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ARI

traíts (atyriques qu'ils

lan~oient

contre tous ceuX

dont le ménte les ble1!oir;

&

ils en appellenr

a

Ammonius, lequel rapporte cet orade d'Apollon

qui lui fut adre1fé :

Alte{

ti

At!lelUs,

&

étudie{

.pe!ft–

,,'ramment La Plulofophte; 'Vous aure{ pLus bejoin d'é–

ere

retmu

que d'Jere pouJle.

Il falloit que les oracles

fullent alors bien oiíifs, pour répondre

a

de pareil–

les int rrogaúons.

La grande réputation que PIRton s'étoit acqui[e,

engageoit tous les étrangers

a

[e mettre fous [a difci·

pline. Ari1l:ote vint done

a

l'Acadérnie: mais des les

premiers jours il ypanlt moinsen difciplequ'en génie

1l1périeur. 11

devan~a

tous ceux qui étudioient avec

lui; on ne I'appelloit que

l'eJPrit

ou

l'

intelligence.Il

joignoít

11

fes talens naturels une ardeur infatiable de

tout (avolr , une leélure immenfe, qui lui faifoir par·

courir tous les livres des ancíens. Sa pa1Iion pour les

livres alla

íi

loin, qu'il acheta jufqu'a (rois talens

les livres de SpeuJippe. Strabon dit de lui qu'il penía

le premier a te faire une bibliothec¡ue. Sa vafie lit–

térature parolt all"ez dans les ouvrages qui nous ref–

tent de lui. Combien d'opinions des anciens a-t-il

arrachées

a

l'oubli dans lequel elles feroient aujour–

¿'hui enfevelies , s'il ne les en avoit retirées ,

&

5'il

ne les avoit expo[ées dans [es livres avee autant de

jugement que de variété. Il feroít a fouhaiter que

fa bonne foi dans leltr expoJition

égal~t

fa grande

érudition. Si nous nous en rapportons

11

Ammonius,

il de lOcura pendant vingt ¡lns [ous la difcipline de

PIaron, dont il honora la mémoire par un autel qu'il

lui érigea,

&

fur lequc1 il fir graver ces deux vers :

GratltS Arijloteles ftruit

!loe

altare PLatoni,

Que", wrhre injuflre 'Vel celebrare nejas.

Il y a bien d'autres preuves de fon amolll' envets

fon maltre, témoin l'oraifon funebre qu'il compo–

fa pour lui,

&

mille épigrammes dans lefquelles il

a rendu jufrice a (es grands talens. Mais il y en a

<¡ui prétendent que touS ces témoignages de l'atta–

chement d'Ari1l:ote [ont démentis par la brouillerie

<lui s'éleva entre lui

&

PIaron. En effet, le maltre

fe failoit fouvent un plaifu de morrifier ron difcipLe.

I1lui reprochoit entr'autres cho[es trop d'affeétation

dans fes di(eolus,

&

trop de magnificence dans fes

habits. Arifiote de ion coté ne celloir de railler [on

maitre,

&

de le piquer dans toutes les occaflOns

<¡ui fe préfentoient. Ces méúnteUigences allerent Ji

loin, que Platon lui préféra Xénocrate, Speuúppe,

Amidas,

&

d'autres qu'il affeéla de mieLL'I: rece–

voir que lui,

&

pour lefquels il n'eut rien de fe–

cret. On rapporte meme qu'Ari1l:ote prit le tems 011

Xénocrate étoit allé faire un voyage dans fon pays,

])our rendre viJite

11

Platon , étant efcorté d'un grand

nombre de di[ciples; qu'il profita de I'abfence de

peuJippe, qui étoit alors malade , pour provo–

quer

11

la di{pute Platon

a

qui ron grand

~ge

avoit

oté la mémoire; qn'il lui lit mille queftions fophif–

tiques, plus embarraífantes les unes que les autres ;

qtl'ill'enve!oppa adroitementdans lesInéges[éduifans

de fa fubtile dialeétique,

&

qu'ill'obligea

¡\

lui aban–

donner le champ de bataiLle. On ajoftte que Xéno–

crate étant revenn trois mois apres de fon voyage ,

fut fort {urpris de trouver Arifiote

11

la place de Ion

maltre; qu'il en demanda la raifon;

&

fur ce qu'on

lui répondit que Platon avoit été forcé de céder le

lieu de la promenade, qu'il étoit alié trollver Platon,

qu'il l'avoit

vil

environné d'nn grand nombre de

aens

fort ell:imés avec lefqtlels il s'entretenoit pai-

1íblement de quell:ions philofophiques; qu'il I'avoit

falué tres.repeéhleufement, fans lui donner aucune

~arque

de (on étonnement : maisqu'ayant a{femblé

les compagnons d'etude , il avoir faita p uJippe de

grands reproches d'avoir ainú laiffé Ariaote rnaitre

A R I

du champ de bataille ; qu'il avoit attaqué Ariftote,

&

qu'il I'avoit obligé de céd r a fon tOlU une place

dont Platon étoit plus digne que lui.

D'autres difent que Platon fm vivement piqtlé ;

qtle de fon vivant Arifiote fe

fUt

fait chef de parti,

&

qu'il eut érigé dans le Lycée une feéle entiere–

ment oppofée

a

la {jenne. Il le comparoit a

ces

en–

fans vigoureux, qui b,lttenr leurs nourrices apres s'e–

tre nourris de leur lait. L'auteur de

tous

ces bnlits

Ít

defavantagem(

a

la réputation d'Ariftote, efi un cer–

tain Krifioxene , que I'efplit de vengcance anima

contre lui , felon le rapport de Suidas , paree qtl'iL

lui avoit préferé Théophrafie, qu'il avoit déJigné

pour etre Ion fuccefI'eur. · Il n'efi ljoint vrai{fembla–

ble, comme le remarque fort bien Ammonius, qu'A–

rillQte ait ofé chailer Platon du lieu 011 il enfeignoit,

pour s'en rendre le maitre,

&

qu'il ait formé de fon

vivant une feéte contraire

a

la úenne. Le grand cré–

dit de Chabrias

&

deTimothée, 9ui tous deux avoient

été

11

la tete des armées,

&

qui etoient parens de Pla–

ton, auroit arreté une entreprife

Ji

audacieufe. Bien

loin qu'Arifiore ait été un rébelle qui ait ofé combat–

tre la doétrine de Platon pendant qu'iJ vivoit, nous

voyons que meme depuis [¡l mort il a toujOl¡rS parlé

de lui en termes quí marquoient combien i11'eaimoit.

II

ea

vrai que la feéle Péripateticienne ea bien 0p–

pofée a la Leéle Académique: mais on ne prouvera

jamais qu'eUe foit née avant la mort de Platon. Et

Ít

ArifiQte a abandOnné Platon, il n'a fait que joiiir du

. droit des phüofophes; il a fait céder I'amitié qu'iL

devoir

11

fon maio'e,

a

l'atnour qu'on doit encore

plus a la vérité. Il peur (e faire pourtant, que dans

l'ardeur de la di[¡mte il n'ait pas a{fez menagé fon .

maitre: mais on le peut pardonner au feu de fa jeu–

ne{fe,

&

a

cette grande vivaeité d'efprit qui l'emporo

toit au-del¡\ des bornes d'uue ¿¡fpute modérée.

Platoo en mourant lai{fa le gouvernement de 1'a–

cadémie ¡\ SpeuJippe foo neveu. Choqué de cette

préférence, Ariaore prit le parti de voyager,

&

il

parcourut les principales villes de la Crcce, fe fami–

liarifant avec tous ceux de qui

iI

pouvoit tirer que!–

que infiruélion; ne dédaignant pas meme cette forre

de gens qui font de la volllpté toure Icur occupation,

&

qui plaifent du-moios, s'i1s n'infullifent.

Dur-ant le cours de [es voyages , Philippe, roi de

Macédoine

&

jufte appréciateur du mérite des hom–

mes, lui manda que fon de{fein étoit de le charger de

l'éducatioo de fon fils.

«le

rends moins graces aux

»

dieux, lui écrivoit-il, de me l'avoir donné, que

" de l'avoir fair naltre pendant votre vie; je compte

»

que par vos confeils il deviendra digne de vous

&

" de moi."

Aul. Gel!. Lib. IX.

Quel honneur pour

un philofophe, que de voir fon nom lié avee ccluj

d'un héros tel que celui d'Alexandre le Crand!

&

qtlelle récompenfe plus flatteufe de fes [oins, que

d'entendre ce

m~me

héros répeter fouvent: "Je dois

" le joar a mon pere, mais je dois a mon préceptellt

»l'art de me condulre;

Ji

je regne avec quelque

" gloire, je lui en ai toute I'obligarion ".

II Y a apparence qu'Ariftote demeara a la cout

d'Alexandre,

&

Y joiüt de toures les

pr~rogatives

qui lui étoient dCles; jllfqu'a ce que ce pnnce, dcf–

tiné a conquérir la plus belle pame du monde , por–

ta la guerre en AJie. Le philofophe fe [entant inutile,

reprir alors le chemin d'Athenes. La il nlt

r~u

avec

une grande difiinélion,

&

on lui donna le Lycée pour

y fonder une nouvelle école de philofophie. Quoi–

que le (oin de fes études I'occllpat extremement,

i!

ne laiífoit pas d'entrer dans tous les mouvemens

&

dans toutes les qtlerelles qui agitoient alors les divers

Etats de la

Crece.

On le (oups:onne meme de n'avoir

point ignoré la malheureufe confpiration d'Antipa–

ter, qtLÍ fit empoifonner Alexandre

a

la flCltr de ron