S E P
La matiere qui contribue le plus
a
lafl.ptlrafJOII
de.
l'argent d'avec l'or el! le foufr.e; c_etre lubtlance s'u–
nit avec l'argent qu'ellc attaque, fans avoir la moin–
dre aélion fur l'or, c¡ui par-la fe dégage de l'argenr_,
&
forme un régule a part ¡¡u fond du creufet, Lorl–
que cecee
féparation
fe fait en gra11d, on n'obrient ja–
mais un regule ou culoe d'or pur,
&
l'on el! tres-con–
tene lorfque la mafl'e réguline efr compofée de crois
partíes d'argent co•Jtre une partie d'or . Cela viene,
{uivant M . ae Juf!i , de ce que pour ménager les creu–
fets, on en tire le métal fondu
avec
des cuilleres, ou
hien on le vuide dJns des c,6nes ou des creufcts poin–
tus, ce qui ne peuc guere fe fairc
~ffcz
prompremenc
pour qu'uue portian du métal ne fe refroidi{fe pas,
alors la maciere n'eft point affez Ruide,
&
l'or en cou–
Jant entra1ne avec lui une porcion corrtidérable ele l'ar–
gent. Voici un procédé par lequcl M. <le JutH arrure
avoir obten u l'or en une rnafle régulioe alJez pure, il
prit un demi-mare d'argent qui contenoit de l'or, il
le mic en grenaille,
&
apr~s
en avoir f2it t•errai avec
exaélitude par la coupelle
&
par l'eau-force, il trouva
que la marre d'argenr tenoit quarre grains d'or. ll mit
cer argent en grenaille en cémencation avec du foufre
dans un creufet couvert
&
bien lurré;
&
lorfque l'ar–
gent eut été bien pénérré par le foufrc, il en fic la pré–
ci¡>itati9n, en y mertanr du tlux noir , du fiel de
verre, de la lim3ille de
f~r
&
de la lirharge. Apres
que le tour fur entré parfaitcmenr en fufion, il laifia
refroidir le creufec. Alors il
~aff.1
le ereufer,
&
il
trouva au fond <le la marre d'argenr' un petit boucon
ou culor d'or, qui avoit la couleur de
l'or qui el!
allié avec de l'argenr; l3 peticerre emplchoit qu'on
ne pOr
le
féparer parfairemenc de l'argenr, néan–
moins
M.
de Jut1i, en fe donnant beaucpup de pei-
ne,
~~~
déracha 3..!. grains, il en éroit rené environ un
4
demi-grain uni avec l'argenr. A l'errai, il rrouva que
c~t
or éwir
a
20
karaes . Ayant réitéré cerre expé–
nence,
,¡
eu r le
m~e
fucces . ·ce favanr chimifte ne
doure pa• que cene expérience ne réufsir encore mieux
en grand,
&
il
croit que ceux qui s'occupenr du rra–
vail de la
flparatioq
ou du déparr par la
voie
(eche
dans les monnoies, feroient mieux de ne poi:Jt rant
regarder
a
la dépenfe d¡l creufet qu'il faudroit
brif~r'
qu'~ e~ q~' il
en courc pour multiplier le_s
féparntiont
afi1¡ de fa1re enforte que les régules contlennent rrois
parries d'argenr conrre une panie d'or, pour en f.1 ire
enfuice le départ avec l'eau-force . En eff'er, il paroit
que l'on épargneroir beaucoup de charbon
&
les fr3is
de l'eau, forre"
~~~
fuivanc le procédé qui a été rappor–
té, ce qui feroic profirable, fur-rout fi
l'on peur fe
proc;urer des creufcrs
a
un prix raifonnable. O'aill eurs
on n'auroic
qu•~
purifier l'or; qu'on a die
~rre
a
2~
kars¡s, en le faifam fondre avcc l'anrimoine.
_q"
fuit deux
rout~s
pr'n_cipales pour ogércr la pré–
Clpltatlon dan¡ la
!,paratrpn
par la voie feche . Les
u ns fe fervem du Aux noir,
&
d'aurres fel s ou f,¡bf–
tances
alk~lines ,
relles que le fiel de verre, pour fer–
vir de J?récipirant; d'aurres rejettenr cene mérhocle,
&
fe (ervent du fcr puur cene précipiration .
11
y
a
a
L eipficko deux famines qui depuis plufieurs années fonr
en p:..lf< Ilion du·
r~~rec
de faire la.
{;paratÍQI)
ou le dé–
part par
1~
voie !\!che, elles fe r.!rvcnr de deux mé–
thodes. diff'érenres. L1
~remier<;
de ces familles, qui
el! celle de PFanenfchmHlt, fe lerr principalemenr du
fer pour la pn!cipitation, fans employer de fondans
alkalins. La i'econde fam ille, qui el! celle de Srole
fe
f~r¡
de fondans alblins pour la meme opéracion.
C<'s deux méthodes i'onr connues en
Allem~gne
(ou;
Je nom des deux fam illes qui les
e~ercent,
f>4.
de Juf!i exan¡ine laquelle
d~
ees deux
m~rho
des mériie
d'~rre
préférée . Pour cer eff'ec
il
faur
[aire attention ;\ deux choles;
1°.
a
ce' qui
re~d
l'opé–
ranC?O plus
f~cfle;
2P.
a
ce qu1
la rend moins COU–
~eu(e .
JI
n'ef! pas doureux que les alkalis
{j~es
rels
gue le fl uJ noir, la poraOe
&
le {jel de verre
fo~r
les
fubftances le plus propres ;\ fe combioer avee le fou–
fre
¡
elles furpaOent
m~me
le fe• dans cene proprié–
t~,
qUJ pourranc el! de roures les fu bf!"oecs méralli-
9ues celle qui a le plus de difpotirion
a
s'unir avec
le foufre_. Ainfi
1
en joig 0 anr le fer
avec
ces fubf!:m–
ces alkahnes,
,¡
n'etl pas
doureu~
que la précipirarion
fe fera plus pron¡premem
&
pllJs parfaitemenr
&
les
marierc~
falincs en na¡reanc
a
la furfacé des
~1éraux
en fuf¡on doivcnt em()echer ,
qu~
le foufre pourré par
]'aélion du' feu, 11'enrra!ne
&
ne volari life avec luí
un_grand nombre
d~
mol_écules d'argeor. D'ou l'on
yo1t qu¡:
le~ fonqa¡¡~
alkalms Qnt leur
ava.nra~e;
mai$
SEP
d'un aurre c/Jré,
011
ne peut fe dillimuler qu'ils n'aicnt
auffi leurs
incoovén~ns.
D'abord íls
.endomma~ent
con.(idérablemenr les creufecs ,
&
les merrent nurs
d'état de fervir davancalfe, ce qui au¡¡menre les frais
dans une opémtion ou ¡'économie fa1t couc le profic.
De plus, rout le monde fair que les fels alkalin• com–
binés avec le foufre forment ce qu'on arpelle
I'J,~par
ou le
[pie¡(~
foufre'
qui •
a
la vériré' facilite la fu–
fion áes méraux, mais qui diflimt en meme tcms l'or
&
l'argcnr de maniere qu'il el! impollible de Jeur ren–
dre leur forme
mér~llique,
du moins fans des peines
&
des dépenfes
confidér~bles;
d'ailleurs
ce
foie de fou–
fre rend ces mécaux aigres
&
calfans, de_ forre qu'il
fauc recourir
a
des fufions réirérées avec le [el am–
moníac, le
nicr~,
le
borax, &c.
pour déga rer ces
méraux de la mauvaife qualité qu'ils onc concraélée;
toutes ces chofes augmenrent la dépenfe,
&
fonc qu'
une porcion de l'argenc
{e
perd, vu que l'on 11e re–
trouve point exaélemenr celui qui s'eft cooverti en
fcories. M. de Juf!i a rrouvé par des expériences que
le flux noir
&
le fiel de verre, {urrout quand ces
deux fondJ11s font combinés, produifoienr dan> le feu
une plus grande quanciré de foie de foufre que l'on
ne pourroic l'imaginer . Ourre cela le flux noir,
a
caul'e du nitre qui y entre, ne lai!le pas "'augmenrer
la dépenfe, furrouc fi l'on cravaille en grand; d'ail–
leurs il anire tres-rapidemenr l'humidité de l'air, ce
qui peur cauler beaucoup d'inconvéni:os dans l'opé–
r:u:ion.
O'apr~s
routes ces conlidérations, M. de Jufii donne
la préférence
~
l'opération da11s laqnelle on emploie
le
f~r
:tu licu de fubf!ances alkalines, vu que ce mé–
t:JI el! :\ n·es-bon marché, qo'il a une eres-grande
di[–
potirion
a
ablorber le foufre'
&
que par fon moyen
on n'eft poinc expofé a perdre une porciCJn de l'ar–
genr . Cependanr il el! a-propos d'y JOindre un peu
de fiel de verre, qui el! une fubf!ance peu coureufe;
elle faci lirera la fu!ion, empechera le (oufre de dilli–
per ou d'enrrainer avec Jui une porcion de l'ar<renr ,
favoril'era
la
formacion des Ccories,
&
s'll fe fc¡rme
du foie de foufre, ce ne fera qu'en eres-perite quan–
ricé .
Si l'on a une cerraine quantiré d'argent contenant
~e
l'or
~ d~nt
011
veuille faire _la
(iparatio11
par la voie
leche,
,¡
lera ~
propos d'en fa1re l'efla• avec beaucoup
d'exaétirude par la coupelle ou par l'eau-force, pou r
(avoir
combien le nJ9rc d':Jr)!enr conrienr d'or.
1/oy.
/'
articlt
EsSAI .
Pour cec ener il faudra commencer
par merrre cer argenc en grenaille eres-fine, ce qui
r~
fair en le failanc fondre'
&
en le verlant
douc~menr dans un va•fieau rempli d'ean, que l'on agirera
fans inrerruprion avec des perites br.mches de bou–
leau, al01:s on en fera
l'efiai.
11
etl imporranr que
I':Jr~enr
loir réduit en une grena ille tres-fine comme
de la dragée, oo rour au plus comme- des Jencilles,
paree que l'on n'aura pas befoin d'¡• joindre une aulli
grande quanriré de foufre pour l'o ératcon
lubfé–
quenre, c'eft-3-dire pour la
flp¡p·•tio11
ou le
dép:~rt
par la voie leche. En eff'er, poor q!J'elle fe fa (fe
ex<~c
cemenr, il fauc que rour l'argent foic parfairement
pénérré par le Coufre; fans cela, ce méral combe au
fond du creufer,
&
l'on obrienr des ma!l'es métalli–
ques trop grandes pour pouvoir en bien faire le dé–
pare par !'ea u-forre,
&
l'on fera
dans
le cas de recom–
mencer la
{}paration.
Pour mi!ler l'argent en grena ille avec le foufre, on
mouillera cerre grenaille avec de l'eau, on y join–
dra du foufre en poudre fine, on roulera le rout avec
la main, de maniere que chaque grain
d'arg~nt
ait
une perite croute de foufre;
{j
l'a rgcnr el! parfaice–
me'V pur,
il
fera
a
propos avant que de le
m~ler
avec
le toufre, d'en menre ;\ pare aucanc de demi onces,
que l'on a de mares dont on veuc faire le déparc ou la
jéparation .
Lorfque l'argeot en grenaille a été
m~lé
avec du
foufre., on le mer dans un creufet que l'on remplira
prefqu'enciere~ent;
o!'
le couvrira_
~·un
couvercle,
&
)'ón aura f01l¡ de b1en lurrer les ¡omcures , de peur
que
l'~élion
du feu ne fafi'e partir une grande quan–
tité de foufrc qui n'aura pas produic fon eflet,
&
qui
n'ílura poinr intimemcut
pénérr~
l'argenr. On donne–
ra d'abord un fe u cres.doux, on placera le creufet
fur un fupporr,
&
on
fera
un feu circu13ire, qui ap–
_proche peu
i\
peu du crel)fet,
&
on le Jaifiera échauf–
fer ¡uCqu'a ce qu'on voie une flamme légere de lou–
fre lort1r par les joinrures, alors la difiolurion de l'ar–
~ent
par le foufre fera faite .
Pendant cene opération on préparera le fourneau
a
venc.