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soc
plus
d'honn~tes
gens: la mieux policée' celle oules
magitlrats agiflent ele concert: celle qu'il faut pré–
férer
il
toutes, ou la vertu
a
des récompl!nfes aífu–
rées.
Habitez celle oil vous n'obéirez qu'aux lois'.
Ce feroit ici le lieu de parler des aecufations qu'on
intenta contre fui, de fon apologie,
&
de fa more
mais ces ehofes font écrites en rant d'endr
0
its . Qui
etl-ce qui ignore qu'il fut
le martyr de !'uniré de
Dieu?
Apres la mort de Soerare, fes difciples fe jetterent
fur fa robe &"la déchirerent. Je veux dire qu'ils fe
livrerent
a
dilrérentes parcies ' de
fa philofophie,
&
qu'lls fonderent une mulricude de
feéles diverfes,
oppo~es
les unes aux autres, qu'il fau r regarder i:om–
me aurant de familles divifées, quoiqu'ellcs avouaflcnt
toutes la
m~me
fouche .
Les uns s'étoient npprochés de Soerare, pour fe
difpofer par la connoillance ele la veriré, l'étude des
rnceurs' l'amour de la vertu'
a
remplir dignement
les premiers emplois de la république auxquels ils
ll'toient defiinés: rel fue Xénophon.
D'aurres, parmi lefquels "On peur nommer Criton,
lui avoient co'nfié l'éducarion de leurs enfans.
· ll
y en eur qui ne vinrent l'entendre qu'e dans le
deflein de fe rendre meilleurs; c'efl: ce qui arriva
a
Diodore;
a
Eu thydeme,
~
Eurhere,
a
Aritlarque .
Critias
&
Alcibi,tde lui furent attaehés d'amitié.
11
enfeigna l'art oratoire
ii
Lyfias.
Il
forma les poetes
Evénus
&
Euripide. On croir
m~me
qu'il concourut
avec ce
cle~nicr
clans la compofition des rragédies qui
p(lrtcnt fon nom .
Son difciple Aritlippe fonda la feéle cyréna'ique ,
P hédon l'é(iaque, Euc!J<le la mégarique , Plato:ll'aca-
démique, Anthitlene la
c~nique.
'
Xénophon , Efchine, Criron, Simon
&
Cebes, fe
contenrerent de l'honneur de l'avoir
e
u
pour nllitre .
Xénophon naquir dans la quarre- vingr- deuxieme
olympiade. Socrare l'ayatlt renconrré dans une rue,
comme il paífoit, mir Con
b~ron
en travers,
l'arr~ra,
&
lui demanda oil le vendoient les choli:s nc!ce(l'aires
a
la vie. La beauré de Xénophon l'avoir frappé. Ce
jcune homme lit
a
fa c:¡uetlion une réponfe fériéu(e'
felon fon caraélere . Socrare l'inrerrogeunt une fe–
conde f
0
is, lui demanda s'il ne fauroir poi
m
oil les
hommes apprenoient
a
devenir bons. Xéoophon dé–
claranr Ion embarras par fon filence
&
fo n mainrien ,
Socrare lui dir: fuivez moi,
&
vous le faurez. Ce fue
a
inri que Xénophon devinr fon difciple. Ce n'etl pas
ici le lieu d'écrire l'hitloire de Xénophon .
ous avons
de lui la cyropédie.
u~e
apologie de Socrare, quarre
livres des dits
&
des fairs mémorables de ce philofo.
phe, un banquer , un livre de l'économie, un dialo–
gue fur la ryrannie, l'éloge d'Agéfilas
&
la compa–
raifon des républiques
el'
.'l.thenes
&
de Lacé<Jémone,
ouvrages écrits avec uoe gra nde douceur de fiyle,
de la vériré, de la g-ravité
&
de la fimrlirirc!.
L a
maniere donr t(chine s'olrrir
a
ocr:tre etl d'une
na·iveté charmante .
U
étoit pauvre: je n'ai ríen, dJt–
il
a
u philofophe donr il vcnoir prendre les Iec:;ons ,
qui fo•r digne de vous
~tre
ofrerr;
&
c'efl:.Ji\ ce qui
me fait (enrir
ma
pauvreté. Je n'ai que moi: voyez
fi
vous me voulez. O uelques foient les prt'fens que
les autres vous aient f'airs-, ils oor rere,,u par-dev.:rs
eux plus qu'ils ne vous onr donné. Q uant au mien,
vous ne l'aurez
pas
plur6r accepré qu'il ne me ref–
tera plus ríen . Vous m'ofrrez
beau~oup',
lui répon–
d it Socrate ,
a
moi ns que vous oe vous etlimiez peu.
Mais venez, je vous accepte.
]e
rilcherai que vous
VOUS
efl:imi.:z davantage,
&
de
VOUS
rendre
a
VOUS–
m!!me meilleur que je ne vous aurai resu. Socrate
n'e¡¡t poim d'auditeur plus atlidu ni de difciple plus
zélé. Son lort le conduifin a la cour de Deni> le ry–
ran , qui en fir d'abord ¡>eu de cas.
on indigence
fut une tache qui le fuiv•r par-tour.
11
écrivit que!.
ques dialogues
a
la maniere de_Socrare . Cer ouvrage
arrcta les- yeux lur ·lui. Piaron
&
Arifl:ippe rougirenr
d u ml'pris qu'ils avoient 3f[eélé p'<mr cer homme.
l is le recommanderem
a
Denis, qoi le traira mieux.
JI revinr dans
Athen~s ,
oil il trouva deux écoles fio–
•ilfunres étsblies . Piaron enfeignoit dans !'une, Arif–
tippe dans l'autre .
11
n'ofa pa
fe montrer publique–
Jllent au milieu de ces deux philofophes .
ll
s'en rint
.a
donner
d~s le~ons
parriculieres. Lorfq_u'il
fe
fu t
:allt•ré do pain, par cecre rcflource, il (e livra au
barrea
u,
oil il eur du fucces. NJ:énedeme lui repro–
ehoir de s'erre approprié des dialogues que Socrare
avoit écrir ,
& que Xantippe lui av01t cQniiés . Ce
11TtJ~
.
X.ll..
so
e
reproche fai t bcaucoup d'hoooeur
a
Efchine. TI avoit
bien
fingulierem~ot
fai fi
le caraélere de foo malrre
puifque Ménedemt!
&
Ariflippe s'y trompoienr .
0~
rcmar9ue
e~
elfet, . daos !es dialogues qui nous ref–
rene d Efchme, la hmphc•ré, l'exprefftoo
les maxi–
mes , les comparaifons
&
toure
la mo;ale de So–
erare.
l
ous n'ajouterons rien
a
ce que nous avons die de
Criton, finon qu'il ne quitra poinr
oerate pendant
le tems de fa prifon; qu'il veii la
~.ce
que les cha–
fes néceífaires ne lui. manquaífent pas; que Socrare
olfcnfé de l'abus qu'on faifoi t de la facili té de fon
caraélere pour le tourmenter, lui confeilla de cher–
cher quelque homme rurbulo!nt , méchanr, violimt
qui flr r@re
a
l'.!s énnemis ,
&
que
ce
confeil tui
réuiTit.
Simon éroi.t un .
corroL~ur
don r Socrate fréquenroit
quelquef01s la ma1fon .
a,
commc par-tour ailleurs
il parloir des vices , des
verrn~,
du bon, du beau :
du decenr, de
l'honn~re,
&
le eorroyeur l'écoucoit ·
& ..
le
[oír,
lorfqu'il nvoit.
q~irré
Ion
<?~vrage,
¡¡ jer:
to1t fur le ¡>ap•.er les prlllc•pal es choles qu'il avoic
entt>ndues. Pendes fir cas de cet homme
¡¡
cher–
clia
i\
[e l':m acher par les promelles
les plus fi ac–
reufes; mais Simon lui
répondir qu'll ne vendoit
point
[.,
liberté.
Cebes écrivit crois dialógues. done il ne nous reile
que le dernier, connu lous le nom du
t abf•atl.
C'efl:
un petir roman for les goílrs, les penchans, les pré–
ju~és,
les mreurs des hommes, compofé d'apres une
pelllrure qu'on voyoit dans le temple de Sarurne. On
y fuppofe les priucipes luivans.
Les ames ont préexitlé
a
u corps. Un fort heureux
ou malheureux les arte•
el .
Elles ont un démon qui les infpire, donr "la voix
fe fait enrendre
a
el les,
&
qui les avertit de ce qu'el–
les on r
i\
f.lire
&
i\
évire'l' .
Elles apporrenr avec elles un penchanr inné
a
l'impotlure.
il
l'erreur.
a
l' ie:norance
&
au vice.
Ce penchanr n'a pas
la
m~me
force en rourcs .
Il
promet
3
rous
les
hommes le bonheur; mais il
les trompe
&
les perd.
Il
y a· une condicion vraie,
&.
.une <londition
taull"e .
La
po~fi~,
l'arr ora roire, la mufique, la dialeai.
que ,
l'arithmérique,
1~
géometrie
&
l'atlrologie ..
fonr de l'érud.rJon fauíle.
La
connoiflance des rlevoirs
&
la prarique des ver–
rus, font In fe ule érudirion vraie.
C'etl par l'árudirio n vra1e que nous <!chappons dan9
ce monde
1i
la peine,
&
que nous nous préparons la
(élicité dans l'.lUtre vi
e.
Cerre félicité o'a rrivera qu'a ceux qui auront biert
vécu,
&
qui auronr expié leurs f.1ures.
c•efl: de ce féjour de délices qu'ils conrempleront
la folie
&
la mifere des hommes. Mais ce fpeélacle
ne troublera point leur jouiífance. lis ne peuvent
plus foulrrir.
Les méchans, au forrir de cene vie,
trouveront
le défefpoir . Tls en feront faifis,
&
ils erreront;
jouers continuels des patlions auxquelles
il
fe [eront
livrés.
'e n'efl:. point la richeífe, mais l'érudirion vraio
qui rend l'homme heureux .
Il
oe fau r o.i
le fiera la fo rrune, ni rrop efiimer fea
préf'ens .
Celui qui croir favoir ce qu'il ignore, efl: daos une
erreur qui l'empªche de s'infl:ruire.
On mee encore du nombre des difciples de So–
erare, Timon le Mifanrrope . Cet homn\e crut qu'il
fuyoir la
fociéré de
fes femblables , paree qu'ils
éroienr méchan ; il fe
trompoir, c'efl: que
lui-m~me n'éroir pas bon . J e n'en veux pas d'autre preu•
ve, que la joie cruel!e que lui cauferenr les applau–
diífemens que les Arhénicns prodiguoienr
1i
Alcibia–
de ;
&
la raifon qu' il en donna, le preífentiment du
mal que ce jeune homme leur feroit un jour.
Te
ne hais pas les hommes, difoit-il, mais les
b~ces
te–
roces qui portenr ce nom;
&
qu'étois-ru roi-meme ,
entre ces
b~ces
féroces, finon la plus intrairabie de
toures? Q ue! jugement porrer de celu.i qui fe fauve
d'une ville, ou -Socrate vivoit,
&
oil il y avoir une.
foule de gens de bien; tinon qu'il étoit plus frappé de
la iaideur du vice, que touché des charmes de la
verru ? C e carat1ere efi mauvais. Q ue! fpeébclt: plus
grand
&
plus doux que celui d'un homme
¡ufie,
grand, vertueux, au-delfus de
ro~
tes
le~.
cer.reurs
ele
Cle
routes le' fédu
ions! Les d1eux s mc!Jneor du
baut de leur demeure bienheureufc, pour le voir
F
f
mar-