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S O M

l'o!aU qui fe trOUVOÍt .dans

i:t

chambre, il en goute_,

reconnoir la rrompene ,

&

tlemande encore plus

VI–

vemenr de l'eau-de-vie , ex pofant la grandeur du pé–

ril qu'il couroir; on lui apportc un verre de liqueur,

il le prend avec plaitir,

&

<)ir en reflentir beaucoup

.de foulacrement; cepenuant il ne s'éveill e poinr, te

couche,

"&

concinue du dormir plus tranquillemenr .

Ce

m~me .fomnambt~le

a fourni un rre>-granu nombre

de traits fo rts

tin~ulicrs ;

ceux que je lriens de rap–

portcr ' peuvent luffire au bur que nous noti$ rom–

mes propofé. j'ajouterai fculen¡eor que lorfqu'? n vou.

loir lui faire changer de matiere, lui faire quirter des

fujers trilles

&

défa:rréables, on n'avoi r qu'i\ lui pafler

une plume fu r ks" levres

1

da"'

!' inflan~

il

tomboit

fur des queflions

rour-it-fai~

difl".!re nres .

Quoiqu'il foir rr(:s-f4cilc de reconooitre le

jomnllll–

blllí]im

par les

f~i t~

incOI)tcílabl es que oous

¡¡~ons

décaillés, il n'cl1 nas aifé d'en découvr1r la caufe

&

le méch311ifine; l'é;ymologie de cetre maladie efl un

écuei( funefle

a

tOUS <!eS f:ijfeurs d'hypothefeS, i\ toUS

ces

demi-fdva~s

qui oe croienr rien que ce qu'ils peu–

vent exp liqucr ,

&

qui ne fau roienr imaginer que la

narure ait des myfleres impénécrables

a

Teur fagacité,

d'aut3nt plus

il

plaindrc que leur vue cot¡rte

&

mal

a!furée, ne peut s

1

éteuure jufqu'a'lx bornes

tr~s-voi[¡nes de leur he rifon ; on ¡;eut leur dengoder:

1°.

Commenr

il

fe

peu~

faire qu 't¡n hon¡me enfeveli

d3ns un profond fom n¡eil, entende, marche,

~crive,

voie, jouiOe en un mor de l'exercice de fes fens ,

~

exécuce avec jull efle

1

divers mouveme•!s: pour

fdci~

liter la folu ion de ce

probl~me,

oot¡s a¡otJterons que

le

/Qn11¡qm!mle

ne

voit

alors qne les objerj

do~t

11

~

beloin, que ceu< qni íonc préfens

~

foo im:tgi nation .

Celui ilont il a éré queílion

1

lorfqu'il compofoir fes

fermons , voyoir for c bien Ion papier, fo o eocre ,

fa plume, íavoir diílinguer

ell e

marquoi~

o u non ;

il

ne prenoit jan¡a is le pc¡udrier pour l'encrier,

&

du

r e11e il ne fe dou¡oir p:I.S

rn~me

qt¡'il eOr quelqu'un

daqs fa chall)bre , ne voyoic

&

n'eqtcl)doic perfonne ,

a

moins qu'il ne les inrerro_se5c; il lui arrivoi c quel–

qu efois de deopnder ejes qragées

a

ceu~

qu'il cro}ioit

3

cór¿ de lui,

&

il

les rrouvqir flirt booues qn:1nd

on (t¡i en dol)noic;

&

fi dans un aucre cems oo fui eq

eüt

mi~

d3ns la bouche, ldns que fon imagination fU e

moqrée de ce cóté-lii , i! n'y trouvoit aucun goOt,

~

l,es rejerrqit .

z.

0 •

Comnteo t l'on peut éprouver des fenfations fa ns

que les feos y ayenr p trt ; voir, par exemple, fans

1~

fecours des yeux:

le.fonmambulc

dont nous avons f•i t

J'hi~oir~,

p1rofloit évidemmcnr voir jes objers qqj

avoieqr rapporr

1!

fo o iuáe, lorfqu'il rrac;¡oi¡ des nores

de mu{jque; il favoi r

~'aélemenr

celle¡ <¡ui devoienc

~rr~

blanches ou noires,

&

fa ns jamais fe méprendre

il

noircilfoi r )es unes

&

cor¡fervoi t les autres;

&

lorf–

q u'j l éroit obl rgé de rever¡ir au haur de la page, fi les

ligqes du bas q'écoie ur p:ts fc;ches, il flifoir un décour

p 0 ur ne . pas les e{fJcer en paffanr la main denus; fi

ell~s

étoieqr aijez

(edt~s

1

il

~.!gligeoit

cene précau–

tioq

inqriJ~.

p

eíl bien

vrai

que

!i

on lui fubl1iruoir

un

p~pier rour-~-fait

fembla bfe,

il

le

prenoi~

pour l_e

iien; np11 p ur ¡ucrer de

1~

rdfemblance, 11 n'avo1 t

pas hefoin de pJ!fer la m• in cou tTaucour.

Peur-~cre

1¡e

voy

ic-il que le

P~Rier,

fanl

diíli~J~uer

les car;t<.'–

teres.

!'

y

a lieu de pr.érumer que ' tes autres fens

done il fe

r~rvoi t

n'étoienr pas plus ¡lifpos q•te les

yeux ,

&

qne

qu~lqn'aurre

q ufe

fuppl~oit

leur ioac·

tion · or¡ a<¡roir pq s'en

~nur~r

en lui bouchanr les

qrei lies , !!n le piquaoc, eq lui

cjoon~n~

du

r~hac ,

&&.

3°.

Comm eq~

il. qrri yqir qu'en cjorll)anc ji fe rappel–

l?it le [ouvenir

d~

ce qui lur o!roit arrivé étánt

év~illé,

qu'il file au!li ce qu'il avoir fa ir pendane les autres fom–

meils, & qu'il 1¡'e

,fOI)Íerv~c

<jucun

[quvel)ir

en s'é–

veillant:

il

rémoignoic quelquefois pendanr le fom–

meil fa turpriCe de ce qu 'on l'accufoit

d'~rre

.fomnam–

bul~.

de rravailler, , qtécri re, de

p~rler

pendanr

la

nuit; il ne

concev~¡t

pas cOmiT)ent on pouvoic lu i faire

de pareil1 P\lproc-hes-1

a

Lui qui dormoit profoode–

menr coure

1~

nuir , & qu 'on aW>ir beaucoup de pei

ne

a

réveíll er; cene double mémoire el1 un phéoo–

mene bien mcrvdieu<

~

4°. Gomll]«;nr il el1 po!Iible que fans l'aélion -d'au,

cune ca ufe

excérieu~e

oo

l~lit

alreélé auffi gravemenr

que fi on eOr

éc~

expqfé

a

fes

impr~ons?

norre.fom–

narnbule ,

fa1¡s

~en;

íorti de fon lit, gprouva rous les

fymprornes qu'qcoaf¡oqne l'eau glacée,

précifémen~

paree qu'i l a cru

~vqi ~ ~ré

plongé

dan~

cene eau quel–

q ue rems . Nous pourrioqs demander encore l'explica–

~ion

<!'un grand no!J}br!;

~·a

ueres phénomenes que les

S O M

l

.fomllamblllet

nous fourn i!fcnc , mais nous n'en retire–

nons pas plus de lu n¡ieres.

JI

faur convenir de bon–

ne foi qu'il

y

a' bien des dtofes done on ne fa ir pas

la raifon,

&

qu'on chercheroit inutilemenr. La nature

a fes my

11eres , gardons-nous de vouloir les pénerrer,

fur-tQ.Ut

lorfq_u'il ne doir réfulrer aucuoe utilicé de ces

recherch

es , ·a-moins de ne voul01r s'expoli!r grarui–

r~menc

a

débiter des erreurs

&

des abfunlirés.

J e vais plus loin: non-feulemenc oo ne fauroi r ex–

pl tqner les (airs que nous avons rapporcés; mtus ces

pho!nomencs en rendenc d'aurres qu'on croyo:r avoir

compris inexplicables,

&

jeccenr du doure & de

l't~b•

feuriré fu r des quellions qui palfenc poor décidécs ; par

exemple:

On croit commuoément que

le fommeil confifle

dans .un ri!llchement général qui fufpend l'ufage des

fens

&.

tous les mouvemens volontaires ; cependant

le

.fomnt¡mbt~/e

ne fe fert-il pas de quelques fer1s, ne

meur il pas d1lrérenres parties du corps avec rnotif

&

connoi nance de caufe? & le lommeil n'efl cependaot

pas mo1ns profond ,

¡9.

S' il ·ne le fert pas de fes fens pour obtenir les

fen fatioos , .:omme il efl ineontdhble que

cel~

arrive

quelquefois, on peut done concl ure avec r:ti(on que

les objets

rn~me

corporels peu vent , fa ns pa(r<.>r par les

fe1u , par venir

a

l'eorenúement .

V

oda done une .-xcep–

tion ¡:fu farneux axiome,

nihil

eft

¡,

inrdltéltt.

q11rJ1I

pri1u

1011

.fi•erir in

fcnfo.

11 ne fauc pas confondre

ce qui fe pane ici avec ce qui arri,ve en fonge . Un

i)o.nme qui reve,

d~ m~me

que celu i qui tft dans le

délire , voi c comme préfens des objers qui ne le font

pas_; il

y

a un vice d'apperception , & quelque(ois de

r~ifonne.nenr;

máis ici les objets {o nr préfen'

a

l'ima–

gination, com n1e s'ils écoienr tranfm-is par les fem,

ce fo nr les

m~n¡e!

que le

.fomnamb11ü

verroit s'il r'ou–

vroic

les yeux

&

en

repr~noir

l'ufage. lis Iom exi–

fians devant lui de la meow maniere qu'il fe les re–

préfenre; l'apperceptiOIJ qu'il en auroit par l'enrre–

mi[e

des

r~ns

ne feroit pas dilrérenre .

3°.

Les plus grandes preuves

qu~:

le philofophe

donoe de l'exi flence des corps fon t fondées fur les

imprellions qu' ils f<•nt fur nous; ces preuves perdent

· néceflJire:nenr beaucoup de leur force, fi uous ref–

fentoo s le"s memes effcts fans que ces corps a2iffent

réell en¡enr; c'eíl précifémenr le cas du

fomllamlmü,

qui gele &, fri!foone fans a\<oir écé expofé

~

l'acl1on

de l'ea11 glaQée,

&

fimplement potn" fe l'ecre vive–

mene i(naginé: il paroit par-la que les• irnpreflions

idé&les font quelquef.ois autant d'effet fur le corps

que cell<>s <¡ui loñt réelles,

~

qu'il o'y a aucun ligne

a!furé pour ·les di!Hnguer ,

4°. Sans oous

arr~ter

plns long fems fur ces confi.

rlérdcio ns , qui pourroieor

~ere

plus érendues & gé–

néralifécs, cirons une derniere conféqu-ence peu flat–

teufe pc¡ur

l'el"prit humain, mais maibeureulement

tres-Cp)lf.orme

a

la vérité; favoir , que la \Jéo:ouverce

de f!Ouveaux phénomenes ne fai t fo yvenc qu'obfcur–

cir ou décruire nos connoilfances, renverfer nos fyf–

r9m<;s,

&

jercer des douces fu( eles cha fes qui nous

p:troiffoicnt évide.ntes: peut-i!cre viendrq·t·On

a

bout

d'orer tour air de paradoxe

~

cerre

~flercion ;

que c'eft

le comble de la fcience que de

(iH,oir

avec ,Socrare

q11'on

11~

{ait

ritq .

,

~

··

l?our ce ql!i regarde la

M~decine,

il nous fuffit

d'~rre

for¡ués

i\

croire qoe ·toUS ces phénomeocs M.

noren~

daus le

.fomn~mb11i~

J4l!ll grande vivacité d'i.

magioatior¡

1

o u , ce qui eft,le

m~

me, ' une 'tenfion ex•

ceffive

~es

fipres du

c;~rv.eau, ~

une.

(;!xtr~me

fenli–

pilicé . Lts caufes qui

~i

fpofe

nt

a

cetre maladie foo t

peu, cnnnués; leS' roé<ieoir

¡s.né!

Ce

Iom jamais •occopés

a

les recherd¡er; ils fe f

onc c

.oqrer¡rés d'écollrer com–

riie le peuple, les

,biíloí~es

merveillet¡Íes q u'on

fait

fur cene matíer_e . En eza:ñ¡if!ant les perfofllles qui

y

fo oc les plus fu¡etres , oo .v01rque ce fonr celles qui

s',¡ppliquent beaucoü p

a

l'écode . qui

y

pa!fent les

nuits

1

ou qui s'écbaulrenr la tr!ce

pa~

d'a utres occu-

pations.

.

,

La fanté des

!Omnam_

b111u

ne paro?t du tour• poiot

alrérée, leurs to.nc1IOns s'exécurent avec ,la m@me

aif~oce,

&

leur érac oe mériteroi! pas le nom de ma–

lad)e,

.~·¡¡

n'éroit

a,

craindre

~u'il

n' empirlt., que !a

tenlion des fihres du c11rveau p!augmeotk

&

ne

M–

géoér~t

enfio en relache11,1enr .

La

m:mie

p¡~roft.

de–

voir

~en;

le terme du

fomn6111hulifme ,

oeur-~cre

n'en

efl-elle que le premier degré

&

n'en dilrere pas e(fen-

tiellemeor .

r

11 parolr don.c irhporrant de diffipe

cette maladie

avant qu'elle fe ·foit

enracio~

par le temf,

&

qu'elle

'

foi~