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XXXJV

D/S CO U R S PRELIM I NAIRE

de cette Encyelopédie , il eíl: tems enfin d'infrruire plus particulierement le

~ublic

fur l'Ou–

vraae que nous lui préfentons. Le

Profpeéius

qui

él

déja été publié dans cette vue,

&

dont

M. ñIDEROT mon collegue eíl: l'Aureur, ayant été re<;u de toute l'Europe avec les plus

grands éloO"f's, je vais en km nom le remettre ici de nouveau fous les yeux du Public , avec

les

,change~nens

&

les addiüons qui nous om paru convenables

a

l'wl

&

a

l'autre.

ON

E PEUT

DISCONVENIR que depuis le renouvellement des Lettres parmi nous, on ne

doive en partie aux DiEhonnaires les lumieres générale qui fe font répandues dans la fociété,

&

ce germe de Science qui difpof< in[enfiblement les e[prits

El.

des connoiífances plus pro–

fondes. L'utilité feníible de ces fortes d'ouvrages les a rendus {i communs, que nous foromes

p luto! aujourd'hui dans le cas de les juilifier que d'en faire l'éloge. On prétend qtt'en mul–

tipliant les [ecours

&

la facilité de s'infuuire , ils contribueront

11

éteindre le gout du travail

&

de l'étUde. Pour

1l0US, 110US

ctoyons etre bien fondés

a

foutenir que c'eíl: a la manie Clu

bel Efprit

&

a

l'abus de la Philofophie, plutot qu'a la multitude des Diaionnaires, qu'il faut

attribuer notre pareífe

&

la décadence du bon gotit. Ces fortes de colleaions peuvem tout

au plus fervir

a

douner quelques lumieres

a

ceux qui fans ce fecours n'auroient pas eu le

courage de s'en procurer: mais elles ne tiendront jamais lieu de Livres

a

ceux qui cherche–

ront

a

s'iníl::ruire; les DiéHonnaires par ¡eur forme meme ne font propres qu'a etre conful–

tés,

&

fe refufent

a

toure leaure fuivie. Quand nous apprendrons qu'un homme de Let–

tres, delirant d'étudier l'Hiíl:oire

a

fond, aura choi{i pour cet ohjet le Diaionnaire de

Moreri, nous conviendron5 du reproche que ron veut nous faire. Nous aurions peut-etre

plus de raiLo d'attribuer r abus prétendu dont

011

fe plaint,

a

la multiplicaríon des métho–

des, des élémens, des abregés,

&

des bíbliotheques, íi nous n'étions perfuadés qu'on ne fau–

roit

trap

faciliter les moyells de s'iníl:ruire. On abrégeroít encore davamage ces moyens,

en r'duif.1nt

a

quelques volumes tout ce que les hornmes Ont découvert jufqu'a nos jours

dans les Sciences

&

dans les Am. Ce projet, en

y

comprenant meme les faits hiíl:oriques

réellement uriles, ne feroit pem-etre pas impoíftble dans l'exécution ; il feroit du moins

a

fouhaiter qu'on le tentat, n0115 ne prétendons aujourd'hui que l'ébaucher;

&

il rtous débar–

raíferoit enfin de tam de Livres, dont les Auteurs n'ont fait que fe copier les uns les aun·es.

Ce qui doit nous raffurer contre la faryre des Diaionnaires , c'en c¡u'on pourrbit faire le

meme reproche fur un fondemem auffi peu folide aux Journaliíl::es les plus eftimables.

Leur but n'eíl:- il pas eílenriellemem d'expofer en raccourci ce que notre {jeele ajoure de

lumieres

a

celles des íieeles précédens; d'apprendre

a

fe paífer des originaux ,

&

d'arracher .

par conféquent ces épincs que nos adverfaires voudroient qu'on laiffilt? Combien de lec–

tures inutiles dom nous ferions dífpenfé par de bons extraits?

Nous avons donc cru qu'il importoir d'avoir un Di&onnaire qu'on pur conffllrer funoutes

les matieres de Arts

&

des Sciences,

&

qui fervlt autant a guidcr ceux qui fe fentent le cou–

rage de travailler a l'infuuaion des autres , qu'a éelairer ceux qui ne s'infrruifent qUe" pour

eux-meme .

Jufqu'ici perfonne n'avoit

con~u

un Ouvrage auffi grand, Ol! du moins perfonne ne l'a–

voit exécuté. Leibnitz, de tOuS les Savans le plus capable

el'

n femir les diilicult's, deíiroit

qu'on les furmontat. Cependam on avoit des Encyelopédies;

&

Leibnitz ne l'io-noroit pas ,

10rfqu'il en dcmandoit une.

::>

La plupart de ces Ouvrages parurent avant le íieele deruier,

&

ne furent pas tour-a-fait

mS¡Jrifés. On trouva que s'ils n'annon<;oient pas beaucoup de génie , ils man¡uoient au moíns

du rravail

&

des connoiífilnces. Mais que feroit-ce pour nous que ces Enc)'elopédles? Q¡.!el

progres n'a-t-on pas fait depuis dans les Sciences

&

dans les Arrs? Combien de vérítés décou–

vertes aujourd'hui, qu'on n'entrevoyoit pas alors? La vraie Philofophie étoit au berceau;

la Géométrie de l'Infini n'éwit pas encore; la Phyfique expérimentale fe montroit

a

peine;

iln'y avoit poimde Dialeaique; les loís de la faine Critique étoient entieremem ignorées.

Les Auteurs célebres en tOut genre dont nous avoll parlé dans ce Difcours ,

&

leurs illufrres

difciples, ou n'exiíl:oient pas, on n'avoiem pas écrit. L'efprit de recherche

&

d'émulation

ll'animoit pas les Savans; un autre efprit moins fécond peut-etre , mais plus rare, celui de

juíl::eíle

&

de méthode, ne s'étoit point foumis les différemes parties de la Littérature

¡

&

les

Académies, dont les traval1X ont porté

{i

10in les Sciences

&

les Arts, n'étoient pas iníl:i–

tuées.

Si les découvertes des grands hommes

&

des compagnies favaJ1tes, dom nous

veno~s

de

parler? ofFrírem dans la fuite de puíífans fecours pour former un Diaionnaire encyelopédi-

9

ue ; Il faut avoi.iér auffi que l'augmentatlon prodigíeufe des matieres rendit

a

d'élutres

ega:-ds un telOuvrage beaucoup plus difficile. Mais ce n'eíl: poim

a

nous

a

jugcr

{i

les fuc–

c,efleurs

de~ I?~emier Enc.relop~diíl:es

om été hardis ou préf.omptueux;

&

nous les laiíle–

nons tous ]omr de leur reputauon , fans en excepter Ephratm CHAMBERS le plus cOllnu