Table of Contents Table of Contents
Previous Page  225 / 824 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 225 / 824 Next Page
Page Background

soc

elion fe joiot l'a"réable idée que nous en caufons

aufli aux aueres,

&

que par-lil oous les accachons da–

vancage

a

nous;

le

chagrín au concraire diminae

&

s'acfoucic, en le parcageanc avec quelqu'un, commc

un fardeau s'allege quand une perfonne ollicieufe

nous aide

a

le poner. Ainri, couc nous invite

a

l'écac

de

flcih¡ ;

le befoi a nous en fai c une néceflicé,

le

peuchant nous en

fair un plailir ,

&

les

difpolicions

que aous y apporcons nacurellement, nous moncrenc

que c'eíl en etfec l'incencion de nocre créaceur . Si

le

chriílianifme canonife des foliraires , il ne leur en

fa lt pas moins une fupreme loi de la charicé

&

de la

juílice ,

&

par-12 il Jeur i'uppofe un rapporc eflenciel

avec le prochain; mais fa ns nous arrécer

1

l'écacou

les hommcs peuvenc

~ere

élevés, par des

lumieres

furnacure!les , confijérons-Jes ici encanr qu'ils

fonc

conduics par la raifon humaine .

Toure l'économie de

la

ficiété

humaine eíl ap–

puyée fur ce príncipe général

&

limpie:

J•

wux étn

hcurtux

¡

mai""s

j t

vi.r avtc deJ'

b0111 7J~.r

qui, commt moi

tJtllltnt Etrt htllreux égaltment chamn de ltllr cot•:

chtrcboni lemoym dt procllrt r 11otn bo1Jhmr,

e11

procu–

raiJt lt ltur, ou du moi1u (ani y

jamaii

mlirt .

t

>us

trouvons ce prmcipe gravé da ns

u

ocre creur; fi d'Jn

<·Oré,

le

Créaceur a mis

l'amour de

nous-m~m~s,

de l'aucre,

la

m~

me m1in

y

a

im~rjmé

un feqcimenc

de

bienveill~nce

pour nos femblables; ces deux pen–

chans , ,,uoique dtílin

~

l'un de l'aucre

1

n'onc pour–

tant rico d'oppofé:

&

Dteu c¡ui les a mis en nous,

les a cfeílinés a agir de concerr, p<>ur s'encraider ,

&

nullemenc pour íe décruirc ; aufli les creurs bien fa ics

&

généreux rrou venc.ils la facisfaélion la plus pure ,

3

faire du bien aux auere

l)ommes

1

pare~ qu'il~

ne

fonr

en

cela que 1uivre une pence que la nacure Jeur

a donnéc. Les moraJillcs onr donné

~

ce germc de

bienvei llan<'e 9ui fe développc daos )es hommes , le

nom de

fiáabllir;.

Ou príncipe de la fociabilicé, dé–

cou l nr, comme de Jeur fource, comes les Jois de

laficiité,

&

cous nos devoirs envers les amres !¡om–

mes, canr généraux -que parciculiers. Tel eíl le fon–

<lemenc de come .la fagefle humaine , la (ource de

touces

les

vercus puremenc nacnrelles ,

&

le prin<'i–

pe géoéral de touce la morale

&

de touce la

fl cihé

ctvífe.

1°.

Le bien common doic

~ere

la regle fnpreme

de nocre condoice,

&

n<>us ne devons jamais chercher

tlOtre ava ncage parciculier

1

au ¡yéjudice de J'avanrage

public; c'ell ce <¡u'exige de nous l'unjon que Dieu a

écablie enere

les

horr¡mes.

'!

0 •

l.'efpric de lociahilicé doic erre univer(el; lafi–

rih¿

hu

maine embraffe cous les hommes a"ec Jefqucls

on peuc avo.r coromerce, puifqu

1

elle eíl fondée fur

les relacions qu'ils on c cou

enfemble , en conféquen–

cc de Jeur

na

cure

&

de leur écac.

f/oyez

H trAJANJTÉ .

Un prince d' Allemagr¡e, duc de W1rtemberg, t'em–

hloit en

~ere

perfuaM, lorfqu' un de fes fujecs le re–

mercianc de

l'avoir

proct'gé concre fes perfécuteurs:

mon enfanc,

l~i

die le prince,

je

l'aurois díl fitire

a

l'égard d'uo cure¡ commenc

y

aurois-je manqué

a

l'é–

gard d' uu de mes fu jecs

1

3" ·

L'égalicé de nacure enere les !¡ommes

1

eíl un

p_rincipe que nous ne devons ¡amais perr!re de vue .

D ans la

fiáété

c'e{l u11 príncipe écabli par la philol'n–

ph te

&

par la religion; que quelqu' inégalicé que femble

J11Ctcre encr'eux [a dttft"rence

de~

condicions, elle n'a

écé

i ncroJoic~

que pour le

faire mieux arriy¡!r

1

felon

Jeur érar préfenc

1

tous

a

Jeur fin commune, qui cíl

d'~cre

heureux auranr que le cc¡mporre cecee vie mor–

telle; encare cecee ditférel]ce quí parolc bien rr¡ince

a

qes

yeu~ ¡¡hilofophiqu~s. efl~ejle

d' pne cource durée;

il n'y

~

qu'uo pas de

la vie

a

la mure,

&

la

more met

au meme cerme ce qqi eíl de plus élevé

&

de plus

brilla~~ .

avt'c ce qui eíl de plus bas

&

dt' plus obfour

parmi les hommes.

ll

ne fe trouve ainfi, dans les rli–

vcrfes condirions guere plus d'inégqlité que dJns les

divers

perfonn~ge~

d'unc

m~me

comédie : la fin de la

¡¡icce ren¡cc les coméqicns au

nive~u

de leur condicior¡

commu~c

fa11s que le courr incervallc qu'a duré leur

perfonnage' ait perfuadé ou pu perfuader

a

aucun

<j'eux, qu'il écoit réellement au-deflus ou

au-deflou~

des

a

utres. Rico n'eíl plus beau daos les grands

1

que

ce fouvenir

d~!

lepr

~ga licé

avec les

~u

eres hommes

1

par rappor.r

leur narure . Un trair du roí de Suede,

Charles

Xli.

peu r donner

a

ce fujet

un~

idéeplus ha,u,

te de fes Jencimens, s¡ue Jq plus brillante de fes

~~pédirion , t[n domeílique

de

ramba ~adeur

de

Fr~nc~,

accendanc un n¡inillre de

1~

cour de Suede, fu e

incer~

rogé

[¡¡r ce

qu•H

@ttendoit

1

par une perfonne

a

lui

in-

s e o

2I)

coonue ,

&

vécue comme un limpie foldat ;

il

rinc peu

de compre de f.uisfaire

a

la curioticé de cer inconnu.

un momeo: apres , des íeigneurs de

la

cour abordant

1;

perfonne hmplemenc vécue,

la

craicerenc de votre ma–

¡eílé, c'écoir etf.,ctivemenc le roí;

le

domeílique

a

u dé–

fefpoi r'

&

fe croyanc

~erdu

, re jerce

a

fes piés .

&

de–

mande pardon de fon rncontidéracion d'avoir prós

[ a

majellé, difoir-il,

pour

u/J

homnu. Vous

n~

".JOIII

ltu

point m<prÍI,

Jui dtt

le

roí avec humarmé ,

l'Ím

11e

l'ej–

flmblt plus

a

tm

!Jormne

qu mz

roi .

T~us le~

homm

es ,

en luppofanr ce principt: de l'égalicé qui ell entre eu•,

.Jotvenc

y

conformer Jeor conduice, pour fe

pr~cer

mucuellemenc les fecours done ils fonc capa bles; ccu x:

qui fonc les plus puiffans, les plus riches, les plus

accrédicés, doivenc erre difpofés

~

employer Jeur

puiffance, Jeurs richefles,

&

Jeu r aucoriré , en fa veur

tle ceux qui

e

manquenr ,

&

cela

a

proporcion du

befoin qui eíl dans les uns,

&

du pouvolr d'y fub–

venir qui eíl dans les amre .

..¡

0 .

La fociabilité éclnt d'une obligarion récipro–

que entre les hommes, ceux qui par leur malice ,

ou Jeur injuílice, rompenc le

líen de

la

flciété,

ne

fauroien c re plaindre raifonnablemenr, fi ceux qu'ils

otfenfe¡JC. ne les craitenr plus comme amis' ou me–

me s'ils en viennenc concre eux

a

des voies de fai c;

mais fi

l'on

ell en droit de fufpendre

il

l'égard d'un

ennemi, les

a

e~

de la btenveillance, il n'c{l jamais

permis d'en écoufrer

le

príncipe: comme il n'y a que

la néceflicé qui nous aucori[e

a

recourir

a

la force

conere un ipjufle aggre(feur; c'cíl aulli cecre meme

néceflicé qui doi c t!crc la regle

&:

la mefure du mal

que nous pouvons Jui faire,

&

nous devons roujours

~ere

difpofés

a

rencrer en amicié ave« Jui, des qu'il

nous auca rendu juílice,

&

que nous n'aurons plus

ríen

~

craindre de fa parr,

JI

faut done bien diflin–

guer la juíle défcnfe de

foi-m~me,

de la vengeance;

fa premiere ne fait qu!! fufpen dre, par nécefli cé

&

pour un cems, l'exercice de la bienveillance ,

&

n'a

rier¡ d'oppofé

a

la fociabilicé; mais

l'aucre' écouf–

fanc le príncipe méme de

19

bienveillance ' mee

a

fa

place un fencimenc de haioe

&

d'animofité, vicieux

en

Jui-m~me ,

concraire au bien public

1

&

que la

Joi nacurelle condamne formell cmenc .

Ces regles générales fonc fertiles en conféquences;

il ne fa ue faire aucun rore

a

aucrui, ni en parole, ni

en atlion,

&

l'on

d ic réparer couc dommage: car la

[oriété

ne fauroir fubijíler

G

l'on íe permec des in-

' ju(}ices.

1

Il

f.tuc

~ere

lincere daos

Ces

difcours ,

&

renir fes

en"agemens: car que

JI

e conf)ance les hommes pour–

roFenr-ils prendre les uns aux aurres ;

&

quelle fOre–

y

auroic-il dans le commerce , s'tl o!¡otc permis dc–

cromper

&

de yiojer la foi donnée!

ll

fauc rendre

a

chacun non-feolemenr le bien qui

Joi apparriet¡t

1

rr¡ai encore le dc¡:n! d'eílime

&

d'hon–

neur qui lui eíl dá, felon fo n erar

&

fon rang' par–

ce que la fubordtnacion efl le líen de la

/Ociété ,

&

que fans cela

il

n'y auroic auou11 ordre dans les fa–

milles, ni dans le gouvernemenc

civil.

M.tis li le ,bien pub lic demande que les inférieurs

obéiflenc, l<! n¡&me bien publ ic veuc que les fupérieors

confervenc

les

droics de ceux qui leijr fonc toumis ,

&

ne

les

gouvernenc que pour les rendre plus heu–

reox. T our fupérieur ne l'eíl poinc pour

l ~ i

méme .

mais uniquement pour les au cres; n n pour fa pro–

pre

r~tisfaétion

&

pour

{a

gra n eur parc.iculiere,

mai~

¡>l•Ur le bonheu r

&

Je re¡.>os des aucres .

O~ns

l'onlre

de la nacure ,

e!l.-il

plus homme qu'eux

1

a-c-il une

ame ou une incelliger¡ce fupérieure?

&

qu~'l~

11

l'au–

roic, a-c-il plus qu'eux d'envie ou de beloin eje vivre

fa cisfaic

&

concent? A regarc!er

les

chofe par cec en–

droir, ne feroir-il

pa~

bizarre que tous

fuft~;nt

pour

un,

&

que plucOc un ne fOr pas pour rous? d'ou

pourroic-il ¡irer ce droir

1

de fl qoancicé d'ho•nme?

elle Jui eíl commune avec

le~

aucres: dq goílc ,fe les

dominer

?

les

aucres cercainemenc ne lut cederont

pas en ce poinc: de la ¡¡ofteiTi n

m~me

nq il

fe

crou–

ve de l'aucoriré? qu'il voye

de

qui il la tiene, dans

quelle vue on

la

lui Jaiffe,

&

a

uelle cond•tion; cous

devanr concribt.¡er au bien de la

flciété ,

il

y doic bien

plus etfenciellerr¡enc fervir , n'ecanc fu érieur qu'a

ri–

ere onéreux,

&

pour cravatller a

u

h

nheur coovnnn .

a

proporrion de

l'él~yactOfJ

que fa quahcé lut

donn~

au-deffus des

~4trt's .

Q,uelqu'un d1fort devan

e le

r~1

de Syrie , Anngone, qqe

le~ p~mces .

éco

en.c

l.es

mat–

cres

&

que tour Jeu r étoit,

~rm•< : .

0111 ,

re¡>rrt-tl,

par.

mi

ler barbarer;

tl

11otre e:!Jartl ,

1JOlltJ·t

o1

no''! fom_–

mu malfrer des

>IJojci

préfi•·ites,

par

la

rtll[oll

cil!

Clt~

/

1

• 1