1
1-4
S
E
V
~coienr
tu
coutii'IJIJ
ti'
Algtr,
N tlllltltscÍ/6,
&
/16 bllttJii–
Je nava/e.
Cervantes rraira le premier
&
le dernier de
ces (u¡ers en rémoin oculaire.
Il
/ir aufli quelques rra–
gédie~
qu'on applaudir.
.
En
[) 84
il publia fa
Galatée,
qui fue rres-accueil–
Jie . Il prouva par C<' t ouvr2ge la beauré de
Con
ef–
prir dans l'invemion, la fem lité de
Con
imaginarion
dans la variéré des defcriprions ' fon adrefle
a
dé–
nouer le' intrigues,
&
fon habileré dans le choix .des
erpreffions propres au Cujec qu'il rqiroir. On elbma
fur-rour la modeftie avcc laquelle il parloir de
1'
J–
mour . On nc cririqua que la mulripliciré des épiCo–
des, qui quoiqu'amenás avec beaucoup
d'~rt, emp~c hen r de fuivre le /il de la narrarion ,
&
l'inrerrom–
p enr crop fouv enr par de nouveaux
incidens. Cer–
v antes [emir bien lui-meme ce défaut ,
&
il en fait
p refque l' aveu, quand il
introduit le curé Pérez,
gradué
a
Siguenza ,
&
maltre Nicolas le Darbier,
difanr : ,
C~lui-la
que voila rouc.aupres du recue•l
,
de chanfon de Lopes de Moldonado , commenr
,
s'appelle-t-il, dir le curcf? C•eft la
G11latie
de Mi-
che! de Cervaotes, répomlit mai tre Nicolas.
Il
y
a lona-tems que cet auteur eft de mes meilleurs
,. amis," reprir le curé,
&
je
Cai
qu'il eft plus mal-
heureux encare que poere. Son livre a de l'inven–
,
tion ; il promet affez, mais il n'acheve ríen, ll
,
faut
attendr~
la Ceconde partie qu'il fait e[pérer;
,.
peut-~tre
qu'il réuf!ira mieu:c,
&
qu' il méritera
, qu'on faffe grace
a
la premiere: compere gardez–
"
la , . La feconde parcie, quoique fouvent promife,
n'a jamais paru.
Ce jo li paffage eft, comme on fait, dans elon Qui–
chotte , ouvrage inc mparable par la beauté du
i\y–
Je, par la juftefle
~e
l'e(prit, la tinefle úu goílr, la
d¿lica reffe des penlees , le ehoix des incidens,
&
la
p laifanrerie fine qu_!
y
regne d'un boud l'atttre. Don
Q uichotte nous ofl're en fa perfonne un foa vraimenc
heros , qui s'imagincnt que quantiré de chafes qu'il
voir, reffemblenr aux avanrures qu'i l a lues, s'enga–
. g e
a
des entreprifes glorieu(es dans
ton
opinion.
&
foll es dans celles des autrcs, On voit en
m~me
cems
ce
m~me
héros -chevalier, raifonner fort fit¡;-ement
quand il n'eft pas daos
Ces
acees de fo lie. La lim–
p licité de Sancho Pan'(a eft .d'un comique qui n'en–
nuie perfonne. ll ·parle rou¡ours comme
il
doir par-
. Jer,
&
agit roujours
conf~quemment
.
Pour que l'hift ire cl'un chevalicr errant ne f.1ti–
guit pas le leél:eur par la répétitiOf!
tédieu(e d'avan–
tures d'une
m~
me efpece, ce qui ne pouvoit man–
quer d'arriver, s'il n'avoit été queftion que de ren–
f:Ontres extravagantes; Cervantes a fai r cnrrer dans
fon roman divers épiCodes , dont les incidens f,lllt
t oujours nouveaux
&
vraiffemblabl es. T ous ce< épi–
fodes , horm is dcux,
(a
voir,
f
hi(loir~
de
f
ifcitrue,
p¡
la nouvell.; du
c11riefi.Y imp"·ti11mt,
font enchaffés
.dans la fable me!me, ce qui eft un ¡¡rand are. Le ftyle
~ft
approprié au caraél:ere des perronnages
&
des
lu–
jers . Il eft pur , doux, naturel , jufte
&
fi
corre.:!,
q u'il
y
a peu d'au reurs efpagnols qui puiffenr 1ll er du
pair avcc Cervantes
a
cec égard. ll en a pou!lé
li
loin
l'étucle, qu'il emplo1e de vieux mots pour mieux ex.
p ri mer de viei lles chof<'s. Enlin, les
raifoJinem~ns
[ont
pl eins d'efprit, le nceud eft habilemenr caché ,
&
le elénouemcnt heureux.
La premiere parrie de don Q uichotte pa n1t
n
Ml–
d rid en
¡6o; ,
Íli-49.
&
eft dédiée au duc ele Bejar ,
de la prore.:lion duC(uel l'auteur re félicite dans des
vers qu'i l attribue a
Urgan~e
la déconnue,
&
qui
fonc
¡¡
la rete du livre. La tecoAde partie de l'ou–
wage ne parur qu'en 1,('1;. !,.e M!.ir d.u livre fnr te!,
q n'avanr que l'attee:Jr eut donné cette leconde parrie,
il fair dire au bachelier Samfon Carafco1 , A l'heure
, qu'il efl, ¡e erais qu'on en a imprimé plus ele dot]o
,
ze mili e a Lisbonne, :\ Barcelonne
&
a
Yalen(!e,
, &
je ne fnis poim de doure qu'on ne le traduife en
1 ,
roures forres de langues ,, Cette prédi.:lion s'eft
lí
11ien vérillée, qu'i l faudroit un volume pour entrer
dans le détail de fes différentes éditions
&
traduél:ions.
Tous les plus célebres arcill es, pein tres, graveurs,
fculpreurs, def!inareurs en
tapifleri~s
de haute
&
baffe–
liffe; onr travail lé
it
1' envi
~
reprcHemer les avan–
~ures
de don Q uichotte,
&
..:'eft ce que nous avous
de plus amufant.
D es q)le cec ouvrage parut en Efpagne, on lui
lit
un accueil qui n'avoir poi nr eu J 'exemple; car il fue
IJniverfel, chez les grands, le milicaire,
&
les gens
de lettres . Un jour que Philippe IIL étoi r fur un bal–
,COil cju
p~lais
de Ñhdrid, iJ
~ppen¡uc
un érudia¡¡t
fllf
S
E V
'
le bord du
M~nsJnares,
qui, en lifanr , quittoit de
tems en rems la le.:ture,
&
fe frapp01r le fronr avec
des mJrques cxrraordinaires de plaifir: , cet homme
,
efl fou, dir le roi aux courrifans qui étoient aupr<:s
, de lui, ou hien
il
lit doo Q uichotte . Le prince
avoit raifon , c'écoit effeélivemenr la le livre que l'é–
tudianr liloic avec t-Jnt de joie.
En
16 1.¡,
G ernnres lir imprimer fon
VOJ<lí~
tlu
Pant•ffi ,
qu• n'efl point un éloge des pocrcs efptl–
gnols de fon tems, nuis une faryre ingénieu[e, co
111-
me eelle de Céfar Caporali, qui porre le
m~
me
ti–
ere, en efl une des poeces icaliens.
En
161;
il publia quelques comédies
&
fJrces nou–
YC;ll~,
les unes en vers,
le~ al!tr~s
en l?rofe.
ll
y
¡o•gmc une préEtce tres-cuneule lur l'ongine
&
les
pro~res
du drJmatique efpagnol ; o:ependanr les co–
méaiens ne jouerent point les nouvelles pieces de
l'aureur,
&
c'eft luí
m~me
qui nous l'apprcnJ avec
fa na'iveté ordinaire.
,
11
y
a, dit-il, quelques années qu'ét'Jnt revenu
a
ffi!!S
anciens amufen1C:IJS,
&
m'imuginanr que les
chales éro•ent encare [ur
le meme pié, que du
,
tems que mon nom faitoir du bruic; ¡e me mis ele
,. nouveau
a
compofer quelques pieces pour le rhél–
" ere; mais !es
oi(e~ux
étolent dénichés; je veux
, di re, que ¡e ne trouvai plus de comédjens qui me
"
les demmdJflenr. Je les condamnai done
a
demeu-
r::r dans l'ob(cu riré. Dans le m@me rems, un li–
braire m'dffura qu'il me les auroir achccées,
li
un
célebre coméJien ne luí avoir dtt , que l'on pou.
voit efp:!rer que ma pro fe réuf!iroit , mais ncm pas
mes
vers.
Alors, je me dis
a
moi-m~me,
ou je
Cuis bien \léchu, ou les tems (oot devenus meil–
leurs, quoique cela loir eonrraire dU
fcntiment
comm:.1n, Celan lequcl on fai t toujou rs l'éloge des
tems pa:Tés
Jc revis
cepend~nt
mes comédies,
&
j~
n' en crouvai aucune
afl~z
mauvaife , pour
qu'ellc ne pOr appcller de la décifion de ce comé–
dien, au ju.{cmenc d'amres aéleurs moins diffi ci–
les . D lOS cerre
idé~ '
je les donnai
a
un librairc
, qui les imprima . TI m'en offrir une Iomme railon–
n:t!:Jie,
&
¡e pris fon aracnt.
]e
louhairerois qu'el–
les fn!fcnt excellcnres; a u mt)ins j'ef¡>erc qu'elles
[eroor pafJ'Jbles. Vous verrez bien-tót, cher lec–
~eur,
ee que c'eft;
li
vous
y
rrou vez du bon,
&
, que vous renconmez mon comédien de mau vaife
numeur, priez-le dt.: ma pare de
n'~rre
pas fi prompt
a
faire in¡ure aux gen¡; qu'il <!xamine muremcnt
mes pieces, il n'y trouvera ni ridicule, ni p:tuvre–
té; leur défauts fonc cachés; la vcrfilication eft for–
cable au comiqué;
&
le la nuage con••ienr au:c per-
"
fonn~ges
qui
y
paroiffent . Si rour cela ne le con–
"
tence pas, je luí recommdnde une piece
a
!aquel–
" 'le jc rr:tvaille, intirulée
l'abtl>'
ti~
jugc1·
for
l'hi–
"
quettc,
qui , li je ne me erom e, ne peut nun–
" quer de plaire. En
atrend~nt,
D ieu luí donne b
" Canté'
&
a
moi de la parience.
Il
Ce
divenit encare
a
compofer quelques hifto–
rieres, qu'll publia Cous
le mre de
no11das
ex~mplt~res,
&
qu'il dédia au fcigneur de Le•tns . , Vo trc
, exeel lence , lui marque-r-il, Iaura
queje lu í
envoie
, douzc cantes; quolque je ne.fois p.ts dans le gofit
d'eu débitcr, néanmoim, j'oferois
les mec<re au
non¡bre des m illeurs, fi ce n'étoit pas mon ou–
vrage
,
.
Il parle ainli d:tns fa préface: ,
Je
vous averriJ,
,
gracieux let1eur, que vous nc rrouverez rien
ici ,
, d >nt o
1
pt,.ifc abn ler ; j' inCtmle mes nouvellcs,
,
exeJpplaires ,
paree que ,
•(j
vous y preoez garcle,
,
il n' en ef
t aucune qui n' offre quelque exemple
uril e. j'ai
eu.de!lein d'amufer fans danger,
&
les
" a11Uiemcns imncens Cont,
¡¡
coup mr' légitimes.
On ne peur pls roujour
e
ere occupé de la priere,
, de la médJtd tion , ou <le< affaires :
il
faut des tems
de récréarion pour délaffer l'efprir,
&
répa~er
fes
fortes; c'ell dans cette vue qu'on a des bo1s , des
"
fontJincs
&
des jardins cultivés. La le. ure que je
, vous offre, ne pcut excirer de pallion criminelle .
Il ne conviene pas
a
un homme de mon ílge , qui
,
touche
a
fa Coixante-quarriemc année, de badiner
,
avec l'autre vie .
, Gomme j'al fait cet ouvrage par gofir, je n'3i
ríen néaligé pour le mercre en .érat
a
e plaire,
&
j'ai
quelqu~
g lo!re
a
d.Jre, .q?e ¡e Cuis le premi_er
,. qu1 aie écn t des contes ong•naux. en efpagnol ; 1ls
Cont tous tirés ele mon fonds,
&
1l
n' ~n
efl aucun
imité nj puifé daos d'aucres
~crivains ,
Mon imagi–
,
na-