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322

S O L

.a1ors la

foüdité

du corps irré&ul,ier

f~ra

144.

(E)

SOLIDITÉ, {. f.

(PhyJiq.)

Idee qw nous Vleot par

l'.attouchemeot,

&

-qui eft caufée par la réfillaoce

-que oous

éprot~voos

Ol:.

qu~ no~IS ~ema.rquon~.

dans

un corps jufqu a ce qu

11

alt qU1¡te le beu qllll oc–

cupe,lorfqll'uo autrecorps y

ent~e

acétuellement.

Yoici

L'anide que M.

Formya

blen

'Youlu nous

com-

muniquer fur ce fujet.

De toutes les idées que oous recev.ons par fenfa–

tion il n'y en a point que nous recevlOOS plus con–

fiam~nt

que celle de

lafoLidité.

Soit que nous foy<;ms

-en mouvement OU en l'epos, dans

quelql~e

íituatlOn

que nouS nouS mettions,

!10US

fento~s

touJours ,!uel-

'<}ue chofe qui oous foutlent,

&

qm nous em,Peche

<i'aIler plus has;

&

nous éprouv?ns t?us les JOurs,

en maniant des corps , que tandls qu lIs

ron~ e~tre

nos mains, ils empecheot par

u~e for~e

lOvmclble

l'approche des parties de nos malI1SqUlles preífent.

Or, ce q\Jli empéche ainíi l'approche de

deu~

corps,

lorfqu'ils

f~

meuvent l'un vers l'autre , c'efr ce que

I'on appelle

joüdd,

&

que 1'0n

pel~t ~ommer au~

impénétrabilité.

C'efr de toutes., les

ldee~ c~lle

qm

parolt la plus eífentiellement

&

la plus etroltement

'unie au corps, en forte qu'on oe

p~ut

la trouver OH

imaO'ioer aiHeurs que daos la matlere.

P~r-tout

ou nous imaginons qllelque efpace oc–

cupé par une fubfrance folide, nous contevons que

cette fubftancé occupe de telle forte cet efpace,

qu'elle en exclut toute autre fubfiance {olide,

&

qll'elle empechera a-jamais deux autres corps qui

fe meuvent en ligne droite l'un vers l'autre, de

veoir a fe toucher, ú elle ne s'éloigne d

'en.tr'

eux

par une ligne qui ne foit point parallele a celle fur

laquelle ils fe meuvent aétuellement.

Cette réfifrance qvi empeche que d'autres corps

n'occupent l'efpace dont un corps eft aétuellemeot

~n

poífeffion , eft fi grande, qu'il o'y a point de

force, quelque puiífante qu'elle foit, qui la fur–

monte. Que tous les corps du monde preífent de

tous cotés une l70utte d'eau, ils ne pourront ja–

mais vaincre la refiftance qu'elle fera, ql1elque molle

qu'elle foit, jufqu'a s'approcher l'un de l'autre, fi

auparavant ce petit corps n'efr oté de leur chemin.

Lt!s partifans de l'efpace pur en concIuent que la

fllidité

differe de cet efpace qui n'a ni réfifrance

ni mouvement. Sans contredit, la

foüdité

n'efr pas

un attribut de l'efpace pur, puifque celui -

ci

n' ft

qu'uoe ftmple abfrraéhon , prife de la confidération

de l'efpace réel, qui n'eft lui-meme réel qu'en vertu

des corps qui l'occupeot. C'efr aux corps que con–

vient Pimpenétrabilité, la

Joüdité,

&

diverfes autl'es

propriétés;

&

les corps étant annihilés, il ne refre

abfoh,.lment rieo, que la poffibilité d'en produire

d'autres dont l'exiftance reoouvelleroit l'efpace dé–

truit avec les précédeos. C'efr done une difrinc–

tion chimérique, feIon M. Formey auteur de cet ar–

ticle, que celle que 1'0n met entre l'étendue des corps

&

l'étendue de l'efpace, en difant que la premiere eft

une' union , ou continuité de parries folides divifi–

.bles,

&

ca,pables de mouvement,

&

l'autre une con·

tinuité de parties non folides, iodivifibles,

&

immo–

biles.

Lafolidité

d'un corps n'emporte autre chofe, fi ce

I

n'eO: que ce corps remplit l'efpace qu'il occupe , de

tell~

forte qu'il

ex.cl,

ut abfolument tOut autre corps,

au heu que la dmete confifte dans une forte union de

.certaines parties de matiere <jlÚ compofent des maf–

fes

d'une groífe'ur fenfible, de forte que toutela maf–

fe oe change pas aifément de figure. En effet le

dar

&

le

moa

foot des noms que nous devons aux chofes

feulemen.t par rap'port

él.

ia conftitution particuliere

de notre corps. Ainfi nous donnons généralement le

110m de

dur

a

tout ce que nous ne pouvons fans peine

f .hanger de figure. en le pr.eífan.t

av~c que~que

partie

SOL

de notre corps ;

&

au contraire nous appellons

mou

ce qui change la útuation de ces parties , lorfque

nous venooS

a

le toucher, fans faire aucun effort

confidérable

&

pénible. Mais la difficulté qn'il y a

el

faire changer de fituat'Íon aux différentes parties

fenübles d'un corps, ou

a

ehanger la figure de tout

le corps; cette diffic:ulté, dis-j e , ne donne pas I,>lus

de

folidité

aux partles les plus dures de la matlere

qll'aux plus molles;

&

.un diamant n'eft pas plus

folide que l'eau:.

c~r

quo.lq.ue

de~x plaq~es

de mar..

bre [oient plus alfement JOlOtes l uoe a 1autre, 10r[–

qu'il n'y a que de l'eau ou de l'air entre deux, que

s'1l y avoit u.n diamant: ce n'eft I,>as

a

caufe que les

parties du dlamant font plus folldes que celles de

l'eau ou qu'elles réfifrent davantage, mais parce que

les parties pouvant etre plus aifément féparées les

.lU1es des autl'es, elles font écartées plus facilemc:nt

par un mouvement oblique,

&

laiífent aux deux pie–

ces de marbre le moyen de -s'approcher l'une de

l'autre; mais ü les parties de l'eau pouvoient n'etre

point chaífées de leur place par ce mouvement obli–

que elles empecheroient éternellement l'approche

de

~es

deux pieces de marbre tout-auffi-bien que

le diamant;

&

il feroit auffi impoffible de furmonter

leur réfiftance par quelque force que ce ñlt, que dI;

vaincre la réfiftance des parties du diamanto

Car que les parties de matiere les plus molles

&

les plus flexibles qu'il y ait au monde, foieot entre

dellx corps quels qu'ils foient , ú on ne les chaífe

point de-la,

&

qu'elles refrent toujours entre deux,

elles réfifteront auffi invinciblement

el

l'approche de

ces corps, que le corps le plus dur que l'on puiífe

trouver ou imaginero On n'a qu'a bien remplir d'eau

ou d'air un corps fouple

&

mou, pour fenor bien–

tot de la réfiftance en le preífant :

&

quiconque s'i–

magine qu'il n'y a que les corps durs qui puiífent

l'empecher d'approcher fes mains l'une de l'autre,.

peut fe convaincre du contraire 'par le moyen d'un

ballon rempli d'air. L'expérience faite

él.

Florence

avec un globe d'or concave, qu'on rempht d'eau

&

qu'on referma e.xaétement, fait voir la

Jolidité

de

l'eau, toute liquide qu'elle foit. Car ce globe ainfi

rempli, étant mis fous une preífe qu'on ferra a toure

force, autant que les vis purent le permettre , l'ean

fe fit chemin

él.

elle-meme

~Hravers

les pores de ce

métal fi compaét. Comme ces particules ne trou–

voient point de place dans le éreux du globe pour

fe reíferrer davantage , eHes s'échapperent au-dehors

Oll elles s'exhalereot en forme de rofée,

&

tombe–

rent ainü goutte a goutte avant qu'on ptlt faire ceder

les cotés du globe

a

l'effort de la machine qui les

preífoit avec tant de violence.

La

folidité

eft une propriété non-feulement com–

muoe, mais meme eífentielle

el

tous les corps. Cela

efr vrai, foit qu'on eonfidere les corps daos leur tout,

foit qu'on n'ait égard qu'a leurs parties les plus fim–

pIes. Ceft auffi le figne le moins équivoque de lenr

exiftance. Des illufions d'optique en impofent que!..

quefois

a

nos yeux; nous fommes tentés de prendre

des fclntomes pour des réalités; mais en touehant,

nous nous aífurons du vrai par la perfuafion intime

oll nous fommes que tout ce qni eft corps eft folide,

eapable par conféquent de réfifrance,

&

qu'on ne

peur placer le doigt ou autre chofe dans un líeu

qui efr occupé par une matiere qne!conque, faos •

employer une force capable de la pouíI'er ailleurs•

Toute rbfifrance annonce done une

Joüdité

réelle

plus ou moins grande. C'eft une vérité tellement

avouée, qu'elle n'a befoin d'autre preuve que de

l'habitude oll l'on eft de confondre les deux idées;

quoiqu'a parler exaaement, l'une rep:éfente la caufe

&

l'autre l'effet. Mais il y a tel cas Oll l'une

&

l'autre

( la

foLidité

&

l.a réfiftancee) éehappent

a

nos feos ou

a

notre attentlOn.

.

,--