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ART
lefqueUes on fait paifer ou l'écorce du chanvre , OH la
coquc du ver,avant que d'enobtenir
1m.
fil
qu'on puiífe
employer
a
1 'ouvrage ? Quelle pro¡eEhon plus belle ,
plus délicate & plus finguliere que celle d'un deílein
(ur les cordes d'un (ample,& des cordes du fample Itu'
les ñls d'une chalne ? qu'a-t-on imaginé en quelque
genre que ce foit , qui mont;e
pl~s
?e ltl.btili!é
q~e
le chiner des
velour~
?
J
e n aurOls ¡amals
falt.fiJC
m'impofois la tache de parcourir roures les merveil–
les qui ffapperont dans les manufaétures ceux qui n'y
poneronr pas des yeux prevenus , ou des yeux fru-
pides.
.
hil
r
I
An
1 ., ..
Je m'arrereral avec le p OIOp le g 01Sa trols
111-
ventions, donr les anciens n:om pomr eu connoilian–
ce
&
dont
a
la honte de l'hlaOlre
&
de la podie mo–
de;nes , les noms des invenreurs font prelque igno–
rés: je veux parler de
l'Are
d'lmpllmer, de la décou–
verte de la poudre
a
canon,
&
de
Id
propneté de l'ai–
guille aimantée. QueIle révolution ces découv rtes
n'onr-elles pas occa(¡onnée dans la répuulilllle des
Lettres dans l'
Are
militaire,
&
dans la Marine? L'ai–
guille ; imantée a conduit nos vaiffeaux
jufqu>al~x
ré–
gions les plus ignorées ; les caraEl:eres typogl aphiques
ont étdbli une correfpondance de lunueres entre .Ies
(avans de tollS les lieux
&
de touS les tems
a
vel1lr ;
&
la poudre
i\
canona
~ait ~altre
rous ces
che~s-d'ceu
vres d'architeEl:ure
ql.lldefende?t nos frontleres
&
celles de nos ennemis : ces tr01S
Ares
ont prefqlle
changé la face de la terreo
ReQdons enlin aux Artifres la jufrice qui leur efr
dIle. Les
Ares libéraux
fe fonr aífez chantés ellx-me–
mes; i1s pourroient employer maintenant ce qll'ils
ont de voix
i\
célébrer les
Ares mécILamques.
C'ell: allX
Ares lib¿raux
a
tirer les
Ares mJchaniques
de l'aviliífe–
menr 011 le pri jugé les a renus
ú
long-tems; c'ea
a
la proteEl:ion des rois
a
les garantir d'une indigence
oh ils langlliífent encore. Les
~rt.if~ns
fe font crus mé–
prifables, parce qll'on les a mepnfes; apprenons-leur
a
mienx penfer d'eux-memes: c'ea le feul moyen
d'en obtenir des prodllEl:ions plus parfaites. Ql1'il [orre
du fein des AcaMmies quelqu'homme qui defcende
dans les atteliers, ([ui y recueille les phénomenes
des
Ares,
&
qui-nous les expofe dans un ouvrage
qui détermine les Artiaes a Iire, les Philofophes
a
penfer utilement,
&
les Grands
a
faire enfin un ufage
utile de leur autorité
&
de leurs récompenfes.
Un avis que nous oferons donner aux favans, c'ea
de pratiquer ce qll'i1S nOllSenfeignent eux - memes ,
qu'on ne doit pas juger des chofes avec trop de pré–
cipitation,
ni
pro{crire une invention comme inutile,
parce qtl'elle n'aura pas dans Con origine tollS les avan–
tages qtl'on 'poun'oit en exiger. Montagne, cet hom–
me d'ailleurs fi philofophe, ne rougiroit-il pas s'il reve–
noit parmi nous , d'avoir écrit,
que les armes
ti
fw [ont
de
ji
pead'effee ,faufl'élonnemenl des oreilles
,
ti
quoi ella·
cun
11
déJormais apprivoifé , qll'il ejpue qu'on en quitara
l'ufage.
N'auroit- il pas montré plus de (ageífe a en–
courager les arquebufiers de (on tems
a
{ubaituer a
la meche
&
au roiiet c¡uelque machine qui répondit
a I'aébvité de la poudre,
&
plus de fagacité
a
pré–
dire que cette machine s'inventeroit un jom? Mettez
Bacon
a
la place de Montagne,
&
vous verrez ce pre–
mier confidérer en philofophe la nature de I'agem,
&
prophérifer , s'il m'ea permis de le c!ire , les grena–
des, les mines, les canons, les bombes ,
&
tout l'ap–
pareil de la Pyrothecnie militaire.
Mai~
Montagne
n'ea
pas le feul philofophe qui ait porté (ur la poffi–
bilité ou l'impoffibilité des machines , un jugemem
précipité. D efcartes, ce génie extraordinaire né pour
égarer
&
pour conduire,
&
d'autres qui valoient bien
l'auteur de
EJfais ,
n'ont-ils pas prononcé qtle le mi–
ro~r
d'Archimec!e étoit une fable
?
cependam ce mi–
rOlr
ea
expo(é
a
la vlle de tous les {avans au Jardin
dl1 Roí,
&
les ef!' ts qu'il
y
opere entre les mains de
ART
M. de Buffon qtli l'a retrouvé, ne nous permettent
plus de douter de ceux qu'il opéroit fur les murs de
Syracufe entre les mains d'Archimede. De fi grands
exemples útffi(ent pour nous rendre circon/peEl:s.
Nous inviton les Artifres 11 prendre de leur coté
confeil des favans ,
&
a ne pas lai/l'cr périr avec eux
les découvertes qu'ils feront. Qu'ils fachent 9ue
c'ea
fe rendre coupable d'un larcin envers la (ocieté, qtle
de renfermer un fecret utile ;
&
qtl'il n'eíl: pas moins
vil de pr 'férer en ces occaf:ons l'intérer d'un feul
i\
I'intérí!t de tous , qu'en cenr autres 011 ils ne balance–
roient pas eux - memes 11 prononcer. S'ils (e rendent
communicatifs , on
les
débarraífera de plufieurs pré–
jugés ,
&
fur- tout de celui Oll ils font prefque tous,
que lem
Are
a acquis le dernier degré de perfefrion.
Leur peu de lumieres les expofe louvent
a
rejerter
fur la naulre des chofes, un dé autqui n'eaqu'en eux–
memes. Les obfracles leur paroiífent invincibles des
Cfu'ils ignorent les moyens de les vaincre. Qu'ils fa[–
¡em des expériences ; que dans ces expériences cha–
cun y merte du fien; quel'Artiae y foit pour la main–
d'ceuvre; ['Académlcien pour les lumieres
&
les con–
leils ,
&
I'homme opulem pour le prix des matieres ,
des peines
&
du tems ;
&
bienrot nos
Am
&
nos ma–
nufaEl:ures auront [ur celles des étrangers toute la fu–
périorité que nous defirons.
DelafupériorieJd'une mamgaélureJitr une artere.
Mais
ce qui dOl1llera la fl'périorité a une manufaEl:ure fur
une autre, ce (era (ur-tout la bonré des matieres qu'on
y
employera , jointe
a
la célériré du travad
&
a
la per–
feLiion de l'ouvrage. Quant a la bonté des matieres ,
c'eíl: une affaire d'in{peétion. Pour la célérité du tra–
vail
&
la perfeébon de l'ouvrage, elles dépendent en–
tieremcnt de la multitude des ouvriers raífemblés.
Lorfqu'une manufaEl:ure
ea
nombreufe , chaque opé–
ration occupe un homme différent. Tel ouvrier ne
fait
&
ne [era de fa vie qu'une feule
&
unique chofe;
tel autre , une autre chole : d'otl
iI
arrive que chacu–
ne s'exécute bien
&
prQmptement ,
&
que l'ouv:rage
le mieux fait
ea
encore celui qu'on a a meilleur mar–
ché. D'ailleurs le gOltt
&
la
fa~on
(e perfeEl:ionnent
néceífairement entre un grand nombre d'ouvriers,
parce qtl'il
ea
diflicile qtt 'i1 ne s'en rencontre quel–
ques-uns capables de réfléchir, de combiner ,
&
de
trouver enlin le leul moyen qui puiífe les mettre au–
deifus de leurs (emblables ; le moyen ou d'épargner
la matiere, ou d'allonger le tems , ou de (urfaire l'in–
duarie, foit par une machine nouvelle, foit par une
manceuvre plus commode. Si les manufaEl:ures étran–
geres ne l'emportent pas fur nos manufaEl:ures de
Lyon, ce n'efr pas qu'on ignore ailleurs comment on
travaille-la ; on a par-tour les memes métiers , les me–
mes fojes ,
&
a
peu pr' s les memes pratiqtles: mais
ce n'ea qu'a Lyon qu'il y a 30000 ouvriers raílemblés
&
s'occupant tous de l'emploi de la meme mariere.
Nous pourrions encore allonger cet amele: mais ce
que nous venons de <lire, joint a ce qu'on trouvera
dans notre Difcours préliminaire, (uffira pour ceux
qui favem penfer ,
&
nou n'en aurions jamais aífez
dit pour les autres. On y rencontrera peut- etre des
endroits c!'une métaphyfiqtle un peu forte: mais il
étoir impoffible que cela mt autrement. Nous avions
a
parler de ce c¡ui concerne l'
Are
en général ; nos pro–
pofitions devoient donc etre générales : mais le bon
lens dit, qu'une propofirion eíl: d'autam plus abll;rai–
te, qu'elle
ea
plus générale , l'abaraEl:ion confiíl:ant
a
étendre une vérité en écartant de fon énonciation
les termes qui la particularilent. Si nous avions
pu
épargner ces épines au leEl:eur, nOlls nous ferions
épargné bien du travail
a
nOlls-memes.
ART DES ESPRITS,
ou
ART ANG ELIQUE , moyen
+
fllperairieux pour acqpérir la connoiífance de tout
ce C¡lI'on vellt favoir avec le fecours de (on ange gar–
dien , ou de qu IClu'aurre bon ange. On clillingue