Table of Contents Table of Contents
Previous Page  540 / 994 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 540 / 994 Next Page
Page Background

A N 1

XÍons, de t ems

&

d'habitude pOlfr perfeélionner l.e

rnoindre de nos arts. Mais d'oll peut venir cette um–

fDrmité dans tous les ouvrages des animaux ? pour–

quoi chaque efpece ne fait-elle jan:tais que l.a

n:te~e

chofe, de la meme fa<;on? PourquOl chaque

m~v~d~l

.ne la fait-il ni mieux ni plus mal qu'un autre mruvl–

du?

yo

a-t-il de plus forte preuve que leurs opéra–

tions néfont que des réfultats méchaniques

&

pure~

ment matériels? Car s'ils avoient la moindre étin–

celle de la lumiere qui nous éclaire ,

01}

trouveroit au

moins'de la variété , íi l'on ne voyoit pas de la per–

feétion dans leurs ouvrages ; chaque individu de la

meme ;fpece feroit quelque chofe d'un peu différent

de ce qu'auroit fait un autre individuo Mais non, tous

travaillent fur le meme modele; l'ordre de leurs ac–

lÍons eíl: tracé dans l'efpece entiere ; il n'appartient

point

¡'¡

l'inruvidu;

&

íil'on vouloit attribuerune ame

aux animaux , on feroit obligé

a

n'en faire qu'une

pour chaque efpece,

a

laquelle chaque individu par–

lÍciperoit également. Cette ame feroit done néceífai–

rement diviíible , par confequent elle feroit maté–

rielle

&

fort differente de la notre. Car pourquoi

mettons-nons u contraire tant de ruveríite

&

de va–

riete dans nos produétions

&

dans nosouvrages?Pour–

qnoi l'imitation fervile nous cOllte-t-dle plus qu'un

nouveaudeífein?C'eíl: parce que notre ame eíl:

a

nons,

qu'elle eíl: indépendante de celle d'un autre,

&

que

nous n'avons rien de commun avec notre efpece que

la mat!ere de notre corps: mais quelclue différenee

qu'il y ait entre nous

&

les animaux , on ne peut nier

que nous ne leur tenions de fort pres par les dernie–

res de nos facultes.

On peut donc dire que qnoique les ouvrages du

Createur foient ep. eux-memes tous egalement par–

faits,

l'animal

eíl: , felon notre fa<;on d'appercevoir,

l'ouvrage le plus complet ;

&

que l'homme en eíl: le

chef-d'renvre.

En

effet, pour commencer par

l'

animal

qui eíl: ici

notre objet principal, avantqne de paífer

a

I'nomme ,

que de reíforts , que de forces , que de machines

&

de mouvemens Iont renfermés dans cette petite par–

tie de matiere qui compofe le corps d'un

animal!

Que

de rapports, que d'harmonie , que de correfponclan–

ce entre les parties ! Combien de combinaifons , d'ar–

rangemens, de caufes, d'effets , de principes , qui

tous concourent au meme but,

&

que nous ne con–

noiífons que par des refultats íi difficiles

a

co~pren­

dre , qu'ils n'ont ceífé d'etre des merveilles que par

1'habitude c¡ue nous avons prife de n'y point réfle–

chir!

. Cependantc¡uelqu'admirable que cetouvrage nous

paroiífe, ce n eíl: pas dans l'individu c¡u'eíl: la plus

grande merveille ; c'eíl: dans la fucceffion , dans le

renouvellement

&

dans la durée des efpeces que la

nature parolt tout-a-fait inconcevable,

OIt

plútót , en

remontant plus haut

,

dans l'ordre inflitué entre les par-

.•

ties du tout ,par unefageffi infinie

&

par une main toute–

puij[ante; car

Cel

ordre une fois injlitué, le!

~fTets

qud–

queforprenans qu'ils foient

,

font desfuites néc:ff:ires

&

jimples des lois du mouvement. La maelúne e(i 'foite,

&–

les henresfl marquemJous l'atil de L'l,orloger. Mais

entr~

lesJuites du méchanifme

,

ilfaut convenirque cettefoc7Jlté

de produirefon flmblable qui rijid? dans les animau.;r:

&

dans les végétaux

,

ee!te ifPece d'unité toíljoursJubj'iflante

&

qui paroÍt étemelle

;

cette vertu proeréatriee qui s'exer–

ceperpétuellementJans

fl

détruirejamais, ejl pour nous,

quand nous la conjidérons en elle-méme,

&-

fans aucun

rapport a l'ord" inJlituépar le Tout-puij[ant

,

un myjlere

dont il flmble qu'il ne nous

ejl

pas permis

d~

Jonder la

. profondeur.

.

~a

matiere inanimée , eette pierre, cette argille

qul eíl:. fous nos piés, a bien quelques propriétes:

fon eXlíl:ence

f~ule

en fuppofe un tres - grand nom–

bre;

&

la matlere la moins

organífée

ne laiífe pas

A N 1

que d'avoir , en vertu de fon exiil:ence; une infinité

de rapports avec toutes les autres parties de l'lmi–

verso Nous ne dirons pas, avec quelquesPhilofophes,

que la matiere fous quelque forme qu'elle foit, con–

nOlt fon exiíl:ence

&

fes facultes relatives: cette

opinion tient

a

une queíl:ion de métaphyfic¡ue , qu'on

peur voir difcutée

a l'article

AME.

Il nous fuffira de

faire fentir que, n'ayant pas nous-m&mesla connou–

fans:e de tous les rapport5 que nous pouvons avoir.

avec tous les objets exterieurs , nous ne devons pas

douter que la matiere inanimee n'aitinfullmentmoins

de cette eonnoiífance ;

&

c¡ue d'ailleurs nos fenfations

ne reífemblant en aucune fa<;on aux objets CjlÚ les

caufent, nous devons conclurre par analogie , que

la matiere inanimée n'a ni fentiment,

ni

fenfation ,

ni

confcience d'exiíl:ence;

&

que lui attribuer quel–

qtles-unes de ces facultes, ce feroit luí donner celle

de penfer , d'agir

&

de fentir ,

a

peu pres dans le

m~me ordre

&

de la meme fa<;on que nous penfons ,

agiífons

&

fentons, ce qui repugne autant a la raifon

qtl'a la religion.

Mais une eonjtdération qui s'accord,

avec l'une

&

l'autre,

&

qui nous ejlJuggérée par

le

JPsc–

tacle de la naUlre dans tes individus, ·e'e[! que l'état de

eette facuLeJ de penfer, d'agir, dejéntir, réJide dans que!–

ques hommes dans

UIl

degréémimnt, dans un degrémoins

éminenc en

d'

autres hommes, va en s'affoibLij[ant a me–

Jure qU'OIl fuit La ehaím des étres en difcendant,

&

s'é–

teint apparemment dans que/que point de la cll/lme

tr~s­

éLoigné: placé entre le regm animal

&

Le regne végétal ,

Jfoint dOIl! nOllS 4pl!rocherons deplusenplusparles obflr–

vatÍons, mais qui nous éellappera ajamais; les expérien,.

ces rejleront toftjours en

-

de9ft,

&

les

fyjl~mes

iront toú-'

jours au-de/a; l'expérience marchant pié a pié,

&

l'ef–

prit defyjleme allallf toujours parJauts

&

par bonds.

Nousdirons donc qtl'étantforrriés de terre,

&

com.

pofes de pouffiere, nous avons en effet avec la terre

&

la poufliere, des rapports communs qui nous lient

a

la matiere en genéral ; tels font l'etendue, I'impé–

nétrabilité, la pefanteur,

&e.

Mais comme nous n 'ap–

percevonspas ces rapports purementmatériels; com–

me ils ne fpnt aucune impreffion au-dedans de nous–

memes ; comme ilsfubíiíl:ent fans notre participation,

&

qu'apres la mort ou avantIa vie , ils exiíl:ent

&

ne

nous afFeétent pointdu tout, on ne peut pas dire qu'ils

faífent partiede notre &tre: c'eíl: donc l'organiIation,

la vie, l'ame , qttÍ fait proprement notre exillence.

La ruatiere coníidérée fous ce point de vlte, en eíl:

moins le flljet que l'acceífoire; c'eíl: une enveloppe

étrartgere dont l'union nous eíl: inconnue

&

la pre–

fenee nuiíible ;

&

cet ordre de penfees c¡ui coníl:itue

notre etre , en eíl: peut-etre tom-a-faít indépendant,

It

meflmbLe que

l'

Hijlorien de la Ilaturt accorde ici aux

Métaphyjiciens bienpLusqu'ils Il'oferoient lui

demand~r.

Que/lequejoit la manieredone nous penferons quand nOtre

amejera débarraffie deJOIl enveloppe ,

&

Joreira de tétae

de ehryfaLide; il ejl conjiant que eme coque méprifabLe

dans laquelle elle rejle detenue pour un ams, influe pro–

digieufementJur l'ordre de penJées qui conjlituejim etre ;

&

maLgré les jilites qlle/qaefois tres

-

fácheufls de eette in–

flaenee, elle n'en montre pas moins évidemment la fageffi

de laprovidellee, quiflflrt de cet aiguillonpour nousrap–

pellerfans ce¡¡.

ti

la conflrvatiollde nous-memes

&

de"oue

ifPece.

Nous exiíl:ons donc fans favoir

c~mment

,

&

n011S

penfons fans favoir pourquoi.

Cmepropojition me pa–

roít évidente; mais onpeut obflrver, 'juallt a la flconde

partie, que l'ame

efl

fujette a une forte d'i!lenie, en con–

Jé'lllente de laquelle ellerejleroitperpétmllementappLiquée

a La meme penJée , peut étre a La mime idée ,ji elle Il'en

itoit tirée par queLque chofe d'extériwr a elle qui l'aver–

tit, Jans toutefois prévaloir jitrfa Liberté.

C'1l

par eeae

demierefoculté qu'elle s'arrúe ou qu'elle paJ[e lég¿rement

d'lIIze eonumplation

ti

une autre. Lorji¡ue l'exerciee de

Celle foculté ceffo, elü rejle ft.xée jitr la méme comempla-