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soc

ligio" nouvelle, on air affeélé une imlcation ridicule

do g.ouvcrnemenc _des Joiis,

&

qn'en conl"equence le

magifirat ait témoegné plus de zcle pour réprimer les

pécnés, que pour reprimcr les crimes. Les miniflres

précendus réformés' hornmes impérieux' en voulane

modéler les écacs fur leurs vues théologiqucs, prou–

verenc, de l'aveu

m~me

des proccfians fen(és, qu'ils

éroient aufli mauvais politiques que maovais théolo–

·giens .

A

ces caufes de la cwnfu!ion des matieres

ci–

viles

&

religieuies, on en peut encore ajomer plu–

fieu rs autres.

l1

n'y a jamais eu de

flciite

civile an–

cienne ou rr¡oderne, ou

il

n'y

ait eu une religion fa–

varice établie

&

protégée par les lois, établillemcne

qui efi fondé Cur l'ailliance libre

&

volontaire qui fe

fait entre la puil!ance eccléiiafiique pour l'avantage

réciproque de !'un

&

de l'aurre. Or en con(équencc

de cene alliance, les deux

flciéth

fe prP.tcnt en cer–

tai nes occaiions une grande parrie de leur pouvoir,

&

il arrive meme quelquefois qu'elles en abufent ré–

ciproquemenr. Les hommes jugeam par les faics, fans

remonrcr

a

lcur caufe

& ii

leur origine, onc ero que

la

flciití civil

e avoit par fon ell"ence un pouvoir gu'el–

le n'a que par emprunt. On eloic encore obferver

que quelquefois la malignifé du crime efl

ég~le

a

celle do péché,

&

que dans ce c;as les hommes une

peu conlidéré li le

ma~iflrat

punill"oic l'aélion comme

crime oo comme pécné ; cel efl, par exemple, le

cas

du parjure

&

de la profanarion du nom de D ieu,

que les lois oiviles de tous les écacs punillent a.vec

févérité . L'idée complexe

d~

crimc

cell e de péché

étant d'ailleurs d' unc nanere

abflr~ite,

&

compofée

d'idées íimples, commuoes ill'une

&

a

l'aurre, el les

n'ont pas été égalemem diflinguées par tour le mon–

de¡ fouvem elles om éré confondues, comme n'é–

tant qu'une feule

&

m~me

idt!e; ce qui fans dome

n'a pas peu comribué

a

fomenter

i'err~ur

de ceux qui

confondent les dr<:>irs refpeétifs des

flcihh

civiles

&

re(i~ieufes .

Cet examen fuffit pour faire voir que

c'eft le but véritable de la

focih¿

civile,

&

quelles

font les cau

fe~

des errcurs ' ou l'on efl tombé

a

ce

fu jet.

Le but final de la

flciété

reli~ieufe

efl de procn–

rer

3

chacun la faveur de D ieu, taveur qu'on ne peut

acqnérir que par la clroicure de l'efprit

&

du creur,

en force que le but intermecliair e de la religion a pour

objec la perfeélion de nos faculcés fp iricuelles. La

fociét¿

religieufe

a

aufli un but diflinél

&

indépen–

dant de celui de

13

fociété

civile , il s'enfuic nécdfai–

rement qu'elle en eñ inqépendante,

&

qoe par confé–

<¡uent elle efi fouveraine en fon ei"pece . Car la elépen–

dance

d'onefociété

a

l'égard de l'autre , ne peot procé–

der que de deux principes ,

&

d'une

c~ufe

nacurell<:

o u d'une caufe civile, Une dépcndance fonMe (ur la

loi de nato re doir provenir ele l'efrenee ou de la gé–

néracion de la chofe . 11 ne fauroit y en avoir daos le

cas done il s'agi t par efl"ence ; car cene e(pece de-dé-

. pendance fuppoferoit nécefrairemene entre ces deux

flciéth

une union ou un mélange naturel qui n'a lieu

4u'auranr que deux

(ociétés

font liées par leur rela–

tion avec un objet commun. Or leur objoc loin d'e–

tre <'Ommun elt abfolumcnt dilférem l'un de l'aucre,

la derniere fin de !'une écam le foin de l'ame,

&

cel–

le de l'aucre le

f"oin

do corps

&

de fes intérecs; l'une

ne pouvane agir que par

d~s

voies imérieures,

&

l'au–

tre au contraire que par des

voies

excérieo res. Pour

qu

1

il y eí\t une c;lépendanco entre

ces flcitth,

en ver–

tu de leur génération ,

il

faudroit que !'une dOt fon

exiflence

ii

l'aucrc,

comm~

les corporacions , les com–

munaucés, les

cribun;~ux

la doivenc aur villcs ou au¡c

érats qui les onr

cré.ls

, Ces dilfc!renres

fociétés,

au–

tant par la conformiré de leurs fin s

&

de leurs moyens

que par leun chartres, ou leurs lettres de créacion

o u c!'éreélion fe trahill"em e11P.s.m@mes,

&

manifeflent

leur origine

&

leur dépendance.

M~is

la

flci"ét~

reli–

gieufe n'ayam point un but ni des moyens conformes

a

ceux de l'ét;Jt' donne par-la des preuves intérieu–

FeS de fon indépendance;

&

e11e les confirme par des

pr~uves

exrérieures, en faifa

m

voir

qu'e1le n'efl pas

ele la création de l'état, puifqo'e1le exifloie déja avant

la fonda cion des

fl ciétés civi les .

Par rapporr

a

une dé–

pcnd!nce fpndée fur une caufe

civil

e,

elle ne peue

avoir lieu. Comme les

flci¡t(s

re{,jgieufes

&

civiles

differe nt entierement

&

dans le4rs buts,

&

dans leurs

moyens, l'adminifl racion de l'une agic dans une fphe ·

re li éloign¿e de l'autre, q_u'e1les ne peuvenr jamais

fe crouver oppofées :•une a l'aucre;

en

force que la

nécef!ité d'état

qui

exigeoit que les lois de la narion

¡¡¡ifl~nt

!'une dae¡¡ la, dépeudance de l'aucre,

ne

fau-

TBmt

xv.

soc

·.

roit avoir lieu ,

li

l'office áu

ma~iflrat

civil

s'érendoit

au

(o in

des ames , l'égli(e ne

fe~oit

alors enrre fe•

mai ns qu'un infle·ument pour puvenir

a

cerre fin .

Hobbes

&

(es

feélateurs oot fortcment foutenu cette

thHe . Si d' un aute·e cOté l'officc eles

fociéth

religieu–

íes s'étendoir aux foins do corps

&

· de fes intcfrEcs ,

l'écae eourroit g ranel rifque de tomber dans la fervicu·

de de l'églife . Car les

flciéth

religieules ayane cer–

tainement le díflriél le plus noble , qui efl le (oin des

ames , ayant ou précendant avoir une origine divine,

candis que la forme des érats n'efi que d_' in!t iru_ci_on hu–

maine ;

fl

c11es a¡outoeene :\ leurs drom lég•t•mes le

(o

in du corps

&

de fes incérécs, elles réclomeroienr

alors comme de droit, une (uperiorité i"ur l'écae

dans '¡e cas de compétence;

&

l'on

do it

fuppofer qu'el–

les ne m3nqueroiene pas de pouvoir pour mainte–

nir Jeur droit; ca r v'efl une conféquence nécellaire,

qúe courc

fléihé

done le loi n s'écend aux

intér~ts

cor–

porels, doit

~tre rcv~tue

d'on pouvoir coaélif. Ces

maximes n'out eu que crop de vogue

pendan~

un

tcms . Les ultmmontains habiles dans le choix des cir–

con/lan ces, out tAché de

(e

préva loir des troobles

intérieurs des états, pour les établir

&

élever la chai–

re apofiolique au-dellus du tr<lne eles pocentars de lít

rerre, ils

en

ont exigé ,

&

qnelquef~is

rec;u

ho~u~d­

ge ,

&

ils ont taché ile le rendre umverfel. Maes els

onr trouvé une barriere in(urmontable dans 13 noble

&

digne réliflance

d~

l'Eg life gallicane, égalemenc fi–

dele

~

Ion D ieu

&

a fon roi .

Nous pofons done comme maxime fond amemalc,

&

comme une conféquence évidenre de ce príncipe,

que la

(ucihé

religieu(e n'a ancun pouvoir coaéli f fem–

blablc

¡\

ce! ui qlii

efl:

entre les mains de la

ficiété

ci–

vile. Des objecs qui difFe renc entieremenc de leur na–

cure, ne peuvent s'acquérir par un feul

&

m~me

mo–

yen . Les

m~m es

relations produifant les

m~mes

elfecs ,

des effers di fférens ne peuvent provenir des

m~mes

rci3 tlons.

Ainii

la force

&

la

conc~aime

n'agi!lant que

fu r l'extérieur, ne peu vent aulle produí re que des

biens extél'ieurs, objets

de~

inlticutions civiles;

&

ne

(auroieert produire eles biens intérieurs , obj ets des

inlticutions religieufes . T our le pouvoir coaélif, qui

efl naturel

a

une

flciéf¿

religieu le, fe rerm ine au

droit d'excommunecation ,

&

ce droit efl mile

&

né–

cell"airc, pour qu'il

y

aie un cult<! un iforme ; ce qui

ne peut fe faire qu'en chall"anc du corps cous _ceux:

qui refufent de fe conforn1er au culee pnbhc: el efl

~onc

convenable .

&

m ile que la

fláété

rel igieufe

¡ouifre de ce droe t cl'expu Uiop . Toures fo rres

Cle

fl–

ciété

quels qu'en foient le moyens

&

la fin, doivene

nécell"a irement comme

fldétí

avoir

c.:

droic, droit

inféparable de leur elle nce; !ilns cel3 elles

(e

dillou–

droient

d'elles-m~mes,

&

retomberoient dans le néant,

préci fément de meme que le corps nacurel , íi la na–

cure, dont les

(oúétés

imirem 13 conduice en ce point,

n'avoit

pas la torce d'évacuer les humeurs vicieufes

--&

malig nes¡ mais ce pouvoir urilc

&.

nécellaire ell

tour cel ui

&

le feu l done la

flciét;.

réligieufe aic be-

. (oiu; car par l'exercice de ce pouvoir, la

conformir~

du culee efl coufervée, foo efl"ence

&

(3 fin fonc af–

(urées ,

&

le bien-@cre de la

flciétf

n' exige rien au•

del~

. Un• pouvoir plus grand dans une

]Ociété

reli–

gieufe feroit déplacé

&

injufle .

So c iÉTÉ, (

]tn·i./Prt~d.)

lignifie en généra l une union

de pluiieurs perfonnes pour quelque ob¡"et qui

les

ra!lemble. La plus ancienne de comes es

flúétis–

efl celle do ncariage, qui efl d'inflicurion divine .

Chaque famille forme une

Jociété

nacurelle done

le

pere efl le chef.

Plu!ieurs familles réunies dans une meme ville,

bourg o u village , formene une

flciété

plus ou moins

coniiC!érable, (elon le nómbre ele ceux qui la compo–

(enc, lelquels fonc liés entre eux par lcurs befoins

mucuels

&

par les rapports qu'ils onc les uns aux au·

eres ; cecee union efl ce gu'on appelle

flciété ci'IJile

ou

politiq11e;

&

dans ce !ens tous les hommes tl'un

meme pa ys, d'uue méme nation

&

rn~me

du monde

entier , compofent une

flciét6 oniver(el

le .

Oucre ces

flciétés

générales ,

il

fe forme encore

dans un mc!me état, áans une meme ville, ou aucre

lieu, di verles

{ocihh

particulieres ; les unes

rela~ive'

a

)a

reJigion, qu'On appelle

CO!ll1lllln411tÍS

&

congré–

gatÍQnf,

ordres

religie11x;

les

autr~s

rel acives aux

affaire; tem porelles, celles que les communaurés

d'habirans, les corps de ville; d'aotres relarives

il

l'adminiflration de la juflice, celles que les

comp~.

gnies établies poor rendre la jufiice; d'amres

~clan­

ves aux arrs

&

aux fciences, eelles que les

umverli~

Ee ~

~ .