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CHA

la

plus édaircie.

Omrus homints beoti tj[e volunt

;

iát¡uA

U'fUJn

ardentiffimo

amore appetunt

;

_&

profter

h.oc

caJttra quaJcumque

oppttunt.

C 'eíl: le en de

_1

hu–

manité ; c'eíl: la pente de .la narure ; &

fu¡v~nt

J'obfervation du favant éveque de Meaux ,

fa.mt

Auguíl:in ne parle pas d't¡n

iníl:in~

a ve_ugle ; car

()n ne .peut deGrer ce, qu

o~

ne ,fa•t pomt ·,.

&

on

ne peut ignorer ce qu

~

fa1t qu on veut. L 1llufue

archeveque de Cambra1 , écriv ant fur cet endroit

de faint Auguíl:in, croyoit que ce pere n 'avoit en

vue que la

~éatirude

naturell":. M_ais qu'imp.ortc;: ,

lui répliqu<;Ht M. BotTuet -? pmfqu'•l.

d~meure

t<:u–

(ours pour mconteíl:able, felon le prmc1pe de famt

Auguíl:in qu'on ne peut fe defmtéretTer au point

de perdre' dans un feul aéle, que! qu'il foit, la vo–

lonré d'etre heureux , par laquelle on veut toute

chofe. La cliftinaion de M. de Fenelon doit fur–

prendre. Il eíl: évident que ce príncipe,

l'Homme

chercke en toza

a

ft

rendre. lzeureu.x

:1

une fois avoiié'

il

a la meme ardeur pour la béatitude furnaturelle

que pour la béatitude naturelle : il fuffit que la pre–

miere lui foit connue

&

démontrée. Qu'on Ínter–

roge en effet fon propre creur, car notre cceur peut

ici nous repréfenter celui de tous les hommes · qu'on

écoute le fentiment intérieur; & l'on verra que la

vlie du bonheur accompagne les hommes dans les

occaGons les plus contraires au bonheur meme. Le

farouche Anglois qui fe défait' veut etre heureux ;

le bramine qui fe macere, veut etre heureux; le cour–

tifan qui fe .rend efclave, veut erre heureux; la mul–

titude, la cliverGté

&

la

bifarrerie des voyes, ne dé–

montrent

qu~

mieux l'unité du but.

En effet, comment fe détacheroit-on du feul bien

'qu'on veuille nécetTairement ? En y renons:ant for–

mellement? cela eíl...i!npollible. En en fa ifant abf–

traaion ? cette abfuaélion fermera 1es yeux

tll1

mo–

ment fur la fin ; mais cette

fin

n'en Cera pas moins

réelle. L'artiíle qui travaille , n'a pas tof1jours Con

but préfent, quoique toute fa manceuvre y foit diri–

gée. Mais je dis plus;

&

je prétends que celui qui

produit un aéle d'amour de Dieu, n'en fauroit fépa–

rer le deGr de la joiütTance : en effet, ce font les deux

objets les plus étroitement unis. La religion ne les fé–

pare jamais ; elle les ratTemble dans toutes fes prieres.

L'abílraélion momentanée Cera , G l'on veut, daos

l'efprit ; mais elle ne Cera jamais dans le cceur. Le

cceur ne fait point d'abílrafrion,

&

il s'agit ici d'un

mouvement du cceur

&

non d'une opération de l'ef–

p rit.S. Thomas qui s'eíl

diílin~u'é

par Con grand fens

d ans un fiecle oi1fes rivaux,qm ne le font plus depuis

long-tems, avoient mis

a

la mode des fubtilirés pué–

riles, clifoit

:Ji

D ieu n 'étoit pas tout le hien de l 'hom–

me

>

il

ru,

luiflroit pas l'unique rai:fon d

1

aimer.

Et ail–

leurs ..:

il

ejleoute

la rai.fon

d'

aimer, paru

qu'

il efl

tout

le hien de l 'lwmme.

L 'amour pré fent

&

le bonheur

f•

tur font, comme on voit, toujours tmis ehez ce

doéleur de l'école.

Mais, dira-t-on peut-etre, quand nous ignorerions

que Dieu peut

&

veut no us rendre heureux , ne

pourrions-nous pas nous elevcr

a

fon amour par la

c omemplatioo feule de fes perfeaions infinies? je

réponds qu'il eíl impo/Iible d'aimer un D ieu fans le

v oir comme un Etre infiniment parfait ;

&

qu'il eíl

impoffihle de le voir comme un Erre infi.nimen t par–

fait, fans atre convaíncu qu'il peut

&

veut notre

'\Jonheur.

~'e!l:-ce

pas , dit M. BotTuet , une partie de

f~

perfeaion

d'~1re

libéral , bienfaifa nt, miféricor–

d•eux, aureur de tour bien ? y a·t-il quelqu'un qui

pmí[~

exclure par abíl:raaion ces attributs de 1'idée

d e 1Etre parfait? Non fans doute: cependant accor–

aons-1~;

conven_ons qu'on puitTe choiftr entre les

~erfeaio':'s

de Du;u pour C9bjet de fa contempla–

n on, fon tmmenfire , fon éternitoé fa prefcien e

&c.

celles en un mot qtti n'ont rien de commun

av~c

la

CHA

liaifon du ·créateur

&

de la créamre ;

&

re

rend~e '

pour ainG dire, fous ce point de vue , l'Etre

fupr~

me , érranger

a

foi- meme. Que s'enfuit -

il

de-la ?

de l'admiration , de l'étonnement, mais non de l'a–

mour. L'efprit fera confondu, mais le cceur ne fera

point touché. At.úli ce D ieu mutilé par des

abíl:rac~

tions ?'eíl:-il que ;a

c~éauu:e

de l'imagination,

&

non

le Createur de l Uruvers.

D 'oi1il s'enfuit que Dieu devient l'objet de notre

amour ou de notre admiration, felon la narure des

a~tri~uts

infi.nis dont nous fa ifons l'objet de notre mé–

dltatwn;

qu'~ntre

ces attributs , il n'y a proprement

que ceux qm conlliruent la liaífon du C réateur

a

la

créature, qui excitent en nous des fentimens d'a...

mour. Que ces fenrimens font tellement in féparahles

de la vfle du bonheur,

&

la

charúi

tellemenr unic

avec le pench ant

a

la joiütTance' qu'on ne peut éloi–

gner ces cha fes que par des hypothefes chimériques

hors de la nature, fautTes dans la fpécularion, dange–

reufes d¡ms la pratique.Que le fentiment!l'amour peut

occafionner en nous de bons defrrs,

&

nous porter

a

des aélions excellentes ; influer en partie

&

meme en

tout fur notre conduite; animer notre v ie , fans que

nous en ayons fans cetTe une perception diíl:inae

&

préfente ;

&

cela par une infinité de raifons, donr je

~e

conte,r¡terai de rapporter celle-ci, qui ell: d'expé–

nence : e eíl: que ne pouvant par la foibletTe de notre

nature partager notre entendement'

&

erre

a

diffé–

rentes ebofes

a

la fois, nous perdons nécetTairement

les motifs de vue, quand nous fommes un peu forre–

ment occupés des circoníl:ances de l'aaion. Qu'entre.

les motifs loiiables de nos aélions, il y en a de natu–

rels & de fmnaturels;

&

entre les furnaturels , d'au–

tres que la

charid

proprement elite. Que les motifs

naturels loiiables , tels que la commifération, l'amour

de la patrie> le

coura~e,

l'honneur ,

&c.

coniill:ant

dans un légitime exerclCe des facultés que D ieu a mi–

fes en nous ,

&

dont nous faifons alors un bon ufage

>

ces motifs rendent les

aaio~

du Payen dignes ae ré–

compenfe dans ce monde , paree qu il eíl de la jufi:ice

de Dieu de ne laitTer aucun bien fans récompenfe ,

&

que le Payen ne peut erre récompenfé dans l'au–

tre monde. Que penfer que les aaions du Chrérien

qtü n'auront qu'un mo tif naturel loiiable, lui feront

méritoires dans l'autre monde, par un privilége par–

ticulier

a

fa condirion de Chrétien ,

&

que c'eíl:-la

un des avanrages

qui

lui re · nnenr de {a participa–

tion aux mérires de J. C . ce oit s'approcher beau–

coup du Sémi- Pélagianifme ; qu'il y aura lurement

des Chrétiens qui n'ayant pour eux que de bonnes

aélions naturelles , telles qu'elles auroient été fai tes

par un honnete Payen, ne feront récompenfés que

dans ce monde, comme s'ils avoienr vé!cu fous , le

joug duPaganifme. Q ue les motifs narurels

&

fur–

naturels ne s'excluent poinr; que nous ne pouvons

cependant avoir en meme tems la perception nette

&

el

aire de plufieurs motifs

a

la fois; qu'il ne dépend.

nullement de nous d'.ótablir une priorité d'ordr e en–

tre les perceptions de ces mot.ifs: que,

mal~ré

que

nous en ayons, tantot un morif naturel precédera

ou (era précédé d'li!1 morif furnaturel, tanto t l'hu–

manité agira la premiere , tantot ce fera la

charitl.

Q ue , quoiqu'on ne puitTe étabhr entre les moriiS

d'une aélion l'ordre de perception qu'on déGreroit,

le <;:hrérien peut toujours patTer d'un de fes motifs

a

u n autre, fe les rappeller

fucce/Iive"!en~,

8;

!es

fanc~

tifier. Q ue c'e!l: cene efpece d'exerc1ce wteneur qut

coníl:itue l'homme rendre

&

l'homme religieux; qu'il

ajoure, quand il eíl lihre

&

p~JTwl;. '

un haut degré

de perfeaion aux aaions: malS qu 11 y a

~es

occa–

fions ob. l'aélion fuit G promptemenr la prefence du

motif, que cet exercice ne devient prefque pas po!–

úble. Qu'alo"rs l'aélic;m

e~.

tres-bonne, que! que fmt

celui d'entre les motifs louables , naturels, ou furna-