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648

DEC

L'orateut ·dei:ent ne cherche point

a

paroitre, n!

~

(e

fai re admirer ; il veut que l'auditoire s'occupc

d~

fan dircours,

&

non de f<1

perfonne. ModeQe fans ti·

midite , il fe permet une honnete confiance, ii conli·

dcre ks auditcurs, non comrne des juges inexorables ,

q ui le condamneront fans l'entendre, mais comme une

affemblee rerpetl:,able de perfones eclairees. (

Cct arti–

de

ejl

tiri

de

14 .

<J'hiorie ge11erale

del

Befl14~·-Art1

de

M.

S1nzrn.)

I)ECIUS

ou

D ecE , (

Hifl.

Jes

empertttrs.} Cneu1

Metitis !zyintus <J'raja11f1s Decius ,

Pannonien de naiffan–

ce, s'eleva des plus bas emplois au premier grade de

la milice R omaine : l'empereur Philippe qui connoif–

foit res

talens pour

la

guerre, le choifit pour appai–

fer la rebellion de M ccfie , mais

a

peine tur-il entre

dans cetre province que les legions, d'un

confent~ment unanime ,

k

proclamerenr empereur; il fallui:

en venir aux mains contre fon bienfaiteur , qui

apre~

J'avoir vaincu , fut alf11ffine par res propres foldats. Sa

.mart le rendit

paifibl~

po!felfeur de !'empire , mais ii

11e voulut point entrer dans R ome qu'il n'eih erouffe

la

revolte des Gauks.

II

marcha enfoite centre les Sey.

thes qui ravagoient la Thrace

&

la Mc:efie.

A

pres plu–

iieurs viCl:oires , res troupes furent mifos en fuite : ii

fot enfraine dans

la derolltt: pVeC fon fils;

&

ayant

pouffe fon cheval dans Ul\ m:irais profond, ii fut

en–

glouti fous l'q u

&

d11ns

la

l;>oue fans qu'on pl1t ja–

mais retrouver fan corps.

II

rnourut a l'age de cinquar1-

.te ans dont ii en avoit

r~gne

deux. Les ecrjvains pro–

fanes lul donnent unc place parrni Jes bans empercurs.

Les chretiens l'ont peint comnw

tlll

monftre de cruau.

te,

a

caure des cruelks perrecutions qu'il cxerp con,

tr'eux. On ne peut don ncr qne idee a!fez affreure des

.hom111es qui puni!Tent Jes opinions contraires aux lturs ,

avec la meow

f~verne

qut;

lcs vices

&

!es crimes,

( <J'-N. )

D Ecws Mus,

(Hi.ft.

Rom.

)

dans le>terns vertueuic

de la

r~publique

romaine ' fut egalemenc celebre par

fon courage

&

par fon amour pour la patrie.

II

fe

d i!lingua dans

ra

jeuneffe contre ks Sarnni\cS ;

&

quoi–

qu'il n"drt que

k

titre de rribun, on lui amibua la

principale gloire de cecte guerrc. Le coplul

Cornelio~

s'etal\t ernbarra{f6 . dans une pofirion defavanrageure,

en fut tire par l'increpidite de

Deciu~

qui lui aida

a

i ern porcer une viCl:oire

~clataQte

conrre Its Samnites;

la gloire qu'il s'ctoir acqui!e clans cette expedition,

lui merita

la

<lignite de r;onrul , ce fut en ceue quali–

te qu'il pourfuivrr la guerre contre \es L atins qui lui

Jivrerent un combat ou voyant !es !\ens plier , "ii prit

la refolution de le devo4er au11; dieuli internaux pour

;irracher

la

viCl:oire aux cnnernis. Ce facrifice magnani·

me rekva

le

courage

de1 R

omains qui rel1erent viCl:o,

r ieux,

So11

fils

Decius

Ad.us

fut l'heririer de ce faQatiline

republicain : ii

excr~a

quatre fois le confolat,

&

quand

ii

po4vojrjouir de

fa

gloire ii n'ambitionnoit quc l'hon.

n eur de re devouer pour

(on

pays ,

&

c'efl;

C(;

qu'il

ex~(:Uta quelque rems apres en fe precipitapt fans armes

au n1ilieu de la melee

~

ii lailfa qn fils qui imira l't;•

:xemple de fon pere

&

de (on a'icul dans la guerre can–

tre f irrhus. Ce prince qui avoit

en

horreur c;et enrhou–

fia(me forieux' lui fit dire que s'il vouloit

re

dev.ouer,

. ii ordaoneroit

a

fes foldats de le menager

&

de le pren–

d re vivant pour le faire punir

du

dernier fup plice. Cet–

te nienace ni:

k

fit point changer de rtfolurion ; ii

fr

jettl\ fur Jes javelots

&

!es piques des Epirotcs ,

&

ii

trouva la mart qu'il fembloir invoquer. La rnanie des

devouemens fut uoe maladie dam la contagion

fe

com–

muniqua

a

toure cetre famille. (

T-

N. )

DECLAMATIO

,

f.

f. (

Rhitor. Bel!es-Lcttm. )

Ce mot

fo

preod en mauvaire part, pour e::primer um;

faulfe Cloquence: chez !es grecs , c'croi

!'art des fo–

f>hiftes; ii confi(loit fur.rout dans une dialeCl:iquc fub–

t ile

&

captieufe ,

.&

s'eicer~oit

3

faire que le fau x pa–

r ut vrai-; que le vrai parut faux ; que

le

bien pari1t

mal; que ce qui etoit ju!le

&

louab!e p::rut mjufie

&

criminel ,

&

vice verfa

:

c'etoit

\a

charlatan rie de

111

D E C

logique

&

de la morale. Q!i'un fophifte propoflt i•nc

chore facile

a

perfuader, on fe moquoir

c lui

&

avec

raifan ;

a

cclui qui vouloit faire l'eloge d'Hercule on

demandoit:

fi<!.1i efl-ce qtti le blame ?

Mais que le mcme

homme fe

vant~t

de prouver aujourd'hui unr chore

&

demain

le

contraire; les Atheniens, ce

p.:uple

irort:

fettr

,

alloienr

~n

fou le

a

fan ecole. La fage!Jeo de

So.

crate fu r l'ecueil de

la

vanite des fophiftes; ii oppofa

a

leur declamation une diakB:ique plus faine

&

~um

fobtile q ue la leur.

II

les atrira de piege en piege juf–

qu'a les faire romber dans l'abrurde ;

&

fon

!us graod

crime', pem-erre, fu t de !es avoir confondus ,

&

d'a–

voir appris aux Arheniens, long- terns feduits par

des

paroles , le digne ufage de la raifon , l'art de dourer

&

d'apprendre

a

connoltre ce qu'il importoit de favoir,

le vrai,

le

bien , le

beau

morJI , le jufie , l'honnetc

&:

!'utile.

Chez !es Romains la

dicla111atio11·

n'etoit pas fophifti–

que , mais pathetique;

&

au lieu de feduirc l'erprit

&

la raifon , c'etoit l'amc q u'elle c!fayoir d'interetli:r

&

d'emouvoir.

Cc:

n'e!l pas qm: clans des ouvrages

de morale, cornme les

Paradoxes

de Ciceron

&

fan

<J'rni–

tifur la vieille.ffe ,

on n'employat, comme chez !es Grecs,

qne dialeCl:ique tres-deliee , a rendre

populaire~

des ve·

rites fubtiks ,

&

fouvenr opporees aux prej uges

re~us:

c'etoit meme ainfi que Caton avoit coutume d'opiner

dans le

fer.at

fur

des queftions epineures; mais cette

fubtilite etoit celle de la bonne-foi ingenieule

&

elo–

quence. : c'eroit la diakC1:ique de Socrate,

&

non pas

c;dle des charlatans dont Socrate s'etoit joue.

La

diclnmation

etoit

a

Rome l'apprentiOagc des ora·

teurs ,

&

d'abord rien de plus utile; mais quand

le

gout dans

taus les genres

re

corrompi,t ' )'eloquence

eprouv<1

la

revolution generale. Petrone nous donne

ti ne idee

de

Celte eco(e d'cloquence,

&

des fujets fur

Jefq uels les.jcunes orati:urs

s'exer~oient

dans fon terns :

J'ai reftt cer plaies pour la difmfe de la

liberti p11bliq1ie

;

j'ni perdu eel a:il m combattanl pottr ;vol/J ; do1111ez-lilei

1111

guide pour me mmer vers

111es

mfn11s

,

car mes jnmbes affoi,

Uies 11epeuvent plus me fo11te11ir.

Ce$

diclama1io11s

qui

km–

bloient fi ridicules

a

Petrone , pouvoient, felon Per–

rault, avoir leur utilite,,, Comme ii faut ror:npre, dir–

,, ii, le corps

d~s

jeunes gens ,par !es exercices violens

,, du manege, pour leur

appr~ndre

a

bien manier un

1 ,

cheval dans une marche ordinaire ou dans un car–

,, rouzd; ii ne fau t pas mains ro:nprc ,

en

quelque

,, forte, l'dprit des jeunes orateurs par des fujets ex–

,, traordin<1ires ,

&

plus grands que nature , qui

les

,, obligent

a

faire des efforts d'imagination'

&

qui !cur

1 ,

donnent la facilite de rraiter cnfu it des fojers com–

,, muns

&

ordinaires; car rien ne difpofe d'avancagc

,, a

bien faire ce qui eft aife , que l'habitude

ii

faire

,, les chafes difficiles ,..

Ce

raifonnernent de

P~m:ult

dl:

lui-merne un fophirme: car un jcune dcffinateur qui

n'auroit jatnais copie que des modeks d'academie dans

des attitudes comrainres

&

des mouvcmens co;wul–

tifs, feroit rres-Join de

favoir modeler

OU

peindrc

Ja

Ve:rns pudique , ou l'Apollon, ou

le

Gladiarcur mou·

rant '

&

quand ii s'agit de palfer de la nature forcee

a

la

nat~re

fimple

&

nai've, c'i;!l abufer des mots , quc

de

dire :

qui pwt le pltls peut le

111~ins.

Dans taus les arts,

en

eloquence

&

en poefie comme en peinture, l'exagfra–

tion eft

le moins ;

&

le plus,

c;'eft la veriu: , la conve.

nance, la decence : c'e!l cette ligne door parlc Hora–

ce au dela

&

en

de~a

de laquelle rien nc peut erre

bie~.

II eft done vrai qu'a Rome la

declamation

~orr~IT'p~t

!'eloquence ; ii eft encore vrai qu'elk l'auroir dtwee

quand mem.e "elle ne l'auroit pas corrompue.

!.Ile

la

corrompit en ce que l'orareur excrce

a

des

mouvemcn~

cxrraordinaircs, lcs 'cm loyoit a taus propos , pour

1,1fa

de fes avancages: 11 accornmodoit fon fujet

3

fo~

eloq11ence '

au lieu de proportionncr fan eloquence

.a

fan fujer. M ais cet excrcice de !'art oratoirc

ten~or_t

for-taut

a

k

d~crediter ;

car un peuple accollrume

a

ce jeu des

d( /a;;iatioils

,

ou

ii

favoit bien que nen

n'~toit

lincere , devQi\ <1llcr entend

re

fes orzreurs com-

me

aucant