DIA
en
interetT;int l'atne : or, ni l'ame , nl l'efprtt ne peut
s'accommoder de ces pr.opos alternacifs, qui detaches
l'un de l'autre . ne
fe
terminent
a
rien.
~·on
(c:
rap–
pclle l'tntrecien de Meli bee avec Ticire, dans la pre-
111iere des bucoliques de Virgile.
Mh.
<
fitire, 'VOllS joi-ijfez ,d'u11 plei11 repos.
. T
n.
C'
e.ft1111
dieu q11i me
l'a
procure.
. MEL.
J?<.!,1el
e.ftce
dieu bienfaifm11
?
.
.
•
T
1.T.
l11fe11ft , je comparois
Ro111~
a,
noire p(lite 'Ville.
• MEL.
Et q11el motif
Ji
prtjfant
vous a conquit
a
Rome ?
. T1-r.
Le !/ejir de la liberte,
&c.
, On ne peut fe diffimukr que Titire nl' repond point
a
Cette quell:ion
~e
Melibee; quel eCl: cc <lieu? c'eCl:–
ij
qu'il devroit
cl
ire : "
Je l'ai 'VU
a
Rome' ce j e1111e
n
hiros pot1r qui 11os autels fummt do11ze fois /'an
,,.
Mel.
A
Rome!
&
qui votu y
a
co11d11it?
Tit.
Le dejir de
la
liberti.
~·
L'on avouera qlle ce
dialogue
feroit plus dans l'or–
dre de nos ,idees ,
&.
n'en feroit pas moins dans le
oocurel
&
la. na'ivete d'un berger.
~ais
c'eCl: .fur-cout .dans la
j?Oeue dramatique quc,
le
dialogue
c!o1t. cendre
a
fon bur. Un perfonna<>e qui,
dans une fituation incerelfante. s'arrete a dire
0
de bel–
les
chofcs qui ne vont poin
t au faif ,_ re.lfemble
a
une
mere qui, cherch_ant fon fils da.ns Jes campagnes,
s'a-
muferoit
a
cueillir des
fleur~.
•
Cecce rcglc;: qui n'a point d'cxception rcelle, en a
q
uelques-1Jn.csd'apparentts:
il
ell: des (cenes ou ce que
dit l'un des perfonnages n't;rl pas ce qui occupe l'aµ–
tre. Cdui-ci pk in de fon objet,
OU
ne repond point'
eu ne repond qu'a fon idee. On flatte Armid.e
fur
fa
beauce , fur fa jeune!fe, fur
le
pouvoir de fes enchan–
temens; rien de tout cela ne dimptl la reverie ou elle
~Cl:
plongee. On lui parle de fes triomphes
&
des ca–
ptifs qu'elle a faits ; ce m9t feul touche
a
l'endroif
!enlible cje fon ame .
fa
paffion fe reveille;
&
r,ompt
(krliknce.
Je ne triomphe pas du plus vaillant de
IOlfS
,
Renaud,
&c.
Merope entend fans l'ecouter, tout ce qu'on
lui
dit de
(es
profperites
&
de
fa
gloire. Elle avoit un
fils ; elle !'a perdu; elle !'attend : ce (entiment feul
l'interdfe.
§<!1oi
,
Narbas 'ne vient point
f'
reverrai-je
m011
fils?
II ell: des lituations ou l'un des perfon oages detour–
me expres le cours c!u
dialogue ,
foit craince, menage·
men t ou diffimulacion; mais alors rr.eme le
dialogue
tend
a
fon but, quoiqu'il femble s'en ecarter. Toutefois ii
ne prend ces detours que dans des · fituations mode–
rees : quand la paffion devient impeclieu(e
&
rapidt:
'
!es
replis du
dialogue
ne font plus clans la nature. U n
r uilTeau. ferpcmte, un torrent (e precipite ; auffi voit-on
quelquefois la paffion
retenue, comme dans la decla–
ration de Phedre , s'
efforc.er de prcndn: un detour ;
&
tout-a-coup rompant
fa digue, s'abandonner
a
fon
penchant.
Ah
cruel! tu 111'as trap w1wd11e
;
'Je I'm ai dit a.IJez pour le firer d'erreur:
Hi bien, co11nois done Phedre
&
toute fa fureur.
U nc des qualites elfentielles du
dialogue,
c'ell: d'e–
tre coupe a propos : hot$ des lituations done je viens
de parler , ou le re(peCl , la crainte , la pudeur retien–
nent la paffion
&
lui
impo(ent lilence ; hors de
la ,
dis-je , le
dialogue
e(l:
vicieux des que la replique
(e
fait :m endre: defaut que Jes plus grands maitres
'ont
pas
toujours cvite. Corneille a donne en mC:mc
terns
('cxemple
&
Ja leyon de ('attention qu'on doit
a
Ja
Ve-
D I A
671
rite du
dialogue:
clans· la fcene d'Augull:e avec Cinna,
Augu!l:e va convaincre de trahifon
&
d'ingratitude un
jeunc homme fier
&
bouillant , que le (eul refpclt
ne fauroit contrl\indre ; ii a done fallu preparer le
filencc de Cinna par l'ordre le plus impofanc: cepen–
dant malgre la Joi que lui fait Augu(te de tenir
fa
langue captive, des qu'il arrive
a
ce vers,
Cimza ,
tu
.t'm fouvims,
&
ver1x m'a.ffa./JiflN',
Cinna s'cmporte
&
va repondre :' mouvement natuJ
rel
&
vrai, que
le
grand peincrc des paffions n'a pas
manque de failir ; c'e!l: ainli que la replique doit par–
tir for
le
trait qui la foll icite. Les recapitula,tions ne
font placees que dans les deliberations
&
les
confe–
ri:nces politiques , c'ell:-a-dire , dans
les
momens ou
l'ame doit
fo
polfedcr.
On peut di!l:inguer , p,ar rapport au
dialogue ,
qua–
trc formes de fcenes. Dans la premiere , lcs
intcrlo–
cuceurs s'abandonnent aux mouvemens de kur ame
faos _autre motif que de
l'ep~ncher
: ces fcencs-Ia ne
conv1ennent qu'a
~a
violence de la paffion ; dans tout
:rntre cas dies doivent ecre bannies du theacre comme
froides
&
fuperfl,ues (
//oyez
ELOQ.YENCE POET
IQ.YE.).
Dans la feconde, Jes interlocmeurs one un deffein com–
mun
q~'ils
concertent
e~fe~bl~
, ou des fecrets in<c–
relfans qu'ils fc com'muniquent; telle eft la belle fce–
ne d'expolition enrre Emilie
&
Cinna. Cette fcirrne tie
dialogqe
eft froide
&
lente,
a
moins qu'elle ne portc
fu r un interet tres-prelfan't. L a troifieme, ell: celle ou
l'un des interlocuteurs a un projet ou des fentimens
qu'il veut mfpi rer
a
l'autre: tdle
tfl:
la fcene de
Ne–
rd l:an avec Za'ire.
Com~e
l'un des l?erfonnagcs
n'y
e(l:
point en
a~ion'
le
d14/og11c
nr
fauroit etre ,' ni
ra–
pide, ni varie ;
&
ces (ortes de (cenes ont befoin de
bcaucoup d'eloquence!
p~ns
la quatrieme,
les
inter–
locuceurs one des vucs, des fehtimens ciu
des
paffions
qui fe combattent,
&
c'e!l: la forme la p)us favora–
ble au
theatr~
; mais ii arrive fouvent que tous les
perfonnage~
ne fe
llvrent pas , quoiqu'ils foient tous
c;n aCl:ion ;
&
alors la .fc;cne demande d'aucant plus de
force
&
de chalc:ur dans 'le. !l:ylc, qu'elle ell: moins
;inimee par
le
dialogue.
Telle ell: c\afls le fentiment,
la fcene de Burrhus avec Neron; c;laps la vehemence ,
celle de Palamede avec Ore!l:c
&
EleCl:re; clans la po–
litique , cellc de Cleopfrtre avec fes qeux fils ; clans
la paffion , celle de Phedre avec Hy1;olite.
~e!que
fois auffi tous Jes interlocuteurs fe livrcnt au mouve–
ment de leur ame,
&
(e combattent
a
decouvert. Voi–
la, ce femble , la forrne de fcenes qui doit le plus
echauffrr ('imagination du pofae.
&
produit le
dialo–
gue
le plus rapide
&
le ph.:s animc ; cependant on en
voic peu d'exemples , meme dans nos meillcurs tragi–
ques, li l'on excepte Cqrneille , qui ·a pouffe la viva–
cite , la force
&
la ju,ll:elte du
dialogue
au plus haut
degre de perfeCl:ion. L'extreme di!llculte de ces bel–
les (cenes' vient de ce qu'elles (uppofent a
la
fois .un
fujet tres-imporcant , des caracl:eres bien contra!l:es ,
des fencimens qui fe combattent , . des interets qui
(e
balancent,
&
alfez de relfourccs dans
le
poere pour
que l'ame des lpeCl:ateurs foit tour-a-tour entrainee vers
l'un
&
l'autre parti' par !'eloquence des repliques.
On peut citer pour modele en cc genre , la (cene en–
tre H orace
&
Curiace; celle entre Felix
&
Pauline
;
la conference de Pompee avec Sertorius ; enfin plu–
lieurs .fcenes d'Her:iclius
&
du Cid ,
&
fur-cout
cc~le eatre Chimene
&
Rodrigue, ou l'on a rele1•e , d'a–
pres
le
malheureux Scuderi , quclques jeux trop re–
cherches dans l'expreffioa , fans dire un mot de la
beauce du
dialogue
,
de la noblelTe
&
du nature( des
ft:ntimens , qui rcndcnt cetre fcene une des plus belles
&
des plus pachetiques du
t~eam.
.
En general,
le
defi r de bnller a beaucoup nu1 au
dialogue
de nos tragedies : on ne peut fe refoudre . a
' fai re incerromprc un porfonnage 3 qui ii
rel~e
.encore
de belles chofes
a
dire ,
&
le
gout efl: la
Vl1; lffiC
de