ,

raLüment, eternmnent, enrou–

mento

2°.

Cela n\dl: pas feulement arrivé apres le

voyelles , on l'a fait encore entre deux c'on1onnes , '

&

le mot

~lle

nous écriyons

aujourd·hui.foup~on,

je

le trouve

ecritfoufpe~on

avec 1', muet, dans le

Livre

de la précdLence

du

Langage

fraf1~ois

,

par H. Eftiene ,

( édit.

r5

J9.

)

Or il eH évident 9ue c'eft la meme

chole pour la prononciation,

d'eerirefoupe~on

ou

foltp~on,

pourvu que 1'0n pa/fe fur l'e muet écrit,

avec autant de klpidité que fur celui que l'organe

met natl1rellement entr.e

p

&

~,

quoiqu'il n'y foit

point écrit.

Cette rapielité , en quelque forte inappréciable ele

l'e

muet

oufcheva

,

ql1i fuit toujours une confonne

qui n'a pas immédíatement apres foi une alltre

voyelle , eft préeifément ce qui a donné lieu de

croire qu'en effet la con{onne appartenoit 011

a

la

voyelle précédente, ou

a

la iliivante; quoiqu'elle

en foit féparée: c'eft ainú que le mot

aere

fe diviíe

communément en deux parties, que l'on appelle

auffi

[yllabes,

favoir

a-ere,

&

que l'on rapporte éga–

lement les deux articulations

k

&

r

a l'e muet final:

au contraire, quoiqlle I'on coupe aufll

l~

mot

arme

en dellx

JYllabes

,

quí iont

ar-me,

on rapporte l'arti–

culation

r

él

la voyelle

a

qui préeede,

&

l'articula–

tion

m

a

l'e muet qui fuit : pareillement on regarde

le mot orcomme n'ayant

qu'unefyLLabe,

paree qu'on

rapporre

a

la voyelle

o

l'articulation

r,

faute de voir

dans I'écriture

&

d'entendre (enúblement dans la

prononciation ,une autre voyelle qui vienne apres

&

que l'articulation 15ui/fe modifier.

n

efi donc bien établi , par la nature meme des

élémens de la voix , combinée avec l'ufage ordinaire

de la parole , qu'il efr indifp'enfable de difiinguer en

effet les

JYLLabes

phyúqnes des

Jjtlabes

artiticielles)

s y

L

&

de prendre des unes

&

des autres les idées qu'en'

donne,

fol.ls

un autre nom , l'habile fecréta ire de

l'académie franc;oife; par-la ron fyfieme fe trouve

jufúfié

&

folidement établi , indépendamment de

toutes les définitions imaginables.

Celle de l'abbé Girard va meme fe trouver fauífe

d'apres ce fyfteme, loin de pouvoir fervir

a

le Com–

battre.

C'eft,

dit-il , (vrais princip.

tomo

1.

diJe.

l.

pago

1.2..

)

un Jon

,

fimpie ou compofé, prononcé avec

toutes fes artiwLations ,par unefiule impuLfion de voix.

Il

fuppofe donc que le meme fon peut recevoir pln–

fieurs articulations ,

&

il dit poútivement

,pag.

11,

que la voyelle a quclquefois pluúeurs confonnes at–

tachées

a

fon fervice,

&

qu'elle peut les avoir

ti

fa

téte ou

ti

fa fuite

:

c'eft précifément ce qui efi dé–

montré faux

a

ceux qui examinent les chofes en ri–

gueur; cela ne peut fe dire que des

JYUabes

nfuelles

tout au plus,

&

encore ne paroit-il pas tI-op raifon–

nable de partager comme on fait les

JYLlabes

d'un

mot, lorfqu'il renferme deux eOJlfonnes de fuite en–

tre deux voyelles. Dans le mot

armé,

par exemple ,.

on attache ,

a

la premiere

JYLlabe,

&

m

a

la feconde ,

&

l'on ne fait guere d'exception a cette regle, ú ce

n'efi lorfque la feconde conionne efi Pune des deux

liquides lou

r,

comme daas

tÍ-ere, ai ·gLe.

~(

Pour moi , dit M. Harduin, feereta:re perpétuel

Hde l'académie d'Arpas,

remo divo f uI' La pronone.

)t

pago

.56.

je ne vois pas que cette diftinél:ion foit

tt

ap?uyée fm" une raifon valable ;

&

il

me paroi–

HtrOlt beaucoup plus régulier que le mot

armé

s'é–

tt

pelHh

a-rmé.

•.•..

11

n'y a aucun partage (enúble

tt

dans la prononciation de

rmé;

&

au contraire on

), ne fauroit prononeer

ar,

fans qu'il y ait un par–

,t

tage a/fez marqué: l'e féminin qu'on eft obligé de

H

fuppléer pour prononcer 1', ,fe fait bien moins

Hfe'ntir

&

dure bien moins dans

rmé

que dA1s

aro

En

't

ún mot, ehaque fon fur lequel on s'arrete d'une

" maniere un peu fenúble, me parolt former

&

ter–

Hminer une

JyiLabe;

d'olt je conclus qu'on fait dif–

Htinétement

troisJYLLabes

en é.pellant

ar-mé,

au liell

H<;lu'on n'en fait pas diflinél:ement plus de del1x, en

>t

epellant

a-rmé.

Ce qui fe pr.atique dans le chant

H

peut fervir

a

éclaircir ma penfée. Suppofons une

H

tenue de pluúeurs mefures fur la premiere

JYLlabe

H

du mor

charme

;

n~efi-il

pas certain qu'elle fe

me

H

uniquement fur l'

a,

fans toucher en aucune ma–

tt

niere

a

l'r,

quoique dans les paroles mifes en mu–

H

fique, il foit d'llfage d'écrire cette

r

immédiate–

H,ment apres

l'a,

&

qu'elle fe trouve ainli féparée

)t

de l'm par un efpace conúdérable

?

N'efi-il pas

H

évident, nonobftant cette féparation dans l'écri–

)t

ture , -que l'aífemblage des lettres

rme

fe prononce

tt

entierement fous la note qui fuit la tenue?

)t

.une chofe femble encore prouver que

la

pre–

»

miere confonne eft plus liée avec la confonne fl1i–

>t

vante qu'avec la voyelle précédente,

a

laqueIle ,

>t

par con{équent, on ne devroit pas l'unir dans la

>t

eompoútion des

JYLLabes

:

c'eft que cette voyelle

H

&

cette premiere confonne n'ontl'une fur l'autre

>t

aucune influenee direél:e , tandis que le voifinage

H

des del1x eonfonnes altere quelquefois l'articula–

tt

tion ordinaire de la premiere ou de la

feco~de.

H

Dans le mot

obtus

,

quoiqu'on y prononce fOlble–

" ment un

e

féminin apres le

b

,

il arrive

qll~

le,

b

tt

contraint par la proximité du

t,

fe change lnd¡{–

" pen(ablement en

p

,

&

on prononce effeétivement

" OplUS.

...

Ainú l'antipathie meme qll'il ya entre

" les con{onnes

b,

t

, [

paree que l'une efi foible

&

H

l'autre forte ] , fert

a

faire voir,que dans

obt~tS

elles

,t

foar plus unies ['une

él

l'autre , que la premlere ne

t>

l'eft avec

1'0

ql1i la précede.

.

" J'ajoute que la méthode commune me

f~u,rmt

H

elle-meme des armes qui favorifent mon optnJOn.

" Car, 1°. j'ai déja fait remarquer que, felon

cett~