SOM
pie, qu'tls 'férluifent, afrurent que non-content d'a–
vo1 r donné roat
Con
bien aux pauvres, n'ayant plus
ri~n,
il s'arracha le¡ yeux,
&
rua fa fe
m
me
&
fes
enfans pour les donner
a
manger aux talapoins',
C es charité.! fi inouies
dé~agerent
le faint homme
de tous les liens de la vie : alors
il
fe livra au jeO–
ne,
a
la priere, & aux autres exercices qui menent
a
la
p~rfetlion;
il ne
rard~
point
a
recevoi r la re–
compenfe de fes bonnes reuvres; il obrint une for–
ce de eorps exrraordin•ire, le don de faire des mi–
n clcs , la faculté de fe rendre auffi grand & auffi pe–
tit ou' il vouloir , aelle ele difparofrre ou de
s'~néanrir,
&
d·en fub fl:iruer un autre
a
r~
plaae ; il f.woit rout.
connoifroit le palié
&
('avenir ; il fe rranfporroit avec
une promptitude merveilleuf<!, d'un lieQ dans un
10,
tre, pour y prácher fes dogmes. Suivant les memes
rraditions, ce prérendu prophete eut de ux difciples ,
q.ui!partagent
av~c
luí la vé!"'érarion & le cnlte des
Siam'ois; !'un deuiC pria un ¡our fon malrre d•étein–
dre l'e feu de l'enfer, mais
il
ne voulut en rien fai•e,
difant que les hommes deviendroieut rrop rnéahans,
fi on leur
1
Oroit la crainte- ele ce ch3rimenr .
1\!):a lgr~
f~
fainreré,
Sommon11-kodom
eu t un jour le mal heur
de ruer un homm e ; en pnnition de ce crime,
il
mou,
rur d'une aoliqoe, qui fu i viot pour
~voir
mangé
d~
la viande de pora; avant de mourir, il ordonna qu'on
luí
~rig'el'r
des r<tmples & des autels, apres quoi
il
alla
jouir du
nir.eupan,
c'cft-a-dire, de l'érat d'anéantif–
[en¡enr dan s Jeque! la théologie lilmo(fe faiP conljf–
t er la ftíliciré fupreme; la, il ne peur faire ni bien
ni mttl ; ceh A'cmpilche point qu'.on ne fui adre(fe
des vreux. Les Siamois arrendeot la ven u
o
d• un fe"
cond
Sommona-kodom,
prédir par le premier ;
ils
le
nommenr
Pr.a-narqtte
¡
il fera li charirable, qu'il don•
nera fés deux fils a manger aux calapoins; atl:ion qui
rnertra le cómble
a
fes venus.
Voyez
la Loubere,
hijl. 3 defi.ript. de
.9iam .
·
SOMNIAMBULE,
&
SOMNAMBULISME,
f.
m.
(Médrci1u .)
ce nom formé de deux mor•
l ari n~
,.fom–
nus,
tommeil·, &
• •nbtl/o.,
jeme promene, lignilie lit–
tératement l'afrion de fe
promenel"
pendant le
flm –
meil ;
mai~
on a érendu plus loin la tignification de
ce mor, dans l'urage ordinaire, & l'on a. donné le
nom générique de
jomnambulifme,
a une efpece de
maladH~
,. d'aifeálion, o incon¡ modi ré fingu liere , qui
confiíle .en ce que les perfonnes qui en fom
attein ~
res-, plongées dans un profond
.fommeit,
f~
prome–
nent, . parlenr, ' écrivenr, & fonr ddtérentes aél:ions ,
comme fi elles éioienr bien éveillées, quelquéfois me–
me
avee· plus
dliorellig~nce
& cl'exafritude; cleil oe¡te
faculté & cette habirudc d'ag ir endormi comme éveil –
lé
1
qui eíl le earaél:ere diftinétif du
fom,ambr•liftne;
les vari€tcfs naillenr de
J¡¡;
diver!iré d' aél'íons,
&
lonr
en
conféquen.ceauffi multipliées 'que )es aJ:ions dont
les hommes font capables,
&
les 'moyens qu'ils peu-·
venr ' prendre pour.les
fui
te; elles n'onr
d'auúe~
bor–
nes qile aelles du pollible,
&
encaro ce
~l!i
paroir
impoffible
a
l'homme él:éillé, ne l'eíl point quelque–
fois •pour le
.fonmambute
•
,fon ímagmariQ'1
écljauff'~e
dirige•. feule & facilite fes •mouvemens .
O n uyoit fouvent
oles
fomnanJbutu
qui • raconrent
en dormant rout t Ce qui l¡mr eO: arrivé pendant la
journée; quelques- uns répondent aux queftio'ns qu;
on ,[eur. fair, •& _riemíené des difeours
cre1-fu_ivis~
i,l
y
·a des gens qlll onr ,fa malhonneteré de profirer de
l'état ou ils. re trouvent, póurtleur arrachor. matg ré
eux ; •des :fecrets qu'il leur, im¡¡ocre exrrametnenr de
cacher,; d'aucres-•fe 1leveat, compofenr,,
éorlven~·
ou
fe proinenent,'>Courent.' lei rues, les maifons; il y
en
a
quí ,nageur & quí font•
des
atHons rres-péril leu,
fes •par eiJes.:rnémes, oomme de marehe,r fur le bord
d',un mit ¡fanS' peúr, &"par-la• ians -danger; ils ne ríf–
quent. que• de"s'éveillen,
r&
fi
cela leur arríve, ou par
h~fard,
oUJ par le.
f~cour-s
•fun efie d.e quelque per–
fonne ·imprudente, ifs manquenr raremenr de ·fe ttrer'.
Quelques¡fciml¡ambuleJ\
ont les yeux ouverts, mais il
ne parolr pas qu'ils s'en fe rvenr ; la piQpart n'ont
en
fe •ré;veillano:aucune• idée de·.ce >qu'íls onr faill éclmt
endo[lmisl , mais ils fe trappetlene
d
un fommeil
~
l'au–
tte .
'les aaionr des nui ts préoédenres ; il femble
qu'1lsnaient: deux mémoires
1
!'une pour ra vejlle,
&
l'autre pDur,le.ofo.mmeíl "l:;or.fqu'on fuir q_uel'que
éem~
un
/Omnt~mbt~le,r
on voit que••J'on, f<runmerl-'¡ fir·•fem–
blaole d\ la veille, offre-"UtH\iflu. furprenane> de fin–
.gulal'oités : il
ñe
manque pas d_'obfevvations étorinan–
tes
daos ce genre ; maís eom.bien peu fonc faite¡
·exa&ement; &1 ,racontées aveo 6délité
?
ces• hífloi'res
Íbnt prefo¡¡lllt
toujo~
eJJ;agérées
par
é:elui q11i 'en a
11ol
11mt XV.
·
'
S
O
M
été le témoín; on veut s'accommoder au goQc du
public, qui aime le merveílleux, & qui le eroir fa–
CJI~ment ;
&
~
rnelure qu' elles pallent de main en
matn,
el!c~
fe chargenr encore de nouvelles circon–
ftances, . le vrai fe rrouve obfeurci par les fables aux–
quelles ti eíl
m~lé,
& deviene incroyable;
il
impor–
te
done de choifir des
fai~s
bien conO:arés, par la vue
&
le témoignage d'un obfervareur éelairé . Laifrant
done
a
pare rous
!es
comes
ima~inaires,
ou peu prou–
vés, qu'on fait tui' les
fom1111tn/Jtlles,
je vais rappor–
rer quelques traits finguliers. qu i pourronr !'ervir
a
faír~
connoitre la narure de cen e gffeélion, done la
vérité ne fauroir etre
fuf~eél:c;
je les riens d'un pré–
lat illuflre
(
~·
. l'arahevéque de IJ¡¡rdeaux ) , auffi di–
ftin"ué par tes venus, que par
1~ v~riété
& la ju–
fteife de fes connoillances ; fon nom leul fait une au–
rorité refpetlable, qu'on ne fau roit recufer . .
11
m'a ,raaonré qu'éranr au fémi11aire,
i1
avoir con–
renu un ¡eune eccléfiaflique
{omnfll»bu/e:
curieu x de
eonnoirre la nattJre de cerre maladie , il alloir rous les
foirs dans la ahambre, des qn'il éroir endormi ; il vie
entre .autl·es chales, que cer eccléfiaflique fe levoir •
prenotr du papier , compofoir, & écrtvoir des fer–
mons; lorfqu'il avoit lini une p1ge, il la relifoír tout–
haut d'un bour
a
l'aurre
(
fi l'on peut appeller reli–
re, cetre aél:ion fai te fans le fecours des yeux);
fi
quelq'!e
~hole
alors luí déplaifoit,
il
le retrnncholr •
&
~crtVOlt
par.defru s, les correélions, avcc beaucoup
de ¡uO:efre . J 'ai vu le commencement d' un des fer–
~ons
qu'il ávoir écrit en dormanr, íl m'a paru allez
b1e¡¡ fa tt
~
& correllement
~crir :
maís
il
y
avoir une
oorreé110n qui éroit fu rprenan re ; ayant mis dans un
endroit
ce
di-:~
in
e~~fant,
il crur en
la
•·elifo•Jt,
devoir
fubftitu7r le mor
adorable
a
divin;
pour cela il efrac;a
ce dernter mor, & plac;a exatlemenr le prem1er par–
d~frus;
apres
e~
la il vir que le
ce,
bien placé devane
dtvm,
ne pouvoi t aller avec
adorable,
il
~¡oura
d onc
fort adroírement un
t
il
coré des leerres précédenres .
de fai on q u'on lifoir
cet !ldorall{e enj'ao¡t.
L a
m
eme
pcrfo nne , rérnoin occulaire
de
ces fair• , pour s'af.
fur~r
fi
le
.fomitambule
ne faifoir alors aucun ufage
de
fe>
yeux, mir un
careo~
fo us fon menron , de ta–
c;on
a
lui dérober la vue du papier qui
~roie
fur l:t
table ; mais il continua
a
écrire tam s'en apperce–
voir; vou lane cnluíto: connoirre
a
quoi il jugeoit de
la préfencc des objets quí étoient rous fes yeux . il
fui oca le papier fur lequcl il écrivoie, & en fubf–
ritua pluGeurs aurres
a
dilférenres reprifes, mais
il
s'cn
apper~ur
toujour•, paree qu' ils éroient d'une
inégale grandeur : car quand on rrouva un pa pier par–
fai remen r feq1blable, il le prir pour le lien, & écri–
vit les correélionr aux endroírs correfpondans
a
ce–
fui qu'on luí avoir oré; c'eO: par ce ílratagQme ingé–
nieux, qu'on eft venu
i\
bour de
ramalf~r
quelques–
uns de fes écrits no<flurnes.
M .
l'archevequc de Bar•
deaux .a cu
1~
bonré de me les communiquer; ce que
j'ai vu de plus étonnanr, c'efl de la mu!ique faite aílez.
ex~aemem ;
une canne luí fervo it
de
regle ,
il
tra–
~oj r,
avec elle,
a
diílance
ég~le,
les cinqlignes né–
oe!laires, mrmoit
a
leur place, la
el~ . l~s
bémols,
les díéfis
1
enfuite marquoit les notes qu'il faifoir d'a–
bord comes blanches, & quand il avoit lini, il ren,
doit noires célles qui devoienr l'
~rre .
Les paroles
ecoient écrites au-cjefrous.
ll
!!Ji arríva une fo is de le¡
éorire en rro¡j gros :caracteres, de fac;o n qu' ellcs n'é–
coíent pas plae;!es direélemenr fous leur nore corref–
pqndanr-e; il ' ne tarda pas
a
s'appercevoir de fon er–
reur ,
&
pour la repar<)r, il effi1}a ce qu'
il
venoit
de fai re , en _pafrant la main par-delfus, & relit plus
bas cerre ligne de mufique , avo:c; route la
pr~d(ioQ
poffible .
Autre flngularlté daos un autre genre, qui n'ell:
pa_s. moíns remarquable; ll s'imagina, une nuit .a
u
.m1heu de l'htver, fe- promener au l¡ord d'une rtvJe–
re, & d'y voir tomber un enfant <¡Ui fe noyoi t; la
rígtleur du froid ne
l'emp~ch!
point de l'aller fe cou–
rir, il fe jeHa tout de fu ire fur Ion llt, dans la poftu–
re d'un homme qui nage,
il
en imita rous les mouve–
men¡ ,
&
apres
s·e~re Thr~ué
quelque re-ms
a
cer exer–
cice ,
il
[ene au coi
o,
de ron lrt un pa<¡uer de
ll
cou–
venure, croir que c'efll'enfanr, le prendavec une
trtain, fe fert de l'aurre pour revenir en nageanr,
au bord d·e la prlrendue ríviere; il
y
pofe fon .paquet,
&-
fort en fl'·illonnant
&
c;laquanr des d'erm, comme
fi en effer
il
forcoír d'une riviere gl-acée; il d'it ame
alfiflans qu'lt
g~le
&
V!
mourir de froid, que
ro~t
fon fana eO: glacé ; il demande un verre d'eau-de-vte
pour
r:
rechauit'er
>
n'en ayant pas , on luí
don~e
de-
o
o.
-
l
eau