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AQU

~voit;

les ftais immenfes employés

a

faire venir des

~aux

d'endroits éloignés de trente, quarante , foi–

xante,

&

mcme cent milles fur des arcades, ou con–

tinuées ou fuppléées par d'autres travaux, cornme

rles montagnes coupées

&

des roches percées ; tout

cela doit furprendre : on n'entreprend rien de fem–

blable aujourd'hui: on n'oferoit meme penfer

a

ache–

ter fi cherement la conunodité publique. On voit

-encore en divers endroits de la campagne de Rome de

grands reaes de ces

aqlleducs,

des ares continués dans

un long efpace, au.<leífus defquels étoient les canaux

qui portoient l'eau

a

la ville: ces arcs font quelque–

fois bas, quelquefois d'une grande hauteur, felon les

inégalités du terrein. 11 yen a

a

deux arcades l'une

{ur l'autre;

&

cela de crainte que la trop grande hau–

teur d 'lUJe feule arcade ne rendit la frruél:ure moins

{olide:

ils

font communément de briques fi bien ei–

mentées, qu'on a peine

a

en détacher des morceaux.

Quand I'élevation du terrein étoit énorme, on recou–

roit aux

aquedllcs

fOllterrains ;

ces aqueducs

portoient

les eaux a ceux qu'on avoit élevés fUI terre, dans les

fonds

&

les pentes des montagnes. Si l'eau ne pou–

voit avoir de la pente qu'en pa/rant au-travers d'une

roche, on la pers:oit

a

la hauteur de

I'aqueduc

fupé–

rieur : on en voit un femblable au-deífus de Tivoli ,

&

au lieu nommé

ricollaro.

Le canal qui formoit la

fuite de

I'aqueduc ,

ea coupé dansla roche vive I'ef–

pace de plus d'un

mill~,

fUI environ cinq piés de haut

&

quatre de large.

Une chofe digne de remarque,

c'ea

que ces

aque–

'¿ucs

qu 'on pouvoit conduire en droite ligne

a

la vil–

le, n'y parvenoient que par des finuofités fréquentes.

Les uns on dit qu'on avoit fuivi ces obliquités pour

éviter les frais d'arcades d'une hauteur extraordinai–

re : d'autres, qu'on s'étoit propofé de rompre la trop

grande impétuo/ité de l'eau qui , coulant en ligne

droite par un efpace immeqfe , aluoir tOlljOurS aug–

menté de viteífe , enrlommagé les canaux,

&

donné

une boiífon peu nette

&

mal-faine. Mais on deman–

de pourquoi y ayant une /i grande pente de la caf–

cade de Tivoli aRome, on ea alié prendre I'eau de

la meme riviere

a

vingt milles

&

davantage plus

haut ; que dis-je vingt milles, a plus de trente, en

y

comptant les détours d'un pays plein de montagnes.

On répond que la raifon d'avoir des eaux meilleures

&

plus pures fuffifoit aux Romains pour croire leurs

travaux nécelraires

&

leurs dépenfes juililiées ;

&

fi

1'0n conúdere d'ailleurs que I'eau du Teveron ea

chargée de parcies minérales,

&

n'ea pas faine, on

{era content de cette réponfe.

Si l'on jette les yeux fur la planche Z28

da

Ir.

lIolume des Antiqaids du

P. Montfaucon, on yerra

avec quelsfoins ces irnmenfes ouvrages étoient conf–

truits. On y laiífoit d'efpace en efpace des fOllpi–

raux, afin que fi I'eau venoit a etre arretée par que/–

que accident, elle put fe dégorger jlÚqu'¡'¡ ce qu'on

cut dégagé fon paífage. 11

t

avoit enaore dans le canal

meme de

I'aqueduc

des pum ou l'eau fe jettoit, fe re–

pofoit

&

déchargeoit fon limon,

&

des pifcines

o~

elle s'étendoit

&

fe purilioit.

L'

aqueduc

de l'

Aqua-Marcia

a l'arc de feize piés

d 'ouverttue: le tout eft compofé de trois différentes

fortes de pierres; l'une

rouge~tre

, l'antre brune ,

&

l'autre de couleur de terreo On voit en haut deux

canaux dont le plus élevé étoit de I'ean nouvelle du

Teveron ,

&

celui de deífous étoit de I'eau appellée

Ciaudúnne;

I'édilice entier a foixante

&

dix

piés ro·

mains de hautelu.

A coté de cet

aqueduc,

on a dans le P. Montfau–

con la coupe d'un autre a trois canaux; le fupérieur

e~"d'eau.'ulia,

celui dumilieu d'eau

Tepula,

&

l'in–

[eneur d eau

Marcia.

L'arc de

I'aqueduc

d'eau

Claudienne

eftde tres-belle

p,ierre de taille; ,elui

del'tI~lUdu,

d'eau

NirQnnlmne

"A

Q

U

ell de hoque; ils ont 1\10

&

I'autre foixante-do\ize

piés romains de hauteur.

Le canal de

l'aqueduc

qu'on appelloit

Aqua-Appia

mérite bien que nous en fallions mention par une '

fingularité qu'on

y

remarque; c'eft de n'etre pas uní

comme les autres , d'aller comme par degrés , en–

(orte qu'il ea beaucoup plus étroit en-bas qu'en-haut.

Le conful Frontin, qui avoit la direaion des

aque–

ducs

fous l'emperelU"Nerva, parle de neuf

aqueducs

qui avoient 13 594 tuyaux d'un pouce de diametre.

Vigerus obferve que dans l'erpace de :1.4 heures , Ro–

me recevoit 500000 muids d'eali>

Nous pourrions encore faire mention de

l'a'lueduc

8e Drufus

&

de celui de Rimini : mais nous nous

contenterons d'obferver ici qu'Augl.líle lit réparer

tous les

aqueducs;

&

nous paíferons enfuite a d'au"

tres monllmens dans le meme genre,

&

plus impor–

tans encore , de la magnílicence romaine.

Un de ces monumens

eal'aqueduc

de Metz, dont

il reae encore aujourd'hui un grand nombre d'arcíl'

des; ces areades traverfoient la Mofelle , riviere

grande

&

large en cet endroit. Les fources abondan·

tes de Gone fOluniífoient I'eau

a

la Naumachie ; ces

eaux s'alrembloient dans un réfervoir ; de -la elles

étoient conduites par des canallX fOllterra ins faits de

pierre de taille,

&

fi fpacieux 'fu'un homme y pou–

voit marcher droit : elles pa/[oient la Mofelle fl\\" ces

hautes

&

fuperbes areades qu'on voit encore

a

deux

lieues de Metz , fi bien mas:onnées

&

fi bien cimen–

tées, qu'excepté la partie dn milieu, que les glace9

ont emportées ,elles ont réfúlé

&

réfiaent aux inju–

res les plus violentes des faifons. De ces arcades ,

. d'autres

aqueducs

conduifoient les eaux allx bains

&

au lieu de la Naumachie.

Si 1'0n en croit Colmenares,

I'aqueduc

de Ségovie

pellt etre comparé allX plus beallX ouvrages de I'an–

tiquité. 11 en reae cent-cinquante-neuf arcades

tou~

tes de grandes pierres fans cimento Ces arcades avec

le refte de l'édifice ont cent deux piés de haut; il y

a deux rangs d'arcades l'un fur I'autre ;

I'a'lueduc

tra–

verfe la ville

&

palre par.<lelrus la plus grande par.

tie des maifons qui lont dans le fondo

Apres ces énormes édifices, on peut parler de l'

a~

'lueduc

que Louis XIV a fait batir proche Maintenon,

pour porter les eaux de la riviere de Bucq

a

Verfail–

les; c'ea peut-etre le plus grand

aqueduc

qui {oit

a

préfent dans I'uniyers ;

iI

ea de 7000 bralres de long

ftu 2.560 de haut ,

&

a 2.42. afcades.

Les c10aques de Rome , ou res

a'lueducs

fOllter–

rains, étoient aulli comptés panni res merveilles ; i1s

s'étendoient fous toute la ville,

&

fe fubdivifoient

en plufieurs branches qui fe déchargeoient dans la

riviere: c'étoient de grandes

&

hautes volites baties

folidement , fous lefquelles on alloit en bateau ; ce

qui faifoit dire

a

Pline que la ville étoit flúpendue

en I'air ,

&

qu'on navigeojt fons les maifons ; c'ea ce

qu'il appelle

le

plus grand oUllrage qu'on ait jamais

emr~pris"

ti

y avoit fous ces VOLites des endroits 00.

des charrettes chargées de foin pouvoient palrer; ces

VOlites foutenoient le payé des mes. 11 y avoit d'ef–

pace en erpace des trous otiles immondices de la vil–

le étoient précipitées dans les cloaques" La quantité

incroyable d'eau que les

aqueducs

apportoient

a

Ro–

me y étoit aulli déchargée. On y avoit encore dé–

tourné des ruiífeaux , d 'ou iI arrivoit que la ville

étoit toujours nette,

8¡.

que les ordures ne féjOiU–

noient point dans les c1oaques,

&

étoient prompte–

ment rejettées dans la riviere.

Ces édilices font capabies de f¡-apper de I'admira–

tion la plus forte: mais te reroit avoir la Vlle bien

COlme que de ne pas la p.orter au - dela

,&

que de

n'(!tre pas tenté de remonter aux caufes de la gran–

deur &de la décadence du peuple qui les a coní1:ruits. -

Cela n'ea point de notre objet, Mais le leaelu peue