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47

2

S P 1

a

la vérité de la divedité fpécifique des attributs

&

des affeétions. Ainú il

y

a

verflté d'eírence, quand

l'une efr conc;:ue

&

définie autrement que l'autre ;

ce qui fait l'efpece, comme on parle dans

l'éc0~c.

Aíníi un cheval n'el1 pas un homme, un cercle n'efr

pas un triangle; car on d 'finit tontes ces

c~o~es

diverfement mais la difrinétion vient de la dlfrín-

,

, 1

étion numérique des attributs. Le tnang e

A ,

par

exemple, n'efr pas le triangl,e

B.

Titius n'efr ras

Ma!vius, D avlls n'efr

p~s

CEdlpe, Cette propofiu<?n

ainíi expliquée , la fuivante n'aura pas plus de dlf-

ncultés.

'

C'efr la cinquieme concrtle en ces termes:

il ne

peut

y

tlvoir dans l'1t1zivers deux ou plujieurs fuk!lanees

de mime natltre ou de mime auriblU.

Si

Spinofa

ne parle

que de l'eífence des chofes on de leur

défini~ion,

il

n e dit rien ; car ce qu'il dit, ne íignifie autre chofe ,

únon qu'il ne peut y avoir dans l'univers dellx

e~en­

ces différentes, qlli aient une meme eífence:

qUl

e,n

doute? Mais fi

Spinofa

entend qu'il ne peut yavolr

lme eílence qui fe trouve en pluíieurs fujets íingu–

liers, de meme que l'eífence de triangle fe tronve

dans le triangle

A

&

dans le triangle

B

;

ou comme

l'idée de l'eífence de la fubfrance fe peut trouver dans

l'etre qui penfe

&

dans l'etre étendu , il dit une chofe

manifefrement fauífe,

&

qu'iln'entreprend pas me–

me de prouver.

N

ous voici enfin arrivés a la íixieme propoíition

que

Spinofa

a ab.ordée par leSAdétours

&

les

ch~mins couverts que nous avons vus.

Une fubflanee ,

dlt–

il ,

ne pelle-élre produite par une autre

J

ubflanee.

Com–

ment le démontre-t-il ? Par la propoíition précéden–

te , par la feconde

&

par la troiíieme; mais puifque

nous les avons réfutées, celle-el tombe

&

fe détruít

fans autre examen. On comprend úfément que

Spi–

naja

'ayant mal défini la fubfrance, cette propofition

<lui en efr la conclufion, doit etre néc.eífairement

fauífe. Car au fond,la fubíl:ance de

Spinofa

ne fignifie

autre chofe, que la définition de la fubfrance ou l'i–

<lée de fon eífence.

01',

il efr certain qu'une défini–

tion n'en produit' pas une autre. Mais comme tous

ces degrés métaphyíiques de l'etre ne fubfifrent

&

ne font difringués que par l'entendement ,

&

que

dans la natHre ils n'ont d'etre réel

&

effeétif qu'en

vertu de l'exifrence; il faut parler de la fnbfrance ,

.comme exiílante, quand on veut confidérer la réa–

lité de fes effets. Or dans un tel rocher, etre exiíl:ant,

étre fubfrance, etre pierre , c'eft la meme chofe; il

fau! donc en parler comme d'une fubfrance exifran–

te, quand on le confidere comme étant aétuellement

daos l'etre des chofes,

&

par conféquent comme

íubfrance exifrante , pour exifrer néceífairement

&

par elle- meme on par la vertu d'antrui; il s'enfuit

qu'une fubítance peut etre produite par une autre

fubílance; car gui dit une fubíl:ance qui exiíte par la

vertu d'autrui, dit une fubfrance qui a été produite,

&

gui a recru fon etre d'une autre fubfrance.

Apres tontes ces équivoques

&

tous ces fophif–

~es, Sl!in~fa

croyant .avoir conduit fon leB-eur oll

11

fOt~haltOlt,

leve ,le mafque dans la feptieme pro–

pofitlOn.

Il appartient,

dit-il,

aLa

fubji.lllce d'exifler.

,Commer:t le prouve-t-il? Par la propofition précé–

dente qm efr fauífe. Je voudrois bien favoir, pour–

quoi

Spinofo

n'a pas agi plus franchement

&

plus

ftncérement; car fi l'eífence de la fubítance emporre

néc:ffairement l'exiíl:ence, comme il le di! ici, pour–

<lt,lol ,n,e s'en

,~fr

-

il

pa~

expliqué clairement dans la

defuutlOn qu

11

a donnee de la fubfrance, au lieu de

fe cacher fous l'équivoc;¡ue facheufe de

fulfzfler par

foi-~lleme

,

ce qui n'efr veritable que par rapport aux

accldens

&

point du-tout

a

I'exifrence

?

Spinofa

a

b~au

faire, il ne détruira pas les ¡dées les plus clai–

t'es

&

les plus naturelles.

,La fubfrance Re dit autre chofe qu'un etre qui exif-.

s

P 1

te , fans &tre un accident atrach '

a

un fUJe t. Or o

f~t

natur,ell, ment

gu~

tout

~e

qU,i

ex~íte

fans

etr~ a~

c¡dent, n eXlfre pas neanmolOS neceíIairement do

l'idée

&

l'eílence de la meme fubfrance

n 'emp~rtenc

pas néceílairement l'exifrence avec elles.

4

nt

On n'entrera pas plus avant dans l'exalll

n

de

~ropoú~ior:s

de,

S!ún?j~ ,

r arce q\le

l e~ fonde111en~

etant, dctnuts,

11

fer,?:t mutile de s apphquer davan–

tage a

~enver[e~

le

~atllnent;

cependant comme cet–

te mauere efr dIfficüe ;\ comprendre, nOllS la retoll_

c.:herons encore d'une autre manier ;

&

quand ce

ne feroit que des rép 'titioos, elles ne

fc

rom pas néan–

moins inmiles.

Le principe fur lequel s'appuie

Spillcfa

ea

de luí–

meme ob[cur

&

incompréhenflble. Que! efi -il ce

principe ou fondement de fon fyfteme?

e

'eft qu'il n'y

a dans le monde qu'une feule fubRance. Certaine–

ment la propofition eíl: obfcure

&

d'une obfcurité

~n,guliere, ~

nou;relle : cal' les

h~m~ es

ont tOtljoul's

etc perfuades, qu un corps hl1mall1

ex.

un muid d'eau

ne 10nt pas la meme fubfrance, Cju'lln efprit

&

un

autre

~fp~it

ne font pas!a t;t&me fubi1:ance, que Oieu

&

mOl,

&

les autres dlfferentes par!' es de l'univers

ne foI1t

pa~

la meme fubítance. Le principe étant

n?uveau ,

íurpre~ant

, contre tous les principes re–

!;rus,

&

par confequent fort obfcur, il faut donc l'é–

claircir

&

le prollver. C'efr ce qu'on ne peut faire

qu'avec le fecours des prenves, qui foient plus clai–

res que la chofe meme a prouver: la preuve n'étant

qu'un plus grand jour, pour mettre en évidence ce

gu'il s'agit de faire connoltre

&

de pel'fuader. Or

ql~elle e~l:"

felon

~pi~lOfa

,

la ,preuve de cette propo–

finon generale,

L¿

n

y

a

&

d

!le

p eue

y

al'oir qu'UrIe

fluleJ.'ubjialle~;

La voici:

e'~ji

qu'ullefubflance n'en

faurouprodlilre une autre.

Mals cette preuve n'enfer–

me-t-elle pas toute j'ob[cmité

&

toute la difficlllté

du principe ? N'eít - elle pas égaiement contl'aire au

{entiment re<;u dans le genre hl1main qui eH per–

{nadé 9,u'une fubfral!ce corporelle ,

tell~

qU'Ull arbre,

prodlllt une autre íub1tance , telle qu'une pomme

&

que la pomme prodllite par un arbre , dont

ell~

efr aétuellement féparée, n' efr pas aéluellement la

meme fubfrance

qll~

cer arbre? La feconde propoíi–

tion qu'on apporte en preuve du principe , eíl: donc

auffi obfcure pour le moins que le principe, elle ne

l'éclaircit donc pas , elle ne prouve donc pas.

Il

efr

ainfi de chacune des alltres

pr~uves

de

Spinofa:

au

lieu d'etre un éclairciífement, c'efr une nouveIle oh–

{curité. Par exemple , cornment s'y prend-il pOllr

prouver qu'une fubfranc e ne fauroit en produire une

autre? C'eíl: , dit-il,

paree qll'eLles

!le

peuv~nt

je canee–

voir "une par rauere.

Quel nouvel abime d'obCcurité?

Car enfin, n'ai-je pas encore plus de peine

a

démé–

ler, fi deux fubfrances pellvent fe concevoir l'une

par l'autre , qu'a juger

ü

une fubfrance en peut pro–

duire une autre? Avancer dans chacune des preuves

de l'autellr, c'eíl: faire amant de démarches d'une ob–

fcmité a l'autre. Par exemple ,

il nepeut

y

avoir deux

fubjianees de mime atlribut,

&

qUÉ aiwt quelque c/zofo

de commun entr'eLles.

Cela efi-il plus clair, ou s'en–

tend-il mieux que la premiere propofition qui éroit

a prouver; favoir ,

qu'iL n'ya dans le monde qu'une

flule jitbflanee.

01' , puifque le fens commun fe 'révolte.a chacune

de ces propofitions, auHi-bien qu'a la premiere, dont

elles font les prétendues preuves ; au lien de

s'arn~ter

a

raifonner fm chacune de ces preuves ,

011

fe

perd le fens commun, on feroít en droir ele dire

el

Spinofa,

votre principe eíl: contre le {ens commun;

el'un príncipe oll le fens commun fe perd , il n'en

peut rien fortir on. le fens commlln fe retrouve. i\inú

de s'amufer

a

vous fuivre , c'efr manifefremen,t s'ex–

pofer

a

s'égarer avec vous , ho1's de la route du feos

commun. POllr refuter

Spinofa;

il ne faut, ce me {em-

ble,