ALP
J'ieu qU)én Cree le { eíl tOlljOllrs {,
&
{igmfl
t(-:.jonrs
Jigma.
Notre
e
a pOllr le
mo~ns
{jliiltre fons di/férens;
1°.
le
fon
¿e
I'e commun
' ,eómme en
p~~,
,
,~~r,
¡
(r~re;
2°. le fon de l'e
ferme,
comme en
{jonte , yence ,
-(limé,
30.
le fon de
re
ouyert,
comme
béte, tempéce ,
Jete;
'4°.
le fon de l'
e mue!,
eomme
j'
llime;
)
0.
enfino
fouvent bn éerit
e,
&
on prononee
lZ,
comme
Em
o
putur,
enfont,
fimme;
en quoi. on fait
u~e
double
faute , difoit autrefois un Anclen: premlerement,
'en ce qu'on écrit autrement qu'on ne prononce : en
fecond '¡¡eu en ce qu'ell Jifant, on prononce autre–
ment que le 'mor
n'e~écri-t.
Bis.
peccacis,
quo~
aliud
ftribitis,
&
aüud l¡;gllls<J.ltamJcnptttm
eJi,
&
fcnbellda
jimt ut kgenda,
&
legellda ut fcriptafllnt.
MarillS Vic–
torinus ,
4e Orthog. apud Voffium de arte Gramm.
'tomo
l.
p.
z:J9."
Pour moi, dit auffi Quintilien, a
t,
moins qu'un ufage bien coníl:ant n'ordonne le con–
" traire , je crois que chaque mot doit &tre écrit com–
~,
me il eíl: prononcé ; "ar telle eíl: la defunation des
j,
lettres, pourfuit-il, qu'elles doivent conferver
la
" prononciation des mots ; e'eíl: un dépot qu'il faut
~,
Cfu'elles rendent
a
ceuxqui lifent, de forte qu'elles
" doivent &tre le íigne de ce qu'on doit prononcer
), quand on lit" :
Ego niji quod cOllfuetttdo obtinueric,
Jic fcribendum quidque judico quoTllodo follac
:
!Lic tnim
'lt{us eJllitterarum
,
lit cujlodiant yoces
&
ye/lit depcifi–
tmll reddant legentibus
;
itaque id exprimere debem,
<J.llod difluriJunt.
Quint.
I njl.orat.
L. l .
c.yij.
Tel eíl: le fentiment général des Anciens;
&
l'on
<peut prouver 10. que d'abord nos Peres ont écrit
conformément
a
leur prononciation, felon la pre–
miere deíl:ination des lettres; je veux dire qu'ils
n'ont pas donné a une lettre le fon qu'ils avoient
.¿éja donné
a
une autre lettre,
&
que s'ils écrivoient
Empereur,
c'eíl: qu'ils
prono~oient
¿mpereur
par un
é,
comme on le prononce encore aujourd'hui en
plufieurs Provinces. Toute la faute qu'ils ont faite,
c'eíl: de n'avoir pas inventé un alphabet Franc;:ois ,
compofé d'autant de caraél:eres particuliers, qu'il y
a de fons différens dans notre langue ; par exemple,
les trois
e
devroieJ1t avoir chacnn un caraél:<lre pro–
pre, comme 1'. ,
&
1'.
des Grecs.
2°. Que l'ancienne prononciation ayant été /ixée
dans
les
livres oil les enfans apprenoient
a
lire ,
apres m&me que
la
prononciation avoit changé ; les
yeux s'étoient aceoútumés a une maniere d'écrire
ilifférente de la maniere de prononcer ;
&
c'eíl: de-la
que la maniere d'écrire n'a jamais fllivi que de loin
en
loín
la maniere de prononcer ;
&
I'on peut aífúrer
que I'ufage qui eíl:
aujourd'h~i
conforme
a
l'ancienne
orthographe ,eíl: fort différent de celui qui étoit au–
trefois
le
plus fuivi.l1 n'ya pas eent ans qu'on écri–
voit
iL ha,
nous écrivons
iL a
;
on écrivoit
il
eJi
nai ,
ilsfont nais
,
nati,
nous écrivons
ilsfont nés
;
foubs ,
nous écrivonsfolls;
lreItyt,
nous écrivons
troJtye,
&c.
3°. Il faut bien diíl:inguer la prononciation d'avee
l'orthographe: la prononciation ell: l'e/fet d'nn cer–
tain eoncours natmel de circoníl:ances. Quand tille
fois
ce concours a produit fon e/fet,
&
que l'túage
de la prononciation eíl: établi, iI n'y a aucun parti–
cuGer qui foit en droit de s'y oppofer, nide faire des
remontrances a l'ufage.
Mais 1'0rthographe eíl: un pur e/fet de
l'art;
tout
art a fa
no
&
fes principes ,
&
nous fommes tous en
droit de repréfenter qn'on ne fuit pas
les
principes
de "art, qu'on n'en remplit pas
la
/in,
&
qu'on ne
prend point
les
moyens propres pour arriver
a
cettefill.
Il eíl: évident que notre alphabet eíl: défeél:ueux ,
en ce <¡u'il n'a pas autant de earaéteres , que nous
avons de fons dans norre prononciation. Alnfi ce
([ue r:os ,Peres,
~r~nt
autrefois quand ils
v~nlurel)t
étabhr 1
art
d enlre , nous fommes en drOlt de le
ALP
farre au)ourd'htú pomo perfeilionner ce m2íne art ;
&
nous ponvons inventer un alphabet Gjui reél:ific
tout ce que l'aneien a de défeél:ueux. Pourquoi nc
pourroit-on pas faire dans l'art d'écrire ce que 1'0n
a fait dans tous les autres arts? Fait-on la guerre,
je ne dis pas comme on
la
faifoit dn tems el'Alexan–
dre ,mais comme onla faifoit du tems meme d'H<ln–
ri IV? On a déja changé dans les perites écoles la
elénomination des
lettres
; on dit
be ,fe, me,
Ile:
on
a ell,fin introduit , quoiqu'avec bien de
la
peine, la
diíl:inilion de I'/¿ confonne
Y,
qu'on appc:!lle
ve,
&
qu'on n'écrit plus comme on écrit
I'rt
voyelle ;
iI en eíl: de m&me du
j,
qui eíl: bien di/férent de J'i ;
ces
diíl:~ilions
font tres-modernes; eltes n'ont pas
encore un fieele ; elles font fuivies généralement
dans l'Imprimerie. Il n'ya plus que quelqnes vieux
écrivains qui n'ont pas la force de fe défaire de Jeur
ancien uf.'ge: mais enlin la dillinilion dont nous
parlons étoit raifonnable , elle a prévalu.
lJoen feroit de meme d'un alphabet bien fait , s'il
étoit propofé par les perfonnes
a
'lui
i1
convient de
le propofer,
&
que l'autorité qui préíide aux petites
écoles
, ordonnat aux Maltres
d'apprendr~
a
leurs
difciples
a
le Jire.
Je prie
les
perfonnés qui font d'abord révoltées
a
de pareill<ls propofitions de coníidérer :
r.
Que nous avons a&uellement plus de quatre
alphabets différens ,
&
que nos jeunes gens
a
qui 011
a bien montré a lire, lilent également
les
ouvrages
écrits felon l'un ou felon l'autre de ces alphabets :
les alphabets dont je veux parler foni :
1°. Le romain, Ol!
I'a
fe fait ainfi a.
2°. L'italiqne,
a.
3°. L'alphabet de l'écrihtre CJ1;e Jes Ma1tres appe!.
lent franc,:oife , ronde, on /inanciere, oll
l'e
fe faií
ainíi
~,
l's
ainfi
ct,
l'r
t:,
(r,
r
ainfi,
4°.
l'alphabet de la lettre batarde.
5°'
l'alphabet de la coulée.
.
.
Je pourrois m&me ajollter l'alphabet gothic¡ue.
11.
Laleél:ure de ce qui eíl: écritfelon I'un de ces a1.
phabets, n'emp&che pas qu'on ne Jife ce qui eíl: écrit
felon un antre alphabet.
Ainfi
quand nous aurions
encore un nouvel alphabet,
&
CJ11'on apprendi-oit
a le lire
a
nos enfans, ils n'en liroient pas moins les
antres livreso
II 1. Le nouvel alphabetdont je parle, De détruiroit
ríen; il oe faudroit pas pour cela
brúler tous Les !iyre3,
comme elifent certaines perfonnes;
le
caraél:ere ro–
main fait-il brltler les livres écrits en itali91le ou au–
trement
?
Ne
lit-on plns
les
livres imprimes iI ya 80
ou 100 ans, paree CJ11e l'orthographe d'aujourd'hui
eíl: différente de ces tems-Ia
?
Et fi 1'0n remonte plus
haut, on trouvera des différences bien plus grandes
encore ,
&
qui ne nous emp&chent pas de lire
les
li–
vres
ql.liont été imprimés felon 1'orthographe alors
en ufage.
Enlin
cet
alphabet rendroit l'orthographe plus [.,–
eile , la prononciation plus aifée
a
apprendre ,
&
fcroit celfer
les
plaintes de ceme 'lui trouvent tant
de contrariétés entre notre prononciation
&
notre
orthographe, qui préfente fouvent aux r,eux des fi–
gnes différens de ceux Cju'elte devroit prefenter felon
la premiere defunation de ces fignes.
On oppofe CJ11e les réformateurs de l'orthographe
n'ont jamais été fuivis : je répons :
1°. Que cette réforme n'eíl: pas l'ouvrage d'un
particulier.
2°.
Que le grand nombre de ces réformateurs fait
voir CJ11e notre orthographe a befoin de réforme.
3
O.
Que notre orthographe s'eíl: bien réformée de–
pui squelques années.
40.
En/in, c'eíl: un limpIe
alp!Labet
de plus que je
voudrois qui nlt fait
&
autorifé par qui il convient;
qu'on appnt
a
le lire,
&
ql.l'i.1Y ellt ,ertains
~vr~.s
ecnt~