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S E V

L'arche~<.JUe

de

Stvill•'

dont le fiege en fort an–

cien,

¡¡

pris quelquefois le titre de primar d:E!pagne;

on prétend que ce prélat

a

plus de cent mtlle ducats

de revenu; la fabriqul' de l'églife en a trente milie,

&

quarante cha noines ont chacun trente mille réaux.

La

plupart des amres églifes de

S~vill•

font beiiPs,

&

particulicrement celles qu'on voit

d

tns quelques

rnailons religieulcs; on y compre S; bénélit'es ,

&

plus de trois milie chapelles; l'églife de

S.

Salvadnr,

qui fervoi t autrefois de mofq_uée aux M1ures, ell: par

conf~quent

batie

a

la moretque, c'en-a-dire qu'elle

e!l fatte en arcades, fou renues

p~r

des piliers qui for–

ment plufieurs portiques.

L'univerfité de

Sévill•

a éré fondée en

rq

t.

par

Roderique Fernandez de Santaella ,

f.¡vanr clpagnol

de fon tems; enCuite les rois d'E!i\>agne lui onr accor–

dé les

m~mcs

privileges qu'a ce le de Salamanque,

d'

Aleala,

&

de Valladolid; elle a tot1jours pour pa–

tron quelque grand [eigneur efpagnol, qui p011r ce–

la ne la fait pas fieurir davanrage .

Au midi de la Vllle, pres de l'ésli[e nthédrale' en

le palais royal, nommé

altafar,

batí en parrie

a

l'an–

tique par les Maures,

&

en partie

i\

13

moderne par

le roi

O.

Pedro, furnommé

le cruel;

mais l'antique

en inliniment plus brau CJ,_Ue

le moderne. On donne

a

ce palais un mil!e d'étenC!ue; il ell !lanqué de tours '

qui font fa ites de g rofles pierres caillées en quarré.

La

bourfe oil les marchand s'aflemblent, en derrie–

re l'églifc cathédrale; elle elt faite en quarré, d'or–

dre rolean ,

&

compolée de quatre corps de logis:

chaque

fa~ade

a deux cens piés de long ueur avec trois

portes

&

dix-neuf fenerres

~

chaque étage: elle

a

deux étages, dont l'un íert pour les coni'uls; les ap–

parremens font de grandes falles lambri[ées, ou les

marchands trnitenr enfemble des affai1 es du commcr–

ce; ce baciment, commencé en 1;84,

&

qui n'a été

111 que loixantc a11s apres, a conté prodigieuft>menr,

uifque l'achat de l'em lacement feul, fut

pay~

foi–

xante

&

cinq milie du.:ats.

A

l'entrée du fauxbon rg nommé

Triana,

eJl le

cours, ou toute la ville va prendre le frais en éré;

il

en fA it comme un jeu de mail double, pnttag-é en

deux

all~es

de grands arbres, avec de pctits fo(fés

pleins d'eau .

La boucherie, par une plus fage politique que

ce!le de Paris, ell hors de la ville ; mais (lar une dé–

licatefle de luxe, également cruelle

&

etfrénéc, on

prend to;n

~vnnt

que d'égorger les bccufs, de les fai–

re combattre contre les

do~ues ,

alin que leur chair

en foir plus tendre .

En remrant dans la vi!le par le pont de bateaux,

on voit

a

l'entrée du porr, qui e!l fpatieux, le long du

bord du Guadalc¡uivir, une qrande place nommée

1'

Ar¿nal,

,la maifon de l'or, ou l'on

d~ch_argc

les ef–

fets,

&

ou l'on mer l'or

&

l'argent qu1

v¡~nnenr

des

Ind s. Cette maiíon a un grand nombre d'officiers

qui tiennent regiJlre de rouces les marchandifcs qui

arrivent du Nouveau-monde, ou qn'oo y pnrte.

O n compre plus de cent hOpitaux dam

Séville,

la

plQpart richement dotés ; il y en a un oil l'on don–

ne

a

chaque malade fes mees particuliers , íelon l'or–

donnance des

méue~ns;

les genrilsh'lmmes, les étu–

dians de l'univcrfité, y fon r

re~us,

&

onr les uns

&

les autres , des chambres féparées; e·en une fort

belle in!litution.

Enfin

Sévill•

efl: une ville d'Efpagnc des plus

diunes

de la cunutité des voyageurs; elle en moins peuplée

qu e Madrid, mais plus grande

&

plus riche; au!li

fournit-ell e feule au roi un mili ion d'or par an. Le

pays dans lequel elle en !ituée' e!l

extr~mement

fer–

tilc en vin, en blé, en huile,

&

générnlement en

tour ce que la terre produir pou r les b eíoins , ou pour

les délices de

la

vie . Le GJaldalquivir lui fournit du

po'flon ;

&

la

mar~e

qui remonte deux licues au–

dc!lns de

Séville ,

y jette entr'autres, qunnti té d'alo–

fes

&

d'ellurgcons; cependant tour ce beau pays ,

&

la ville

m~me,

peuvenr erre ref!:,Jrdés comme déCerts,

en comparaiíon du

tems des ' Maures; on en fera

bien convaincu fi l'on lit l'hi!loire d'Efpagnc, [ous le

regne dn roi Ferdinand.

Le ,·ommerce des Indes

&

de l'Afrique, fait qu'on

fe fert beaucoup

a

Sr,;il/e

d'efclaves qui fon t mar–

qués au nés , ou

a

la joue; on

les vend

&

on les

achete

a

prix d'argent' comme des

b~tes'

&

011

les

fait travailler de m!me, fans que le chri!lianifme qu'ils

embraflenr, (erve

a

rendre leur fort plus

heureu~ . ~

Je n'entrerai pas daos d'autres

d~tni ls

fur

Stvill~,

paree qu'on peut s'en in!lruire daos plu(jeurs ouvra–

Tom• XV.

SE. V

gei traduits en

fran~ois;

mais il faut que je parle de

quelques hommes

c~lebres

dans les lettres, donr el–

le a été la patrie.

A¡;mzoar

(A

bu Nierwan Abdalmalck Ebn Znhr) ,

célebre médecin arabe, qui fiori!foir dans le x1j liecl e;

Léon

1'

afriqnai n place fa more

3

92

ans, dans l'année

~64

de l'hécrire, quí tombe

ii

l'an Lt67·8. de

J.

C. Né

d~ns

la

mérlecine-,

&

ti'

une famill e de médecin , il cut

pour maitre Averroes,

&

e.xersa íon

are

avec beau.

coup de g loire <l1ns

Sévilld

fi1 patrie .

11

rejetta les

nines fuoernirions des :u1rolog ues, fuivit principa–

lement Galien da'ls fa théorie,

&

a

cependanc inféré

dans Ces écrits des choles panicnlteres, diJnt il parle

d'aorés fa propre exnériencr. Son ouvrage intitulé,

TagaQir filmadavatw.•ltadhir,

qui contiene des regles

ponr les remedes

&

la diete dans la plil are des ma–

bdies, a été tradu it en hébreu l'an de

J.

C. I!!.So.

&

de

l 'h~bren

en latín, pac Paravicius .

A.lcafar

(

Louis de ' , jt"fuire,

n

fait un ouvrage fur

l'apocalyple, qui pa!fe pour un des meillenrs des ca–

tholiques romain<;

il

en 1ntirulé,

Vej/igatio artani

Jen.f/ls

in Apocalyffi,

&

il

a

été im rimé plufienr fo is

de t'uire, favo ir

a

Aovers en 1604, 1611,

&

t619.

&

i\

Lyon, en

1616,

in·[ól.

L'aurcur prétend que I'A–

poc,Ji ypfe e!l acconl'>l ie julqu'a u vingc·eme chap1tre,

&

ne fait aucune dtffi culté d'ab1ndonner dans Íón

ex-

,

plication, les peres de l'é_;li(e.

Il

mourut daos fa

parrie

e~

t6r

3,

~!!'~

de

6o

ans .

AtJtomo

(

Ntcola<), chevalier de l'ordre de

S.

Jae–

ques,

&

channine de

Sé·ville,

a fJit honneur

i\

fon

pays , par fa bibliothéque des écrivains e(pag nols ,

qu'il mit au jour a Rome en 1672., en

2

vol

iiJjol.

Elle a été réimprimée daa< la mt!me

vi ll~,

en

1696.

au frais du cardinal d'Aglllrre; c'e!l un cre;-bon livre

en fon genre,

avec

une pré(qce pleine de jugement.

L'aurcur mourut en t6S4>

a

67

ao<. On lui cloir en–

care un livre d'érudition:

De exilio , five de p(l!tttÓ

•xilii, exu/umqu• conditione,

&

j11ribus,

Antuerpia:

16¡9,

in-fol.

Cajas

(

Barthclemi de las ) ,

év~que

de Chiapa , fui–

vit a 19 ans fon pere, qui pai1:1 en Amérique avec

Colomb, c·n 1493 ·

11

employa cinquante ans

fans

Cueces

a

t! cher de

perfuad~r

aux Eípagnols qu'ils de–

voient traiter les [ndiens ,¡vec douceur, avec defin–

t"re!fcment,

&

leur montrer l'exemple des verrus .

D ~

retour en Ef'pagne, en t

¡

;r ,

a

caufe de la foi–

blelfe de fa fanté, il fe démit de Ion évéché,

&

mou–

rut

a

Madrid en

1;66 '

a

9'·

ans . On

:1

de lui une

relation intére!liuJtc, de l:1 de!lru!tion

ti

es lndes par

les barbaries des Efpagnols. Cene relation parut

a

Séville

en efpal{nol, en r¡p; en larin

a

Francfort,

en 1;98; en ir-J1ien

a

Veni(e,

en 1643;

&

en fran-jois

a

Paris, en

t697·

C'e!l un ouvrage qui refpire la bon–

té du ca:ur, la ver

tu,

&-la vraie piéré; on a encore

de ce digne

&

favanr homme, un livre latin, rurieux

&

rare, imprimé

ii

Tnbinge en 162¡, fur cene que–

Ilion: , !i les roi<ou les princes peuvent en confcien–

" ce, par quelquc droit ou quelque

titre , aliéner

,

leurs fujcrs de la cou¡·onne,

&

les foumettre

i\

la

, domination de quelqu'au tre fe•gneur part1culier, .

Voyez

fur ce fuj et la

Bibl. ecclef.

de M. D upin, xvj

fiec!e.

Cer'Mtttes Saavedra

(

Mi" uel de ) , auteur de don

Quichoct~ ,

naqlllr

a

Sevill/, en

1;49,

felon Nicolas

Antonio.

11

avoit tant de paiTion pour s'in!lruire, qu'il

die: ,

je fuis curieux jufqu'il ramafler les moindres

, morceaux de papier pa1·

le~

rues , . Mais

il

lit fo n

étude particuliere des ouvrages d'e(prir, rant en vers

qu'en profe,

&

(ur-tout de ceux des auteurs ei'pagnols

&

italiens . On voit qu'i l étoit fort ver(é en ce qui a

du rapport

a

cette forre de livres' par le plaifant

&

'cnrieux inventaire de la bibliothequ e de don Q uichot–

l e,

par les fréquenres allu!lons aux romans, par le ju.

gemcnt fin qu'il porte de tant de poetes,

&

par Ion

".Joyago

dt1

pamaffo

.

ll pa!la en lt:llie ponr pt•endre le partí des armes,

&

fervit pl u!icurs années fous Marc-Antoine Colon–

ne. Il fe trouva

ii

la baraille de Lépanre, en 1¡71,

&

y perdit la main gauche d'un coup d'arquebufe; ou

du moins en fut-if fi

torr eJlropié, qu'il ne pur plus

s'cn fervir. Peu de tems apres,

il

fut pris par les Mau–

res,

&

mené a Alger, ou

il

demeura plns de ; ans

pri~

fonnier. De rerour en Efpagne, il compofa plufieurs

comédies , qui eurent une approbation générale,

ra1~r

paree qu'elles étoienc fupérieures

a

celles qn'on 31'01C

vues

jufqu'alors, qu'a caufe des décorations, qui

éroient routes de fon invention,

&

qui parurent tres–

bien entendues . Les principales de fes com_éd1es •

p

étOJenc