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688

taires

de

ces tems-I1t. On y acquércit cette jullea'e

de bien diriger la lance dans la conde de

l~

bague,

.&

dans qnelqnes autres exercices. Les bleflures que

'les chevaliers remportoient alors des combats , n'

é–

'toient d10rdinaire que des cp nttdions? caufée.s , ou

,par les c'oups de maífue Cju'on leu.r dechargeolt, ou

_par de violens coups'de labre,

qt~l

[at.¡ífOlent ,qnel–

quefois 1?armure ;

&

rarement etolent-ds ble{fes jtÚ–

<Iu'au fang : ainfi ceux qui étoient les plus robulles

&

les plus [orts pour porter leurs

armes

tres-pefan–

tes,?u pour art'ener, ou pour

fOlltel~r

mieux un coup,

aVOlent 1'avantage ; de forte qu alors

l~

force d,u

torps entroit beaucoup plus dans les quahtes du he–

ros, qu'aujourd'hui.

"Quant aux hCiln'lmes de cheva! , dit Fauchet,

., ils chau{foient des chau{fes de mailles, des éperons

" a

molettes , auffi larges

qu~

la paume de la main ;

" car c'eíl: un vieux mot que le chevalier commence

" a

s'armer par les chau{fes; puis on donnoit

~1I1

go–

"bi{fon .... c'étoir un vetement long jufque (ur les

" cuiíres,

&

conrrepointé : de{fus ce gobiíron ils

" avoient une chemiie demailles.longueju

{qu.au

>1

deflous des gen9ux, appel1ée

auber,

ou

/zallber,

du

), mot

albltS

,

pour ce que les mailles de fer bien po–

>1

lies, forbies,

&

rellli{antes, en fembloient plus

), blanches. A ces chemifes étoient coufuesles chau[–

" fes, ce difent les annales de France, en parlant

"de Renaud, comte de Dammartin, combattant

»

a la bataille de Bovines. Un capuehon ou coelfe,

), auffi de mailles , y tenoit , pour mettre auffi la tete

>1

dedans; lequel capuchon fe rejettoit derriere, apres

" que le chevalier s'étoit oté le heaulme,

&

quand

" ils vouloient fe rafraicrur fans oter tout leur har–

>lnois; ainfi que l'on voit dans plufieurs fepultures,

"le hauberou brugne, ceint d'une ceinttlre en lar–

"

~e

courroie . . . . . & pour derniere arme dé–

" fenfive

~1I1

elme ou haulme, fait de plufieurs pieces

" de fer élevées en pointe, & lequel couvroit la te–

,,·te , le vi[age, & le chinon du cou, avec la vifiere

>1

&

ventaille , qui ont pris leur nom de

vrle ,

& de

')

'JItnt,

lefquels pOllvoient s'élever

&

s'abaiírer pour

>1

prendre vent & haleine ; ce néanmoins fort poi–

>1

fant ,

&

fi malai{é, que Cjuelquefois un ,oup bien

" a{fené au nafal , ventaille, ou vifiere , tournoit le

" devant derriere, comme

il

avint en laditte bataille

,) de Bovines a tin chevalier

Fran~ois

..... De–

,) puis, quand les heaulmes ont mieux repréfenté la

" tete d'un homme, ils furent

nommésbourguignous,

" poflible a caufe des Bourguignons inventeurs; par

;, les ltaliens

ftrlades ,

ou

cela¿~s

armets

. . . .

Leltr

" cheval étoit volontiers hou{fé, c'ell-a-dil'e , cou–

" vert, &

capara~onné

de foie, aux armes & bla–

" Con du chevalier ,

&

pour la guelTe ,.de cuir bouil–

" li , ou de bandes de fer

/l.

Cette maniere de s'armer tout de fel' a dmé long–

te!l1S en France;

&

elle étoit encOre en ufage fous

Louis XIII. parce qu'il y avoit peu de tems qu'on

avoit ceíré de fe [el'vir de la lance dans les atmées.

01'

c'étoit une néceffité dé s'almel' de la forte contre

cette efpece

el'arme,

dont on ne pouvoit fe parer

que par la réfiíl:ance d'une forte armlll'e. Sttr la fin

du regne de Louis XIII. notTe cavalerie étoit en–

core armée de meme pour la plílpart; car voici com–

me en parle un officier de ce tems-lil, qui impTima

un livre des principes de I'art militaire en 164

I.

" Ils font fi bien armés, dit-il, ( nos gens de che–

" val) qu'il n'eíl: pas be[oin de parler d'autTes armes;

" car ils ont la cllira{fe il l'epreuve de l'arquebufe,

" &

les ta{fettes, genollillieres, hau{fecols ,.brail'arts,

"

~antelets,

avec la falade, dont lavifiere s'éleve en–

» ham, &fait unebelle montre ... .. c¡u'illes faut ar–

" mer

a

cm & fans caf.'lc¡ues ; cal' cela a bien plus

"

?el~~

montre,

&

pOurvll que la cuiraíre foit bonne ,

t,

il

n lmporte

du

reite. Il feroit bon que [eulement la

A

R'~1

" premicre origade qui feroit au premierrang, el!t

des

"

lam~s

avec des piitolets : caT cela feroit un grand

" elfort , {oit anx hommes , foit aux chevaux des en–

>1

nemis: mais il faudroit que ces lanciers la fu{fent

>1

bien adroits ; autrement ils nuifent plus qu'ils ne

fer~

»

vent

>l.

Or il n'y en avoit plus guere qlÚ fu{fent alors

fort adroits dans l'exercice de la lance.

Les chevaux avoient aufli dans les anciens tems

leurs armes défen!ives. On les couvroit d'abord de

cuir; on fe contenta enfuite de les couvrir de lames

de fer fur la tete; & le poitrail feulement,

&

les

flancs, de cuir bouilli,

Ces

armes défenfives du che–

val s'appelloient des

bardes,

& un cheval ainfi anné

s'appelloit

un cheyal bardé.

On voit des figures de ces

chevaux ainfi armes & bardés , dans les anciennes

tapi{feries , & en plufleurs autres lTI.9numens. Cette

couvertme, dit le préfident Fauchet, étoit de cuir

011 de fer. Mais la chroniqne de Cefinar , fous l'an

12.98 ,

parlant des chevaux de bataille , dit que ces

couvertures étoient comme les haubers , faites ele

mailles de fer.

Hi

e'lui coopmi fuemnt cooperturis fir–

reis

,

id eft

,

vefte

&

ferreis circutis contexta;

mais cela

n'étoit pas général. Par une lettre de Philippec\c-Bel

datee du

2.0

Janvier 1303, all bailli d'Orleans,

il

ell:

ordonné que ceux qui avoient cinc¡ cens livTes ele re'

venu dans ce royaume , en terres , aideroíent el'un

gentilhomme

bien armé,

&

bim monté

d'un cheval

de cinquante livres tomnois,

&

couyert de COlwerUlre

defir

,

ou couyerture de pourpoillte.

Et le roi Jcan dans

fes lemes du mois d'Aout 13)3 , écrit aux bourgeois

& aux habitans de Nevers, de Chaumont-en-Bafti–

gni, & autres villes,. qu'ils eu{fent a .:!nvoyeT a Com–

piegne , a la quinzaine de Pilque, le plus grand nom–

bre d'hommes & de chevaux

couyerts de mailles

qu'ils

pourroient , pour marcher contre le roi el'Angle–

terreoD epuis on fe contenta de leurs couvrir la tete

&

le poitrail de lames de fer ,

&

les flancs de cuir

bouilli.

Il

eit

fait encore mention de cette armltre dans

une ordonnance de Henri

n. "

Ledit homme d'

armes

k'

[era tenu de porter arme petit & grand, gai'de–

" bras, cltira{fe , cui{fots , devant de greves , avec

" une groíre

&

forte lance; & entretienclra quatre

" chevaux, & les deux de fervice pour la guerre,

" dont I'un aura le elevan! garni de bardes, avec le

" chamfrain

&

les flancois ;

&

bon lui [emble ama

" un pil1:01et a

l'ar~on

de la [elle. '/ C'étoient ces flan–

cois, c'ell-a-dire , ce qui couvroit les flanes du che–

val, qui étoient de cnir bouilli. Les feigneurs al'·

moient {ouvent ces flancois de leurs écul[ons ; nos

Rois les femoient fouvent de fleurs-de-lis , & quel–

quefois de quelques pieces des armoiries d'l1n pays

conquis.

Le

c/zam/rain

qui étoit de métal , ou ele cuir bouil.

li , fervoit encore d'arme défcnfive au cheval ; ¡llui

couvroit la tete par-devant , & c'étoit comme une

efpece de ma(que qu 'on y ajulloit. Il y en a IIn de

cuir bouilli au magafin d'armes de l'Arfem¡1 de Paris.

Il y a dans le milieu un fer ronel

&

large ,

&

qui fe

termine en pointe a{fez longue ; c'étoit pour percer

tout ce qui fe pré[enteroit,

&

tout ce que la tete du

cheval choqlleroit. L'ufage de cette armure du che–

val étoit contre la lance,

&

depuis contre le pifiolet.

Les feignellrs

Fran~ois

fe piquoient fon de magnifi–

cence [ur cet article. Tl eíl: rapporté dans l'hiíl:oire

de Charles VII. que le comte de S. PoI au (lége de

Harfleur, I'an 1449, avoit un chamfillin

a

fon che–

val

d'armes;

c'eft-il-dire, a (on cheval de bataille;

prifé trente mille écus. Il falloit qu'il fUt non-feule–

ment d'or, mais encore merveilleti[ement travaillé.

Il eft eneore marqué dans l'hilloire dll meme roi ,

qll'apres la prife de Bayonne par l'arrnée ele ce prin–

ce, le comte de Foix en entrant dans la place, avoit

la tete de ron ,heva! couverte d'tm charnfrain el'a-

cier,