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66

Act

Ces Doé1:eurs nlrent appellés

Ma./foretes,

du mot

rna./fore,

'luí veut dire

tradiúon;

parce que ces Doc–

teurs s'attacherent dans leur opération a conferver ,

autant qu'illem nn poffible , la tradition de .leurs

Peres dans la malúere de lire

&

de prononcer.

A notre égard, nous donnons le nom

d'aceent

premierement aux ínlle;\-ions de voix,

&

a la ma–

niere de prononcer des pays particuliers ; ainíi ,

comme nous I'avons déja remarqué, nous difons

l'aceent Gafton, &c.

Ca

IlOmllle a ['aceem étranger,

e'eíl:-a-dire , qu'il a des inllexions de voix

&

une

maniere de parler, qui n'eíl: pas celle des per{onnes

nées dans la capitale. En ce {ens ,

a"em

comprend

l'élevation de la voix, la quantité

&

la prononcia–

tion particuliere de chaque mot

&

de chaque fyllabe.

En fecond lieu, nous avons con(ervé le nom

d'ac–

cent

a ehacun des trois íignes du ton qui eíl: ou aigu,

ou grave, ou circonllexe : mais ces trois íignes ont

perdu parnü nons leur ancienne deílination ; ils ne

{ont plus, a cet égard , que des accens imprimés :

voici l'túage que nons en faifons en Crec , en Latin,

&

en

Fran~ois.

A l'égard du Crec , nous le

pronon~ons

a notre ma–

niere ,

&

nous

pla~ons

les accens felon les regles que

les Crammairiens nous en donnent, fans que ces ac–

eens nous [ervent de guide pour élever , ou pour

ábaiffer le ton.

Pour ce qni eíl: du Latin , nous ne fai(ons [entir

aujourd'hlli la c¡uantité des mots que par rapport a la

penultieme (yllabe; encore faut - il que le mot ait

plus de deux (yllabes; car les mots qui n'ont que

del1x {yllaaes lont prononcés également , [oit que la

premiere (oit longue ou qn'elle (oit breve: par exem–

pIe, en vers , l'

a

eíl: brefdans

pater

&

long dans

ma–

ter,

cependant nous

pronon~ons

l'un

&

l'autre com–

me s'ils avoient la meme quantité.

Or , dans les Livres c¡ui (ervent a des lefrures pu–

blic¡ues, on (e (ert de l'aeeent aigu, que l'on place

différemllJent , {elon que la pénultieme eíl: breve ou

longue : par exemple , dans

matutinus,

nous ne fai–

[ons (entir la c¡uantité que fur la pénultieme

ti;

&

párce que cette pénultieme eíl: longue , nous y met–

tons l'accent aigu ,

l1lamtÚllts.

Au contraire , cette pénultieme

ti

eíl: breve dans

firóúnllS

;

alors

1I0US

mettons l'<tecent aigu fur l'anté–

penultieme

ro

,

{oit que dans les vers cette pémtltie–

me (oit breve ou c¡u'elle (oit longue. Cet accent ai–

gu (ert alors a nous marquer qu'il faut s'arreter com–

me fur un point d'appui (m eeHe antépénultieme

accennlée , afin d'avoir plus de facilité pour paffer

légerement (ur la pénultieme ,

&

la prononcer breve.

Au reíl:e, cette pratique ne s'obferve que dans les

Livres d'Egli(e deíl:inés a des lefrures publiques. Il

(eroit a fouhaiter qu'elle fUt egalement pratic¡uée a

l'égard des Livres Claffiques, pour accolltumer les

¡eunes gens a prononcer régulierement le Larin.

Nos

Imprimeurs ont confervé l'u(age de mettre

un accent circonflexe fm 1'4 de l'ablatif de la pre–

iniere déclinailon. Les Anciens relevoient la voix

fur

1'a

du nonúnatif,

&

le marc¡uoient par un accent

aigu,

muftí,

au lieu c¡u'a l'ablatif ils l'élevoient d'a–

bord ,

&

la rabai/Joient enfuite comme s'il y avoit

eu

mllfád

;

&

voilá l'accent circon/lexe que nous

avons con(ervé dans l'écrinlTe , quoique nous en

ayons perdu la prononciation.

On

le

(ert encore de l'accent circonflexe en Latín

quand il y a fyncope , comme

virilm

pOllT

yiromm ;

fej!ertiúm

pour

fejlatiorrun.

On emploie 1accent grave fur la derniere fyllabe

des adverbes ,

mal"J , ben"J

,

diu, &c.

Quelc¡ues-uns

meme veulent qu'on s'en (erve (ur tous les mots in–

déclina~l~s

, mais cene pratique n'eíl: pas exaé1:e–

ment fUlvle.

• Nous avons confervé la pratique des Aneiens

a

Act

l'égard de l'accent aigu ql1'ils marquoient

Útr

la (yl–

labe qui eíl: (uivie d'un enclitique,

arma virúmqut

cano.

Dans

vintmqlle

on éleve la voix

(UT

l'u de

yi–

mm,

&

on la laiffe tomber en

pronon~ant

que,

qui

efi un enclitique.

Ne, ye

font auffi deux autres en–

clitic¡ues; deforte qu'on éleve le ton (ur la (yllabe

c¡ui précede l'un de ces trois mots , a peu pres com–

me nous élevons en

Fran~ois

la fyllabe qui précede

un e muer: ainü, quoique dans

mener

l'e de la pre–

miere fyllabe

me

foit muet , cet

e

devient ouvert,

&

doit etre fOlltenu dans

je mene,

parce qu'alors

il

eíl:

fuivi d'un

e

muet qui linit le mot; cet

t

final devient

plus ai(ément muet quand la (yllabe qui le précede

efi {outenue. C'eíl: le mécham[me de la parole c¡ui

produit toutes ces variétés , c¡ui paroiffent des bilar–

reries ou des caprices de l'u[age a cellX c¡ui ignorent

les vérirables caufes des chofes.

Aii reíl:e, ce mot enclitique efi purement

Cree;

&

vient d'i¡úl.w,

inclino,

parce que ces mots (ont

comme inclinés

&

appuyés [ur la derniere fyllabe

du mot (Iui les précede.

Ob(ervez que lorfc¡ue ces fyllabes,

que, m

,

ve;

font partie effentielle du mot , deforte que íi vous les

retranchiez, le mot n'auroit plus la valetlT qui lui eíl:

propre; alors ces fyllabes n'ayant point la íignilica–

tion qu'e][es ont quand elles font enc1itiques , on

met l'accent, comme il convient , [elon que la pé–

nultieme du mot eíl: longue ou breve; ainíi dans

ubI–

que

on met l'accent [ur la pénultieme , parce que l'i

eíl: lon

p ,

au lieu c¡u'on le met fur l'amépénultieme

dans

denique

,

úndif/ue

,

útique.

On ne marque pas non plus l'accent (ur la pénul–

tieme avant le

ne

interro&atif, lorfc¡u'on éleve la

voix

{ur ce

ne

,

ego-m?

¡LeCl-ne

?

parce qu'alors ce

ne

eíl: aigu.

Il 1eroit a (ouhaiter que I'on

aceotltum~t

les jeu–

nes gens a marquer les accens dans leurs compoíi–

tions. 11 faudroit auffi que lorfque le mot écrit peut

avoir deux acceptions différentes, chacune de ces

accelltions

Ah

difiinguée par l'accent ; ainíi quand

oeciJo

vient de

cado,

l'i

eíl: bret

&

l'accent doit etre

fur l'antépénultieme, au lieu qu'on doit le marquer

fllT la pénultieme quand il íignilie

mer;

car alors l'i

eíl: long,

oceido

,

&

cet

oceIdo

vient de

credo.

Cette diíl:inilion devroit etre marc¡uée meme dans

les mots qui n'ont que deux fyllabes , ainíi il fau–

droir écrire

légit,

i!Jit,

av~c

l'accen! aigu,

&

¡¿git,

il alu, avec le circonflexe ;

vénit,

il vient ,

&

yenú,

il eíl: venu.

A l'égard des autres obfervations que les Cram–

mairiens ont faites fur la pratique des accens, par

exemple c¡uand la Méthode de P. R. dit c¡u'au mot

muliéris,

il fau! mettre I'accent fur l'e, quoic¡ue bref,

qu'il faut écrire

Jlos

avec un circonflexe,

'/pés

avec

un aigu,

&c.

Cette pratique n'étant fondée que fur

la prononciation des Anciens , il me (emble que non–

feulement elle nous feroit inutile , mais qu'elle POllT–

roit meme induire les jellJ1es gens en erreur enleur

faifant prononcer

nmlieris

long pendant qu'il eíl: bref,

ainíi des autres c¡ue l'on pourra voir dans la

M¿thod,

de

P. R.

pago

733. 73J ,

&c.

Finiffons cet amele par expo(er l'ufage que nous

faifons aujourd'hui, en

Fran~ois,

des accens que nous

avons

re~fts

dcs Ancien,.

Par un effet de ce concours de circoníl:ances, qU!

forment infeníiblement une languc nOllvelle, nos

Peres nOllS ont tran(mis trois {ons différens qll'ils

écrivoient par la meme lettre

e.

Ces trois [ons ,

qui

n'ont qu'un meme figne ou caraétere , font,

1

0.

L'

e

ouvert , comme dans

flr

,

Jllpit~r

,

la

m~r

»

1'enflr, &c.

2°.

L'e fermé, comme dans

hond, charité,

&c~

3°. Enfin l'e muet, eomme dans les monofyllabes