666~
:D E
s·
Combien :·· cran~
la pein'tlin: qu'a fait le"T affe deb
fechereITe brMante'
q~i confume_l~.camp. d~
G.odefr,01 ,
le
tourment de la f01f,
&
la pme qu
ii
rnfp1re, sac–
croi!Tenc par le fouvenir des ruiffeaux ,
d~s
claires fon–
di~es
d6nt on a oft quitte
les bards delicleux
!
Un exemple de l'effet de's' con'tra!les , apres lequel'
if ·
nd fa'ut
rieh cirer , e!l
1
celui des enfan's de
Med~c
chretTafii: Jeur' mere qui va Jes cgorger ,
&
fouriant au .
!foi&na,~d le~e'
for leur fein' : c'e!t le fublime clans
le
cem ble.
• ~a~s
}l
f~ut ~?fe~ve-1' dans'_l~
contra!te des images ,
q.uele me1ange en fo1t harmon1eux: II en ell: de ces grn–
dauorls' com'me de celles du
Con,
de la lumim:
&
des'
cpul.e~~~· ;
r)en n'e.!l: te'rmine, tout fe com'.°uh
!qi.Je, tout
1
part1c1pe de ce qui l'approche. Un accora n
ell fidbux
a
l'ore'illb1 ,
l'arc-cn'-ciel n"e!l: fi doux
a
la vue , qµe
parce que k s fans'
at
le$ c'ouleuts s'allient par un dornc
melange.
.
L a poElie' a done
re~
aecorirs' airifi que la mulique .
&
fes reflets aioli que la peinture. Tout ce qui
tran~
cbc
elf dur
&
fee. Mais jufqu'a quer point lt:s ob–
jers' oppofes doivent-ils .fe retTentir l'un de l'au1re?
~'influehce ~!t-elle
reclproque
&
clans qi.Jelle propor–
tJ~ip?
VoiH ce
qu'il . n'~ft
pas facile dedetef1t1iner , ce–
pendanr la nature l'1nd1que. II y a , clans rous les ta–
~leaux
que la poelie noos prffcnte, l'objet dominant au–
_q uel
tout eft foumi?: c'e(\:' Jui dont ('influence doic
ecre la plus li:nfible, comme clans un tableau l'objct
le plus colon! , le plus brillant, eft celui qui commu–
nique le plus de
fa
couleur
a
ce qui l'environne: Ainfi ,
lorrque le graeieux ou l'enjoue contra!te avec
le
gra–
ve
Oil
le
pathecique ' Je gracieux ne doit. pas etrc auffi
fkuri . ni
1\~joue
au'fli plaifant
qi.les'il etoic feu l
&
comme en hoerte. i.a douleur
perrriet rout au plus
de/o~.rire.
,
Q ';!F._
V irgile
~.~.m~are
un jeune guerrier
xp:rart
a
unt!fleur qu1 v1en
de tomber fOLis IC
trhn -
2kant
d'~
la ch\lrrue, il- nc! dit Cle
la fleur q ue ce qui
tU:'
aoal\j~e'
1f
1
ii
pitif que
le
jeune homrne infpire :
la11guefcit morier.1
.
:El'anS J'es
dtjcfiptiolis
des grands poe–
tes' on peut \(uir qu'en oppofant des images riantes
a
des
tablc~dx
d6ulouremc , ils n'ont pris des· tines quc
Jes tra1fs 9oi s'accordol€rfr avec Jes aucres , e'eft-a-dire ,
cc qui
s•t:rl
re race nacurellernent
a
l'efprit d'un hom–
me. qui_fouffre
les 01aux ojlp6fes
a
ce
biens.
De
me.nedans un cablbu
OU
dornine la joie' les
~holes
les. ,plus. trifl s en doivent
pr~ndre
une teinte
legen:.
C'tft
ainfi qui:
les poetes lyriqties clans leurs
ehanfons volupcueufes , parlent gaiernent des peines de
l'amom , .des re vers .de la fortune
1
des approches de:
1
mort. Milis
Otl
le contrarl'e
cit
le plus difficile a
coneilier tvee l'h.mnonie, c'e!l: du pathecique au plai–
T nc. Elans l'Ellf•nt prodigue, la gaiete
de
J a'linin a
·cetce tcinte quc ic cldire : elJe cft d'accord avt:C la tri–
fle.lfe noble. du Jeune Euphemon ,
&
a·vec
le
ton gene"
9~1
de cec'.tt: piece fi
tciuchan're.
Dans
·1e
co6traITe , l'objet dominant ell: foumis lu·i–
rm'cme
·~ux
101x de l'harmonie ; c'eft-a-dire ' pal' exem–
j>1e ,
4ue pour lourenir
le
contrafte d'une gaiete dou–
ce
&
riantc ,
le
pad~etique
doit etre rrio<lere. Hector
·
·rb~ril.
-e'h voyant A!1:ianax elfraye de fon cafque; mais
ilJoi qu'en dife Homere
ii n'eft pas nacurel qu'An–
"d1o'ri\~qu1e
fa
fouri. t.'attendrf!fement d'HeCl:or elt aom–
pahb'k avec l'e feHriment qui le fair
fouiire; au lieu
qJe
f!:
2ce'ur c1·Alidi-6maque
ell:
rrop emu pour re fai–
e un plaifir de la frayc11r de fon enfant . .Les amours
pcu~,e~1t
(e
jquer avec la 'malfoe tl'Fkrcule , candis que
~c~
heros lb_l1pire au;c -pieds
d'Omph.~le;
mais ·n.i
fa
r.;orr,
'hi fon dpotheOfe ne cotnpoTtenr rrcn de pared. Amii,
i'e
foJet
l'rfoci_pal doit lui-n erhe
fr
concilier a.Jee les
$o~'mrtes
'<:jii'dn lui oppoTe , ,?u plutor,
o~
rte
dbit lui
oppofer que Its comrailes qti
11
peur fouffnr.
.
!ta
'defcrtpt/011
e_!l:
_a
l'epop~e
,ce que la
decora~io~
&
la pa'nton111ne font a la trnged1e. II faur done que le
poere 'fe ll\:mancfe
a
lui-'me'1We ,
fi
r aa!bn que je ra–
conte
ft
'(ia!foi r fur lln theatre qu'il me tu r libre d'ag–
grandir
&
de tl1!p0fe'r d'aprcs narnre , comment feroil-.
DE S
ii
le pti1s avar!tageux de
le decorer pour l'int€rec
& '
l'illu!ion J u rpeClacle? Le plan ideal qu'il s'en fera lui –
n\eme rera'
It:
modele de
fa
defaription.,
&
s'il a bien vu
le tableau de l'aCl:ion en la decrivant , en la lifant, on–
leJ
v~rra
.de meme.
II en e(\: des perfonnages comme du lieu de la fee-.
!Te : routes !cs fois qoe leurs ve.cemens '
leur attitude .
kurs ge!tes , leur expreffian , fo1t dans les traits du vi–
fage , foic d11ns les accens de la voix , inrereffent l'a–
Cl:ion qi,ie· le poere vei.1t peindre , ii doit nous ks ren–
dre prffens. L orfque Venus fe montre aux y.eux d'E–
nee , Virgile nous la fair voir eomme fi elle etoit for
la fcene :
Namq71e ht1merif' de mart hahilem fufpenderat
t1rct11~
//
enalrix
;
dederatq1(e comm dif!undere 7ft;11is
:
N uda gum, mrdoque jinus collerta j/11entes .
ll
nou~
fait voir de meme Camille lorfqu'elle
s'a~
var1ce au combat ,
Ut 1·egius ojlro
//
elct hoptfs !eves humeros
;
tit
fibula cri11em
.//11ro in1er11ertat
;
lyciam ut gerat ipfa p'baretram
,
Et
pajloraltm prtefixa c11JPide
lllJ'Y/Um
•
On pellt voir des exemples de la pantomime expri–
mee par
l~
poece dans la difpuce d'Ajax
&
d'Ulyffc
pour les arnles d'Achille. (
Metam.
I.
XIII.
)
Si
l'un.
&
l'a1.1tre heres etoient fur la feene • ils ne
rrous fe–
roicnt pas plµs p\-efens. Mais le modele
le
plus par–
fait de l'aCl:ion theatrale exprimee dans
le
recit du
poe~
te, c'eft la peinrure de la mart de Didon.
Jlla
graves oatlos t'o1rnta nttol/ere , rurfrts
Deficit
:
infixmh jlridet fub pdftlre vu/1111.r.
'ier
fefe
attollens cubi1oque i1111ixa levavit,
'Ter
revoluta tQro
efl
:.•culifque nrnntillus,
nllo
!J(:,1tefivit cailo lucem , inge11mitque reperta
.
Le
tal~nt
diflinfrif du pcrete epique etant celui d'ex–
pofer l'aCl:ion qu'il
raeonte, fan genie confifte a m–
venter fies tableaux avantageux
a
peindre,
&
fon gout
a
ne peindre de ces tableaux que ce qu'il en: inter f–
fanr d'y voir. H omer'C peint plus en derail ; e'elt le
talent du poete , dit le Taffe: Virgile peint
a
plus
grandes reuches , 11'ef\: le talent' du poec.: hero'ique ;
&
c'e!1: en quoi le flyle de
l'epopee diffure de cdui
de l'ode , laquelle n'.1yant que de petics tableaux, Jes
fin it avet plus de roin.
.
f
ai dir que
le
concralte d'es tableaux, en variant
Jes plail1rs di: l'ame , ks rendoi t plus vifs , plus mu•
chaos. C'dl: ainfi qu'apres avoir
rraverfe des dfferrs
affn:ux , 1·irnagioat1on n'en efl que plus lenfible
a
la
ptinture du palais d'Arrijide. C'ell: ainfi qu·au forri r
des enters; cu Milton vient de nous rnener, nous
re–
fpirons avec voh1pce
!'air
pur du jardin de deliees.
Q_ue
le
pofo: fe menage done a\•ee fain des palfagcs
du clair
a
l'oefcar' du g·racieux au terrible; nuis que
ceue variete foic harmonieufe ,
&
qu'dle ne prenne
jamais rien for l'analogie du lieu de
la frene , avec
l'aCl:ion q ui doi.t s'y palfcr. Ce n'eft point u
nant
ombra<>e qu'Achille doit chereher pour plcmer la more
de
Pa~ocle
· mais le rivaae ari<le
&
folitain: d'une
mer en ·filen'€e , ·ou
d~m
Ids mugiffemcns
fourds
r~-
pondent
a
fa
douki,ir,
.
On
he ·fair pas a!fez combien !'imagination "Jo.ute
quelquefois -au pathetieiue de
la cho(e;
&
c:ert un
:ivancage ineft:im:iblc: de l'epopfr que de pouvo1r don–
ner tin h()'tlveati fond
a
.eh<ique rableau qu'elle
pe1~t.
M ais uoe regle bien etTentielk ,
&
done j'exhorce les
poeres
a
n!: j'11niais s'c!tarn:r. c'e(\: de relt:rver ks pem–
rnres detnillees peur ks
m~tncns
de mime
&
ue re–
llche: dahs cc<.l'X 1oi'J
l':iCl:ion efl viVl:
&
rap1de, on
ne peut crop f<:
hater de -peindre
a
grandes muches
ce qui eft
d'c
fpeCl:ack
&
·de decoi:arion. Je n'co
wc–
.rai q u'un exemple. L e
lever de
l':i.uran:, la llotte